On ne peut désirer ce qu’on ne connaît pas, répétait à son tour Voltaire. Mais René ne s’en tient pas là ; il recommence précisément où Voltaire finit : il fait mentir l’observation morale positive : lui, il désirera surtout ce qu’il ignore.
C’est la raison dont se paiera Voltaire ; et nous ne nierons pas qu’elle enferme une part de vérité. […] Marot ; — et comparables aux plus vantées de Voltaire [Cf. […] Périer, Préface [anonyme] de la première édition des Pensées, 1670 ; — Voltaire, Remarques sur les pensées de M. […] Desnoiresterres, Les Cours galantes, et, du même : La Jeunesse de Voltaire] — avec Mme Ulrich [Cf. […] Campistron [1656, † 1723], — et si ses pièces, comme l’a dit Voltaire, « sont mieux intriguées que celles de Racine » ?
À part un petit nombre de lettres inédites de Mme du Deffand à Horace Walpole et de Voltaire à elle, qui s’y rencontrent par hasard et qui sont jetées çà et là, la correspondance se passe régulièrement et se renferme tout entière entre trois personnes, Mme du Deffand, la duchesse de Choiseul et l’abbé Barthélemy. […] Il faut entendre cette jolie petite personne, cette jolie chose, avec sa mignonne figure de cire, s’animer, parler des choses publiques, de la littérature, des auteurs, de Rousseau, de Voltaire, de l’impératrice Catherine, les remettre à leur place, causer, disserter (car elle disserte quand elle se sent à l’aise, là est peut-être un léger défaut) ; il faut l’entendre en ces moments se révolter, s’indigner, jeter feu et flamme : elle n’a plus d’hésitation alors ni de timidité ; elle dit tout ce qu’elle pense, tout ce qu’elle a sur le cœur ; c’est la réflexion qui déborde comme une passion contenue. […] Mme du Deffand, au reste, était tout à fait de cet avis ; depuis surtout que Mlle de Lespinasse avait fait défection et s’était retirée d’auprès d’elle, emmenant à sa suite quelques-uns des coryphées de l’école encyclopédiste, elle était très opposée à tout ce qui ressemblait à des intérêts de parti philosophique ou littéraire : et comme Voltaire, dont c’était le malin plaisir, essayait de provoquer Walpole, de l’amener, par pique et par agacerie, à une discussion en règle sur le mérite de Racine et de Shakespeare, comme de plus il paraissait d’humeur à chicaner les deux dames au sujet de La Bletterie qu’elles protégeaient et qu’il n’aimait pas, Mme de Choiseul écrivait encore à sa vieille amie : Je crois que nous ferons bien de le laisser tranquille ; car, pour moi, je ne veux pas entrer dans une dispute littéraire : je ne me sens pas en état de tenir tête à Voltaire.