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716. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

La politique du cardinal de Richelieu (l’abaissement de la maison d’Autriche) n’avait plus le sens qu’elle avait eu pendant tant d’années. […] Il savait qu’il y a des années où les hommes qui ne se sentent pas trempés pour la lutte doivent disparaître des révolutions, sous peine d’y périr inutiles à eux-mêmes et à leur patrie. […] Il n’y emportait aucune fortune, à peine le nécessaire pour quelques années d’exil ; mais il y emportait ses prodigieux talents de diplomate, son don d’à-propos, son aptitude à choisir l’heure juste des retours, sa résolution à ne rien laisser échapper des moindres avances de la meilleure fortune. […] Aussi ces premières années du consulat, fécondes en négociations, en congrès, en traités de paix, en alliances provisoires au moins avec toute l’Europe, furent-elles les plus laborieuses et les plus prospères de la vie du prince de Talleyrand. […] XXXI Le traité de Tilsitt porte ses fruits dans l’année même.

717. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Nous pouvons nous figurer aisément le poète en l’année 1611. […] Il n’y a donc dans cette existence que huit années de pleine lumière, encore l’intérêt de ces huit années est-il comme tari et desséché par la maladie et la perspective de la mort prochaine. […] « Sterne mourut, dit-il, dans sa quatre-vingt-sixième année. […] Que s’était-il passé pendant ces vingt années entre la mère et le fils ? […] Bref, pour une cause ou pour une autre, Sterne s’en éprit, et cette passion dura plusieurs années.

718. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Pendant toute la dernière année de son ministère, Bernis ne fait en quelque sorte qu’invoquer et appeler à son secours M. de Choiseul. […] Le point précis que Bernis avait cru pouvoir saisir pour rentrer dans la voie des négociations pacifiques, avant de plus grands revers qu’il prévoyait, était donc vers janvier et février 1758 ; il avait cru trouver je ne sais quel instant unique « que la sagesse lui montrait du bout du doigt », et qui fut manqué, il commençait cette année 1758 avec les plus noires prévisions, trop tôt justifiées : Nous allons jouer le plus gros jeu du monde. […] La Marine en a coûté 60 cette année sans payer un sou des dettes anciennes, ni la plus grande partie du courant. […] Dieu seul peut y mettre ordre. » À Paris, l’exaspération du public était arrivée à son comble dans cet été de 1758, et ce déchaînement dura jusqu’à ce que quelques succès de M. de Broglie, l’année suivante, vinssent rompre l’uniformité des revers : On me menace par des lettres anonymes, écrivait Bernis, d’être bientôt déchiré par le peuple, et, quoique je ne craigne guère de pareilles menaces, il est certain que les malheurs prochains qu’on peut prévoir pourraient aisément les réaliser. […] Quant à l’état de la France en ces funestes années et en ces pires instants de Louis XV, les lettres de Bernis sont une révélation bien triste, et il est honorable pour lui d’avoir du moins ressenti et exprimé tout le premier cette profonde tristesse qu’elles sont faites pour communiquer encore aujourd’hui.

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