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279. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

La douce intimité dans laquelle il vivait avec le prince et la princesse suffisait à son existence ; lui-même paraissait nécessaire à leur bonheur. […] En contemplant bien ce magnifique tableau, et en entrant, par tous les pores, dans la pensée du peintre, c’est la poésie du bonheur, c’est l’idéal de la paix des champs, c’est l’infini dans la calme jouissance de la nature, c’est l’idylle de l’humanité, dans son premier Éden, devant le Créateur : idylle transposée aujourd’hui sous le soleil, dans ce monde de travail et de sueur, mais pleine encore de toute la félicité que cette terre corrompue peut offrir à l’homme. […] C’est cette félicité de l’humanité naïve, laborieuse, opulente de peu, qu’il avait rêvée, qu’il avait vue, et qu’il voulait reproduire en un groupe, comme une image complète du bonheur terrestre, comme l’hymne sans mots de la création. […] C’est son adieu au monde ou c’est le chef-d’œuvre qu’il veut faire acclamer par l’univers, pour que l’excès de sa gloire lui mérite l’excès du bonheur dans la possession de ce qu’il aime. […] Il dit qu’il est fier et content de son attelage, qu’il a le consentement de son père à sa prochaine union avec la belle Coupeuse des gerbes voisines, et qu’il défie avec assurance le destin de lui ravir sa jeunesse et son bonheur. — Et que dit la jeune mère, debout sur le char, son nouveau-né dans les bras ?

280. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Ce bonheur insolent excita l’envie du clergé romain et les murmures du comte d’Albany auprès du cardinal, son frère. […] Mais le bonheur de cette seconde réunion ne dura et ne pouvait guère durer que deux mois, mon amie devant passer l’hiver à Paris. […] Après ces seize mois de bonheur caché, libres de leur séjour et de leur vie, les deux amants partirent enfin pour Paris. « Dès que nous fûmes à Paris, où l’engagement pris de mon édition commencée me faisait une nécessité de me fixer à demeure, je cherchai une maison, et j’eus le bonheur d’en trouver une très tranquille et très gaie, isolément située sur le boulevard neuf du faubourg Saint-Germain, au bout de la rue du Mont-Parnasse. […] Là nous apprîmes, par ceux de nos gens que nous avions laissés à Paris, que, ce même lundi 20 août fixé d’abord pour notre départ, que j’avais par bonheur avancé de deux jours, cette même section qui nous avait délivré nos passeports s’était présentée en corps (voyez un peu la démence et la stupidité de ces gens-là !)

281. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Il aima toujours ces jeux en mémoire d’elle ; il s’y rappelait ses paroles, et un de ses gestes retrouvé lui semblait un bonheur arraché à la tombe ! […] Il m’aborda avec l’empressement d’un homme heureux qui brûle de faire partager son bonheur encore caché à un ami. — Que faites-vous ? […] De courtes convenances l’empêchent seules de me donner sa main ; mais dans peu de mois elle en est affranchie, et je suis aussi sûr de mon bonheur que de son amour ! […] Le bonheur de Balzac fut un éclair ; son travail assidu l’avait usé ; un rêve lui enleva ce que tant de rêves lui avaient coûté. […] Il était religieux comme sa mère et sa sœur ; la solitude et le bonheur le ramenaient à Dieu. — Lisons maintenant ce grand moraliste.

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