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953. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Sa pension s’éteindra avec lui ; et que sera l’avenir de cette adorable enfant ? […] Il la confie au loyal Max, qui court dans une soirée où doit être Mlle de La Prise ; Max la lui remet sans affectation et à haute voix, comme d’un ami : elle prend une carte, et, tout en y dessinant quelque fleur, elle a répondu au crayon deux mots discrets, mais certains, qui laissent à l’heureux Meyer et à son avenir toute espérance. […]  — Ces paroles presque mystifiantes de Benjamin Constant m’en rappellent une autre qui n’y ressemble qu’extérieurement et pour la forme, mais dont le sens affectueux, judicieux et large, est bien différent : c’est le mot charmant d’une femme que l’avenir aussi connaîtra (Mme d’Arbouville) : « Eh !

954. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Avec une haute intelligence il a fait comprendre la fierté de Chatterton dans sa lutte perpétuelle, opposée à la candeur juvénile de son caractère ; la profondeur de ses douleurs et de ses travaux, en contraste avec la douceur paisible de ses penchants ; son accablement, chaque fois que le rocher qu’il roule retombe sur lui pour l’écraser ; sa dernière indignation et sa résolution subite de mourir, et par-dessus tous ces traits, exprimés avec un talent souple, fort et plein d’avenir, l’élévation de sa joie lorsque enfin il a délivré son âme et la sent libre de retourner dans sa véritable patrie. […] « Essayons à l’avenir de tirer la scène du dédain où sa futilité l’ensevelirait infailliblement en peu de temps. […] Nous rions parce que nous sommes jeunes ; nous avons l’air heureux, parce que nous nous aimons ; mais j’ai de vilains moments quand je pense à l’avenir, et je ne sais pas ce que deviendra ma pauvre Laure.

955. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

— Et pourtant aujourd’hui qu’un radieux soleil Vient d’ouvrir le matin à l’Orient vermeil ; Quand tout est calme encor, que le bruit de la ville S’éveille à peine autour de mon paisible asile ; À l’instant où le cœur aime à se souvenir, Où l’on pense aux absents, aux morts, à l’avenir, Votre parole, ami, me revient et j’y pense ; Et consacrant pour moi le beau jour qui commence, Je vous renvoie à vous ce mot que je vous dois, À vous, sous votre vigne, au milieu des grands bois. […] Elle a foi dans son vœu ; Elle ose la première à l’avenir en feu, Quand chassant le vieux Siècle un nouveau s’initie, Lire ce que l’éclair lance de prophétie. […] Mais en y songeant mieux, revoyant sans fumée, D’une vue au matin plus fraîche et ranimée, Ce tableau d’un poète harmonieux, assis Au sommet de ses ans, sous des cieux éclaircis, Calme, abondant toujours, le cœur plein, sans orage, Chantant Dieu, l’univers, les tristesses du sage, L’humanité lancée aux océans nouveaux… — Alors je me suis dit : Non, ton oracle est faux, Non, tu n’as rien perdu ; non, jamais la louange, Un grand nom, — l’avenir qui s’entr’ouvre et se range, Les générations qui murmurent : C’est lui !

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