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703. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Il n’aime pas les beaux esprits de son temps, raisonneurs et critiques ; il ne manque guère une occasion d’égratigner Voltaire. […] Le hasard d’une bonne action qu’il n’a pas méditée le fait intendant d’une riche maison, aimé de ses maîtres. […] Marivaux, qui n’aime pas les dévots, démonte leurs manèges d’une main impitoyable : tout le patelinage de M. de Climal, ses ruses pour venir à bout de Marianne, ses précautions pour assurer et son honneur et sa conscience, tout cela est peint de main de maître. […] Leur dignité, leur honneur leur commandent de se séparer : ils s’aiment tant qu’ils s’avilissent par la persistance de leur amour. […] Manon est une petite fille sans instinct moral, qui ne sait qu’aimer son chevalier.

704. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

M. de Loménie prépare de Beaumarchais une biographie complète qu’il fait espérer depuis longtemps ; j’aurais aimé à être devancé par lui, mon but en ces esquisses rapides n’étant que de résumer le vrai et le connu, sans chercher à devancer personne. […] Cela n’est pas possible, mon cher ami : un fils comme toi n’est pas fait pour n’être qu’un peu aimé d’un père qui sent et pense comme moi. […] Il aimait la musique, il chantait et faisait des couplets ; il savait jouer de la guitare, de la harpe surtout, alors dans sa nouveauté, et il portait dans ces amusements cet esprit d’invention qu’il eut en toutes choses. […] Il connut la femme d’un homme qui avait à la Cour un office subalterne ; elle l’aima, et, le mari étant mort, il eut la charge en épousant, le 27 novembre 1756, cette veuve qui avait nom Marie-Madeleine Aubertin. […] Sur les femmes, toutes les fois qu’il a à en parler, il y a de petites hymnes galantes et comme de petits couplets destinés à plaire aux belles et sensibles lectrices ; il a de ces tirades dans le procès Goëzman, il en aura plus tard dans le procès Kornman : « Et je serais ingrat au point de refuser, dans ma vieillesse, mes secours à ce sexe aimé qui rendit ma jeunesse heureuse !

705. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Patriote breton à l’origine et Américain de la vieille Angleterre, il avait commencé par ne point aimer la France et par la considérer comme une ennemie, autant qu’il pouvait considérer comme telle une nation composée d’hommes ses semblables. […] Il aimait, en général, plus à écouter qu’à parler, et on pourrait citer telle femme du monde, qui, venue le soir par curiosité dans le même salon que lui, s’est plainte de son silence. […] Alors, quand il parlait, il aimait à aller jusqu’au bout et à ne pas être interrompu. […] Franklin rougissait beaucoup de ce vers, et il en rougissait avec sincérité ; il aurait bien voulu qu’on supprimât cet éloge extravagant selon lui, et qui exagérait en effet son rôle ; mais il avait affaire à une nation monarchique, qui aime avant tout que quelqu’un tout seul ait tout fait, et qui a besoin de personnifier ses admirations dans un seul nom et dans une seule gloire. […] Un jour, un auteur dont le nom n’est pas indiqué, et que l’on croit être Thomas Payne, lui envoya le manuscrit d’un ouvrage irréligieux : supposez, si vous l’aimez mieux, que cet auteur sur lequel on est incertain soit un Français, un philosophe, un élève du monde de d’Holbach ou même de celui d’Auteuil, Volney par exemple, soumettant d’avance à Franklin le manuscrit des Ruines.

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