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286. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Nous en parlerons comme des amis et admirateurs gens du monde, c’est-à-dire assez librement. […] Puis la pensée fondamentale reprend son cours, une douce et insinuante prêcherie à l’adresse de ce jeune cœur, qu’elle craint de voir trop volage et trop en oubli de la fin suprême : « N’allez-vous pas trouver bien drôle que je monte souvent en chaire, ma chère amie ? […] Là-dessus un critique ami, un étranger qui nous connaît mieux que personne, M.  […] Écrivant à la baronne de Maistre, son amie de Paris, qui sera sa confidente passionnée comme Louise est sa correspondante virginale et innocente, elle lui dira après toutes ses douleurs épuisées et quand le calice est bu : « Je ne sais rien qui me fasse plaisir ; le cœur est mort, mais de votre côté il y a des cordes vives et je dirais vibrantes, si j’étais Sophie l’aimable, la trop bien disante. » Ainsi elle croit avoir besoin, pour risquer une expression qui nous paraît si simple, de se couvrir de l’autorité d’une amie. […] Elle raconte à son amie Louise tous les glas de jeunes filles que sonne la cloche de la paroisse rurale ; ses lettres, par moments, sont comme un nécrologe continu.

287. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé aux funérailles de M. Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France »

Nous éprouvâmes tous une sensible joie, quand nous vîmes venir à notre Société asiatique ce jeune homme sérieux, ardent, consciencieux, ami passionné du vrai, ennemi de tout charlatanisme et de toute hypocrisie. […] Imitez-le en tout, jeunes amis, excepté en cette espèce de tension dangereuse qui fait qu’on ne peut plus associer au devoir le sourire, le divertissement honnête, le plaisir de contempler un monde, où, à côté de tant de parties sombres, il y a des touches si lumineuses. Indulgere genio est un art que notre ami ne savait pas, ne voulait pas savoir ; il ne pécha que par excès d’amour pour le bien. […] Pauvre cher ami, entré maintenant dans la sérénité absolue, donne le repos à ce cœur inquiet, à cette conscience timorée, à cette âme toujours craintive de ne pas assez bien faire.

288. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Je fus reçu avec accueil par la mère et la fille, comme un ami qu’on aurait éprouvé vingt ans. […] Elle était incapable de flatter, même ses amis. […] La porte de sa maison sur l’avenue des Champs-Élysées s’entrouvrit à un battant pour quelques amis. […] Je la vis rarement, et comme on voit en trêve une amie d’une autre faction entre deux combats. […] Son nom se confondait avec le nom d’un homme d’idées éminent, souvent bienveillant pour moi, quelquefois hostile à mes amis.

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