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1468. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

-vous avez beau dire Vernet, Vernet, je ne quitterai point la nature pour courir après son image ; quelque sublime que soit l’homme, ce n’est pas Dieu. — D’accord ; mais si vous aviez un peu plus fréquenté l’artiste, il vous aurait peut-être appris à voir dans la nature ce que vous n’y voyez pas. […] C’est la pyramide, mon cher abbé, et la raison, c’est que rien n’étonne de la part de Dieu, auteur de la montagne, et que la pyramide est un phénomène incroyable de la part de l’homme. […] Mais s’il est doux d’exister à la façon de Dieu, il est aussi quelquefois assez doux d’exister à la façon des hommes. […] … mais les rois, mais Dieu, qui est le seul de son espèce… le soleil qui touchait à son horizon disparut, la mer prit tout à coup un aspect plus sombre et plus solennel. […] —A maraviglia…etc. ce n’est donc plus de la nature, c’est de l’art, ce n’est plus de Dieu, c’est de Vernet que je vais vous parler.

1469. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

« Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous présents et à venir, salut : « Les sciences et les arts étant les ornements les plus considérables des États, nous n’avons point eu de plus agréable divertissement depuis que nous avons donné la paix à nos peuples, que de les faire revivre en appelant près de nous tous ceux qui se sont acquis la réputation d’y exceller, non seulement dans l’étendue de notre royaume, mais aussi dans les pays étrangers ; et, pour les obliger davantage de s’y perfectionner, nous les avons honorés des marques de notre estime et de notre bienveillance. » Maintenant, lisez le privilège de l’Opéra, donné en 1831 à M.  […] Buloz ; énumérons les chefs-d’œuvre enfouis dans la lourde et ténébreuse Revue des Deux Mondes, que cette fée à qui Dieu a donné une plume au lieu de baguette soulevait comme un ballon, illuminait comme un météore chaque fois que sa capricieuse et poétique fantaisie posait dans ce nid de hibou, un de ces cygnes au doux ramage ou au plumage éclatant qui composent sa riche et nombreuse famille. […] Dieu lui-même n’est que la poésie universelle de la terre réunie au ciel. […] Aux vingt drames ou comédies que j’ai composés en seize ans, et qui ont fait entrer dans les caisses des différents théâtres où je les ai donnés plus de trois millions de recette, je suis prêt à ajouter, si Dieu me donne encore seize ans de vie et de force, vingt autres comédies ou drames ; mais ce ne sera pas, comme on comprend bien, sur la scène où M.  […] Maintenant, grâce à Dieu, j’en ai à peu près fini avec M. le commissaire du roi, puisque j’ai dit ce qu’il avait fait pour éloigner du Théâtre-Français les auteurs vivants et les ouvrages modernes.

1470. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Remarquez que Joad est ou se croit profondément désintéressé, qu’il s’imagine travailler pour Dieu et agir sous son inspiration, que, si j’entends bien la magnifique scène de la prophétie, il sacrifie à ce Dieu la vie de son propre enfant et que la vision du meurtre de Zacharie ne l’empêche point de faire ce qu’il croit être son devoir dans le présent  Les fanatiques sont gens fort curieux, surtout dans un drame, où l’on n’a rien à craindre de leur manie. […] Quelle défiance de soi, et quelle terreur, quelle expérience des femmes et quelle rancœur, et, par suite, quels amours et quels orages ne supposent pas d’abord son dessein d’entrer à la Trappe, puis son mariage, à trente-huit ans, avec une bonne femme qui n’avait pas lu ses vers, et sa piété fervente, son amour de Dieu, égal à son ancienne passion pour ses maîtresses70.

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