/ 2917
386. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

L’avantage d’une telle éducation, pour ceux qui ne se destinent pas à desservir en lévites fidèles les autels de l’Antiquité, c’est qu’elle laisse de la liberté aux aptitudes, qu’elle ne prolonge pas sans raison les années scolaires, qu’elle donne pourtant le moyen de suivre plus tard, si le besoin s’en fait sentir, telle ou telle branche d’érudition confinant à l’Antiquité, et que, vers seize ou dix-sept ans, le jeune homme peut s’appliquer sans retard à ce qui va être l’emploi principal de toute sa vie. […] Neuf ou dix années se passèrent pour lui en études spéciales, en voyages : il parcourut en tous sens, et le crayon à la main, la France, l’Espagne, l’Italie ; il séjourna au moins une année à Rome. […] Après une année de séjour, nous étions arrivé, comme tant d’autres avant nous, à vénérer les plus humbles pierres de la grande cité, à les considérer avec amour, à trouver à toute chose un parfum d’art, une poésie enfin que nulle autre ville ne possède… » Nuremberg, en effet, ne saurait tenir, ne fût-ce qu’un instant, devant Rome. […] Mérimée, après lui, précis, attentif et positif comme pas un, allait continuer pendant des années cette suite de services d’un détail infini, et qui exigent des déplacements continuels, une sagacité infatigable ; il sauvait de la ruine quantité d’édifices intéressants, menacés et méconnus. […] Taine, devenu professeur à son tour, l’année suivante, a été tout d’un coup applaudi dans cette même chaire ; il le mérite assurément pour son rare talent ; mais il apportait de plus, dans son nouvel enseignement, une popularité toute faite et créée ailleurs.

387. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Professeur pendant quatre années à Strasbourg, puis quatre autres années à Aix, du temps de Prevost-Paradol et de Weiss, il a, dans cette vie laborieuse de province, amassé des provisions de savoir qu’il accroît journellement et qu’il distribue désormais avec bon sens, gravité, justesse, avec un talent très-remarquable d’ordonnance et de composition, aux fortes générations d’élèves qu’il est chargé d’enseigner, les élèves de l’École normale et ceux de l’École polytechnique. Mais, il y a un peu plus d’une année, d’autres élèves, et d’une tout autre origine, lui sont venus et ont réclamé le docte office de sa parole. […] Cette année même, le cours se continue et portera sur les temps modernes à dater du xv° siècle : celui de l’hiver dernier embrassait toute l’Antiquité et la barbarie jusqu’à la reconstitution de la société et au Moyen-Age inclusivement. […] On peut dire que Bossuet médita de tout temps cet ouvrage, pour lequel il amassait bien des réflexions et des pensées dès les années de son séjour à Metz, lorsqu’il avait sous les yeux le spectacle des Juifs nombreux en ce pays, et qu’il conférait avec les plus savants de leurs rabbins. […] Pourquoi, chez les Grecs en peu d’années, Eschyle, Sophocle et Euripide, comme animés d’un même souffle divin, donnent-ils coup sur coup l’éclat et la perfection à la tragédie ?

388. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Napoléon, dans une audience publique à Milan (juin 1805), fit une scène à l’envoyé extraordinaire de la reine, chargé de le complimenter, et la dénonça avec une colère calculée comme une furieuse ennemie de la France : « Si après tant d’années de règne elle ne sait pas mettre du calme et de la modération dans sa conduite et dans ses discours, le vaisseau anglais qu’elle tient dans la rade de Naples ne la sauvera pas. » Après de telles injures, l’ulcération, des deux parts, devint incurable. […] Dans les dernières années de la Restauration, les attachés du ministère furent invités à traiter chacun dans un mémoire la question des alliances naturelles de la France : ce fut le travail de M.  […] Les premières années du règne de Louis-Philippe amenèrent des réductions et des déplacements. […] Frappé au mois de juin 1862, à l’âge de soixante-deux ans, d’un accident soudain qui le saisit et le paralysa dans toute la force de la pensée, il ne se releva pas, assista deux années durant à sa lente destruction, et succomba le 1er septembre 1864, avant d’avoir pu terminer l’Histoire des Cabinets de l’Europe, « cette œuvre, tourment et bonheur à la fois de sa vie. » Je dis tourment, et on va le comprendre. […] Thiers approchait de l’année 1813 et y atteignait, il donna dans la Revue des Deux Mondes deux morceaux achevés sur le soulèvement de l’Allemagne après la guerre de Russie et sur le Congrès de Prague.

/ 2917