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1891. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Si l’incompréhensibilité des mystères révélés épouvantait ma raison, les merveilles de la nature me démontraient évidemment son auteur et l’existence d’un ordre moral à côté de l’ordre physique. […] Il viendra chez moi celle après-dînée, et je ne le quitterai point que je ne l’aie coule à fond. » Napoléon disait : Je connais le tirant d’eau de chacun de mes généraux, et Frédéric aussi aimait à couler à fond ses philosophes. — Ici il y a une pause dans sa lettre ; le roi reçoit la visite de Raynal et ne reprend la plume qu’après : « Enfin, j’ai vu l’auteur du Stathoudéral et du Commerce de l’Europe. […] , qui ne l’avez pas été assez pour m’apprécier ; vous, ministres, qui n’avez pas fait un pas qui ne soit une faute ; et vous, sotte Assemblée, qui ne savez ce que vous dites ni ce que vous faites, voici les auteurs du mal. […] Ayant lu avec transport les éloquents passages de son célèbre ouvrage, je m’étais formé la plus haute idée de l’auteur ; mais mon attente fut désagréablement déçue.

1892. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Tandis que, sous la Restauration, on aimait surtout dans Talma finissant et grandissant un novateur, une espèce d’auteur et de poëte dramatique (et non, certes, le moindre), qui rendait ou prêtait aux rôles un peu conventionnels et refroidis de la scène française une vie historique, une réalité à demi shakspearienne, — il arrive que ce qu’on a surtout aimé dans notre jeune et grande actrice, ç’a été un retour à l’antique, à la pose majestueuse, à la diction pure, à la passion décente et à la nature ennoblie, à ce genre de beauté enfin qui rappelle les lignes de la statuaire. […] Ponsard (je ne prends qu’un point), on a également applaudi quelque chose de calme et d’élevé avant tout ; on a été jusqu’à oublier, jusqu’à méconnaître (et l’auteur a paru l’oublier lui-même un moment)184 les détails et les procédés d’exécution qui rattachent le plus cette œuvre aux innovations modernes, pour y voir une sorte d’hommage rétrospectif à des formes abolles. […] Les vrais rapports de l’éditeur et de l’auteur sont rompus, et il semble trop souvent que c’est à qui des deux exploitera l’autre. […] Dans le courant de la polémique qui s’engagea au sujet de la pièce et à laquelle il prit part, le jeune auteur parut un moment se replier vers des rangs qui n’étaient pas les siens.

1893. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Il est intéressant en effet de voir ce zèle dont se trouvent tout d’un coup saisis, après de longues années, certains critiques et biographes pour l’auteur qu’ils adoptent avec prédilection. […] Le succès de ce petit poème fut inimaginable ; la condition de l’auteur ajoutait au piquant. […] L’honorable biographe s’est tellement appliqué et a si bien réussi à retrouver tous les canevas et projets qui ont pu passer dans l’esprit ou s’ébaucher sous la plume de l’auteur sommeillant et indécis, que nous nous perdons avec lui dans cette multitude d’essais oiseux, de dédicaces sans but et de faciles avortements. […] Nous eûmes ce jour-là un spectacle extraordinaire : toute l’Académie en corps dans l’appareil le plus respectable, une assemblée nombreuse, un vieillard qui ajoutait à sa réputation par ses cheveux blancs, qui fut précédé par des applaudissements généraux, et dont toutes les paroles étaient attendues comme des oracles ; et qui trouva moyen de perdre en un quart d’heure toute la masse d’estime littéraire qu’il s’était acquise depuis si longtemps ; le Vert-Vert et le Méchant restent, mais l’auteur n’est plus. » (Notice sur la Vie et les Écrits de G.

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