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435. (1922) Gustave Flaubert

La littérature est l’art des sacrifices, et d’abord d’un sacrifice de soi-même. […] L’étonnement dont il ne revenait pas, c’est un principe de l’art comme un principe de la science. […] C’est que l’art est différent. […] Les éléments autobiographiques du livre font l’art moins impersonnel. […] Or, rien de tout cela dans la vie ; mais l’art n’est pas la nature.

436. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Probe dans son vouloir, énergique dans la réalisation de son art, patient dans ses recherches, M.  […] Tout, d’ailleurs, n’est-il pas absolument subjectif en matière d’art et de littérature ? […] » L’art accomplit aujourd’hui chez la plus jeune génération un retour admirable et évident vers la vie. […] Pour tout homme sachant ce que c’est que l’art, il n’y en a qu’un, c’est l’art gréco-latin. […] Nous pouvons pourtant affirmer que, depuis que l’esprit des hommes s’exerce aux arts et aux lettres, ils se sont naturellement groupés en Écoles.

437. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

Son poëme se divise en quatre masses principales ou chants : 1° le Campo Santo à Pise ; c’est le vieil art toscan catholique au Moyen-Age que l’auteur y ranime dans la personne et dans l’œuvre du peintre Orcagna, contemporain de Dante ; 2° le Campo Vaccino, ou le Forum romain ; solitude, dévastation, mort ; la majesté écrasante des ruines encadrant la misère et l’ignominie d’aujourd’hui ; 3° Chiaia, la plage de Naples où pêchait Masaniello : c’est un mâle dialogue entre un pêcheur sans nom, qui sera Masaniello si l’on veut, et Salvator Rosa ; les espérances de liberté n’ont jamais parlé un plus poétique langage ; 4° Bianca, ou Venise, c’est-à-dire cette divine volupté italienne que l’étranger du nord achète et profane comme une esclave. — Telle est la distribution générale du poëme, à laquelle il faut joindre, pour en avoir l’idée complète, un prologue et un épilogue, puis, dans l’intervalle de chaque chant, un triple sonnet sur les grands statuaires, peintres et compositeurs, Michel-Ange, Raphaël, Cimarosa, etc. ; l’ordonnance en un mot ne ressemble pas mal à un palais composé de quatre masses ou carrés (les quatre chants), avec un moindre pavillon à l’extrémité de chaque aile (prologue et épilogue), et avec trois statues (les sonnets) dans chaque intervalle des carrés, en tout neuf statues. […] L’ancien art catholique, et l’art plus varié des écoles qui se succèdent ; la religion, aujourd’hui sans vie, réduite à des formes encore augustes dans leur inanité ; l’arène de l’antique politique foulée çà et là par quelque vieux prélat, quelque moine sale, par des pâtres velus ou des mendiants en guenilles ; la liberté qui peut toutefois sortir jusque des filets du pêcheur napolitain ; ce que retrouverait alors d’enchantement et de génie cette belle captive ressuscitée : voilà donc les idées vraiment grandes qui ont tour à tour passé de l’âme du poëte dans ses chants. […] Ne l’oublions pas : si l’Italie a pour elle sa beauté, le don inné des arts et le génie impérissable de sa race, nous ne sommes pas déshérités non plus, nous avons l’action, le foyer ardent et les lumières. […] Plus nous irons, et plus l’art gagnera à se dépouiller de toute chimère.

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