Cette lettre, qui ne fut point envoyée, ne paraîtra point invraisemblable à ceux qui connaissent Marmont ; et, si incohérente que puisse sembler cette double action, elle est peut-être ce qui exprimerait le mieux la lutte et la contradiction de ses pensées dans toute cette crise. […] Arrivé à la porte de la salle des Maréchaux par où le roi devait repasser, le garde du corps de faction refusait l’entrée ; l’officier de service, M. de Bartillat, alléguait les ordres donnés : « Allons, monsieur de Bartillat, lui dit le maréchal, une bonne action pour quelques jours d’arrêt ! […] Son existence toutefois s’en ressentira dans sa liberté d’action et son indépendance. […] Quatorze années de réflexions avaient succédé pour lui à l’époque de l’action et des combats. […] Passant alors dans la pièce voisine où étaient les ministres et M. de Polignac, le maréchal fit tout pour qu’on profitât de ces avances qu’avait amenées l’action très vigoureuse des troupes, prévenant bien qu’il n’était pas en mesure de renouveler un semblable effort.
Si Le Prince n’y prend garde, s’il continue à se négliger sur le dessin, la couleur et les détails, comme il ne tentera jamais aucun de ces sujets qui attachent par l’action, les expressions et les caractères, il ne sera plus rien, mais rien du tout ; et le mal est plus avancé qu’il ne croit. […] Quant à l’action, elle est tout à fait équivoque : est-ce la vieille qui apporte une lettre ou à qui l’on donne une lettre à porter ? […] L’action, le mouvement, l’air empressé de la vieille, me l’auraient peut-être appris, mais cela n’y est pas. […] On dirait que de grands événemens, de grandes actions ne soient pas faits pour un peuple aussi bizarrement vêtu, et que les hommes dont l’habit est si ginguet ne puissent avoir de grands intérêts à démêler. […] Je vous le répète, il ne faudrait qu’assujettir la peinture et la sculpture à notre costume pour perdre ces deux arts si agréables, si intéressans, si utiles même à plusieurs égards, surtout si on ne les emploie pas à tenir constamment sous les yeux des peuples ou des actions déshonnêtes ou des atrocités de fanatisme, qui ne peuvent servir qu’à corrompre les mœurs ou à embéguiner les hommes, à les empoisonner des plus dangereux préjugés.
Il cite enfin tous les révolutionnaires d’intention alors, et d’action plus tard, qui trouvaient dans le peuple une argile rebelle à pétrir. […] Quoi qu’elles fussent, du reste, elles n’attestaient qu’une seule chose : l’action directe et libre de la royauté. […] La force des choses, cette irresponsabilité du destin, ce joug d’une mathématique inconnue jeté sur le cou de la pauvre créature humaine, a remplacé, dans l’Histoire, l’action réelle et très explicable de l’homme tout-puissant de volonté, de liberté, quand il s’agit des événements qui paraissent le moins à sa charge, et même tout puissant de faiblesse. […] L’auteur en tire un effet d’ensemble véritablement décisif ; c’est l’histoire des Causes, comme dit le titre du livre, — car les hommes, on ne saurait trop le répéter, sont les plus grandes causes de l’Histoire, contrairement à l’idée moderne et aux prétentions du Panthéisme qui ne veut voir dans l’action des hommes que des effets. […] S’il avait pu y croire une minute, avec ses tendances positives de penseur chez qui la pensée a toujours touché à l’action, et d’écrivain catholique chez qui le catholicisme a redoublé le bon sens, il ne fût point descendu des hauteurs de son histoire dans le détail de la vie des hommes de la Révolution, les isolant les uns des autres pour mieux étudier chacun d’eux.