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478. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Il savait trop l’Histoire pour l’écrire comme il l’a écrite s’il n’a pas menti aux autres et à lui-même ; si sa haine contre l’Église — une haine venue tard, dans son Histoire de France et dans sa vie, — ne l’avait pas égaré jusqu’à la honte du mensonge, d’autant plus grande qu’on tient la vérité, et Michelet la tenait ! […] Lui, ne fut qu’un grenadier engagé à cinquante-sept ans, après avoir déjà, comme officier, servi la France ; un simple grenadier, qui, sans Carnot, — lequel eut, ce jour-là, une lueur de génie, et qui le nomma officiellement : « le premier grenadier de France », — fût resté irrécompensable ; car il faut bien créer un mot pour exprimer une chose avant lui inconnue. « Cette palme, — dit-il, en parlant du titre que lui avait décerné Carnot, — il fallait la laisser flottante sur la tête de tous les guerriers de la France !  […] Ce Saint François d’Assise de la guerre, qui était de force à marcher, pieds nus, sur des baïonnettes, ne demandait des souliers que pour aller mieux à l’ennemi… Après Brumaire, le grand Connaisseur en mérite et en gloire qui régnait déjà sur la France, voulut en faire un sénateur.

479. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Henri Martin, n’est-elle pas aussi tout entière dans la vive et brillante histoire de France de M.  […] Celles de la France et de la révolution. […] Les étrangers présents à la séance étaient muets d’étonnement ; pour la première fois ils avaient vu la France, toute sa richesse de cœur. […] C’est que, tandis que le génie allemand est réaliste avec toute sa poésie métaphysique et sentimentale, le génie de notre France est essentiellement idéaliste. […] L’histoire de France de M. 

480. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

La Guerre d’Alsace pendant le grand schisme d’Occident, terminée par la mort du vaillant comte Hugues, surnommé le soldat de saint Pierre, drame historique en prose, sans nom d’auteur, imprimé à Bâle en 1780, et qui paraît n’avoir eu aucun écho en France, fut la dernière tentative de Ramond dans l’ordre de la littérature proprement dite et de l’imagination. […] Ce qu’on peut dire enfin, c’est que l’auteur a très bien deviné et conçu le genre dont le Wallenstein de Schiller (1779) devait offrir le plus magnifique développement, mais qui n’a jamais été en France qu’un genre accessoire et comme latéral à la scène. […] Celui-ci suivit les diamants à la piste, s’assura des acheteurs, obtint leur déposition légale devant les magistrats de Londres, et revint en France muni des pièces qui prouvaient du moins que le cardinal n’avait été que le plus crédule et le plus volé des honnêtes gens. […] Pourquoi ces pages et tant d’autres, qui honorent la littérature scientifique et pittoresque de la France, ne sont-elles pas plus connues ? […] Jefferson fit deux voyages en ces années, l’un de sept semaines en Angleterre (mars-avril 1786), l’autre, plus long, dans le midi de la France et dans le nord de l’Italie (mars-juin 1787).

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