Il a beaucoup changé, il s’est rattaché à des écoles opposées, il a professé des doctrines contradictoires : c’est peut être bien dans ce perpétuel mouvement — dans cet « éternel devenir », comme il aurait dit — que son génie a puisé le meilleur de sa force. […] Oui, si, aux heures de repos solitaire, elle sent qu’il lui manque encore quelque chose, malgré l’amour qu’elle répand autour d’elle, un cœur jeune et chaud pour pleurer ensemble les béatitudes lointaines et secrètes de ce monde, dans la compagnie de qui elle s’élancerait, étroitement unie, vers les perspectives dorées de l’éternel Être-ensemble, de l’union durable, de l’amour éternel et vivant ! […] Par cela même qu’elles sont parmi les plus faibles de Goethe, elles pourraient démontrer que le poète qui s’isole de son temps pour vivre « en l’éternel », — qui donc aurait la platitude de l’en blâmer ? […] et, triste à l’excès, fut un martyre, un éternel Vendredi-Saint. Mais qu’à l’avenir, la joyeuse et douce approche de ma maîtresse ne cesse de me paraître, parmi les palmes triomphantes et les frémissements de joie un éternel jour de mai !
Il a partagé son âme entre la réalité ainsi transposée, et l’art éternel. […] Cette forme de l’Éternel féminin me semble plutôt négligeable. […] On se dit que cela est particulièrement éphémère et qu’il faudra, dans quelques jours, faire de cette chose exquise un deuil éternel. […] On ne peut fixer cette incessante métamorphose, ces aspects, si divers, de l’éternelle sottise. […] Il sait les affinités mystérieuses par où la nature éternelle répond à notre cœur fragile.
Si le même conseil préside aux beaux ouvrages, La forme du talent varie avec les âges, Et c’est un nouvel art que dans le goût présent D’offrir l’éternel fond antique et renaissant.