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724. (1888) Portraits de maîtres

Si le pays n’en était pas digne, s’il préféra les douteuses promesses d’un conspirateur à la sécurité des institutions libérales, n’en rendons responsable que le pays ivre de légende et d’aventure, ne faisons pas retomber sur le poète homme d’État l’inintelligence et l’aveuglement de nos devanciers. […] À vrai dire Sainte-Beuve s’est trompé avec une partie de la Société française ; il a pu être indisposé contre les institutions parlementaires par les fautes des uns et des autres, mais mieux eût valu pour son honneur qu’il ne fût pas dans un trop grand nombre de ses Causeries instrument de règne et « muse d’État ». […] Par de récents exemples autant que par une tradition séculaire, notre pays était façonné à tous les coups de force et à tous les coups d’État : les Trente-et-un Mai préparent les Dix-Huit brumaire. […] Il est curieux pour l’observateur de voir, au lendemain du coup d’État, se rallier des exclusifs tels que Lamarque et tant d’autres qui flétrissaient la constitution de l’an III comme trop modérée et qui, si le nom avait été inventé, auraient taxé le Directoire d’« opportunisme ». […] Qui de nous ne s’associerait aux plaintes du professeur contre les programmes trop chargés de l’enseignement de l’État ?

725. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

. —  L’État. —  La religion. —  L’Edda. —  Conception tragique et héroïque du monde et de l’homme. […] Le mariage l’est comme l’État. […] Ainsi que chacun fasse justice, s’il le peut, avant sa mort. » Regardez à côté de lui ces monstres qu’il détruit, derniers souvenirs des anciennes guerres contre les races inférieures et de la religion primitive, considérez cette vie dangereuse, ces nuits passées sur les vagues, ces efforts de l’homme aux prises avec la nature brute, cette poitrine invaincue qui froisse contre soi les poitrines bestiales, et ces muscles colossaux qui, en se tendant, arrachent aux monstres un pan de chair ; vous verrez, dans le nuage de la légende et sous la lumière de la poésie, reparaître les vaillants hommes qui, à travers les folies de la guerre et les fougues du tempérament, commençaient à asseoir un peuple et à fonder un État. […] Kemble, Saxons in England, I, 70 ; II, 184. « Les actes d’un parlement anglo-saxon sont une série de traités de paix entre toutes les associations qui composent l’État, une révision et un renouvellement continuels de toutes les alliances offensives et défensives entre tous les hommes libres.

726. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Un critique distingué, ayant à parler assez récemment d’Horace et de Virgile, et de l’espèce de royauté qu’ils se fondèrent en regard, à l’abri et à l’appui de la monarchie impériale d’Auguste, a fait remarquer la convenance et la nécessité de ces deux royautés parallèles, produites à la fois par une double anarchie, dans un temps où la faiblesse de l’État d’une part, et de l’autre le trop facile usage de formes poétiques devenues la propriété commune, favorisaient toutes les entreprises de l’ambition politique, toutes les prétentions de la médiocrité littéraire153.

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