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695. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

La délicatesse & la vérité de leurs pensées, l’enchantement de leur stile, la profondeur & la variété de leurs connoissances, cette attention continuelle à tourner l’érudition en agrément, tout en eux annonce l’aurore du bel esprit François, Mais, quoique supérieurs à leur siècle, ils ne laissoient pas d’y tenir encore par un grand amour de la dialectique, des subtilités & de toutes les disputes de l’école. […] On y représente Abailard, occupé à leur plaire, méprisant toutes les bienséances, remplissant l’univers du bruit de ses amours. […] Cet oracle de son siècle, aussi malheureux en écrits qu’en amour, fut au désespoir d’être jugé, sans qu’auparavant on l’eût entendu. […] De nos amours passés, de notre vive ardeur La tendre impression règne encore dans mon cœur.

696. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

que de fois, œil morne et front blêmi, Il cherche auprès de la claire fontaine, Sous quel buisson l’Amour s’est endormi ! […] Devenu histrion d’art par amour de l’histrionisme, ce divinisateur du tremplin l’a transporté définitivement dans la vie de sa pensée. […] C’est cette école qui, pour faire plus spectacle, a mis la poésie lyrique sur le théâtre et le théâtre dans la poésie lyrique, et a développé depuis vingt-cinq ans en nous tous, gens de vieille société ennuyée, cet amour que les peuples de civilisation excessive, à la veille de leurs décadences, ont toujours eu pour leurs histrions. […] On se reprend d’un amour plus vif pour ces adorables mélodistes, aux flûtes fêlées.

697. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Ajoutez que l’amour ne tient pas plus ici de place qu’il n’en occupe effectivement dans la vie, — je ne dis pas la femme, je dis l’amour, — et en revanche la haine, la vanité, l’ambition, l’avarice, toutes les passions humaines y jouent leur personnage. […] Le « Poète de l’amour » ; — et que c’est toujours à cette qualification qu’il en faut revenir en parlant de Musset ; — s’il n’y a pas dans notre langue ; — et en dépit des chicanes de style ou de versification qu’on peut lui faire ; — qu’il faut même que l’on lui fasse ; — de plus beaux poèmes d’amour ; — de plus sincères, de plus passionnés, et de plus poignants ; — que la Lettre à Lamartine ou que la Nuit d’octobre. — Pareillement, et à l’exception de son Lorenzaccio ; — qui est sa part de « contribution » ou son « contingent » dans la bataille romantique ; — son Théâtre tout entier n’est qu’un hymne à l’amour [Cf. Les Caprices de Marianne ; — Le Chandelier ; — On ne badine pas avec l’amour ; — Il ne faut jurer de rien ; — Fantasio, etc.] ; — et à l’amour conçu comme la seule raison qu’il y ait d’être au monde ; — et de vivre. — Là est le secret de sa force dramatique ; — de la poésie souvent malsaine ou suspecte ; — mais toujours infiniment séductrice, dont son théâtre s’enveloppe comme d’une atmosphère unique ; — et là par conséquent le secret de la vitalité de son œuvre. — Qu’il se peut encore que les mêmes qualités ; — et aussi ce qu’elle contient de renseignements sur la « pathologie de l’amour » ; — sauvent sa Confession du naufrage où l’entraînerait sans cela le poids des déclamations qui s’y mêlent ; — et qu’enfin cette religion de l’amour fait à peu près le seul mérite de ses Contes et de ses Nouvelles. […] La Flûte] ; — cet amour en résolution de travailler à vaincre la nature [Cf.  […] Hypatie] ; — et l’amour païen de la beauté pure [Cf. 

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