Les poètes, qui ne sont pas tenus d’être conséquens avec eux-mêmes, chantent également et l’ascension glorieuse de l’humanité, d’abord sauvage, à la vie civilisée, et l’inévitable décadence qui fait sortir de générations pires que leurs ancêtres une postérité plus vicieuse encore. […] Non moins intéressante est la critique de cette autre prétendue loi, également spécieuse, également célèbre, que l’humanité se développe comme un organisme vivant. […] C’est également la méthode d’Aristote qu’appliquent les médecins anatomistes d’Alexandrie, les Hérophile, les Erasistrate, et ils ne rectifient quelques-unes de ses erreurs qu’en marchant dans la voie qu’il a tracée.
Et de même, quand une espèce semble avoir disparu avant que les strates supérieures de la formation soient déposées, il serait également présomptueux de supposer, d’après cela seulement, qu’elle soit entièrement éteinte. […] Si ces anciennes couches primitives avaient été complétement détruites par dénudation ou oblitérées par le métamorphisme, nous devrions retrouver seulement de faibles restes des formations qui les ont immédiatement suivies, et ces lambeaux devraient se présenter également à nous dans un état général d’altération métamorphique. […] Supposons, par exemple, que la mer affleure un continent parallèlement à une grande faille entre deux de ses formations géologiques superposées, et même consécutives, mais très différentes au point de vue minéralogique, ce qui doit être fréquent, il en résulte que tant que les vagues battent la formation supérieure, et jusqu’à sa dénudation ou sa disparition complète sous les eaux, les sédiments qui en proviennent, livrés aux courants marins, vont sans doute se déposer à quelque distance sur un fond également en voie de s’affaisser ou tout au plus stationnaire. […] Il s’ensuit que les premières terres émergées, éparses à fleur d’eau dans des mers presque partout également profondes, n’ont pu donner lieu qu’à de premiers dépôts très lentement formés.
Il n’est pas donné à tous les esprits de sentir et de goûter également ce genre de beautés et de mérites de Massillon : il en est, je le sais, qui le trouvent monotone, sans assez de relief et de ces traits qui s’enfoncent, sans assez de ces images ou de ces pensées qui font éclat. […] L’Oraison funèbre qu’il prononça de Louis XIV, et dont j’ai cité l’admirable début, a de beaux détails, mais pèche également par l’ensemble : Massillon, en louant, ne sait point prendre de ces grands partis comme Bossuet ; il mêle des vérités et des restrictions qui font nuance, là où il faudrait une couleur éclatante, une touche large et soutenue.