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833. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Depuis Voltaire, qui appelle la Comédie un salmigondis, jusqu’à M.  […] Voltaire comptait dans la Comédie une trentaine de bonnes tercines. […] D’honneur, je ne saurais m’étonner beaucoup que Voltaire ait qualifié toutes ces belles choses de salmigondis ! […] En s’arrachant au déisme aimable de Voltaire, au matérialisme insouciant des d’Holbach, des d’Argens, des La Mettrie, on ne retrouvait plus les consolations du Christ de Luther. […] que Voltaire avait donc raison de souhaiter aux Allemands plus d’esprit et moins de consonnes !

834. (1927) André Gide pp. 8-126

Et Saunderson répondait à ce même ministre qui lui développait la preuve de l’existence de Dieu par les merveilles de la nature : « Eh, Monsieur, laissez là tout ce beau spectacle qui n’a jamais été fait pour moi… Si vous voulez que je croie en Dieu, il faut que vous me le fassiez toucher. » A ce propos, Voltaire écrivait à Diderot : « Je vous avoue que je ne suis point du tout de l’avis de Saunderson qui nie Dieu parce qu’il est né aveugle. » Et il est vrai que cette cécité ne démontre pas l’athéisme ; mais elle n’est peut-être pas non plus un motif d’hymnes jaculatoires et de Te Deum. […] Dans ses jugements littéraires, que d’injustices contre Voltaire, Corneille, Ronsard, Hugo, Théophile Gautier et tout le romantisme ! […] Ce subtil intellectualisme discursif, qu’on admire chez Montaigne, chez Voltaire, chez Stendhal, dans la correspondance de Flaubert et toute une partie de Renan se retrouve partout chez M.  […] La seconde comprend toutes les variétés du roman philosophique, psychologique, lyrique ou esthétique : elle englobe Voltaire, Diderot, Stendhal, Flaubert, Goncourt, Anatole France et Gabriel d’Annunzio.

835. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Voltaire le gêne, Rousseau l’irrite. […] Il loue Delille, et même Esménard ; il cite Jean-Baptiste Rousseau ; les Rêveries d’un promeneur solitaire lui plaisent : il cite Voltaire, et un peu malicieusement, à savoir toutes les fois que Voltaire se trouve exprimer une pensée favorable au christianisme ; il « admire le pinceau » de Bernardin de Saint-Pierre (tout en remarquant qu’il n’a pas d’esprit, ni non plus de caractère). […]  » Il l’était si peu, qu’à peine ces premières pages publiées, il glissa dans la pure pasquinade libertine, devint et resta une sorte de Voltaire burlesque, sans esprit. […] C’est plaisir de voir comme un Voltaire a l’instinct de son côté faible, se garde, le plus souvent, de toute attitude, de tout oubli qui prêterait à la dérision. […] Il faut reconnaître que de l’esprit véritable, celui qu’ont La Fontaine, Molière, Voltaire, Henri Heine, Victor Hugo n’en a aucune trace.

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