Ayant produit l’homme, la nature ne se repose pas comme le Dieu des légendes. […] Un homme qui se croit Dieu ou envoyé de Dieu n’est pas nécessairement un fou, quoique les asiles soient peuplés de christs et de prophètes. […] L’un se croit un grand poète, qui n’est qu’un risible rimeur ; l’autre croit rénover la philosophie, qui n’est qu’un enfileur de lieux communs ; l’homme pieux qui parle à Dieu finit un jour par croire que Dieu lui répond : et si Dieu, avec qui il converse familièrement, lui dit : tu es mon fils, pourquoi douterait-il de la parole de Dieu ? […] Un Dieu, d’ailleurs, doit-il pleurer ? […] Les vieilles lois pénales frappent toujours au nom de Dieu ou au nom des dieux.
Dieu te rendra bon comme les hommes Et doux comme le miel, le méture et les pommes Où se collent les guêpes en or tout empêtrées. […] Paul Léautaud À écouter les poèmes contenus dans le volume : De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir, poèmes dont la sincérité parfois touche à la naïveté et d’une notation directe souvent jusqu’au mot choquant, on respire un sentiment d’immense humilité devant la nature et de foi ingénue en Dieu.
Les déserts ont pris sous notre culte un caractère plus triste, plus grave, plus sublime ; le dôme des forêts s’est exhaussé ; les fleuves ont brisé leurs petites urnes, pour ne plus verser que les eaux de l’abîme du sommet des montagnes : le vrai Dieu, en rentrant dans ses œuvres, a donné son immensité à la nature. […] que le poète chrétien est plus favorisé dans la solitude où Dieu se promène avec lui !