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542. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Mais, étudiés dans leur ordre, les chefs-d’œuvre de ces deux grandes époques seront toujours la plus forte école où notre nation puisse apprendre à se continuer, en valant mieux. […] Le nœud du drame est à cette époque si fameuse et si fatale. […] Il vit le prince Eugène à Vienne, à Venise le fameux Law et le non moins fameux comte de Bonneval ; en Angleterre, les philosophes et les hommes d’État, à une époque de grande liberté de pensée et de parole. […] La lumière qui venait chaque matin éclairer sur sa table de travail les pages commencées, était cette lumière d’une grande époque qui de toutes parts rayonne vers un grand esprit, et qui s’y réfléchit en s’épurant. […] Si le sujet de l’Esprit des lois appartient au dix-huitième siècle, la pensée, qui est autre chose que le sujet, n’appartient qu’à Montesquieu, et cette pensée est plus dans les parties de son livre où il contredit son époque que dans celles où il veut lui complaire.

543. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Les aèdes, les homérides, sont les gens de lettres de cette poétique époque : nous y voyons l’homme de lettres antérieur à l’usage de l’écriture. […] Le fait dominant et caractéristique de notre époque, c’est l’essor prodigieux de l’industrie. […] L’industrie, reine de notre époque, a ses fêtes splendides, ses triomphes universels où elle convie le monde entier et l’amène. […] Dans un siècle industriel tout se fait industrie ; dans une époque de commerce tout devient marchandise. […] Le besoin ou la passion du gain détournera donc l’homme de lettres de composer des ouvrages solides mais sérieux, que cinq cents personnes comprennent et achètent, et qui n’en sont pas moins quelquefois le flambeau où toute une époque emprunte de proche en proche sa lumière.

544. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

L’esprit organisateur qui l’enseigne le premier, la constate plus qu’il ne la crée ; il ne la tire point de son propre fonds ; il la dégage des œuvres et de l’esprit de son époque. […] Il n’y a point de monopole pour la poésie en faveur de certaines époques et de certaines contrées. […] Enfin, la séparation entre l’idée et la forme, entre l’esprit et le corps, devenait à mes yeux de plus en plus sensible dans la sculpture sentimentale de notre époque. […] À une trentaine d’années de l’époque où parut cette satire amère et terrible, on se trouve dans le milieu précis pour lequel elle paraît faite à l’avance ; la France était devenue la maison d’Orgon439. […] À l’époque de la guerre de Troie, les formes de la pensée et toute la manière de vivre étaient bien différentes de celles que nous retrouvons dans l’Iliade.

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