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1996. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

« Aimable créature, beau génie, écrivit-il à Vauvenargues dès 1744, j’ai lu votre premier manuscrit. […] Il y aurait perdu une originalité de cœur plus belle à nos yeux que l’originalité du génie. […] La philosophie n’en avait pas fait le beau buste de marbre blanc que disait Voltaire, mais il croyait aux hommes et il était ambitieux, tandis que Chateaubriand, au milieu de tous ses bonheurs, n’avait jamais cru qu’au profond néant de la vie !

1997. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Or, l’une de ces lois, c’est de s’adorer dans ses œuvres et, comme le hibou de la Fable, aveugle d’égoïste maternité, de trouver beaux les petits monstres qu’elle a faits. […] Parce qu’il y avait eu, mêlé à cette fétide séduction d’une élève par l’homme chargé de l’instruire, d’une jeune fille par presque un prêtre, un crime terrible en expiation et en vengeance d’un crime odieux, nous avons cru longtemps qu’une passion immense, une rareté effrayante, mais belle peut-être à force d’impétuosité, de profondeur et de flammes, devait reposer comme le Léviathan dans l’abîme qu’il a troublé, au fond de toute cette vase de sang et de larmes qui semble n’avoir pas séché encore. […] Selon nous, ces lettres éteignent toute illusion et nous tachent, dans l’esprit, les deux beaux portraits que l’Imagination y avait peints et suspendus !

1998. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

En plein dix-neuvième siècle, lui médecin, il se fait hardiment scolastique, et, comme le robuste et beau pasteur du tableau de Robert, accoudé si grandiosement contre son attelage, l’auteur des Études de médecine générale, appuyé sur le front puissant du Bœuf de Sicile, oppose fièrement saint Thomas d’Aquin à Cabanis. […] III Et, ici, nous touchons au plus beau côté d’un livre qui nous en promet un autre, dégagé de toute polémique, et par cela plus grand… Esprit historique comme on doit l’être, avant d’être métaphysicien, M. le docteur Tessier ne fait point la guerre, sans savoir comme il fera la paix. […] Le plus bel effort des esprits vigoureux est de renouer les traditions, en toutes choses, quand elles ont été rompues ; c’est de se rattacher à ce passé qui est toujours une vérité ensevelie.

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