/ 1543
1505. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Ils n’ont que ce mérite-là : ils ne sont point faits pour le théâtre ; ils ne causent pas assez d’émotion. […] L’âme, blasée par ces violentes secousses, est à peine sensible à des émotions plus faibles, et s’endort au vrai tragique. […] Le troisième acte de Tancrède, l’un des plus beaux qu’il y ait au théâtre, me cause autant d’émotion que la tragédie de Zaïre m’inspire de dégoût et d’ennui ; c’est dommage que Voltaire n’ait pas eu la tête assez forte pour imaginer un plan raisonnable, où il pût placer ce beau caractère de Tancrède. […] Les sages et les fous, les savants et les ignorants, ne peuvent se défendre d’une certaine émotion, tant le poète sait habilement s’emparer du cœur et faire taire la raison.

1506. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Après cela, toutes ces critiques ne sauraient faire — et je n’ai pas l’intention de nier — qu’à son heure, la Défense et Illustration de la langue française n’ait produit une émotion considérable. […]   Je ne crois pas que nulle part la confiance dans le pouvoir des « règles » et de la « théorie », se soit plus naïvement étalée, dans un plus beau jour, comme on disait alors ; et si la Pucelle est prodigieusement ennuyeuse à lire — quoi qu’en aient dit ceux qui ont eu l’idée singulière, voilà tantôt dix ans, d’en éditer les douze derniers chants, — du moins on ne se lasse pas d’en lire la Préface : Je dirai maintenant en peu de paroles, qu’afin de réduire l’action à l’universel, suivant les préceptes, et de ne pas la priver du sens allégorique, par lequel la poésie est faite l’un des principaux instruments de l’architectonique, je disposai toute sa matière de telle sorte que la France devait représenter l’ami de l’homme, en guerre avec elle-même et travaillée par les plus violentes émotions ; le roi Charles, la volonté, maîtresse absolue et portée aussi bien par sa nature, mais facile à porter au mal sous l’apparence du bien : l’Anglais et le Bourguignon, sujets et ennemis de Charles, les divers transports de l’appétit irascible… Amaury et Agnès, l’un favori et l’autre amante du prince, les différents mouvements de l’appétit concupiscible… « Quand je considère en moi-même la disposition des choses humaines, confuse, inégale, irrégulière, je la compare à certains tableaux que l’on montre comme un jeu de la perspective… » La Pucelle de Chapelain ressemble à ces tableaux dont parle Bossuet ; elle y voudrait ressembler du moins ; regardée d’un côté, c’est de l’histoire, et regardée de l’autre, c’est de la morale ; un paysage, quand on se met à droite ; un portrait, quand on se met à gauche ; mais, par malheur pour Chapelain, comment que l’on se place, et en dépit des règles, ce que ce n’est jamais ni de nulle part, c’est un poème. […] Oui, sans doute, il maltraite outrageusement ses ennemis personnels ; il parle des Latins et des Grecs sans assez les connaître ; et sa critique, en général — qui ne manque pas au moins de vivacité ni d’émotion. — manque d’esprit, manque de largeur, manque de portée.

1507. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Aucun cœur n’a senti la moindre émotion ; Aucun n’a retrouvé, dans sa froide action, Bérénice, ni Melpomène.

/ 1543