La grande diversité des plantes ou des animaux qui sont soumis au pouvoir de l’homme, et qui ont varié à travers la suite des âges, sous les climats et les traitements les plus divers, est simplement due à ce que nos produits domestiques ont été élevés dans des conditions de vie moins uniformes et en quelque chose différentes de celles auxquelles les espèces mères ont été exposées à l’état de nature. […] On a disputé de l’âge où les causes de variabilité, quelles qu’elles soient, agissent généralement ; on s’est demandé si c’est pendant la première ou la dernière période du développement embryonnaire ou à l’instant de la conception. […] Il est une règle beaucoup plus importante, et à laquelle je crois qu’on peut se fier : à quelque phase de la vie qu’apparaisse pour la première fois une particularité d’organisation, elle tend à réapparaître chez les descendants à un âge correspondant, quoique parfois un peu plus tôt. En des cas nombreux, il n’en saurait être autrement : ainsi les caractères héréditaires des cornes du bétail ne peuvent se montrer que vers l’âge adulte, comme les modifications qui surviennent chez les vers à soie doivent se manifester à l’âge correspondant de chenille ou de cocon. Mais les maladies ou infirmités héréditaires et quelques autres faits me font penser que la règle a une plus large extension ; et que, même lorsqu’il n’y a aucune raison apparente pour qu’une modification particulière survienne à un certain âge, cependant elle tend à revenir chez le descendant à la même époque où elle était apparue chez l’ancêtre.
Toutefois l’idée de bienséance varie avec les âges et selon les moments. […] Cette production, aussi curieuse qu’agréable, ne pouvait paraître dans toute sa sincérité et son intégrité, comme avec toute sa saveur, qu’après la vraie renaissance de goût pour le xviie siècle, et cette reprise d’étude intelligente qui fait tant d’honneur à notre âge. […] Fléchier, à cet âge et dans cette mode de société, est et doit être, au moins en paroles, partisan et sectateur du bel amour raffiné, de l’amour, respectueux à la Scudéry ; de l’amour, non pas tel qu’on le fait dans le petit monde, mais de celui qui durerait des siècles avant de rien entreprendre et entamer. […] D’autres défauts pourtant tenaient à sa jeunesse, et ils disparaîtront avec l’âge. […] Cependant, après avoir vaqué au charme et à l’amusement de ce qui l’entourait, Fléchier devait songer à ce qu’on pourrait montrer au public : il fit donc une pièce de vers latins, In conventus juridicos Arvernis habitos carmen, où il célébrait tout le monde, et, par-dessus tout, le roi, qui faisait revivre pour l’Auvergne, en proie jusqu’alors aux violences et aux crimes, un âge meilleur et le règne d’Astrée, Cette pièce officielle, qui fut imprimée à Clermont (1665), ressemble aussi peu à la relations des Grands Jours qu’une oraison funèbre ressemble à la vie réelle de l’homme.
Nous allons écrire son histoire le plus poétiquement aussi que nous le pourrons ; d’une main qui dans un autre âge écrivit des vers ; mais nous n’ajouterons aucune circonstance ou aucune couleur imaginaire à la merveilleuse vérité de ce récit. […] Ses progrès dans les lettres et surtout dans la poésie furent rapides ; les vers écrits par lui avant l’âge de dix-huit ans peuvent rivaliser avec ceux de son fils. […] XI Dans ce jardin de délices, sous le ciel le plus tiède de l’univers, au sein du loisir et de l’amour, à l’âge où le cœur s’apaise et où l’esprit se possède, époux d’une des femmes les plus belles et les plus lettrées de l’Italie, écrivant, pour le plaisir plus que pour la gloire, le poème chevaleresque d’Amadis, déjà père d’une fille au berceau, dont les traits rappelaient la beauté de sa mère, possesseur d’une fortune plus que suffisante à ce séjour champêtre, Bernardo jouissait de tout ce qui fait le rêve des hommes modérés dans leurs désirs. […] « Torquato », dit le marquis Manso, qui l’avait revu après ses malheurs et à un autre âge, « était un homme si accompli de forme, de stature et de visage, que, parmi les hommes de la plus haute taille, il pouvait être admiré comme un des plus imposants et des plus merveilleusement proportionnés ; son teint était frais, coloré, bien que dès sa jeunesse les études, les veilles, et plus tard les revers et les souffrances, eussent donné un peu de pâleur et de langueur à ses traits. […] C’est là que le père du Tasse expira après une courte maladie, à l’âge de soixante-seize ans, le 4 septembre 1569.