Ce philosophe a très bien senti l’insuffisance, le verbalisme où aboutissent certains efforts sociaux, tant d’enthousiasmes dépensés et tant de sang versé ; mais si le but qu’on déclarait viser, — à savoir la justice sociale — n’a pas été atteint (et cette sévérité pour l’œuvre de la Révolution, fort explicable dans la bouche d’un socialiste, ne vous étonne-t-elle pas un peu chez un admirateur des libertés anglo-saxonnes ?)
Pour déterminer nettement le rang qui appartient à Béranger dans notre histoire littéraire, il s’agit d’abord de rechercher les origines de son talent ; ces origines, rapprochées du but qu’il s’est proposé, du but qu’il a touché, nous aideront à le classer. […] Pour atteindre ce but, il lui suffit de raconter le règne d’un roi patriarche. […] L’ennui le dévore, et l’orgueil lui ferme toutes les carrières en lui montrant partout un but indigne de son ambition. […] Étant donné le but que Platon se proposait, est-il permis de condamner le ton de sa pensée, le ton de son langage ? […] Quoiqu’il ait à exprimer un sentiment vrai, il ne tient pas à frapper juste, mais à frapper fort, et il manque le but faute d’avoir mesuré son élan.
Il y a toujours plusieurs voies qui mènent à un but donné ; il faut donc choisir entre elles. Or, si la science ne peut nous aider dans le choix du but le meilleur, comment pourrait-elle nous apprendre quelle est la meilleure voie pour y parvenir ? […] Le but de l’humanité recule donc à l’infini, décourageant les uns par son éloignement même, excitant, au contraire, et enfiévrant les autres, qui, pour s’en rapprocher un peu, pressent le pas et se précipitent dans les révolutions.