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1149. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

» Et la nuit augmentait sur mon âme ravie, Et l’ange devint noir, et dit : « Je suis l’amour. » Mais son front sombre était plus charmant que le jour, Et je voyais, dans l’ombre où brillaient ses prunelles, Les astres à travers les plumes de ses ailes164. […] Cette ombre dit : « Je suis l’être d’infirmité ; Je suis tombé déjà ; je puis tomber encore. » L’ange laisse passer à travers lui l’aurore ; Nul simulacre obscur ne suit l’être normal ; Homme, tout ce qui fait de l’ombre a fait le mal. […] Un critique distingué189 a dit au sujet de ces strophes : « Voilà qui est bien, mais il faudrait définir un peu tout cela d’une indication rapide au moins, parce que ce sont choses qui ne vont point de soi ensemble, et que les hommes ont opposé quelquefois la raison à la foi, le droit à l’idéal, la beauté à la raison et la justice à l’amour. » Ainsi vous demandez au poète des définitions philosophiques, une dissertation en vers, et vous ne voyez pas que Victor Hugo a réellement défini comme il le devait, « d’une indication rapide », chacune des vérités du monde moral : — la beauté est sainte, parce qu’elle est, comme : il l’a dit ailleurs, la « forme que Dieu donne à l’absolu » ; l’idéal qui germe chez les souffrants, parce que c’est la douleur même qui nous fait concevoir et entrevoir à travers nos larmes, par-delà ce mondevisible, un monde invisible et meilleur ; et non seulement elle nous le fait concevoir, mais elle le fait germer en nous et éclore. […] On peut appliquer à Hugo ce qu’il dit d’un de ses personnages : « La mansuétude universelle était moins chez lui un instinct de nature que le résultat d’une grande conviction filtrée dans son cœur à travers la vie et lentement tombée en lui pensée à pensée. » — « Il est de ces âmes, a-t-il dit encore, où la pensée est si grande qu’elle ne peut plus être que douce195. » Il est « de ces êtres bienveillants qui progressent en sens inverse de l’humanité vulgaire, que l’illusion fait sages et que l’expérience fait enthousiastes196. » C’est ainsi, et dans son progrès, qu’il faut voir V. 

1150. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

J’ai gardé à travers les vicissitudes de ma vie un souvenir durable de l’année que j’ai passée à Aix-en-Provence. […] Je le sens à travers la sécheresse d’Adolphe. […] Le livre a fait son trou comme un boulet ; la première trouée a été à travers les colonnes du Moniteur. […] N’est-ce point la richesse que ces jeunes filles brillantes voient miroiter, avec un doux sourire, à travers leurs rêves de seize ans ? […] À travers telle de ses pages, on voit défiler le cortège de spectres hâves, rongés de la fièvre de l’émeute, qu’aux jours de chômage, il y a vingt ans, le pavé de Lyon enfantait par milliers.

1151. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Oreste tue sa mère ; Électre l’y encourage sans un moment d’incertitude ni de regrets ; les remords d’Oreste après la mort de Clytemnestre ne sont point préparés par les combats qu’il devait éprouver avant de la tuer ; l’oracle d’Apollon avait commandé le meurtre ; alors qu’il est commis, les Euménides se saisissent du coupable ; à peine aperçoit-on les sentiments de l’homme à travers ses actions.

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