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455. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Sous Néron, le frère dont on a tué le frère va au temple rendre grâce aux dieux ; sous Yvan, un boyard empalé emploie son agonie, qui dure vingt-quatre heures, à dire : Ô Dieu ! […] La double identification du roi avec la nation et du roi avec Dieu, c’est là le travail de l’histoire courtisane. La grâce de Dieu procrée le droit divin. […] Cela n’est pas, pour deux raisons : Dieu n’a pas de main, et les rois n’ont pas de cœur. […] Dieu tourne la page.

456. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Le génie sur la terre, c’est Dieu qui se donne. Chaque fois que paraît un chef-d’œuvre, c’est une distribution de Dieu qui se fait. […] Vous chercherez Dieu où il habite. » C’est presque du panthéisme. […] Être le serviteur de Dieu dans le progrès et l’apôtre de Dieu dans le peuple, c’est la loi de croissance du génie. […] Il est plus que jamais nécessaire de montrer aux hommes l’idéal, ce miroir où est la face de Dieu.

457. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Sa vertu avait la virilité d’un homme ; elle s’était réservé son cœur pour aimer le roi et pour détester ses ennemis, mais elle laissait la vengeance à Dieu. […] À la mort de son mari, elle ne profita de sa liberté et de sa fortune que pour entrer dans un monastère de charité aux environs de Paris, où je la vois une ou deux fois par an, toujours fidèle à sa famille et à ses amitiés, consacrant à Dieu ce que les hommes avaient si peu su respecter. […] Il se livra alors à la dévotion la plus entière et la plus vive, et il consacra à Dieu toutes les pensées éparses de sa vie. […] Il se la déguisa mieux encore en se la cachant sous les formes de l’amour de Dieu, amour vertueux et mystique qu’il s’efforça de communiquer à madame Récamier, pour préserver l’innocence de la femme et, à son insu, sa propre jalousie, contre les dangers du monde. […] C’était un homme que Dieu seul pouvait juger, car il n’avait agi que pour lui.

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