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986. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Celle-ci appartient à la science religieuse, celle-là à la philosophie. […] Taine et celle de Hegel, c’est que, à mon avis, l’hégélianisme, quelque juste objection qu’il puisse provoquer, appartient encore à la grande famille des systèmes métaphysiques. […] Ils s’attribuent l’autorité et l’infaillibilité qui appartiennent aux sciences proprement dites, aux sciences d’expérience et de calcul ; mais cette autorité leur manque, car leurs idées, si défectueuses qu’elles soient, sont de la même famille que celles qu’ils attaquent. De là la faiblesse de leur situation, de là la dispersion inévitable de leurs idées, dont les unes retourneront aux sciences positives, d’où elles sont issues, et les autres iront retrouver la science philosophique, à laquelle elles appartiennent. […] Ces deux idées sont profondément distinctes et appartiennent à deux ordres différents.

987. (1842) Discours sur l’esprit positif

Une telle relation indique aussitôt combien sont nécessairement creuses et stériles les recherches spéculatives dirigées, en un sujet quelconque, vers les premiers principes, qui, devant toujours émaner de la sagesse vulgaire, n’appartiennent jamais au vrai domaine de la science, dont ils constituent, au contraire, les fondements spontanés et dès lors indiscutables ; ce qui élague radicalement une foule de controverses, oiseuses ou dangereuses, que nous a laissées l’ancien régime mental. […] D’irrécusables expériences ont d’ailleurs prouvé, en même temps, sur une vaste échelle, au sein des masses populaires, que le prétendu privilège exclusif des croyances religieuses pour déterminer de grands sacrifices ou d’actifs dévouements pouvait également appartenir à des opinions directement opposées, et s’attachait, en général, à toute profonde conviction, quelle qu’en puisse être la nature. […] En effet, ce caractère de personnalité constante appartient surtout, avec une énergie plus directe, à la pensée théologique, toujours préoccupée, chez chaque croyant, d’intérêts essentiellement individuels, dont l’immense prépondérance absorbe nécessairement toute autre considération, sans que le plus sublime dévouement puisse en inspirer l’abnégation véritable, justement regardée alors comme une dangereuse aberration. […] Si l’idée de société semble encore une abstraction de notre intelligence, c’est surtout en vertu de l’ancien régime philosophique ; car, à vrai dire, c’est à l’idée d’individu qu’appartient un tel caractère, du moins chez notre espèce. […] Ce classement tire sa principale valeur philosophique, soit scientifique, soit logique, de l’identité constante et nécessaire qui existe entre tous ces divers modes de comparaison spéculative des phénomènes naturels, et d’où résultent autant de théorèmes encyclopédiques, dont l’explication et l’usage appartiennent à l’ouvrage cité, qui, en outre, sous le rapport actif, y ajoute cette importante relation générale, que les phénomènes deviennent ainsi de plus en plus modifiables, de façon à offrir un domaine de plus en plus vaste à l’intervention humaine.

988. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Après Iéna, le continent entier semblait appartenir à l’armée française. […] Il lui faut des trônes pour toutes les ambitions de sa famille ; il veut que tout le midi du continent appartienne à une seule dynastie composée d’une confédération de couronnes : le monde bourbonien doit devenir le monde napoléonien. […] « À peine une telle pensée s’était-elle laissé entrevoir que Napoléon, prenant la parole avec l’autorité qui lui appartenait et avec la confiance, non pas feinte, mais sincère, que lui inspirait l’étendue de ses ressources, exposa ainsi la situation.

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