On devine aisément jusqu’où il alla, lorsqu’on se souvient que tout Versailles s’émut à l’apparition de ses marquis, quelle académie féminine il fit trembler à l’hôtel de Rambouillet en affichant ses Femmes savantes, quelle société redoutable et intolérante il ébranla, quand Bossuet et Bourdaloue se crurent intéressés à diffamer son art et son chef-d’œuvre, et par quel trait de sa philosophie militante, attaquant les faux médecins du corps après ceux de l’âme, il jeta dans la défaillance la docte faculté qu’il investit en cérémonie du droit de purger, clystériser, saigner et tuer impunément par toute la terre. […] Le plan d’académie institué par Philaminte devint l’exemplaire de toutes les coteries de même espèce.
Géomètre, astronome, physicien, il voyagea, enseigna, rédigea de savants traités, fut membre de l’Académie royale de Londres et directeur, à Paris, de l’optique de la marine.
En maintes occasions, comme le jour du vernissage au Salon du Champ-de-Mars, à Paris, ou à l’ouverture de l’exposition de tableaux de l’Académie royale de Londres, cette impression peut s’accroître si sinistrement, que l’on croit cheminer parmi des larves assemblées au hasard, dans un charnier fabuleux, avec des corps dépecés : têtes, troncs, membres, tels qu’on les a trouvés sous la main, et que l’ajusteur a ensuite revêtus, sans y prendre le moindrement garde, des premiers vêtements venus de toutes les époques de l’histoire et de toutes les parties du monde. […] Si elle tenait compte des faits, elle saurait que le nombre des Facultés des sciences, des professeurs et élèves, des revues et livres, de leurs abonnés et lecteurs, des laboratoires, des sociétés savantes et des communications aux académies, augmente d’année en année.