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594. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

Nous aimons mieux le Silvio Pellico des lettres que celui dont le nom servait aux affaires du carbonarisme contemporain. […] S’il aima son pays, ce fut bien plus avec la tendresse d’un enfant inquiet qu’avec la vigueur d’un grand caractère. […] Il avait été lié avec ce brise-raison d’Ugo Foscolo, qui, politiquement et littérairement, ne s’éleva jamais jusqu’à être un Alfieri, mais ressemblait seulement à un de ces chevaux, toujours cabrés, qu’Alfieri aimait à monter. […] Attiré par ce nom de Silvio Pellico, — astre de popularité, un moment, sur lequel un nuage avait passé, il nous en souvenait, — attiré surtout par ce nuage que nous aimions plus que l’astre lui-même, nous avons ouvert ces lettres posthumes et nous y avons trouvé ce que tout d’abord nous n’espérions guères y rencontrer. […] Car, puisque je n’aimais pas la domination autrichienne, mon devoir aurait été de réprimer et de cacher mes dangereux sentiments ou d’abandonner les pays gouvernés par l’Autriche.

595. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

Le Génie de la Comédie qui la visait déjà avant qu’elle fût née l’avait fait naître, en carnaval, dans une petite ville qui aimait le plaisir, et le baptême était si pressé que le curé, qui s’était déguisé en Arlequin et son vicaire en Gilles, baptisèrent l’enfant sans changer de costumes. […] L’italien combiné de français parut aux Français un phénomène dans lequel ils étaient pour quelque chose, et qu’ils aimèrent comme Narcisse aimait son image. L’abbé Galiani fit les délices d’une société charmante qui les lui rendit, et quand, par suite d’une indiscrétion diplomatique, car ce pétulant intellectuel, cette tête à feu et à fusées, ne pouvait pas être la tirelire à serrure des petits secrets politiques qu’il faut garder, il fut forcé de quitter cette société qui était devenue la patrie de son esprit, il la quitta comme on quitte une maîtresse aimée, et la Correspondance que voici atteste à chaque page ce sentiment presque élégiaque dans une nature si peu tournée à l’élégie, mais dont l’esprit souffre de regret comme un cœur ! […] C’est là un desideratum désespéré pour tous ceux qui aiment l’Histoire difficile et piquante.

596. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

Nous aimons mieux le Silvio Pellico des lettres que celui dont le nom servait aux affaires du carbonarisme contemporain. […] S’il aima son pays, ce fut bien plus avec la tendresse d’un enfant inquiet qu’avec la vigueur d’un grand caractère. […] Il avait été lié avec ce brise-raison d’Ugo Foscolo qui, politiquement et littérairement, ne s’éleva jamais jusqu’à être un Alfieri, mais ressemblait seulement à un de ces chevaux, toujours cabrés qu’Alfieri aimait à monter. […] Attiré par ce nom de Silvio Pellico, astre de popularité, un moment, sur lequel un nuage avait passé, il nous en souvenait, attiré surtout par ce nuage que nous aimions plus que l’astre lui-même, nous avons ouvert ces lettres posthumes et nous y avons trouvé ce que tout d’abord nous n’espérions guères y rencontrer. […] Car, puisque je n’aimais pas la domination autrichienne, mon devoir aurait été de réprimer et de cacher mes dangereux sentiments ou d’abandonner les pays gouvernés par l’Autriche.

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