/ 1097
197. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

(Racine.) […] (Racine.) […] (Racine.) […] Quand Racine fait dire à Joad : Celui qui met un frein à la fureur des flots, Sait aussi des méchants arrêter les complots, la périphrase contient la preuve de l’idée exprimée ensuite.

198. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Ces deux vers de Racine se coupent ainsi : Oui je viens | dans son temple | adorer | l’Eternel Je viens | selon l’usage | antique | et solennel « Leur unité vraie n’est pas le nombre conventionnel du vers, mais un arrêt simultané du sens et du rythme sur toute fraction organique du vers et de la pensée.  » En d’autres termes, le distique est formé de huit petits vers de trois, trois, trois, trois ; deux, quatre, deux, quatre syllabes, — le vers étant « un fragment le plus court possible figurant un arrêt de voix et un arrêt de sens ». […] Kahn confond la déclamation et la versification, et il donne à la déclamation une fixité absolument arbitraire, car quelle objection à noter ainsi les vers de Racine : Oui | je viens dans son temple adorer l’Éternel Je viens | selon l’usage antique et solennel Pourquoi détacher chaque membre de phrase ? […] Reprenons Racine : 11. […] Mais Racine écrivait pour les oreilles ; son vers est remarquablement plein ; la faute de l’e muet est rare dans son œuvre ; il voulait douze syllabes et savait les trouver.

199. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Mais, disent les romantiques, si Corneille, Racine et Voltaire sont excusables d’avoir traité des sujets antiques et païens, leurs successeurs ne le seraient pas de s’obstiner à exploiter ces mines tant fouillées, dont les produits, d’ailleurs, sont dédaignés par l’esprit et le goût du siècle. […] nous ne pouvons nous empêcher d’admettre cette conséquence ; et, avant même qu’elle sortît aussi impérieusement des faits, nos plus grands poètes l’avaient reconnue et s’y étaient soumis ; car Corneille a fait Polyeucte et le Cid ; Racine, Athalie et Bajazet ; Voltaire, Zaïre, Alzire et Tancrède, il n’y a donc point encore là de romantisme. […] Si je vois l’élégant Racine prêter quelquefois à des personnages de la Grèce héroïque, les sentiments raffinés et les expressions polies des courtisans de Louis XIV, je vois plus souvent le sauvage Shakespeare transporter dans tous les temps et dans tous les pays où l’entraîne sa Muse vagabonde, les idées, les préjugés, les mœurs et le langage des bourgeois de Londres sous la reine Élisabeth. […] Nous ne nions pas la douceur des larmes : Virgile, Racine et Voltaire nous en ont fait répandre de délicieuses.

/ 1097