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688. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

C’est que, rêvant déjà ce qu’à présent on sait, Il chantait presque à l’heure où Jésus vagissait… Dieu voulait qu’avant tout, rayon du Fils de l’homme, L’aube de Bethléem blanchît le front de Rome. […] Il fallait insérer dans le récit épique Rome entière, l’histoire de Rome depuis les origines jusqu’à la bataille d’Actium, la légende des vieilles races qui avaient peuplé d’abord le sol italien, une sorte de livre d’or de la noblesse, qui se disait sortie des compagnons d’Énée ; toute la religion romaine, les dieux indigènes, les dieux helléniques latinisés, les vieilles divinités locales, les mœurs et usages publics et privés du peuple romain, etc… Virgile y a réussi.

689. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Ce lieu fut Rome, pour le monde romain, puis pour le monde impérial et papal. Aujourd’hui Rome est une ville américaine comme toutes les autres, avec une sorte de vaste musée des antiques dont les conquérants et les voyageurs ont emporté çà et là de précieux fragments. […] Ainsi les vérités qu’obscurcit la décadence de Rome, les vérités du dogme chrétien en suffisante correspondance avec les dogmes bouddhiques, viendront fortifier la doctrine d’une Religion catholique de l’Humanité, quand le temps aura fait son œuvre bienfaisante, quand l’enseignement reconstitué aura préparé des générations capables de concevoir l’idéal humain et de l’aimer pour sa pure vérité.

690. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

« Homme je suis, rien de ce qui est de l’homme ne doit rester étranger à moi. » Telle est, à Paris comme à Rome, la devise du poète lyrique ou épique, être essentiellement collectif pour rester unanimement compris, universellement sympathique. […] C’est ainsi que Mirabeau s’était fait marchand de drap à Marseille pour se confondre dans le tiers état ; et, si nous remontons plus haut, c’est ainsi que Tibérius Gracchus s’était fait plèbe à Rome pour faire trembler l’aristocratie de son pays. […] Il y a trop de Tacite, dans ce prétendu ménétrier des tavernes de la Gaule, pour croire qu’il n’ait pas fréquenté dans son enfance les historiens, les satiristes et les politiques de Rome.

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