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1171. (1903) La renaissance classique pp. -

Ce qu’il daigne uniquement apercevoir, c’est ce qui tombe en poussière, ce qui est étiqueté et conservé sous une vitrine : c’est le cadavre de la jeune princesse allemande que l’on voit à Saint-Thomas de Strasbourg, petit monstre grimaçant sous les soies de ses atours brûlées par les poisons corrosifs des aromates funéraires ; c’est le roide squelette de cette Thaïs arrachée aux sépultures d’Antinoë, qui montre les trous béants de ses orbites sous les boucles de sa chevelure encore vivace et qui mêle l’épouvantable misère de son corps décomposé à l’éclat de ses joyaux, plus durables qu’elle. […] Ils ne s’apercevaient donc pas, ces hommes, que la réalité commence au point précis où finit l’artifice littéraire et qu’il faut absolument sortir de l’atmosphère factice des Cénacles si l’on veut offrir à l’art une pâture digne de lui ? […] Immédiatement, il y aperçoit la forme qu’il cherchait pour sa poésie, car, selon une parole célèbre, « toute poésie n’est que de circonstance ».

1172. (1910) Rousseau contre Molière

Il suffit de s’apercevoir du moment où elle arrive. […] C’est ainsi qu’a été conçu et qu’a été composé le caractère d’Alceste, et c’est ainsi que ce même homme à Oronte lui-même dira, se connaissant très bien et s’étant bien aperçu que sa franchise lui a souvent porté malheur : « Veuillez m’en dispenser. […] Dans toute la scène du sonnet Philinte est taquin plus que jamais, taquinant Oronte par l’hyperbolisme ironique de ses éloges, à ce point qu’Oronte finit un peu par s’en apercevoir : Vous me flattez et vous croyez peut-être… Mais pour vous (Alceste)… Parlez-moi, je vous prie, avec sincérité. […] Rousseau ne s’aperçoit pas que sa note contredit son texte et que, même, la seconde partie de sa note contredit les premières lignes de sa note. […] A quoi tient tout cet art ; si ce n’est à des observations fines et continuelles qui lui font voir à chaque instant ce qui se passe dans les cœurs des hommes et qui la disposent à porter à chaque mouvement secret qu’elle aperçoit la force qu’il faut pour le surprendre ou l’accélérer ?

1173. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

cette remarque, que le premier vestige humain aperçu par Robinson dans son île, était un pied. « Quel symbole !  […] Les économistes, ces carabiniers, ne s’en aperçurent et ne se mirent à crier et hurler, que le mal déjà profondément enraciné. […] On s’aperçoit ici encore, bien que d’une façon détournée, que l’intellectuel commande le sensible. […] Ce lecteur ne s’en aperçoit pas. […] Le catoblépas, qui se rongeait les pieds, sans s’en apercevoir, était un animal intelligent et éveillé, à côté de lui.

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