Ainsi, tout en visant à Jérusalem et à la délivrance de la Cité sainte, ils ne reculaient pas devant les entreprises qui, en les écartant de leur but, leur semblaient glorieuses et suffisamment légitimes. […] Ajoutons que le guerrier ne cesse pas d’être présent dans celui qui admire, et qu’il n’est pas longtemps à contempler sans penser à son but. […] Et quant au caractère même de l’homme, du guerrier si noblement historien, je dirai pour conclure : Villehardouin, tel qu’il apparaît et se dessine dans son Histoire, est bien un homme de son temps, non pas supérieur à son époque, mais y embrassant tous les horizons ; preux, loyal, croyant, crédule même, mais sans petitesse ; des plus capables d’ailleurs de s’entremettre aux grandes affaires ; homme de conciliation, de prudence, et même d’expédients ; visant avec suite à son but ; éloquent à bonne fin ; non pas de ceux qui mènent, mais de première qualité dans le second rang, et sachant au besoin faire tête dans les intervalles ; attaché féalement, avec reconnaissance, mais sans partialité, à ses princes et seigneurs, et gardant sous son armure de fer et du haut de ses châteaux de Macédoine ou de Thrace des mouvements de cœur et des attaches pour son pays de Champagne.
L’épouse alors devient maussade, la mère négligente : elle ne se rend compte ni de l’objet de son trouble, ni du but de son anxiété ; mais son humeur, son langage, s’altèrent… » — « Mais le remède, le remède ! […] La vérité de l’observation y est subordonnée à une intention, à un but. […] Mais s’est-il débarrassé de ce qui était but et système à l’origine ?
Comme il arrive aisément dans les lieux qui plaisent, on eut le chemin plutôt que le but ; et, au lieu de la critique qu’on cherchait d’abord, la poésie naquit. […] Une des questions qu’elle se pose le plus habituellement est celle-ci : Si la mort est le but, pourquoi donc sur les routes Est-il dans les buissons de si charmantes fleurs ; Et, lorsqu’au vent d’automne elles s’envolent toutes, Pourquoi les voir partir d’un œil mouillé de pleurs ? Si la vie est le but, pourquoi donc sur les routes Tant de pierres dans l’herbe et d’épines aux fleurs ; Que, pendant le voyage, hélas !