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560. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Les poésies homériques, incontestables d’antiquité et de génie, quel qu’en soit l’auteur, supposent, avant elles, un monde déjà poétique, des fêtes religieuses, des chants, des oracles, tout ce mouvement lyrique naturel à l’âme humaine quand elle s’élève ou se passionne. […] Toutefois, du temps d’Aristote, il circulait des chants orphiques, et lui-même en discute un passage sur la nature de l’âme. […] On disait aussi qu’il était allé consulter en Thesprotie un oracle des morts, dans l’espoir de se faire suivre par l’âme de son épouse Eurydice, et que, cet espoir déçu, il s’était tué. […] Sans doute Alcman, esclave étranger venu de Lydie, ou né d’une Lydienne dans la maison du Spartiate Agésilas, en gardant de son origine le goût et le charme de l’art, sut y mêler l’accent qui plaisait aux âmes belliqueuses de Sparte. […] Comme la contemplation de la nature est une des choses qui répondent le mieux à cette paix de l’âme et à ce ton moyen de la poésie, nul doute qu’elle n’eût souvent place dans les vers d’Aleman.

561. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Par l’art d’un travail caché, il nous a présenté certaines qualités de l’âme revétues de ces images qui les font adopter. […] n’a-t-il pas aussi une âme pour entendre, pour être sensible ? […] Dis-moi, le spectacle de l’univers a-t-il élevé ton âme & ton génie jusqu’à son auguste Auteur ? […] L’Auteur qui s’abandonne au vrai mouvement de son âme, a donc un idiôme qui raisonne, non à l’oreille, mais à l’âme du lecteur ; & voilà l’éloquence. […] Il faudroit qu’un Ecrivain fut impassible, pour pouvoir donner un libre cours à son âme.

562. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

L’âme de chaque homme devint le sanctuaire intime de la Divinité. […] De peur d’être entraîné dans la ruine de sa propre activité, il n’a garde de s’intéresser à ce qu’il fait ; son âme affranchie ne s’y absorbe point : il reste indépendant, voulant rester debout. […] Ils sont indépendants, et leur âme affranchie promène sur leur personne et sur le monde un regard philosophique. […] 3º La comédie est enfin : la synthèse de la sottise individuelle et du sourire indifférent des Dieux dans l’âme du personnage comique. […] Harpagon enferme son âme trop exclusivement dans sa cassette.

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