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43. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Cet écran est d’une grandeur médiocre : du côté du tableau, c’est Madame Royale peinte en miniature, très ressemblante, environ grande comme la main, accompagnée des Vertus, avec ce qui la fait reconnaître : cela fait un groupe fort beau et fort charmant. […] L’autre côté de l’écran est d’une très belle et très riche broderie d’or et d’argent. […] Ses tergiversations continuelles, son ambition et ses faiblesses allaient recevoir des deux côtés le payement qu’elles méritaient. […] Cependant, le ministre influent, jusque-là créature de la France et instrument de Madame Royale, le marquis de Pianesse, pressentant le naturel du duc et sa force future, se retournait un matin de son côté, lui faisait conseiller sous main de se tirer de la tutelle où il était, et lui offrait pour cela ses services. […] Catinat, à la tête d’une petite armée, reparaît en Piémont en 1690 : c’est l’homme que Louvois aime à opposer de ce côté aux ennemis de la France et qui possède le mieux cet échiquier.

44. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Les grandes et classiques parties de la littérature française ayant été explorées mainte fois et étant depuis longtemps, en quelque sorte, au pouvoir des maîtres, il s’est ingénieusement établi et posté sur la frontière ; il a choisi de ce côté sa province. […] Mais le côté de saint François de Sales qui nous intéresse le plus est celui par lequel il regarde la France. […] Tout ce chapitre plein de vigueur peut se lire à côté d’un chapitre pareil de l’Imitation (23e du livre premier). […] Il lui ressemble d’ailleurs par le côté affectif, miséricordieux, par le don des paraboles et des emblèmes, par le miel de la parole et par l’attrait. […] Mettant la tête à la fenêtre du côté d’Annecy, il s’écria avec cet élan plein de douceur, qui lui était familier : « Ô Dieu !

45. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Conclusion Pour résumer ce qui précède, nous laisserons d’abord de côté la terminologie et même la doctrine de Kant, sur lesquelles nous reviendrons plus loin, et nous nous placerons au point de vue du sens commun. […] Or, ce compromis, vous y renoncez sans le moindre scrupule quand vous étudiez les choses extérieures, puisque vous laissez alors de côté les forces elles-mêmes, à supposer qu’elles existent, pour n’en considérer que les effets mesurables et étendus. […] Kant imagine des choses en soi d’un côté, et d’autre part un Temps et un Espace homogènes au travers desquels les choses en soi se réfractent : ainsi naîtraient d’un côté le moi phénomène, celui que la conscience aperçoit, et de l’autre les objets extérieurs. […] Cette intuition d’un milieu homogène, intuition propre à l’homme, nous permet d’extérioriser nos concepts les uns par rapport aux autres, nous révèle l’objectivité des choses, et ainsi, par sa double opération, d’un côté en favorisant le langage, et d’autre part en nous présentant un monde extérieur bien distinct de nous dans la perception duquel toutes les intelligences communient, annonce et prépare la vie sociale. […] C’est à ce moment précis que surviennent les associationnistes et les déterministes d’un côté, les Kantiens de l’autre.

46. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Tout à fait du même côté, ses yeux hagards tournés sur la justice, son loup au-dessous d’elle, un poignard à la main, la cruauté est étendue sur des nuages qui la dérobent en partie. […] Au côté opposé de la table, Joseph debout, le corps penché, tenant une grande soupière par les anses, la pose sur le milieu de la table. […] La lumière forte ne devrait-elle pas être sur le fond et sur le devant plus forte sur le fond que sur le devant, et les côtés dans la demi-teinte ? […] On dirait d’un amas de petits flocons de laine teinte et artistement appliqués les uns à côté des autres, sans lien ; en sorte que, quand le portrait est debout, on est surpris que l’amas reste, que les molécules coloriés ne se détachent pas, et que la toile ne reste pas nue. […] Du même côté, sur le devant, deux ouvriers occupés à verser la lessive d’une chaudière dans une bassine.

47. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVII. La flûte d’ybilis »

Et sa flûte disait : J’ai déterré des cadavres du côté du Levant Et du côté où tombe le soleil. […] Un jour enfin qu’il arrivait près d’un village il entendit un bilakoro174 jouer de la flûte : Et cette flûte disait : J’ai déterré des cadavres vers le Levant Et du côté où tombe le soleil Et nul de ceux-là ne m’a dit « Mère !

48. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Par un côté cependant ils présentaient en eux-mêmes, et non pas seulement dans leur traduction conceptuelle, quelque chose de commun. […] Le commandement est absolu d’un côté, l’obéissance est absolue de l’autre. […] L’erreur de Nietzsche fut de croire à une séparation de ce genre : d’un côté les « esclaves », de l’autre les « maîtres ». […] Mais laissons de côté le tempérament du « chef », et considérons les sentiments respectifs des dirigeants et des dirigés. […] Toutefois, par un autre côté, elle n’a pas été sans souffrir d’être venue si tard.

49. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

A côté de ces écrits d’un intérêt général, les monographies, comme on dit, abondent. […] Plein de foi et ne trouvant cependant rien à répondre à ma raison, qui s’était rangée du côté du curé, j’étais dans une situation extraordinaire, quand nous partîmes enfin pour Thionville. […] Il était parvenu à nouer avec elle un commerce de lettres, et, comme elle partait pour Paris, il résolut de son côté de s’y rendre. […] L’église, d’une architecture moderne, en occupait le fond, et deux ailes en formaient les côtés. […] De cette basse-cour on entrait dans un très beau potager, surmonté à l’est par plusieurs terrasses plantées d’arbres fruitiers et formant la base d’un côté du cloître des Chartreux.

50. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

C’est un petit poème dédié à Mme Menessier-Nodier, en mémoire et en reconnaissance de ce que Nodier le premier salua et annonça Jasmin de ce côté-ci de la Loire. […] C’est aux critiques nés de l’autre côté de la Loire de suivre plus en détail cette étude de la langue de Jasmin et des questions piquantes qui s’y rattachent. […] Il y a dans Jasmin, à côté du poète, un déclamateur et un acteur, et tous ces hommes en lui concourent, à l’aide de son harmonieux dialecte, à lui obtenir cette prodigieuse action qu’il exerce sur les organisations du Midi. […] Jasmin ne se fit pas prier : « L’Église m’attendait, dit-il, son curé m’a choisi ; j’ai pris la galopée. » Et le voilà, pèlerin à côté du prêtre, qui court de ville en ville. […] Qu’ai-je à dire encore sur le côté sérieux du poète ?

51. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

L’art de l’ouvrage et ce qui, dans le mélange apparent, décèle le talent de composition, c’est qu’à côté d’une lettre du sérail, il y en aura une autre sur le libre arbitre. Un ambassadeur de Perse en Moscovie écrira à Usbek sur les Tartares une demi-page, qui serait aussi bien un chapitre de L’Esprit des lois (lettre lxxxi) ; Rica, tout à côté, fera la critique la plus fine du babillage des Français et des diseurs de riens en société : puis Usbek dissertera sur Dieu et sur la justice dans une lettre fort belle et qui porte loin. […] Je ne blâme point cet hommage rendu, en tout cas, à l’élévation et à l’idéalisation de la nature humaine ; mais je ne puis m’empêcher de remarquer que c’est prendre et accepter les idées de justice et de religion plutôt par le côté politique et social que virtuellement et en elles-mêmes13. […] Une sorte de vie manque, un lien, et l’on sent un puissant cerveau plus qu’un cœur. — Je liens à noter, sinon ce côté faible en un grand homme, du moins ce côté froid. […] Très bon dans le particulier, naturel et simple, il mérita d’être aimé de tout ce qui l’entourait autant qu’un génie peut l’être ; mais, même dans ses parties les plus humaines, on retrouverait ce côté ferme, indifférent, une équité bienveillante et supérieure plutôt que la tendresse de l’âme.

52. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Condillac et Barrait n’ont vu que le côté passif et, comme nous disions tout à l’heure, statique ; ils n’ont pas vu le côté actif et dynamique, c’est-à-dire la réaction motrice plus ou moins énergique qui répond à l’action successive (ou momentanément simultanée) de deux excitations contraires. […] Regardez la ligne qui sépare le côté bleu et le côté rouge d’un disque : vous avez une sensation complexe, dont il ne vous reste plus qu’à faire l’analyse par le mouvement d’oscillation des yeux, allant du rouge au bleu, du bleu au rouge. […] Encore n’est-ce là que le côté sensitif et réceptif, auquel nous avons dû ajouter le côté réactif, restitutif et moteur, car, en passant de la lumière à l’obscurité, nous réagissons, nous résistons nous-mêmes à l’état nouveau qui vient brusquement nous tirer de l’état ancien ; nous répondons à l’action du dehors par la réaction intellectuelle et motrice. […] Succès, satisfaction, vide comblé, retour au premier état, c’est le côté sensitif et moteur de la ressemblance succédant à la différence, de l’harmonie ou de l’identité succédant à l’opposition ou à la contrariété : on se retrouve alors, on se ressaisit, on se reconnaît. […] Dans tout état de conscience, dans toute sensation, à côté du sentiment passif de l’excitation, il y a toujours la conscience plus ou moins obscure de l’opération, de l’impulsion volontaire, attentive et motrice.

53. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Beaux côtés du génie de Calvin. — § VI. Mauvais côtés et défauts, et comment l’esprit du calvinisme est un schisme dans la littérature française. […] Beaux côtés du génie de Calvin. […] Mauvais côtés et défauts, et comment l’esprit du calvinisme est un schisme dans la littérature française. […] Là est le mauvais côté de l’esprit de Calvin.

54. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Il me semble donc que M. de Tocqueville s’est privé d’une grande force en laissant de côté la question de droit, pour ne s’occuper que du fait. […] Son esprit n’était nullement tourné de ce côté. […] L’esprit de nos contemporainscourt de lui-même de ce côté. […] Il voyait bien qu’en fait la religion est souvent d’un côté, et la liberté d’un autre. […] Il ne pensait pas que le peuple fût nécessairement parfait, irréprochable, infaillible ; il pensait que, tout en développant la démocratie d’un certain côté, il était urgent en même temps de la tempérer, de la surveiller, de la retenir ; il accusait, enfin, la démocratie de répandre partout un esprit d’uniformité, de médiocrité et de servitude.

55. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Nous pouvons leur répondre : Victor Hugo et Théophile Gautier… Théophile Gautier a continué, d’un côté, la grande école de la mélancolie, créée par Chateaubriand. […] Il en dit le côté étincelant et sec. Il n’en dit pas le côté noyé, voilé et tendre. […] Je n’ai pas dit, de ses poésies, tout ce qu’elles suggéraient dans les détails ; il y en a de charmants, ou qui le seraient si quelque trait à côté n’y faisait tache, ou s’ils n’étaient ! […] Gautier quelques heureuses innovations métriques, par exemple, l’importation de la terza rima, de ce rythme de La Divine Comédie qui n’avait pas reparu dans notre poésie depuis le xvie  siècle, et qui a droit d’y figurer par son caractère gravement approprié, surtout quand il s’agit de sujets toscans. — Tout à côté, on peut admirer à la loupe une fine miniature chinoise sur porcelaine du Japon.

56. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XII. Suite des machines poétiques. — Voyages des dieux homériques. Satan allant à la découverte de la création. »

Il tourne aussitôt son vol de ce côté, résolu d’aborder l’Esprit inconnu de l’abîme, qui réside dans ce bruit, et d’apprendre de lui le chemin de la lumière. […] La Nuit, revêtue d’une robe noire, est assise à ses côtés : fille aînée des Êtres, elle est l’épouse du Chaos. […] … Un monde nouveau pend au-dessus de mon empire, du côté où tes légions tombèrent.

57. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Il me suffit de compter les côtés du polygone et de doubler leur somme diminuée de deux, pour dire d’avance le nombre d’angles droits compris dans ce polygone. […] Mais, comme BD, BO sont aussi des côtés homologues, la correspondance se maintient si à BC on substitue BD. […] , tome II, p. 3 et 6. — Les angles égaux se définissent par la coïncidence de leurs côtés ; la perpendiculaire, par l’égalité des deux angles adjacents qu’elle forme ; l’angle droit, par les perpendiculaires qui sont ses côtés. […] Les deux triangles ainsi formés sont égaux comme ayant leurs trois côtés égaux chacun à chacun ; car AB = A′B′, AA′ = BB′, et A′C est commun. […] Les deux triangles sont égaux, puisque, comme dans la figure précédente, ils ont les trois côtés égaux chacun à chacun.

58. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

« Si la barbe, dit Weber, est touchée légèrement en un point, par exemple sur le côté de la joue, où croyons-nous sentir cette pression exercée sur les poils de notre peau ? […] M. de Jaager dit à la personne sur laquelle il fait l’expérience de toucher la clef électrique de la main gauche lorsqu’elle recevra le choc électrique du côté droit, et de la main droite quand elle recevra le choc électrique du côté gauche. […] Tantôt la personne sait d’avance que le choc viendra de tel côté, du côté droit par exemple ; alors l’intervalle entre le choc qu’elle reçoit et le signal consécutif qu’elle donne est de vingt centièmes de seconde. Tantôt la personne ne sait pas d’avance de quel côté viendra le choc, et le choc vient du côté droit par exemple ; alors l’intervalle entre le choc qu’elle reçoit et le signal consécutif qu’elle donne est de vingt-sept centièmes de seconde. La différence entre les deux cas est donc de sept centièmes de seconde. — Dans les deux cas évidemment, la sensation brute se produit au même instant ; mais, dans le premier, l’image du côté droit est toute prête à entrer en scène et n’est pas contrebalancée, comme dans le second cas, par l’image également prête du côté gauche.

59. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Nulle part cette inégalité, contre laquelle l’opinion publique se révolte, n’éclate en traits si forts : d’un côté, pour le petit nombre, l’autorité, les honneurs, l’argent, le loisir, la bonne chère, les plaisirs du monde, les comédies de société ; de l’autre, pour le grand nombre, l’assujettissement, l’abjection, la fatigue, l’enrôlement par contrainte ou surprise, nul espoir d’avancement, six sous par jour781, un lit étroit pour deux, du pain de chien, et, depuis quelques années, des coups comme à un chien782 ; d’un côté est la plus haute noblesse, de l’autre est la dernière populace. […] Il ne reste en lui pour le conduire que l’habitude moutonnière d’être conduit, d’attendre l’impulsion, de regarder du côté du centre ordinaire, vers Paris, d’où sont toujours venus les ordres. […] Nous savons déjà de quel côté il souffle, et il suffit, pour en être sûr, de voir comment les cahiers du Tiers ont été faits. […] Mais les assemblées de bailliages et de sénéchaussées ont été farcies de gens de robe qui absorbaient les opinions et voulaient primer sur tout le monde, et chacun, de son côté, intriguait et cabalait pour se faire députer. » — « En Touraine, écrit l’intendant798, l’avis de la plupart des votants a été commandé ou mendié.

60. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

En ce sens, les problèmes techniques de l’égalitarisme, s’ils sont encore, par un côté, des problèmes moraux, sont déjà par un autre côté des problèmes scientifiques. […] À côté des résultats qu’on leur demande pour la réalisation d’une certaine fin, les réformes sociales en produisent une infinité d’autres. […] Pour que cette science fût totale, il y aurait lieu de chercher dans les sens les plus différents les antécédents de l’égalitarisme : seules des recherches multiples, poussées de tous les côtés, nous en livreraient l’explication « exhaustive » ; toutes les sciences qui, directement ou indirectement, touchent aux phénomènes sociaux auraient sans doute leur mot à dire. […] En un mot, indépendamment de leur matière, il y a lieu de classer les formes des sociétés, de déterminer les relations qu’elles peuvent soutenir avec les différents ordres de phénomènes historiques, de fixer ainsi les faits qui les précèdent ou ceux qui les suivent régulièrement : c’est-à-dire qu’il, y a place, à côté des différentes sciences sociales, pour une science de ce qui est spécialement social, la sociologie proprement dite.

61. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Cela dit, prenons-le par ses bons côtés, par ses saillies qui souvent vont fort loin dans le vrai et dans le sérieux, prenons-le dans sa parfaite connaissance de la vie, du monde et des hommes. […] Un jour que la galère impériale passait tout près du rocher où la tradition place le sacrifice d’Iphigénie et comme on discutait ce point de mythologie historique, Catherine, se promenant sur le pont avec majesté, grâce et lenteur, étendit la main et dit : « Je vous donne, prince de Ligne, le territoire contesté. » On ajoute que le prince, se voyant assez près de terre, se jeta à l’eau comme il était, en uniforme, et alla prendre à l’instant possession du rocher, y gravant d’un côté, du côté apparent, le nom divin de Catherine, et de l’autre côté (assure-t-il), le nom tout humain de la dame de ses pensées, de la dame d’alors, car il en changeait souvent. […] Cependant Joseph II, de son côté, a entamé sa guerre contre les Turcs, et moins heureusement qu’il n’avait compté ; le prince de Ligne n’a plus de raison pour ne pas être dans les rangs autrichiens. […] En tout ceci, le prince de Ligne fait comme chacun en pareil cas : il tire volontiers toute l’histoire de son côté. […] Ne prenez tout cela que comme la conversation vive et nourrie d’un homme qu’on trouve au lit le matin et qui pense tout haut, et vous en emporterez de tous côtés des traits, des aiguillons, qui vous feront aussi penser, pester, dire oui et non à la fois ; et c’est ce qu’il a voulu. — Et même lorsqu’on approuve, c’est comme dans la conversation encore : il faut suppléer, à tout moment, à ce qui manque.

62. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Ses petits Mémoires, destinés à ses enfants, et qu’on publie aujourd’hui dans un texte plus exact, c’est-à-dire dans une langue plus inégale qu’on ne les avait précédemment, ne doivent point, si l’on veut prendre de lui une entière idée, se séparer jamais de la grande Histoire à laquelle il renvoie sans cesse, et où il se montre par ses meilleurs et ses plus larges côtés. […] Henri IV, dans les Mémoires particuliers de l’auteur, nous est montré par d’assez vilains côtés et qui tendraient à le rapetisser ; on l’y voit atteint et accusé d’envie, d’avarice : il n’est rien de tel dans la grande Histoire, et ces petits griefs personnels et de domesticité s’évanouissent : d’Aubigné y replace le héros et le politique à sa juste hauteur, et l’ayant perdu, le regrettant avec larmes, il lui redevient publiquement favorable et fidèle. […] … » Mais c’est la réponse de l’Amiral qui est belle de tristesse, de prévoyance et de prophétie ; tout un abrégé de sa destinée tragique s’y dessine ; il répond : « Puisque je n’ai rien profité par mes raisonnements de ce soir sur la vanité des émeutes populaires, la douteuse entrée dans un parti non formé, les difficiles commencements (et il revient ici à l’énumération des obstacles)… ; — puisque tant de forces du côté des ennemis, tant de faiblesse du nôtre ne vous peuvent arrêter, mettez la main sur votre sein, sondez à bon escient votre constance, si elle pourra digérer les déroutes générales, les opprobres de vos ennemis et ceux de vos partisans, les reproches que font ordinairement les peuples quand ils jugent les causes par les mauvais succès, les trahisons des vôtres, la fuite, l’exil en pays étrange… ; votre honte, votre nudité, votre faim, et qui est plus dur, celle de vos enfants. […] D’Aubigné voyait dans ce dévouement et cette vaillance une preuve du bon droit : « Il arrive peu souvent, pensait-il, que l’injustice ait les meilleures épées de son côté, parce que c’est la conscience qui émeut la noblesse et la porte aux extraordinaires dépenses, labeurs et hasards. » D’Aubigné, si on l’avait pressé, eût peut-être été dans l’embarras de fixer ce beau temps où l’épée de la noblesse était toujours pour le parti le plus juste ; dans les souvenirs de la fin de sa vie, il confond involontairement ce temps idéal avec celui de sa jeunesse, le bel âge pour tous : quand il devint vieux, il ne fut pas des derniers à crier à la décadence. Il y a un point qu’il n’a pas assez vu, parce que ses passions le lui cachaient : c’est combien vite les guerres civiles corrompent et dénaturent les caractères ; il n’a voulu voir, sur son propre exemple, que le côté par où elles les trempent.

63. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Royer-Collard avait raison en ceci, et il était un peu inconséquent en cela ; M. de Ronald fit bien dans la question du divorce, il frappait à côté et à faux sur les autres points ; M. de Villèle pouvait manquer de bonne foi, il tenait du moins un langage constitutionnel. […] Ce qui irritait surtout contre eux, ce qui exaspérait l’opinion bordelaise royaliste d’alors, rien qu’à prononcer leurs noms, c’est que les frères Faucher étaient moins des bonapartistes purs que des girondins, ou même, en remontant plus haut, de ci-devant royalistes considérés comme renégats et apostats, parce que le mouvement des Cent-Jours les avait pris par le côté patriotique et les avait ralliés in extremis à Napoléon ainsi que les Carnot, les Lecourbe. […] A côté des du Serre, des Royer-Collard, des Pasquier, de ces organes éloquents et justes d’une minorité courageuse, que voyait-on en effet ? […] Royer-Collard lui-même sur son banc, à côté d’un de ses voisins les plus sages, avait été fort impatienté et mécontent de cette sortie de M. d’Argenson et l’avait laissé voir tout haut selon son habitude : tant les hommes modérés se sentaient en minorité et peu en faveur dans ce milieu-là, et tant ils étaient eux-mêmes poussés comme malgré eux à l’extrême limite de la modération. […] se peut-il que cet exemple, en sens inverse, soit devenu bien plutôt attrayant et contagieux pour une partie de la jeunesse nouvelle ; que ce soit précisément au mauvais côté des souvenirs d’une époque qui en offre de si louables, que de jeunes esprits aillent se rattacher de préférence en vertu de je ne sais quel faux idéal rétrospectif ?

64. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Mais au moral c’est bien pis, si vous le prenez par ce côté du sentiment. […] À côté d’un fourneau à demi éteint où une expérience s’est faite et a réussi, un autre brûle inutilement, et l’expérience qui a manqué vingt fois manquera toujours. […] Mais ce qui frappe au premier coup d’œil et ce dont ce laboratoire est l’emblème, c’est qu’à côté d’une chose sue il en est une autre ignorée encore et indéchiffrée, c’est le manque de complet, un effort multiple, incessant, une étude sans trêve et sans terme, et où la vie se consumera. […] Sa communion, les jours même où il l’étend le plus, a sa barrière infranchissable et reste fermée d’un côté. De ce côté, il se tient debout comme une sentinelle vigilante, et il déclare que, si vous outre-passez, il y a abîme.

65. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Des deux côtés sont des traîtres, ou du moins des gens qui se ménagent à double fin, Saint-Pol du côté de Bourgogne, Brézé du côté du roi, et ces faux chevaliers figurent au premier plan. […] Il y a là dans sa morale un côté faible que je ne prétends pas dissimuler. […] Ce grand seigneur et officier de la couronne, à force de vouloir se ménager et s’agrandir entre le roi de France, le roi d’Angleterre et le duc de Bourgogne, n’avait réussi qu’à offenser de tous côtés. […] C’est le côté le plus sérieux et le plus nouveau par où il a mérité d’être le bréviaire des hommes d’État qui ont suivi. […] Il envoyait acheter, par exemple, des chevaux, des chiens de race de tous côtés, aux pays étrangers, là où il voulait qu’on le crût bien portant et capable d’aller encore à la chasse.

66. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Mme de Caylus resta à Versailles jusqu’à la mort de Louis XIV (1715) ; mise de côté alors comme une personne de la vieille Cour, elle revint demeurer à Paris, dans une petite maison qui faisait partie des jardins du Luxembourg. […] Ajoutez à cette page de Mme de Caylus une Conversation au siège devant Lille, que nous a rapportée Pellisson, et vous comprendrez le côté, si j’ose dire littéraire de Louis XIV, et comment la langue, par le sens et le tour, était excellente et encore royale quand il la parlait. […] Elle attaqua le roi et ne lui déplut pas6… » Voilà comme on parle quand on sait tout dire ; et, tout à côté, quel portrait achevé en deux lignes ! […] Là-dessus les deux amants se séparent, et chacun de son côté pleure ses péchés. […] Elle est jolie, si vous voulez ; mais, après cela, elle vous est donnée par une personne qui, quand elle sera à votre côté, voudrait bien ne la pas perdre de vue… Partez, ma quenouille ; il n’y a point d’ironie à dire que je vous envie : rien n’est plus vrai.

67. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

En effet, je sens la tension sur le côté droit de la tête lorsque je meus le bras droit, tandis que la décharge motrice a lieu dans le côté gauche du cerveau. […] Ces mouvements sympathiques sont sentis particulièrement du côté qui fait l’effort. […] Plus la résistance du fardeau soulevé est intense et produit des sensations intenses, plus la réaction cérébrale est elle-même intense ; mais ce n’est pas comme sensation de la peau de la tête du côté mû, ce n’est pas comme contraction des muscles de la face, comme mouvement des sourcils, comme grincement de dents qu’une réaction cérébrale peut se faire remarquer de notre conscience, c’est comme intensité de vouloir, de désir, d’attention. […] Tantôt le mouvement se dirigera et se distribuera du côté des muscles, de tels et tels muscles. […] Bastian ajoute ensuite que « l’attention et la volition appartiennent l’une et l’autre à la catégorie des sensations actives », expression étrange, qui montre comment on est obligé de rétablir d’un côté l’activité qu’on nie de l’autre.

68. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Nous n’avons qu’une civilisation artificielle, qui nous recouvre sans nous pénétrer : d’un côté, ceux qu’on nommait autrefois les lettrés, les nobles, et qu’on appelle aujourd’hui les Parisiens et les fonctionnaires ; de l’autre côté, les bourgeois, les provinciaux, les paysans. […] D’un côté sont les conteurs du moyen âge, Marot, Saint-Gelais, les buveurs, les malins, les chansonniers, qui restent au second rang ; de l’autre côté sont les lettrés, Boileau, Racine, Rousseau, les théoriciens du seizième et du dix-neuvième siècle qui écrivent pour une classe et non pour la nation. […] La même main a écrit les Troqueurs et à côté les deux Pigeons.

69. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Trousseau, de son côté, cite plusieurs exemples de maladies à gauche que l’on ne trouve point à droite, malgré le parallélisme des organes, par exemple, la névralgie intercostale. […] Le cerveau, dans cette hypothèse, aurait donc en puissance les mêmes fonctions des deux côtés ; mais certaines circonstances détermineraient la partie gauche à certaines habitudes que n’aurait point le côté droit. Ce résultat, sans doute, s’il était établi, serait suffisamment intéressant par lui-même ; mais il ne prouverait pas une localisation naturelle et essentielle : car, en définitive, les deux mains ont les mêmes fonctions, quoique certaines actions soient plus commodes d’un côté que de l’autre. […] C’est un sujet à l’étude, et l’attention des médecins est éveillée de ce côté.

70. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Il a cru que, le bâton étant courbé d’un côté, il fallait le recourber de l’autre. […] N’a-t-il pas un peu versé du côté où il penchait ? […] A côté de certaines vérités excellentes et évidentes, toujours bonnes à rappeler et trop oubliées des critiques contemporains, ne trouve-t-on pas dans sa doctrine un esprit de restriction qui rappelle telle époque de lutte et de combat, et telle défiance d’école dont l’avenir ne se souciera pas, et qu’il ne comprendra plus ? […] En un sens, la théorie classique, comme on l’appelle, convient par un côté à notre philosophie, car elle proclame l’idéal comme loi suprême de l’art, de même que nous considérons l’absolu et le divin comme cause suprême de la nature ; elle préfère, comme nous-mêmes, l’âme au corps et la raison aux sens ; elle place le beau dans l’expression de la vérité et du sentiment, non dans l’imitation colorée et violente des formes matérielles : par ces différentes raisons, la critique classique que représente M.  […] Ce n’est pas à dire que les vérités scientifiques ne puissent entrer dans la littérature, mais c’est à la condition qu’elles se mêlent à des vérités humaines et qu’elles touchent à l’homme par quelques côtés, soit en lui exposant l’histoire de la terre, son domicile et son séjour, soit en lui décrivant le spectacle des astres, symbole et image du monde invisible dont son âme ressent l’éternel besoin, soit en lui peignant les mœurs des animaux, qui sont une image des mœurs humaines.

71. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Il se passe en ce moment quelque chose d’analogue dans toutes les grandes doctrines : toutes sont partagées et tiraillées, pour ainsi dire, en deux sens opposés, tantôt du côté du dogme, tantôt du côté de la liberté. D’un côté, le besoin de trouver un point fixe dans la fluctuation universelle des croyances et des consciences rattache les esprits droits à une doctrine déterminée et fixe : d’un autre côté, le besoin de voir de plus en plus clair dans ses pensées, la passion du progrès, à laquelle personne de notre temps ne peut échapper absolument, entraîne plus ou moins les hommes sincères hors des voies réglementaires et consacrées. […] D’un côté est le catholicisme ultramontain, de l’autre le catholicisme libéral. […] On nous le demande de tous les côtés ; les théologiens libéraux, tels que le P. […] Il faut bien qu’il y ait quelque chose de vrai dans des reproches qui nous viennent de côtés si différents.

72. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

On avait bataillé de part et d’autre, mais d’aucun côté on n’avait vaincu. D’aucun côté (jusqu’ici du moins) ne s’était levée, pour en finir, une de ces intelligences supérieures qui ferment les débats sur une question, comme Cromwell ferma la porte du parlement et en mit la clef dans sa poche ; et la Critique attendait toujours le mot concluant et définitif qui devient, au bout d’un certain temps, la pensée de tout le monde, ce mot qui est le coup de canon de lumière après lequel il peut y avoir des ennemis encore, mais après lequel il n’y a plus de combattants. […] Habitué à la méditation philosophique, à ce reploiement de la pensée qui s’aiguise en se pénétrant, il a entrepris de dégager cette loi de déduction qui, chez les autres écrivains, n’avait encore été qu’indiquée, et de la faire toucher par tant de côtés et à tant de reprises à ses lecteurs, qu’il fût impossible de la nier. […] Il ne peut pas l’avoir immédiatement, et voici pourquoi : il faut aux livres comme aux talents destinés au succès rapide, au succès à l’heure même, un côté de médiocrité, soit dans la forme, soit dans le fond, lequel ne déconcerte pas trop la niasse des esprits qui se mêlent de les juger. Quand on n’a pas ce bienheureux côté de médiocrité dans le talent qui nous vaut la sympathie vulgaire, on a besoin du temps pour la renommée de son nom ou la vérité qu’on annonce.

73. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Cette beauté faisant retraite avec les années, — une retraite bien lente —, et se voilant insensiblement, l’esprit avait apparu peu à peu, comme à certains jours, bien avant le soir, l’astre au front d’argent se dessine dans un ciel serein du côté opposé au soleil. […] d’un côté, des accents de rage vengeresse, et une personnalité implacable ; de l’autre, le calme, la sérénité et l’élévation ! […] Au fond, malgré l’admiration extérieure et une familiarité de chaque jour, il goûtait assez peu M. de Chateaubriand, lequel, de son côté, ne le prenait pas très au sérieux et l’appelait l’hiérophante […] Le Chateaubriand politique, que nous avons autrefois essayé de peindre, achève de s’y dessiner tout entier, jamais content, toujours prêt à rompre, en ayant, dès le second jour, de cent pieds par-dessus la tête, voulant tout et ne se souciant de rien, n’ayant pas assez de pitié et de dédain pour ses pauvres amis, ses pauvres diables d’amis (comme il les appelle), croyant que de son côté sont tous les sacrifices, et se plaignant de l’ingratitude des autres, comme si seul il avait tout fait. […] Vous savez ce qu’il en est et ce qu’il en pense lui-même ; il a dîné hier chez moi à mes côtés.

74. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Ce côté spirituel et fin, ils l’ont surtout marqué, et il n’est pas permis de le méconnaître quand une fois on a vu de ces portraits qui sont des chefs-d’œuvre. […] Les accessoires sont largement entendus : sur une console aux pieds dorés, un buste de Louis XV pose près d’un coussin fleurdelisé et à côté d’un vase de fleurs. […] Deux petites boucles dites repentirs lui tombent de chaque côté sur le cou, non sans coquetterie. […] Elle n’a pas abdiqué, elle n’a pas renoncé à toute prétention, elle n’a pas perdu toute espérance du côté du roi. […] Le Dauphin de son côté, ses sœurs aussi, Mesdames filles du roi, partirent le même jour, n’écoutant que leur passion filiale.

75. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Qu’est-ce donc que cet homme qui a tant de lacunes en lui, tant de côtés résistants et fermés ? […] Étant peu militaire et peu propre à discerner le côté supérieur de ce petit-fils d’Henri IV, son coup d’œil d’homme de guerre, sa décision, sa vigueur, une fois l’action engagée, il s’est attaché à le peindre sous ses pires côtés les plus apparents, dans toute la laideur ou la splendeur de ses débordements et de son cynisme : il y est magnifique d’images, d’expressions, mais c’est incomplet. […] Saint-Hilaire la lui montrait du geste, lorsqu’un boulet lui emporta le bras gauche, enleva le haut du col au cheval d’un de ses fils (il en avait deux près de lui en ce moment), et du même coup alla frapper M. de Turenne au côté gauche. […] Les autres côtés de la place étaient couverts d’échafauds remplis de gens de toutes conditions, que la nouveauté du spectacle avait attirés. […] Que si quelqu’un venait à le dépeindre comme une âme maligne, un cœur des plus ladres, un esprit des plus malfaisants, et que le portrait se retrouvât dans cinquante ans, de quel côté pourtant serait la vérité ?

76. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Il n’en est pas de même des sculptures de la villa Borghèse et de la villa Pamphili, qui présentent de tous côtés des figures semblables au Déiphobe de Virgile41. […] Envoyé en 1805 dans le royaume de Naples sous le général Gouvion Saint-Cyr, Courier s’accoutume de plus en plus à prendre la guerre par le côté peu idéal et peu grandiose. […] Courier, qui n’a vu de la guerre que ce côté désastreux et cette lisière délabrée, juge par là de tout le reste : C’est là néanmoins l’histoire, écrit-il au docte critique Sainte-Croix, l’histoire dépouillée de ses ornements. […] Au fond de la Calabre, à cette extrémité de la Grande-Grèce, près de Tarente, en face de la Sicile qu’il convoite et qu’il voit là de l’autre côté du canal, « comme de la terrasse des Tuileries vous voyez le faubourg Saint-Germain », il a des accents et des tons pleins de chaleur et de largeur : Quant à la beauté du pays, les villes n’ont rien de remarquable, pour moi du moins ; mais la campagne, je ne sais comment vous en donner une idée : cela ne ressemble à rien de ce que vous avez pu voir. […] On peut dire qu’il n’avait embrassé ni senti à aucun instant l’esprit et le génie de cette grande époque ; le côté héroïque comme le côté social lui avait échappé ; il n’y avait vu partout que les excès et les désordres, les bassesses ou les ridicules.

77. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Il ne pensa jamais à être de pied en cap un historien… Il est mort même sans avoir publié ces notules historiques, qu’il avait peut-être préparées pour d’autres plumes que la sienne, tout en se contentant d’initier les autres, de les renseigner, de les instruire, de venir en aide à quelque bon travail futur, et, par ce côté-là encore, éternellement professeur ! […] Seulement, ce témoignage si désintéressé, si sincère et si simple dans son expression qu’il ne colore même pas, est ce que nous connaissons de plus mortel à la charge de ce qu’on a appelé le fédéralisme révolutionnaire, — le plus bas côté d’une révolution qui n’en eut pas toujours de si hauts ! […] Jamais on ne fera mieux équilibre à ce que la Révolution eut de terrible qu’en mettant à côté ce qu’elle eut de burlesque. L’homme est si lâche que l’affreux lui impose ; mais voici l’antidote à côté du poison !

78. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Nous ne pouvons concevoir une figure comme ayant trois côtés et en même temps comme ayant quatre côtés. […] Or, si on laisse de côté l’entremise des nerfs, on trouve deux cas dans lesquels fonctionnent les centres sensitifs. — Tantôt ayant été mis en action une première fois par le nerf, ils persistent spontanément dans cette action et la répètent d’eux-mêmes, à plusieurs reprises, après que le nerf a cessé d’agir ; ce qui arrive notamment dans les illusions qui suivent l’usage prolongé du microscope, lorsque le micrographe, reportant les yeux sur sa table ou sur son papier, voit à un pied de lui de petites figures grises qui persistent, s’effacent et renaissent encore à quatre ou cinq reprises, toujours en pâlissant et en s’affaiblissant. — Tantôt les centres sensitifs fonctionnent par un choc en retour, lorsque des images proprement dites les provoquent à l’action. […] D’un côté, comme c’est en nous et présentement qu’il se passe, il est notre acte présent ; de l’autre côté, comme il est hallucinatoire, il nous semble, dans la perception extérieure, une chose autre que nous, et, dans le souvenir, une sensation non présente. […] Les métaphores y aident ; en effet, les psychologues parlent sans cesse de la conscience comme d’un spectateur ou témoin interne qui observe, compare, prend des notes sur les diverses conceptions, imaginations, représentations qui défilent devant elle. — La vérité est qu’alors il n’y a pas en moi deux événements, d’un côté ma conception, de l’autre l’acte par lequel je la connais, mais un seul événement, ma conception elle-même. […] Dans ce dédoublement, quand nous avons posé d’un côté le fantôme avec tous ses caractères distinctifs, il ne nous reste plus rien pour constituer de l’autre côté l’acte de connaissance.

79. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Ce n’est pas par ce côté que nous aborderons le problème. […] Nous pouvons maintenant obtenir une première vue, prise de bien loin, il est vrai, vague et confuse encore, sur le côté risible de la nature humaine et sur la fonction ordinaire du rire. […] Mais nous laisserons de côté les applications immédiates du principe et nous n’insisterons ici que sur des conséquences plus lointaines. […] On pourrait presque dire que toute mode est risible par quelque côté. […] Le côté cérémonieux de la vie sociale devra donc renfermer un comique latent, lequel n’attendra qu’une occasion pour éclater au grand jour.

80. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

A côté des choses aimables et que nous donnions pour telles, avons-nous pris pour de la sécheresse ce qui n’était que de la passion, pour du persiflage ce qui n’était que de la jeune gaieté, pour des habitudes plus que périlleuses ce qui n’était que d’heureux instincts ? […] On le voit, dès l’âge de douze ans, dans une lettre pleine de grâce (et à laquelle je n’ai attaché d’ailleurs qu’une importance secondaire, car l’authenticité ne m’en est pas complétement démontrée), on le voit allant dans le monde avec son gouverneur, comme un petit monsieur, l’épée au côté, et déjà très-attentif aux louis d’or qui roulent sur les tables de jeu. […] Cette personne était en train de poursuivre son propre divorce, tandis que Benjamin, de son côté, accomplissait le sien. […] Ce ne fut là que l’un des côtés de la raison supérieure de Benjamin Constant, mais ce côté est hors de doute ; sa conversation s’y tournait le plus volontiers. […] « Adieu. » Nous aurions bien, si nous le voulions, à ajouter quelques petites choses encore ; il serait facile, à l’aide du carnet dont on a parlé, de contrôler, sans trop de désavantage, quelques-unes des pièces les plus triomphantes dont s’est armé M.de Loménie, ou du moins les inductions morales dont elles lui ont fourni le thème ; mais qui oserait le poursuivre de ce côté gracieux ?

81. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Voilà un vilain côté et sur lequel nous aurons trop de sujet de revenir. […] J’ai été forcé toute ma vie de suivre des occupations auxquelles je n’étais pas propre, et de laisser de côté celles où j’étais appelé par mon goût… Je ne sais s’il ne s’abusait point en parlant ainsi, et si cette diversité d’objets sans cesse renaissants n’était point selon ses goûts mêmes. […] C’est qu’ils sont à côté du sujet, c’est qu’ils le traitent au point de vue littéraire, dramatique, qui est le point de vue cher aux Français. […] C’est là un côté faible chez lui, un côté vulgaire et même un peu bas. […] Il prête légèrement à la caricature par ce côté, et oh ne s’en est pas fait faute dans les portraits le plus souvent en charge qu’on a donnés de lui.

82. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Il commença par Chapelain et par sa Pucelle ; mais La Pucelle et Chapelain lui produisirent l’effet qu’ils ont toujours produit ; ils l’ennuyèrent et allaient le dégoûter de poursuivre de ce côté, lorsqu’il ouvrit un autre volume de poésies de ce temps-là, les œuvres de Saint-Amant, et il se sentit au contraire amorcé, affriandé. […] c’est l’élément des bons esprits, il ne l’a pas suffisamment prouvé, et il a plutôt fait une solitude moitié naturelle, moitié de fantaisie, dans laquelle les objets ont tant soit peu dansé devant sa vue, et où si d’un côté il ôtait le masque à la nature, il lui en mettait un à l’autre joue. […] Saint-Amant fait de même : il insiste sur ce côté grotesque et même crapuleux, et s’y joue. […] C’est donc de Regnier, c’est de Rabelais que Saint-Amant relève, et il se rattache à eux par le côté qui n’est certes pas le plus délicat ; mais il ne déshonore pourtant point la parenté par l’entrain et l’espèce de fureur poétique qu’il porte en ces sujets de goinfrerie et de débauche. […] [NdA] Ainsi, pour ne citer que la dernière strophe : Vois de là, dans cette campagne, Ces vignerons tout transportés Sauter comme genêts d’Espagne, Se démenant de tous côtés ; Entends d’ici tes domestiques Entrecouper leurs chants rustiques D’un fréquent battement de mains ; Tous les cœurs s’en épanouissent, Et les bêtes s’en réjouissent Aussi bien comme les humains.

83. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Ce pauvre Don Quichotte, répétant les exploits des anciens chevaliers avec une si parfaite bonne foi et une candeur si unique, donne jour à une telle variété de rencontres et d’aventures, — l’écuyer Sancho, dès la seconde sortie, accompagne et double si grotesquement son maître, avec ce perpétuel contraste de demi-bon sens et de demi-bêtise qui ne feront que s’accroître et se solidifier en avançant, — l’auteur, par des stations ménagées à propos, sait si naturellement entremêler d’autres récits et nous intéresser, chemin faisant, par les côtés passionnés et romanesques de notre nature, — il profite si justement et avec une si légitime hardiesse des instants lucides de son héros qui n’extravague que sur un point, pour le faire noblement et fermement discourir des matières que lui-même avait le plus à cœur de traiter, — tout cet ensemble vit, marche, se déduit si aisément, d’un cours si large, si abondant, et avec une telle richesse de développements imprévus et d’embranchements inépuisables, qu’on est bien réellement en plein monde, en plein spectacle, en plein air sous le ciel, qu’on nage dans un courant de curiosité humaine de tous côtés excitée et satisfaite, et que rien ne sent ni ne rappelle l’application critique et satirique née dans le cabinet. […] D’un côté en effet, c’est bien la folie vraiment folle, qui échappe, qui court les champs à l’aventure et avec laquelle on va de surprise en surprise : de l’autre, c’est la folie connue à l’avance, et dont on a le signalement, une folie mystifiée et surveillée. […] » Tout traducteur est admis, je le sais, à faire valoir les bons côtés de son auteur ; mais il y a lieu de s’étonner que l’écrivain français n’ait pas mieux ressenti l’insulte que ce continuateur pseudonyme faisait, dès les premières lignes, à celui dont il allait suivre si pesamment et dont il eût dû baiser les traces, insulte malheureuse qui est la seule chose de lui qui restera pour qualifier son procédé et dénoncer son âme à défaut de son nom. […] Est-ce à dire pourtant que Cervantes, en son livre, se soit montré l’égal des plus savants médecins dans le traitement de la monomanie, dans l’observation de ses différentes phases et périodes, de ses prodromes, accès et déclin, et qu’il mérite de prendre rang comme praticien à côté des Pinel, des Esquirol, des Blanche, avec ce mérite, en sus, de les avoir devancés de deux cents ans8 ? Ce qu’il y a de plus certain en tout ceci, c’est que Cervantes avait beaucoup vu, qu’il avait probablement observé des aliénés, et qu’avec le tact de l’artiste, encore plus qu’avec le tact médical, il a présenté la folie de son héros du côté le plus plausible et le plus acceptable, de manière à entraîner son lecteur. — Mais qu’il est donc difficile de garder la juste mesure dans l’admiration comme dans la critique, et quel ingrat métier que celui qui consiste à venir sans cesse dire gare à tout excès, à vouloir toujours remettre le cavalier d’aplomb sur sa monture !

84. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Le moins qu’ils risquent, c’est de refaire toujours le même livre, car le champ de leurs observations, si tant y a qu’ils aient besoin d’observer, est vite parcouru ; le nombre de leurs effets est extrêmement limité ; et rien ne ressemble plus à une… oaristys vue par le côté qu’ils aiment, qu’une autre oaristys vue par le même côté. […] Déjà il nous raconte le Nabab en cinq ou six pages et, tout à côté, la mort du duc de Morny. […] Ils se serrent la main froidement ; l’enfant part de son côté, le père remonte chez lui ; ils ne se sont plus jamais revus. […] Et, tout à côté, quel trésor de rire, quelle jolie gaieté et quelle alerte moquerie ! […] Parlez-moi des grands artistes outranciers qui manquent décidément de goût par quelque côté et qui abondent follement dans leur sens !

85. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

C’est ainsi que Monsieur Boindin explique les dernieres lignes du passage de Quintilien, en supposant que le comedien qui portoit ce masque, se tournoit tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, pour montrer toujours le côté du visage qui convenoit à sa situation actuelle, quand on joüoit les scénes où il devoit changer d’affection sans qu’il pût aller changer de masque derriere le théatre. Par exemple, si ce pere entroit content sur la scéne, il présentoit d’abord le côté de son masque dont le sourcil étoit rabatu, et lorsqu’il changeoit de sentiment il marchoit sur le théatre, et il faisoit si bien qu’il presentoit le côté du masque dont le sourcil étoit froncé, observant dans l’une et dans l’autre situation de se tourner toujours de profil. […] Cet auteur, en parlant des masques de caractere, dit que celui du vieillard qui joüe le premier rôlle dans la comédie doit être chagrin d’un côté, et serain de l’autre.

86. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Quelque caractère particulier et déterminé que vous tâchiez d’indiquer, il se trouve toujours à côté autre chose d’assez imposant et d’aussi légitime que le reste, qui vous répond ; « Non, la littérature de notre temps n’est pas cela. » C’est toute la définition que j’en veux donner aujourd’hui. […] C’est là tout un côté de la critique actuelle, de la mauvaise critique ; mais hors de celle-là, en face ou pêle-mêle, il y a la bonne, il y a celle des esprits justes, fins, peu enthousiastes, nourris d’études comparées, doués de plus ou moins de verve ou d’âme, et consentant à écrire leurs jugements à peu près dans la mesure où ils les sentent. […] Bref, le côté humouriste qui ressemble à du Sterne, le côté d’intérieur allemand et flamand rapporté du commerce d’Hoffmann, sont dirigés en M. 

87. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Chacun d’eux exprime un des côtés de la vie humaine, qui chez beaucoup d’êtres humains peut devenir dominant, presque exclusif, et qui a le droit d’animer aussi plus ou moins exclusivement certaines œuvres d’art. […] Le progrès de l’art se mesure en partie à l’intérêt sympathique qu’il porte aux côtés misérables de la vie, à tous les êtres infimes, aux petitesses et aux difformités. […] Chaque objet désiré ou voulu fortement, chaque action énergique ou persistante attire à elle comme un aimant nos autres actions, qui s’y rattachent toutes par un côté ou par l’autre. […] C’est souvent une chance relative, quand on a du génie, que de souffrir beaucoup : cela inspire et dirige l’inspiration du côté réel. […] Bernardin de Saint-Pierre, par l’intermédiaire de Chateaubriand, devait contribuer à former tout un côté du génie de Flaubert.

88. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Derrière lui marche un hercule barbu, balançant, au bout d’un gros bâton, une cage de bois dont un côté est grillé de fer. […] Mais quand Dutillard sortait par hasard avant cette heure et que le gamin avait à dresser le plan d’un quatrième étage, le gamin ouvrait un compas et le faisait tourner, se promettant, si la pointe allait du côté du boulevard, qu’il se donnerait campo, — et recommençait, vous le comprenez bien, jusqu’à ce que la pointe allât du côté désiré. […] L’autre côté de la rue fait par un immense mur, semblable à un mur d’une caserne, et dans ce mur, comme percées au hasard, et dues à la fantaisie d’un conseiller Krespel, une multitude de fenêtres, toutes inégales et de formes différentes, fenêtres en feu et paraissant éclairées par un incendie intérieur. […] Les camps des barres étaient : l’un sous ce grand arbre ; l’autre à côté du massif de lilas. […] Les spectateurs assis de côté et tournant à demi le dos à la scène… À ce théâtre, la fille se sent dans son salon.

89. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Tout le côté du sud était couvert par les noms gravés d’hommes fameux, mais le soleil les fondait sans cesse. Du côté du nord, les noms, mieux protégés, restaient entiers. […] De son côté, Cressida a toutes les délicatesses. […] De l’autre côté, arrivait une troupe de dames aussi magnifiques que les autres, mais couronnées de fleurs nouvelles. […] Certainement dans Chaucer, à côté des tirades sentimentale, cette autre veine coule, toute mondaine.

90. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Enfin Shakespeare ne craignait pas de mettre en scène les brutalités de la populace, Caliban à côté d’Ariel, le fossoyeur à côté d’Hamlet, les bouffons à côté des héros, tandis que Corneille et les tragiques du grand siècle, n’avaient le droit de faire parler que les rois, les princes, les généraux, et leurs courtisans. […] Il y a plus d’une analogie entre Diderot et Mme de Staël d’un côté, Rousseau et Chateaubriand de l’autre. […] Le poète se sentait attiré du côté du Rhin par les souvenirs du moyen âge qui convenaient à ses opinions d’abord légitimistes. […] Corneille, entouré, traqué de tous côtés par les règles imposées à la tragédie, ne put s’échapper que du côté d’en haut et il créa des héros de cent coudées. […] » N’oublions pas qu’il est devenu un élégant chevalier, qu’il porte l’épée au côté et la toque à plume blanche.

91. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre premier. Division des Harmonies. »

Ces sujets se rapportent au côté physique ou au côté moral des arts.

92. (1890) L’avenir de la science « IX »

La philosophie, en effet, n’est pas une science à part ; c’est un côté de toutes les sciences. […] Puis, quand chacune des séries d’études devint assez étendue pour absorber des vies entières et présenter un côté de la vie universelle, chaque branche devint une science indépendante et laissa le tronc commun appauvri par ces retranchements successifs. […] Lois qui ont produit cette apparition, laquelle se continue encore dans les recoins de la nature  Il faudrait, pour aborder ce côté de la question, posséder à fond la physiologie comparée, et être capable d’avoir un avis sur la question la plus délicate de cette science. […] Quelle est la vie humaine qui, dans l’état actuel de la science, suffirait à explorer tous les côtés de cet unique problème !

93. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Les artistes vivaient d’un côté, les lettrés d’un autre. […] La critique qui, par un reste de préjugé ou de routine, se priverait de toute ouverture de ce côté, se retrancherait, de gaîté de cœur, bien des lumières et beaucoup de plaisir. […] On jouait aux maximes autour du fauteuil de Mme de Sablé, dans le même temps que La Rochefoucauld, de son côté, faisait les siennes : on pourrait de même jouer aux légendes, le soir, autour de la table où Gavarni dessine ses figures non encore baptisées, et pendant qu’elles se succèdent de quart d’heure en quart d’heure sous sa plume rapide. […] Mais, en général, ce côté du talent de Gavarni manque de développement et est trop elliptique. […] Les éditeurs le poussaient vers le commun, il s’en tirait par le comique : il se voyait obligé ainsi de combiner les diverses exigences, celles du dehors et celles du dedans, les siennes propres, et d’être à la fois comique, pittoresque et profond, mais en attrapant toujours un côté vulgaire : ce dernier côté, il ne faisait que l’atteindre et l’effleurer.

94. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Ce qu’il en est sorti de productions nouvelles, marquées au coin d’un nouveau grand siècle, et dignes de prendre rang dans le trésor humain à la suite et à côté des premières reliques de l’antique héritage, je n’ai pas à le rappeler, les œuvres parlent : cette tradition-là est d’hier, et la mémoire en est vivante. […] C’est ce côté intraduisible des poètes et des grands écrivains, historiens ou orateurs, que Du Bellay voudrait conférer comme marque et cachet d’originalité à notre propre idiome, à notre propre poésie. […] La vraie immortalité est de ce côté ; tous ces faiseurs de centons grecs et latins qui encombrent le pays des Lettres ne sont que des « reblanchisseurs de murailles » ; on ne peut même dire qu’ils imitent réellement un Virgile et un Cicéron : ils les transcrivent. […] Et il convient, pense-t-il, d’y répondre pareillement en se mettant à l’œuvre chacun de son côté. […] Il prend la tradition par où il peut, c’est là son côté faible ; il se raccroche à Jean Le Maire de Belges comme à un ancêtre ; il va le chercher à la frontière.

95. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Ce respect et cette intelligence qu’il n’a point de la chose religieuse et sacrée, Volney ne l’aura pas davantage dans l’ordre littéraire : il est savant, il est érudit, mais de ce côté non plus il n’a pas le culte, il n’a pas le sentiment respectueux et délicat. […] Il méconnaît le côté héroïque et moral de l’antiquité, si bien compris par Montesquieu. […] Souvent, aux rayons de cet astre qui alimente les rêveries, j’ai cru voir le Génie des souvenirs, assis tout pensif à mes côtés. […] En même temps qu’il ouvrait sa voie propre, il a été pour eux tous, par plus d’un côté, l’héritier habile et brillant. […] Le côté faux de certaines de ses opinions choquait peu alors ; son mérite réel et positif était dans tout son jour.

96. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Si, des rudiments du beau, nous nous élevons à son plus haut développement, le côté social de la beauté va croissant et finit par tout dominer. […] Soit, parce qu’elle est déjà une harmonie ; mais ce qui la rend surtout esthétique, c’est le côté humain et sympathique de cette harmonie. […] Il y a quelque chose de passionné et de passionnant dans une suite de raisonnements aboutissant à une vérité découverte, et c’est par ce côté qu’elle est esthétique ! […] Une œuvre d’art est toujours par quelque côté un portrait, et dans ce portrait, en y regardant bien, nous reconnaissons quelque chose de nous. […] Encore aujourd’hui, c’est toujours l’homme ou le côté humain de la nature qui nous touche dans toute description littéraire ou reproduction de l’art.

97. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Pour ne parler encore que du sens de la vue, disons qu’à côté des sensations visuelles dont la source est interne il en est qui ont une cause extérieure. […] Or, ce côté est justement celui sur lequel vous êtes couché. […] Les souvenirs que nous évoquons pendant la veille, si étrangers qu’ils paraissent souvent à nos préoccupations du moment, s’y rattachent toujours par quelque côté. […] Pourtant nous avons d’un côté la perception normale, de l’autre le rêve. […] Laissons de côté les théories et prenons contact avec le fait.

98. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Tout polygone convexe renferme une somme, d’angles qui, si l’on y ajoute quatre angles droits, est égale à deux fois autant d’angles droits qu’il a de côtés. […] Nous prenons un point quelconque dans l’intérieur du polygone ; de ce point, nous menons des droites à tous ses angles ; nous remplaçons ainsi le polygone par un groupe de triangles dont le nombre est égal au nombre de ses côtés. […] Mais ces angles des bases sont justement les angles du polygone ; de sorte que les angles du polygone, si on leur ajoute les angles du sommet, sont égaux à deux fois autant d’angles droits que le polygone a de côtés. […] On se reporte à la définition du parallélogramme, qui est un quadrilatère droit les côtés opposés sont parallèles. […] Exclues d’un côté, les présomptions sont forcées de se tourner de l’autre.

99. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Pour donner une forte idée des plaisirs véritables dont jouissent les bienheureux, l’orateur se dit ainsi qu’à ses auditeurs : « Philosophons un peu avant toutes choses sur la nature des joies du monde. » Et il va tâcher de faire sentir par ce qui manque à nos joies ce qui doit entrer dans celles d’une condition meilleure : « Car c’est une erreur de croire qu’il faille indifféremment recevoir la joie de quelque côté qu’elle naisse, quelque main qui nous la présente. […] Il abonde et déborde chaque fois dans son propre sens, et ne rentre ensuite dans le juste que lorsqu’on lui a opposé de tous côtés des contradictions et des digues, et qu’on l’a forcé à se réduire, à se modérer. […] Dans le Panégyrique de saint Paul tout d’abord, quelle prise de possession du sujet par le fond, par le côté le plus intime et le plus hardi, le plus surnaturel ! […] … Éternelle poétique, principe, entretien et règle supérieure des vrais talents, vous voilà établie en passant dans un sermon de Bossuet, au moment même où Despréaux essayait de vous retrouver de son côté dans ses Satires. […] De ce nombre, je citerai tout un développement moral sur l’inconstance des choses humaines et la bizarrerie de la fortune, qui déjoue à chaque fois toutes les précautions des plus prudents et des plus sages : Si loin que vous puissiez étendre votre prévoyance, jamais vous n’égalerez ses bizarreries : vous penserez vous être muni d’un côté, la disgrâce viendra de l’autre ; vous aurez tout assuré aux environs, l’édifice manquera par le fondement, si le fondement est solide, un coup de foudre viendra d’en haut, qui renversera tout de fond en comble.

100. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

De son côté, un littérateur du pays, M.  […] Mais dans cette lettre, sous prétexte que Lulli descendu aux Enfers est renvoyé par Proserpine pour être définitivement jugé par-devant le Bon Goût, on se met en marche du côté où l’on suppose qu’habite ce dieu ou demi-dieu : et ici Sénecé nous trace tout un itinéraire où il expose sa théorie littéraire et critique sous forme d’emblème. […] L’Espagnol Gongora prétend savoir le bon chemin et l’indique ; Annibal Caro et les Italiens, parmi lesquels Chiabrera, en indiquent un autre ; puis des Allemands, parlant un latin gothique, veulent en suivre un troisième : on les laisse aller, ils se perdent chacun de son côté ; les Espagnols, dans des taillis de pointes épineuses ; les Italiens sur des hauteurs et des escarpements lyriques qui mènent à des précipices ; les Allemands, dans des marécages. […] De l’autre côté, sur la montagne la moins élevée, on voit une autre ville qui s’appelle Imitation, et qui paraîtrait aussi fort belle si elle n’était effacée par sa voisine que l’on reconnaît pour l’original, et à laquelle cette dernière ressemble beaucoup. […] Ce côté paradoxal indique un léger travers dans le jugement de Sénecé.

101. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Cette noce, la visite et le bal au château de la Vaubyessard, qui en sera comme le pendant, toute la scène des comices agricoles qui viendra plus tard, font des tableaux qui, s’ils étaient peints au pinceau comme ils sont écrits, seraient à mettre dans une galerie à côté des meilleures toiles du genre. […] Rodolphe, un homme de trente-quatre ans, grossier mais frotté d’élégance, grand chasseur du sexe, et dont l’esprit est tourné de ce côté, s’est dit que Mme Bovary avait de bien beaux yeux et lui conviendrait fort. […] tout ce qu’il peut se promettre de bonheur pour cette enfant, pour l’avenir de sa petite Berthe ; et à côté sa femme, qui fait semblant de dormir, ne rêve, elle, pour le lendemain matin qu’enlèvement dans une chaise de poste à quatre chevaux, félicité romanesque, voyages imaginaires, Orient, Grenade, Alhambra, etc. […] La vérité d’ailleurs, à ne chercher qu’elle, elle n’est pas tout entière et nécessairement du côté du mal, du côté de la sottise et de la perversité humaine. […] Bénévolement elle faisait quelquefois une lieue et demie à pied ; son élève, de son côté, en faisait autant, et l’on prenait la leçon dans un sentier, sous un arbre, sur une bruyère.

102. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

C’est ainsi qu’on en vint aux grands remèdes sans presque se douter de la difficulté, ou du moins en la voyant tout entière d’un seul côté, dans l’obstacle qu’opposaient les privilégiés et la Cour. […] Renée, dans un intéressant chapitre, a tracé avec une parfaite justesse le portrait de ce roi qu’il ne s’agit pas d’idéaliser, à cause de son suprême malheur ; c’est assez que le respect contienne la plume lorsque l’historien est obligé de noter en lui, à côté des vertus et de l’honnêteté profonde, l’absence totale de caractère et de relever les défauts habituels de forme, de dignité extérieure et de convenance qui, par malheur, n’étaient pas secondaires dans ce premier rang qu’il occupait. […] S’il avait eu un de ces éclairs d’indignation comme en avait à ses côtés sa généreuse compagne, si le sang lui avait monté au visage, s’il s’était souvenu qu’il était le dernier roi d’une race militaire, s’il avait résisté à la force par la force, l’épée à la main, avec ses dévoués serviteurs qui y comptaient ; si, dans le conflit, il s’était seulement fait tuer en gentilhomme sur les marches de son palais, l’histoire de la Révolution eût changé ; il n’y aurait pas eu cette tache juridique sanglante qui s’appelle le procès de Louis XVI, et qui fut la plaie livide et toujours ouverte pendant de longues années.

103. (1761) Salon de 1761 « Peinture — M. Pierre » pp. 122-126

Sur le devant sont des pâtres prosternés, les mains tournées de son côté et lui souhaitant un heureux voyage. […] Venus est à son triomphe, et oublie ce qui se passe à côté d’elle. […] Que la scène se passe donc au bout de l’univers ; que l’horizon soit caché de tous côtés par de hautes montagnes ; que tout annonce l’éloignement des regards indiscrets ; que de nombreux troupeaux paissent dans la prairie et sur les coteaux ; que le taureau poursuive en mugissant la génisse ; que deux béliers se menacent de la corne, pour une brebis qui paît tranquillement auprès ; qu’un bouc jouisse à l’écart d’une chèvre ; que tout ressente la présence de Venus, et m’inspire la corruption du juge ; tout, excepté le chien de Paris, que je ferais dormir à ses pieds.

104. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVIII. La bague aux souhaits »

Si c’est exact, je te demande de faire saisir mon mari, son chien et son chat et de les faire jeter de l’autre côté du fleuve ». […] Alors le chat et le chien se précipitent dessus, les saisissent par leurs extrémités et tirent, chacun de son côté. […] Alors la femme se fâche et se retourne de l’autre côté.

105. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 88

Ceux de ses Ouvrages où l’esprit de parti n’est point entré, sont assez estimables, & du côté des choses & du côté du style ; c’est pourquoi on lit encore son Histoire de l’Empereur Auguste.

106. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

La différence des faits constatés d’un côté et d’autre peut s’expliquer, je pense, d’abord par la grande habileté de W. […] D’autre côté, il y a des espèces qu’on ne peut, au contraire, que très rarement réussir à croiser ensemble, mais dont les hybrides, une fois produits, sont très féconds. […] D’autre côté, certains Sorbiers (Sorbus), greffés sur d’autres espèces, donnaient deux fois autant de fruit que sur leur propre tige. […] D’autre côté, au contraire, ces deux classes d’êtres se ressemblent étroitement à beaucoup d’égards et sous les points de vue les plus importants. […] À tous autres égards, et la question de la fécondité mise de côté, on constate de grandes ressemblances générales entre les hybrides et les métis.

107. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Par un instinct naturel, et parce qu’on aime mieux, en imagination au moins, être dupeur que dupé, c’est du côté des fourbes que se met le spectateur. […] Ils se sont adressés tous deux, chacun de son côté, à une même agence matrimoniale. […] Alors des scènes nouvelles, qui ne sont pas comiques en droit, pourront nous amuser en fait si elles ressemblent à celle-là par quelque côté. […] Mais nous devons d’abord analyser un certain genre de comique qui ressemble par bien des côtés à celui du vaudeville, le comique de mots. […] On pourrait dire de la vantardise, souvent, que c’est par son côté héroï-comique, qu’elle nous fait rire.

108. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Comte et Dunoyer à la fin de l’Empire, avec cette différence qu’il ne réussit jamais à prendre sur aucune classe du public ; cela tenait à sa forme et à son mode d’exposition ; mais, comme eux, il ne voyait exclusivement qu’un côté de la question : en revanche, il le voyait à perte de vue et dans toute sa longueur. Il se produisit, à ce moment, un phénomène assez singulier : sur la fin et comme à l’arrière-saison d’un siècle si riche par l’ensemble et la réunion des plus belles facultés de l’esprit et de l’imagination, on vit paraître plusieurs hommes distingués, et quelques-uns même éminents par certaines parties de l’intelligence, mais notablement privés et dénués d’autres facultés qui se groupent d’ordinaire pour composer le faisceau de l’âme humaine : — Fontenelle en tête, le premier de tous, une intelligence du premier ordre, mais absolument dénué de sensibilité ; La Motte, l’abbé Terrasson, qui l’un et l’autre, avec l’esprit très perspicace sur bien des points, raisonnaient tout à côté comme s’ils étaient privés de la vue ou du goût, de l’un des sens qui avertissent. […] Tant que d’autres esprits puissants et vigoureux, mais déjà en partie formés, imbus d’une forte éducation antérieure, nourris de la tradition et de la moelle des siècles passés, avaient pris du cartésianisme avec sobriété, à petites doses, en le combinant avec les autres éléments reçus, on n’avait eu que de ces résultats moyens, agréables, sans paradoxe, sans scandale, tels qu’on les rencontre chez Arnauld, chez Bossuet, chez Despréaux, chez La Bruyère ; mais quand le cartésianisme, je veux dire la méthode cartésienne, toute autorité étant mise de côté, présida dès l’origne à la formation et à la direction entière d’un esprit, on fut étonné du chemin qu’elle faisait faire en peu de temps sur toutes les routes. […] Ainsi de tout temps : à côté et au-dessous des réputations établies et qui font illusion au gros du monde en se prolongeant, il y a les jeunes groupes fervents et féconds, les cénacles cachés qui seront le règne et la pensée du lendemain. […] Il raisonnera ailleurs, et tout à côté, dans le sens de la supériorité supposée des anciens.

109. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

J’ai eu chez vous de justes sujets de chagrin ; la démarche que je vais faire vous chagrinera peut-être aussi : voyons de quel côté est l’injustice. […] Cependant on m’écrit de province qu’un visiteur, se vantant à table d’avoir contribué à m’y faire venir, en a donné pour raison que j’y serois moins dangereux qu’autre part, et qu’il falloit d’ailleurs tirer de moi tout ce qu’on peut du côté des sciences, puisqu’il seroit contre la prudence de me confier des emplois. […] Dans cette lettre tout amicale, le côté affectueux, aimable et obligeant de l’abbé Prevost se développe avec grâce. […] Tout à côté on rencontre le père Tirman , qui a de l’esprit et de l’érudition ; « mais, comme il n’a pas la tête des plus fortes, on craint qu’à force de la charger la voiture ne se brise. » Il serait piquant de savoir à quel docte confrère des De La Rue et des Montfaucon s’appliquaient ces divers signalements. […] Il professa à Saint-Germer avec applaudissement. » Avoir professé à Saint-Germer avec applaudissement, c’était là l’épisode qui protégeait un peu sa mémoire de ce côté du cloître.

110. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

Pareillement encore, quand nous le lisons ou que nous l’entendons, nous n’avons qu’à insister pour évoquer intérieurement, comme en présence du mot chat ou du mot bouleau, l’image d’un cas où il s’applique ; nous imaginons un jeton à côté d’un jeton, une pierre à côté d’une pierre, un son après un son, comme tout à l’heure nous imaginions un museau fin avec un poil gris ou blanc, un mince tronc blanc avec de petites feuilles frissonnantes. — Il en est de même pour les mots trois, quatre ; cela est plus difficile pour les mots cinq, six ; la difficulté va croissant pour les nombres supérieurs, et il y a toujours un chiffre plus ou moins élevé où tout esprit s’arrête ; nous ne pouvons pas percevoir ou nous représenter distinctement ensemble au-delà d’un certain nombre de faits ou d’objets ; d’ordinaire, c’est cinq ou six, plus souvent quatre. — Pour remédier à cet inconvénient, nous négligeons le groupe qui correspond au mot ; nous ne donnons plus d’attention qu’au mot substitut ; après avoir vu ensemble quatre objets, nous les oublions pour ne plus songer qu’au mot quatre, et nous pouvons les oublier, parce que plus tard, revenant sur le mot et appuyant dessus, nous les reverrons intérieurement, sans méprise ni confusion. […] La complication des composés va croissant ; elle est indéfinie ; tous ensemble, ils forment un royaume à part d’objets qui ne sont pas réels, mais qui sont distribuables, comme les objets réels, en familles, genres, espèces, et dont nous découvrons les propriétés en considérant à côté d’eux les propriétés des formules qui sont leurs substituts. […] Le polygone d’un nombre infini de côtés inscrit au cercle équivaut au cercle. […] Nous posons d’un côté le myriagone intelligible et l’idée précise qui lui correspond, de l’autre le myriagone sensible et l’image confuse qui lui correspond.

111. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Mais les vers qui venaient à l’appui de la prose, c’était là le côté faible ; et franchement, si nous n’avions autre chose de Du Bellay que cette Olive et les quelques pièces lyriques qu’il y a jointes, nous serions embarrassé de lui accorder aucun avantage décisif sur Marot. […] Mais en voilà assez sur ce côté neuf de son talent. […] Revillout et provenant de la bibliothèque du président Bouhier, ont mis en lumière tout ce côté ecclésiastique et contentieux des dernières années de notre poète. […] Il avait affaire à des cousins jaloux et déjà pourvus : de quel côté furent les torts, — tous les torts, — et M. de Liré n’en eut-il aucun ? […] Le côté le mieux touché de cette notice me paraît être dans l’exposé des relations du poète et de la reine Marguerite.

112. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Certainement MM. de Goncourt, qui sont très distingués d’âme et de manières, ne veulent insulter personne et ne se sont pas aperçus qu’ils pouvaient se blesser eux-mêmes sur leur titre : mais ce titre dans lequel la pensée déborde à côté est un signe en MM. de Goncourt, un signe qui les révèle tout entiers. […] Janin qui descend, comme on sait, de Diderot, mais du côté gauche, toutes ces influences, toutes ces dominations ont repris et enlevé au plan de leur livre, à la vérité sobre, à la nature humaine, ces messieurs de Goncourt, ces deux jeunes gens dont les uns disent : « C’est un Janin double », et les autres, « C’est un Janin dédoublé. » Évidemment, ils ont glissé dans ce qu’ils aiment. […] Comparez cette variété d’intelligences qui représentent, sous les noms de Daniel Darthès, de Michel Chrétien, de Canalis, de Bianchon, de Nathan, de Bixiou, de Blondet, etc., chacun un degré de l’esprit humain et de la civilisation parisienne, et mettez-les à côté des cinq gringalets pervers de MM. de Goncourt, Mollandeux, Nachette, Couturat, Malgras et Bourniche, ces gamins grandis et pourris sur leur tige de voyou (un mot de messieurs de Goncourt !). […] Il est vrai qu’à côté des quelques misérables de lettres dont MM. de Goncourt ont fait « Les Hommes de lettres », il y a deux ou trois opulents portraits, très-ressemblants, dans lesquels on reconnaît quelques littérateurs de ce temps qu’on aime à rencontrer partout, mais surtout là, où ils nous lavent et nous essuyent l’imagination des figures inventées par MM. de Goncourt, en mépris de la littérature.

113. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

C’est qu’il a trouvé dans la religion une solitude ; c’est que son corps était dans le monde, et son esprit au désert ; c’est qu’il avait mis son cœur à l’abri dans les tabernacles sacrés du Seigneur ; c’est comme il a dit lui-même de Marie-Thérèse d’Autriche, « qu’on le voyait courir aux autels pour y goûter avec David un humble repos, et s’enfoncer dans son oratoire, où, malgré le tumulte de la Cour, il trouvait le Carmel d’Élie, le désert de Jean, et la montagne si souvent témoin des gémissements de Jésus. » Les Oraisons funèbres de Bossuet ne sont pas d’un égal mérite, mais toutes sont sublimes par quelque côté. […] Tout consiste en quelques oppositions vulgaires de la beauté, de la jeunesse, de la grandeur et de la mort ; et c’est pourtant sur ce fond stérile que Bossuet a bâti un des plus beaux monuments de l’éloquence ; c’est de là qu’il est parti pour montrer la misère de l’homme par son côté périssable, et sa grandeur par son côté immortel.

114. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Ingres, est-ce de l’art assez gringalet à côté des préparations de La Tour, — de la préparation Chardin, de la préparation Raynal — qui se trouvent dans la salle du fond. […] Elle nous donne sur le grand, le très grand écrivain, ce détail relatif à la singulière maladresse de ses mains, et au côté pleurard d’enfant rageur, qu’il conserva toute sa vie. […] Et le médecin n’arrivant pas, un interne mandé de l’hôpital, déclarait à Mme de Nittis, que mon ami avait tout le côté gauche paralysé. […] Dans cette originale pose, elle conte au petit Jacques, assis à côté d’elle, dans un fauteuil de paille, elle conte une de ces histoires merveilleuses, qu’elle imagine si joliment. […] C’est curieux, le côté laidement vieux de ces petites filles, elles semblent avoir été conçues dans l’ivresse du vin, les batteries de l’amour, la folie bestiale d’un rut alcoolisé.

115. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il y en a de grands de l’autre côté de l’eau. […] Il y a deux terrasses carrelées aux deux côtés ; elles sont de la longueur de la cour et hautes de trois pieds. […] Cette quatrième cour a des chambres en bas et aux côtés, avec des terrasses et des portiques comme les trois autres. […] Au côté droit, il y avait deux gazelles (c’est une espèce de biches, de poil tout blanc, avec des cornes droites comme une flèche et fort longues) ; et, au côté gauche, étaient deux grands éléphants couverts de housses de brocart d’or, et chargés d’anneaux aux dents et de chaînes et d’anneaux d’argent aux pieds, et un rhinocéros. […] Le roi se retira sans dire un mot aux ambassadeurs et sans tourner seulement la tête de leur côté.

116. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Si j’ai le courage de descendre celles-là, elles me conduiront au côté gauche de la scène dont j’aurai fait tout le tour. […] Et il continua. " n’y aurait-il pas à cette idée un côté vrai et moins affligeant pour l’espèce humaine ? […] Tandis que l’abbé s’amusait à causer, ses enfans s’amusaient de leur côté à jouer. […] Cependant la chance tourna, et les plaisans changèrent de côté. […] Quelquefois mes yeux et mes bras s’élevaient vers le ciel, quelquefois ils retombaient à mes côtés comme entraînés de lassitude.

117. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

À côté des ministres pervers et corrompusai, dont elle eut à souffrir, elle peint également ses parents, qu'elle se pique de vénérer, le roi son père, la reine sa mère, quelques-unes de ses sœurs, le roi son frère qu’elle aime tendrement, et dont, à certains endroits elle parle avec beaucoup d’aigreur, parce que la dernière partie des mémoires fut écrite dans un temps où elle était brouillée avec lui. […] L’ouvrage dormit cinquante ans et plus, au fond d’une cassette, après quoi il fut imprimé (1810) et devint tout d’un coup aux yeux de tous un de ces tableaux véridiques, naturels et terribles, comme les aime la Postérité, cette grande curieuse et cette décacheteuse de lettres, et comme, de leur côté, les familles ont grand’raison de les redouter. […] L’élévation de cœur en effet, la noblesse de sentiments qui était inhérente à sa nature et qui, dans ses mémoires, est masquée par l’esprit de plaisanterie et de satire, se prononce davantage dans les lettres : la margrave s’y montre par ses meilleures et ses plus solides qualités, non plus comme le peintre moqueur et caricaturiste de sa famille, mais bien plutôt comme une personne passionnée, aimante, et, quand il le faudra, héroïque et généreuse, dévouée à l’honneur de sa maison ; et c’est aussi par ces côtés sérieux et moins connus que nous prendrons plaisir à la dégager et à la dessiner en face de son frère. […] Mais ce qu’on peut dire après cette lecture, c’est qu’il y justifie assez bien sa définition, et que, dans cette correspondance de frère à sœur, il se met tout entier par un côté de sa nature, par le côté littéraire, le côté artiste, virtuose et bel esprit.

118. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Je prendrai donc aujourd’hui Montaigne par un tout autre côté, non pas dans sa librairie et dans sa chambré, mais hors de sa chambre et en voyage. […] A Plombières, il contracta amitié et familiarité avec le seigneur d’Andelot de Franche-Comté, qui offrait cette singularité frappante d’avoir un côté de la barbe et des sourcils tout blanc, l’autre noir. […] Et tout cela enfermé et emmuré de tous côtés de monts d’une hauteur infinie. » Dans une de ses traites, son mal de reins le reprend, et sans s’effrayer, toujours courageux et de bonne composition, il estime qu’il est plus soulagé à cheval qu’en une autre posture : il en est quitte pour faire la traite plus longue ce jour-là, et le lendemain (ou le surlendemain) matin, après une nuit douloureuse, à son lever, il rend une pierre : ce qui ne l’arrête nullement. […] II Quoi qu’il en soit de ses désirs de Cracovie, de Valachie et de Grèce, Montaigne a une grande envie de voir Rome, et c’est là (laissant de côté son passage par Vérone, Padoue, Venise, Ferrare, Bologne, Florence, Sienne, Montefiascone), — c’est là qu’il le faut suivre, entrant par la porte del Popolo. […] On m’avertit de plus d’un côté que dans un livre que je ne connais pas et qui n’a été tiré qu’à peu d’exemplaires, Montaigne chez lui, M. le docteur Galy, de Périgueux, et M. 

119. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Cependant les années s’écoulaient, et l’observateur impartial des diverses réalités humaines mûrissait en Gavarni, tandis que de son côté le dessinateur aussi se fortifiait de plus en plus et s’enhardissait. […] Comme les spectateurs de la galerie sont là attentifs, dans toutes les postures de dos, de face, de côté, appuyés et penchés chacun à sa manière ! […] Il y a bien un peu de caprice dans le nombre, et de purs baptêmes de fantaisie, comme ce chevalier Desgrieux avec son rhumatisme qui le fait marcher de côté ; mais, en général, il faut qu’on retrouve le monument sous la ruine, que jusque sous le décrépit on devine celui qui a été beau et conquérant, et la manière particulière dont il l’a été ; que la parodie, en un mot, rappelle la chanson. […] Mais, dans la première des séries, la manie est vue du côté jeune et sous un jour riant : dans l’autre elle est regardée sinon par un misanthrope, du moins par un observateur indifférent et un peu ironique, qui n’y met rien de flatteur. […] Et celai qui croirait que l’artiste a uniquement voulu plaisanter et se permettre une légèreté se tromperait fort : il a voulu, sous forme vulgaire, exprimer le côté humain bien senti et montrer l’honnêteté de la chose.

120. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Il y a eu dans les deux communions des réveils, des coups de baguette impérieux et puissants, des coups de trompette, de grands talents, de belles âmes éloquentes, ardentes, qui ont essayé de fondre les divisions artificielles, de dégager le vrai courant, de reporter les esprits aux hauteurs et aux sources, de ne s’attacher qu’à ce qui est la vie ; et je le dirai avec la conscience de ne faire injure à aucun, s’il y a eu d’un côté Lacordaire, ce regard flamboyant, cette parole de feu, on a eu de l’autre Adolphe Monod, cette âme d’orateur et d’athlète chrétien qui, à ceux qui l’ont vue de près dans son agonie suprême, a rappelé le martyre et l’héroïsme de Pascal. […] Sur la montagne, la verdoyante ramée des hêtres triomphait si bien du feuillage noir des sapins, elle s’étendait si lustrée, si criante, elle montait si vaillamment jusqu’à la région des pâturages, et ceux-ci commençaient à verdoyer si ferme, qu’à part la coupole de neige qui couvrait le fin sommet, on ne voyait que ce vert terrible qui semblait refouler la pensée en soi-même. » En allant chez la vieille, il y a un endroit plus élevé, un col à passer, et, si l’on s’y arrête pour jouir du spectacle, on voit en bas cette vallée se déroulant au plus loin dans sa moire verte et « d’un vert criard », mais de l’autre côté, du côté du village, au-dessus et par-delà, on voit la montagne et ses dernières pentes, mouchetées de sapins, semées de hêtres et offrant aussi des places plus riantes, car la saison y est retardée, et quand le vallon est en mai, on n’est là-haut qu’en avril : « Les vergers croissaient parmi, et comme j’avais monté pour arriver au col, je retrouvais fleuris les arbres qui, dans le vallon, avaient passé fleur. » Voilà des expressions charmantes et neuves, nées de l’observation même. […] S’il est permis de comparer le saint au profane, je dirai que de même, quand Mme de Gasparin s’aperçoit qu’elle s’est trop plongée dans la nature, au sein du grand Pan, ou qu’elle s’est oubliée trop longtemps à écouter le merle et le rouge-gorge, vite elle met le signet de ce côté et elle donne un ton d’orgue biblique. […] « Ses livres, laissons-les de côté, voulez-vous ? […] « Telle est mon histoire, en deux mots. — Mais il m’en faudrait cent pour vous dire à quel point, vous sachant un peu prévenu, et le comprenant mieux que personne (vous pouvez m’en croire), je suis touché de votre bonté pour moi, et reconnaissante de la place que vous m’avez donnée à côté d’une femme que je respecte et pour laquelle j’éprouve un vif attrait. — Soyez-en bien persuadé, monsieur, et veuillez recevoir, etc.

121. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Il n’a rien, de ce côté, de bien brillant à première vue, ni de séduisant. […] Je laisse de côté quelques essais et quelques saillies de Frédéric très jeune et prince royal ; mais, du moment qu’il conçut son rôle de roi, je trouve tout l’homme d’accord avec lui-même, je le trouve vrai. […] Mais, même l’intérêt du souverain mis de côté, il répugne de voir un grand homme se salir à des plaisanteries de ce genre contre des objets respectables aux yeux du grand nombre ; c’était jusqu’à un certain point violer cette tolérance hospitalière dont il se faisait gloire, que de mépriser ainsi tout haut ce qu’il prétendait accueillir et tolérer. […] Tout à côté des mesures et des calculs dictés par une hardiesse prévoyante, il reconnaît ce qu’il doit à « l’occasion, cette mère des grands événements », et il est soigneux de faire en toute rencontre la part de la fortune : Ce qui contribua le plus à cette conquête, dit-il, c’était une armée qui s’était formée pendant vingt-deux ans par une admirable discipline ; et supérieure au reste du militaire de l’Europe (remarquez l’hommage à son père) ; des généraux vrais citoyens, des ministres sages et incorruptibles, et enfin un certain bonheur qui accompagne souvent la jeunesse et se refuse à l’âge avancé. […] Henry, pasteur de l’Église française à Berlin, a écrit une dissertation où il traite de l’irréligion de Frédéric ; sans prétendre l’absoudre sur ce point, le digne écrivain croit qu’on a fort exagéré ce côté français de Frédéric, par lequel il regardait et flattait les philosophes du xviiie  siècle ; il cherche à démontrer que Frédéric, avec une sorte de fanfaronnade, s’est plu à l’exagérer lui-même.

122. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Les personnages de ce côté, que j’appellerais volontiers les bénédictins de la Bohême, peuvent se résumer dans un type : d’Arthez. […] Puis, cette insouciance innée de l’argent a son bon côté : ils ne comptent pas avec eux-mêmes, ce m’est un garant qu’ils ne compteront pas avec leurs amis. […] Le style est le côté faible du talent d’Henry Murger. […] Chacun se forge une définition à soi, un sens à son usage exclusif. — Je viens d’écrire : « Le style est le côté faible, etc. » Eh bien ! […] Henry Murger n’a étudié qu’un des mille côtés des mœurs contemporaines.

123. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

S’il avait survécu à la Terreur, c’était bien différent : il est à croire que le côté politique, qui fait la moindre portion et comme un accident de son œuvre actuelle, se fût de beaucoup accru et développé ; que nous aurions eu de lui plus d’ïambes et de nobles invectives, des hymnes guerrières et tyrtéennes, quelque grande et romaine poésie du Consulat. […] Mais à côté, en dehors de ces grands rôles, il y en a d’autres qu’il ne faut pas cesser de revendiquer et de maintenir, parce qu’ils sont modestes, qu’ils sont vrais, qu’ils réfléchissent des nuances précieuses dont les autres ne tiennent pas compte, et parce qu’ils expriment, avec plus de distinction et de curiosité attentive, des sentiments et des délicatesses, pourtant éternelles, de l’âme humaine civilisée. […] C’est de ce côté que le volume d’André, à peine publié, échoua, et qu’il fut recueilli avec bonheur, avec une admiration vraiment filiale.

124. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

« Ce que je montrais, ajoute-t-il, ce n’était pas le côté honteux, c’était le côté ridicule. » C’est ce dernier côté qu’étale M. 

125. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Il figura, à côté d’eux, dans les fêtes royales, notamment dans le Ballet des Muses, en 1666-1667, auquel les quatre troupes concoururent à la fois. […] Je l’ai abordée par le côté où j’avais affaire, par le côté qui regarde la France et surtout qui regarde Molière.

126. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

La période de 1650 à 1660 va nous montrer une triple opposition : celle des mœurs dissolues et débordées de la cour et de la capitale, d’un côté, avec les mœurs retenues de la société spirituelle, décente et polie de l’autre, avec les précieuses ridicules. […] La cour, de son côté, mit sous les armes les femmes dont elle disposait. […] Mais des deux parts, il y eut des transfuges qui passèrent d’un côté à l’autre.

127. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

oui, les raisons de sa réussite sont obscures ou à côté, mais, puisque nous en trouvons d’excellentes, il n’y a pas à chicaner. […] Ce n’est jamais comique des deux côtés. Et dans ce roman la drôlerie du côté face et l’amertume du côté pile se correspondent et se complètent merveilleusement.

128. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Et voilà pourquoi M. de Vallée a mis sur le front de son livre le nom infâme des Jacobins à côté du nom glorieux d’André Chénier. […] Si André Chénier, ce jeune poète mort sur l’échafaud, au lieu de regarder du côté des hommes avant de mourir, en leur montrant du doigt la tête dans laquelle il y avait quelque chose qu’ils allaient couper, avait regardé du côté du ciel, il y aurait autour de cette tête de martyr une autre auréole. […] Le génie du poète, quand réellement il existe, est si extraordinairement beau, qu’on ne voit plus rien à côté : tout s’y fond et tout s’y efface… et la gloire, bête presque toujours, ne l’est point quand elle ne voit que le poète dans le poète !

129. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Pierre Janet est arrivé de son côté, par des voies différentes, à des conclusions tout à fait conciliables avec les nôtres. […] Au fur et à mesure que la perception se crée, son souvenir se profile à ses côtés, comme l’ombre à côté du corps. […] Tout moment de notre vie offre donc deux aspects : il est actuel et virtuel, perception d’un côté et souvenir de l’autre. […] Nous verrous alors en même temps notre existence réelle et son image virtuelle, l’objet d’un côté et le reflet de l’autre. […] Au fur et à mesure que la situation progresse, le souvenir, qui tient à côté d’elle, donne à chacune des étapes l’aspect du « déjà vu », du déjà connu.

130. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Si conscient qu’il puisse être de ce qu’il dit et de ce qu’il fait, s’il est comique, c’est qu’il y a un aspect de sa personne qu’il ignore, un côté par où il se dérobe à lui-même : c’est par là seulement qu’il nous fera rire. […] Pour ceux mêmes d’entre nous qu’elle a faits artistes, c’est accidentellement, et d’un seul côté, qu’elle a soulevé le voile. […] D’ailleurs il ne les trouverait pas : nous ne sommes risibles que par le côté de notre personne qui se dérobe à notre conscience. […] Tout effet comique impliquerait contradiction par quelque côté. […] Elle ressemble par bien des côtés à l’idée fixe.

131. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Il avait mis d’ailleurs dans tout son jour et en pleine lumière le côté tendre, affectueux, de Vauvenargues, ce côté le plus connu, la beauté de sa nature morale, et avait parfaitement marqué le trait dominant de son caractère, la sérénité dans la douleur ; et il concluait en disant que l’espèce de gloire réservée à Vauvenargues était celle qui peut sembler le plus désirable aux natures d’élite, l’amitié des bons esprits et des bons cœurs. […] On trouve, en effet, chez lui de belles pensées qui semblent n’avoir pu être conçues que par un chrétien, à côté d’autres pensées qui semblent ne pouvoir être que d’un philosophe. […] Ainsi il est d’avis de tenter M. d’Oraison de deux manières : ou du côté de son fils, s’il persiste à le vouloir faire entrer dans le Régiment du roi : Vauvenargues, toute difficile qu’est la chose, s’en chargerait et en ferait son affaire ; — ou du côté d’une de ses filles : il s’engagerait bien à en épouser une dans deux ans, s’il n’était en mesure alors de le rembourser ; il payerait de sa personne, moyennant toutefois certaine condition de dot. […] Cette correspondance a le tort de languir un peu par la faute de Saint-Vincens qui était, ce semble, paresseux à écrire ; mais les sentiments que Vauvenargues et lui s’étaient voués, subsistent des deux côtés sans altération.

132. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Boileau (autre infirmité), enfin, ne sentait pas la famille, ni le rôle que tient la femme dans la société, ni celui qu’elle remplit en mère au foyer domestique et autour d’un berceau ; sa sensibilité et son imagination n’avaient jamais été éveillées de ce côté. […] Cette bizarrerie consistait à être accessibles à tous les goûts, à toutes les vues modernes, de science, d’art, d’inventions de toutes sortes, sans que le style littéraire parût la seule chose de prix à leurs yeux ; à être les moins exclusifs des esprits, à avoir de tous les côtés des jours ouverts sur la civilisation et la société actuelle et future. […] Charles Perrault, un peu moindre que son frère, avait le génie (c’est aussi le mot) tourné également du côté des beaux-arts, mais de plus et tout particulièrement du côté des belles-lettres. […] Mme Guizot, Bouilly, le chanoine Schmid, Töpffer, tous ces noms dont quelques-uns sont si estimables, jurent et détonent, prononcésà côté du sien ; car ses Contes à lui, ce sont des contes de tout le monde : Perrault n’a été que le secrétaire.

133. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il est, — je le sens trop d’après l’épreuve d’hier, — il est des points sur lesquels je ne m’accoutumerai jamais à retenir ma pensée, toutes les fois que je la croirai d’accord avec le vrai, avec le juste, et aussi avec le bien de l’Empire qui n’a nul intérêt à pencher tout d’un côté, et qui, sorti de la Révolution, ne saurait renier aucune philosophie sérieuse. […] Messieurs, vous qui êtes des politiques, veuillez encore vous dire ceci : L’Empire, que nous aimons tous et que nous maintenons, n’a aucun intérêt à pencher tout d’un côté. […] Le propre et l’honneur de l’Empire est de maintenir la balance égale et de ne verser d’aucun côté. […] Sainte-Beuve de loi faire savoir quels étaient les amis qu’il désignait de son côté à cette même fin. […] Lacaze par la lettre suivante, qui met fin, de son côté, à cette correspondance : « Ce 4 juillet 1867.

134. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

On voit que, dans une chose quelconque, son goût apathique le porte du côté où il y a le moins d’embarras, dût-il être le plus mauvais. […] C’est ce côté qui choquait tant les courtisans à la Maurepas, et qui la faisait appeler grisette, à cause d’une de ses qualités même, dépaysée en haut lieu. Mme de Pompadour représente, par d’autres côtés encore, la classe moyenne à la Cour, et en signale en quelque sorte l’avènement, — avènement très irrégulier, mais très significatif et très réel. […] Ces volumes sont encore recherchés, et les bibliophiles lui accordent à elle-même une place d’élite sur leur livre d’or, à côté des plus illustres connaisseurs dont les noms se sont conservés. […] Derrière son fauteuil, et du côté opposé à la table, est un autre fauteuil ou une ottomane avec une guitare.

135. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Que si quelque événement public venait à éclater et à faire vibrer les âmes, il y prenait part avec ardeur, avec élévation ; mais il aimait à rentrer aussitôt après dans ses studieux sentiers, du côté où était sa « ruche », toute remplie, comme il dit, d’un « poétique miel ». […] De tous côtés on s’accuse de conspirations, de complots, sans voir qu’à la fin il y a danger « que notre inquiétude errante et nos soupçons indéterminés, dit-il, ne nous jettent dans un de ces combats de nuit où l’on frappe amis et ennemis ». […] Il y a là l’élégie royale dans toute sa gloire, puis, tout à côté, le mystère d’un réduit riant et studieux couronné de rameaux, et propice au rêve du poète, au rêve de l’amant. […] Pastoret ; il y fut rencontré par le commissaire et ses acolytes qui y faisaient, de leur côté, une visite domiciliaire, et qui prirent sur eux de s’assurer de sa personne, sans ordre et par mesure de précaution. […] Il va y avoir ici un singulier quiproquo, le commissaire interrogateur prenant la maison à côté pour la maison d’un certain propriétaire appelé Côté, et raisonnant et se fâchant en vertu de cette ânerie ; car ils étaient de cette force-là, pour la plupart, ces pourvoyeurs de l’échafaud.

136. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

De son côté, elle s’attacha à Ivan Pétrovitch de toute la force de son âme, comme les jeunes filles russes seules savent aimer, et se donna à lui. […] Lemm, de son côté, resta longtemps assis sur son lit, un papier de musique sur les genoux. […] — Laissons, si vous le voulez bien, la Russie de côté, mais que trouvez-vous de mauvais dans ce mariage ? […] » Lemm inclina la tête de côté. […] Son ombre noire marchait fidèlement à son côté.

137. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

D’un côté, elle prend peu à peu pour elle toute l’attention ; les bruits et les contacts extérieurs deviennent de moins en moins sensibles ; à la fin, ils sont comme s’ils n’étaient pas. […] D’un côté, au léger contact de la main qui nous réveille, une partie de notre attention se reporte vers le dehors. […] Pareillement, pour que les muscles gauches de la face ou de la langue fassent leur effet normal, il faut que les muscles droits correspondants soient intacts ; ce contrepoids manquant, la face ou la langue sont tirées du côté gauche ; la paralysie des muscles d’un côté amène de l’autre une déformation, comme l’affaiblissement ou l’extinction des réducteurs de l’image amène une hallucination. […] De quelque côté qu’il regarde, les objets se transforment en spectres qui représentent tantôt des araignées monstrueuses qui se dirigent vers lui pour boire son sang, tantôt des militaires avec des hallebardes. […] Il faut laisser de côté les mots de raison, d’intelligence, de volonté, de pouvoir personnel, et même de moi, comme on laisse de côté les mots de force vitale, de force médicatrice, d’âme végétative ; ce sont des métaphores littéraires ; elles sont tout au plus commodes à titre d’expressions abréviatives et sommaires, pour exprimer des états généraux et des effets d’ensemble.

138. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Mais d’un côté nous avons soulevé en route un problème métaphysique que nous ne pouvons nous décider à laisser en suspens, et d’autre part nos recherches, (quoique surtout psychologiques, nous ont laissé entrevoir À diverses reprises, sinon un moyen de résoudre le problème, au moins un côté par où l’aborder. […] Il y aurait donc l’inextension et la qualité d’un côté, l’étendue et la quantité de l’autre. […] La théorie de la perception pure d’un côté, de la mémoire pure de l’autre, préparerait alors les voies à un rapprochement entre l’inétendu et l’étendu, entre la qualité et la quantité. […] Laissant de côté les difficultés d’ordre psychologique, nous nous bornerons à appeler l’attention sur un autre point, qui est pour nous l’essentiel. […] Mais le tort de Zénon, dans tolite son argumentation, est justement de laisser de côté la durée vraie pour n’en considérer que la trace objective dans l’espace.

139. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Je suis frappé, en lisant les lettres du paysagiste Théodore Rousseau, du côté sophiste, rhéteur, du côté alambiqué, qu’il y a dans toutes les grandes intelligences du dessin et de la peinture, à commencer par Gavarni, à finir par Rousseau. […] D’un côté est grimpé un mobile, son mouchoir encadrant sa tête à l’arabe sous son képi, de l’autre côté un jeune soldat de ligne tend son shako à la foule : Pour les blessés de l’armée française. […] » — et aussitôt, des deux côtés de la voiture, la bousculade brutale de la foule qui veut voir. […] Et comme il faut que tous les spectacles aient leur côté parisien, un gamin qui est à l’extrémité de la queue, crie : « À bas les parapluies !  […] Un convive dit que le général n’a aucun talent militaire, mais des côtés d’homme politique et d’orateur.

140. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Maintenant encore ils sont comme autrefois assidus autour de lui, l’épée au côté, attendant un mot, empressés sur un signe, et les plus qualifiés d’entre eux font chez lui un semblant de service domestique. […] Les gardes suisses d’un côté, les gardes françaises de l’autre151 font la haie aussi loin qu’elle peut s’étendre. […] Un valet de chambre tient devant le roi un miroir, et deux autres, sur les deux côtés, éclairent, si besoin est, avec des flambeaux. […] De tous côtés, dans les Mémoires, on aperçoit en raccourci quelqu’une de ces vies seigneuriales. […] Dans tous les changements d’habits, le côté gauche du roi est dévolu à la garde-robe, et le côté droit à la chambre.

141. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Toutes ces discussions viennent, selon nous, de ce que la croyance renferme effectivement un côté passif et un côté actif ; elle est, selon nous, une passion suivie de réaction, une nécessité subie aboutissant à une direction déterminée de la volonté. […] C’est ce côté actif qui, réfléchi dans l’intelligence et y prenant conscience de soi, constitue proprement l’affirmation. […] Juger que la table est carrée, c’est commencer à se mouvoir par l’imagination jusqu’au centre de cette table pour se donner la sensation de ses quatre côtés. […] Voici, d’un côté une image générique obtenue par la fusion des photographies de dix assassins. […] Reste, il est vrai, le côté purement subjectif du phénomène, qui consiste à avoir conscience ; c’est ce côté qui ne se représente pas.

142. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Voici une partie de cette lettre, qui peut être considérée tout à fait comme testamentaire et comme faite pour être montrée de l’autre côté du Rhin : « 20 avril 1835. […] Mignet est des plus belles en son genre, des plus spécieuses, mais dans un ton nécessairement adouci, et ne montrant que les côtés présentables. […] Comme le meilleur des panégyristes et le plus habile, sans avoir l’air d’y toucher, il aura montré, de tout, le côté décent, présentable, acceptable ; il aura fait là ce qu’il faisait quand il se racontait lui-même, ne disant qu’une moitié des choses. […] Ce ne sont pas des articles, ce n’est pas un Essai qu’il faudrait faire sur Talleyrand, — c’est tout un livre, un ouvrage, et on attendra, pour l’écrire, que ses Mémoires, base essentielle bien que nécessairement contestable, aient paru. » De son côté, sir Henry Bulwer, dans une lettre de remerciaient à M.  […] À côté et au-dessous de cette lettre vraiment charmante et quelque peu sentimentale, il n’est pourtant pas hors de propos de placer le passage du même chapitre de Mémoires, dans lequel Gagern s’efforce de répondre aux reproches adressés par les Allemands, ses compatriotes, à l’ancien ministre de Napoléon pour sa soif d’argent et sa vénalité.

143. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Je cherche et ne vois pas à ses côtés l’ombre même d’un Fénelon ; ce ne sont qu’apôtres à l’aventure. […] Valérie a des côtés durables en même temps que des endroits de mode et déjà passés. […] La naissance de cet amour, ses progrès, ce souffle de tous les sentiments purs qui y conspirent, remplissent à souhait toute la première moitié : des scènes variées, des images gracieuses, expriment et figurent avec bonheur cette situation d’un amour orageux et dévorant à côté d’une amitié innocente et qui ignore. […] Une simple glace entre eux deux : d’un côté le feu brûlant, de l’autre l’affectueuse indifférence !  […] Il cite les lettres à Mlle Cochelet, non pas seulement celle de 1809, mais d’autres encore qui sont tout à côté dans le même volume ; les curieux les y trouveront.

144. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Cécina, de son côté, comme s’il avait laissé sur l’autre revers des Alpes la licence et la férocité de son caractère, s’avançait en Italie avec une armée irréprochable dans sa discipline. […] Vitellius n’était pas encore à Rome, que déjà l’empire lui échappait de tous côtés. […] La lutte s’engagea entre les deux partis : d’un côté les hommes de bien, plus nombreux ; de l’autre les méchants, plus agressifs, quoique en petit nombre. […] Combien y en a-t-il à côté du tyran des tyrans, la multitude ! […] Contentons-nous donc d’un seul : il tient lieu de mille, et replaçons son livre à sa place, à côté d’Homère ; car ces deux hommes sont les deux plus grands poètes du monde écoulé : Homère, le poète de l’imagination ; Tacite, le poète de la vérité.

145. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

La femme du bargello, son mari, la fiancée et le sposo me dirent poliment de rester, de boire et de manger à leur table, à côté du petit bouvier leur frère, et de jouer, après le dîner de noces, tous les airs de danse qui me reviendraient en mémoire, pour faire passer gaiement la nuit aux convives, monsieur. […] C’était une espèce de cloître entouré d’arcades basses tout autour d’une cour pavée, où il n’y avait qu’un puits et un gros if, taillé en croix, à côté du puits. Cinq ou six couples de jolies colombes bleues roucoulaient tout le jour sur les margelles de l’auge, à côté du puits, offrant ainsi, comme une moquerie du sort, une image d’amour et de liberté, au milieu des victimes de la captivité et de la haine. Sous chacune des arcades de ce cloître qui entourait la cour, s’ouvrait une large fenêtre, en forme de lucarne demi-cintrée par en haut, plate par en bas, grillée de bas en haut et de côté à côté, par des barres de fer qui s’encastraient les unes dans les autres chaque fois qu’elles se rencontraient de haut en bas ou de gauche à droite, de façon qu’elles formaient comme un treillis de petits carrés à travers lesquels on pouvait passer les mains, mais non la tête. […] Un petit mur à hauteur d’appui, dans lequel la grille était scellée par le bas, leur servait à s’accouder tout le jour pour respirer, pour regarder le puits et les colombes, ou pour causer de loin avec les prisonniers des autres loges qui leur faisaient face de l’autre côté de la cour.

146. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quinet, Edgar (1803-1875) »

Elle a le double aspect, ce qu’on pourrait appeler le double versant, politique et littéraire, et par conséquent la double utilité dont notre siècle a besoin ; d’un côté le droit, de l’autre l’art ; d’un côté l’absolu, de l’autre l’idéal… Le style d’Edgar Quinet est robuste et grave, ce qui ne l’empêche pas d’être pénétrant.

147. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

La première ode de Malherbe qui le mit en vue fut celle qu’il présenta, étant à Aix en 1600, à Marie de Médicis, la jeune reine qui venait prendre possession du trône : Peuples, qu’on mette sur la tête Tout ce que la terre a de fleurs… André Chénier, commentateur excellent, a remarqué les beautés rares, et à cette date toutes neuves, de cette ode qui aujourd’hui frappe bien plutôt le lecteur par ses côtés exagérés et faux. […] Cette remarque essentielle d’André Chénier, en nous éclairant sur le côté faible de Malherbe, a l’avantage de faire apprécier Pindare par son côté supérieur et le plus inventif. […] Le docte et ingénieux Orelli combat cette critique : « Supprimez cette fin, dit-il, nous n’aurons plus qu’une amplification de rhétorique en l’honneur de la vie champêtre, célébrée sans motif et sans but, une description plus digne réellement de Vanière et de Gessner que d’Horace. » C’est pourtant ce que Racan a fait et ce qu’eût fait aussi Fénelon ; il a supprimé toute ironie, et comme, en le faisant, il était dans sa nature, il a retrouvé par ce côté non pas la supériorité, mais une originalité en face d’Horace. […] À côté et à la suite des stances de Racan, il faut relire les derniers vers de la fable de La Fontaine, Le Songe d’un habitant du Mogol, sur l’amour de la retraite : c’en est comme la continuation dans la même nuance, dans le même langage. […] [NdA] Sans parler du passage célèbre et qu’on récite volontiers : Heureux qui vit en paix du lait de ses brebis , etc., voici quelques-uns de ces vers qu’un crayon de poète se plairait à noter à la lecture : Les troupeaux que la faim a chassés des bocages À pas lents et craintifs entrent dans les gagnages… Une musette se fait entendre : Je passai tout le front par-dessus un buisson Du côté d’où venait cet agréable son.

148. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Réfugié en Angleterre dans les intervalles des trêves, revenant avec les vaisseaux anglais qu’il s’efforçait d’introduire à La Rochelle, conducteur et pilote obstiné de l’étranger en ces parages, toute sa conduite en ces années éclaire d’un jour fâcheux et laisse à découvert par son côté le plus vulnérable la politique de Rohan, de cet aîné avec qui il était d’accord et unanime, avec qui il se concertait sans cesse, sauf à en être désavoué pour la forme en quelques occasions. […] Orateur, homme de discussion et de persuasion autant que guerrier, il y a tout un côté bien important de son talent et de son rôle qui pour nous a disparu. […] Sentant que La Rochelle, ce boulevard des protestants, était de plus en plus bloquée par le fort Louis et du côté des îles de Ré et d’Oléron, et qu’elle étouffait si l’on n’avait la libre communication de la mer, Soubise alla se saisir à Blavet (ou Port-Louis) de vaisseaux de haut bord qui s’y équipaient, et, après des hasards divers, il parvint à sortir avec sa prise. […] La troisième guerre commence (1627) ; il est inutile d’en rechercher les prétextes ou les causes que chaque parti se rejette : elle devait immanquablement éclater, la paix de 1626 n’ayant été subie d’un côté et concédée de l’autre qu’avec toutes sortes de sous-entendus et faute de mieux. […] D’un côté, il savait bien que dans dix ou douze jours on les aurait la corde au cou, mais d’autre côté il considérait qu’il fallait se hâter… » Il raille donc, il insulte, il n’a nul égard aux vaincus, et il les maltraite à proportion qu’ils ont été plus constants et courageux : Le Cardinal conseilla au roi d’envoyer le maire (l’énergique Guiton) hors de la ville, à cause de la grande inhumanité dont il avait usé envers ses citoyens, ayant mieux aimé les laisser misérablement périr de faim que d’avoir recours à la clémence du roi pour mettre fin à leurs misères ; d’envoyer à Niort Mme de Rohan la douairière, comme étant indigne que Sa Majesté la vît, pour avoir été le flambeau qui avait consumé ce peuple.

149. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Après avoir fait élire Stanislas roi de Pologne, il s’arrêta en Saxe, incertain, à ce qu’il paraissait, de quel côté il tournerait ses armes, de l’empire ou de la Russie. […] Villars étant, on l’a vu, incompatible avec ce prince, on le déplaça et on le mit à la tête de l’armée qui défendait la frontière des Alpes du côté du Dauphiné contre le duc de Savoie. […] Eugène, plein de confiance, venait d’investir Landrecies, qui était de ce côté la clef du royaume ; il tirait ses munitions et ses vivres de Marchiennes, un peu éloignée, et croyait sa communication assurée par le camp retranché de Denain. […] Villars assiégea et prit Landau, Fribourg ; enfin il conquit de ce côté la paix, et il mérita d’être envoyé sur cette fin d’année à Rastadt pour en régler les conditions avec le prince Eugène, puis à Bade pour la conclure (1714). […] À peine fut-il à table que milord d’Albemarle lui fit dire que la tête de l’armée française paraissait de l’autre côté de l’Escaut, et faisait mine de vouloir l’attaquer.

150. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Lorsqu’elle s’occupa de politique (et elle y fut bientôt forcée par les sollicitations et les exigences de sa coterie même), elle ne le fit qu’à son corps défendant sans doute, mais elle dut s’y prêter ; elle s’en occupa d’abord par le petit côté, et seulement pour faire prévaloir ses recommandations personnelles, ses propres préférences ou plutôt celles de ses intimes. […] … » C’est à elle de parler, de raconter tout ce voyage avec les impressions qu’elle y mêle et avec cette vivacité, ce mouvement de jeune fille qui était alors une des grâces et l’un des enchantements de sa personne : « Les grandes scènes ont commencé au Rhin ; on m’a conduite dans une île où j’aurais été bien heureuse d’être un peu seule comme Robinson pour me recueillir, mais on ne m’en a pas laissé la liberté ; on m’a comme emportée dans une maisonnette dont un côté était censé l’Allemagne, l’autre la France ; à peine m’a-t-on laissé le temps de faire une prière et de penser à notre bonne chère maman et à vous tous, mes bien-aimés du petit cabinet ; les femmes se sont emparées de moi, — m’ont changée des pieds à la tête. — Après cela, sans me laisser respirer, on a passé dans une grande salle, on a ouvert le côté de France, et l’on a lu des papiers : c’était le moment où mes pauvres dames devaient se retirer ; elles m’ont baisé les mains et ont disparu en pleurant. […] À Strasbourg elle écrit à sa mère, et avec elle, elle est plus optimiste, elle voit plus en beau, elle lui dit tout ce qui peut la rassurer et montrer le côté serein des choses (8 mai 1770) : « Quel bon peuple que les Français ! […] Le roi m’a parlé aussi de ma chère maman, disant : « Vous étiez déjà de la famille, car votre mère a l’âme de Louis le Grand. » Quelle belle parole dans la bouche d’un petit-fils de Louis XIV, et quel dommage, quand on sent et qu’on dit si juste, qu’on agisse si peu dignement et si à côté ! […] Les trois tantes, filles du roi, Mesdames Adélaïde, Victoire et Sophie (il n’est plus question de Madame Louise la carmélite) sont assez difficiles à définir dans leur insignifiance, tantôt démonstratives à l’égard de la Dauphine, tantôt froides et piquantes, surtout la moins jeune (Madame Adélaïde) : « Ma tante Adélaïde m’intimide un peu ; heureusement que je suis favorite de ma tante Victoire, qui est plus simple ; — pour la tante Sophie, elle n’a pas changé ; c’est au fond, j’en suis sûre, une âme d’élite, mais elle a toujours l’air de tomber des nues : elle restera quelquefois des mois sans ouvrir la bouche, et je ne l’ai pas encore pu voir en face… » Cette tante Sophie, qu’on ne pouvait voir en face et qui était si habile à se dérober, est bien celle dont Mme Campan a dit que « pour reconnaître, sans les regarder, les gens qui étaient sur son passage, elle avait pris l’habitude de voir de côté à la manière des lièvres.

151. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Ces deux événements, ces deux succès, très-sensibles parce qu’ils ont éclaté au théâtre, et dans les circonstances les plus propres à les faire ressortir, ne sont au reste qu’une indication de ce qui se passe ailleurs et à côté dans toute l’étendue d’une certaine couche sociale : en religion, politique, arts, modes et costumes, réaction sur toute la ligne. […] Des Préaux s’y connaît en vers mieux que moi. » Aujourd’hui que ce genre de déférence et de patronage va peu à nos idées, que dans les conditions actuelles il courrait risque d’être peu accepté des hommes de talent, que tout poëte dirait volontiers tout d’abord au maître, s’il y en avait un : « Je m’y connais en matière d’État mieux que toi ; » et que, de leur côté, des gouvernants illustres, et en général capables sur tout sujet, vaquent à beaucoup de choses qu’ils croient plus essentielles que le soin des phrases, lesquelles ils manient eux-mêmes à merveille, qu’arrive-t-il et que voit-on ? […] Comme je ne me pique pas le moins du monde d’être agréable aujourd’hui, je dirai, même aux dames, toute ma pensée : « Tout le monde (c’est La Bruyère qui parle)185 connoît cette longue levée qui borne et qui resserre le lit de la Seine, du côté où elle entre à Paris avec la Marne qu’elle vient de recevoir : les hommes s’y baignent au pied pendant les chaleurs de la canicule ; on les voit de fort près se jeter dans l’eau, on les en voit sortir, c’est un amusement. […] Le vrai y est sans cesse à côté et à la merci du faux ; à un très-petit nombre d’exceptions près, l’éloge s’y achète, l’insulte y court le trottoir, l’industrie y trône en souveraine. […]  — Cette citation aurait très-bien pu trouver place précédemment, dans le post-scriptum qui termine l’article Eugène Sue, tome II, page 91. — Il y a une jolie épigramme de Paul le Silentiaire, qui confine d’assez près à la pensée de La Bruyère, la voici : c’est sur un bain public où il y avait séparément le côté des hommes et le côté des femmes : « Tout proche est l’espérance de l’amour, mais il n’y a pas moyen de le satisfaire : une toute petite porte suffit pour arrêter la grande Vénus.

152. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

C’est, je crois, Machiavel qui l’a dit : « Les hommes qui, par les lois et les institutions, ont formé les républiques et les royaumes, sont placés le plus haut, sont le plus loués après les dieux. » Napoléon est l’un de ces mortels qui, par la grandeur des choses qu’ils conçoivent et qu’en partie ils exécutent, se placeraient aisément dans l’imagination primitive des peuples presque à côté des dieux. […] Il laisse le temps à l’ennemi de le tâter et de sentir le côté faible par où le fer, en appuyant, pourrait entrer. […] Laissons de côté ce qui tient à la grandeur d’imagination et de poésie : le grand rôle politique définitif restera aux Pitt et aux Wellington, à ces opiniâtres temporisateurs. […] Rassuré du côté du Nord et se sentant au moins quelques mois devant lui du côté du Danube, Napoléon, avec une masse de forces, se porte sur l’Espagne en novembre 1808, afin de venger l’affront de Baylen et de relever l’ascendant de ses armes. […] L’ennemi, par son peu de consistance et son imprévu, ne répondait pas aux plus savantes manœuvres, ne rendait pas du côté où le grand adversaire s’y serait attendu.

153. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Le Brun, qui avait dans le talent des côtés grandioses, et de qui l’instinct lyrique cherchait partout autour de lui des sujets, saisit avidement celui qui lui permettait d’évoquer l’Ombre de Corneille, et de la mettre en face de Voltaire. […] Dès lors, toutefois, des circonstances fâcheuses se mêlèrent à cette action digne, et vinrent trahir les côtés faibles du caractère de Le Brun. […] « Le Brun-Pindare entre ; on lui ôte sa poudre, on défait ses boucles de côté, et je lui ajuste sur la tête, dit Mme Le Brun, une couronne de laurier, avec laquelle je venais de peindre le jeune prince Henri Lubomirski en Amour de la Gloire. […] Le Brun, vieillissant et presque aveugle, avait obtenu du gouvernement un logement au Louvre en face le pont des Arts, tout à côté du peintre David. […] C’est par ce seul côté qu’il subsiste et qu’il mérite aujourd’hui le regard.

154. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Ces nuages s’obscurcissent, s’épaississent, descendent et vont couvrir le haut d’une fabrique qui occupe le côté droit de la scène, s’enfonce dans le tableau et fait face au côté gauche ; c’est un hôpital, partie importante du local dont il est difficile de se faire une idée nette, même en la voyant. […] La troisième accroupie tout à fait au bord du massif, les bras élevés, les mains jointes, implore de son côté. […] Votre ste Geneviève est bien posée, bien dessinée, bien coloriée, bien drapée, bien en l’air, elle ne fatigue point ces nuages qui la soutiennent ; mais je la trouve, moi et beaucoup d’autres, un peu maniérée. à son attitude contournée, à ses bras jettés d’un côté et sa tête de l’autre, elle a l’air de regarder Dieu en arrière et de lui dire par-dessus son épaule : " allons donc, faites finir cela, puisque vous le pouvez. […] Cependant la draperie de cette maussade figure est bien jettée, et dessine bien le nu, ce bras gourd est de bonne couleur et bien empâté, il est seulement un peu équivoque et semble appartenir à la figure verte qui est à côté. […] Le miracle des ardens de Doyen n’est pas irrépréhensible de ce côté : la ligne de liaison y est enfractueuse, pliée, repliée, tortillée.

155. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

. — Aux États-Unis, tout espoir d’un accommodement entre la Caroline du Sud et le Congrès n’est pas évanoui ; on se prépare pourtant des deux côtés, comme pour une lutte sanglante, et les milices sont sous les armes. […] Le côté amoureux, mystique et insinuant du saint-simonisme est assez fidèlement rendu ; le côté politique et économique n’est pas même soupçonné. […] Barehou ; nous tâcherons peut-être de revenir quelque jour sur l’auteur lui-même, en l’abordant cette fois comme le père d’Hébal, par le côté personnel et plus vivant, et en insistant sur les mérites de l’écrivain.

156. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

… Et c’est ainsi que, dès le commencement de ces Études, — qui, si elles ne nous racontent pas et ne nous expliquent pas clairement et péremptoirement, comme elles devraient le faire, les civilisations et leurs origines, et leurs développements et leurs disparitions, ont au moins la prétention de les éclairer par quelque côté, — l’auteur, si ferme aux premiers mots, défaille tout à coup sous le principe qu’il a soulevé et qui fait craquer sa faiblesse. […] Au regard d’esprits plus préoccupés des choses intellectuelles que des choses morales dans l’histoire, il y a certainement dans quelques-unes de ces sociétés américaines des côtés formidables et brillants que tous les adorateurs de la force doivent admirer et même avec terreur, ce qui est pour la lâcheté humaine le dernier degré de l’admiration ! […] Misérables civilisations, après tout, qui, là où, comme chez les Incas, elles furent le plus brillantes, n’étaient guères que des Barbaries, avec quelques côtés splendides, telles qu’elles le furent partout dans le monde idolâtre. […] A côté de celle-là, toutes les autres civilisations disparaissent, ou plutôt elles apparaissent toutes, et même celles que les esprits comme Faliés estiment les plus grandes, comme des Barbaries plus ou moins glorieuses, plus ou moins savantes, plus ou moins artistes, mais, au fond, sous cette fleur de gloire, de science ou d’art, d’épouvantables Barbaries.

157. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

., avec la tuméfaction à la tête de l’orgueil, — car l’orgueil est hydrocéphale, — que l’esprit humain va de ce côté ; que l’avenir, ô bonheur du ciel mis sur la terre ! […] Edgar Poe, par exemple, s’il avait tourné son génie de ce côté, aurait peut-être pu écrire une histoire littéraire. […] Il pense trop à côté, et ce qu’il pense à côté est ce qu’il estime le plus de sa pensée, il a voulu, ce benthamiste, faire de l’histoire utile ; mais son utilitarisme a été trompé.

158. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Dans les chapitres de son livre, qui n’a que des chapitres et dont l’unité n’existe que dans la personnalité très particulière de l’auteur, ceux-là qui sont intitulés : La Lumière et la Foule, Les Ténèbres et la Foule, Les Sables mouvants, Les Préjugés, Les Caractères, Les Passions et les Âmes, La Charité intellectuelle, sont de ces choses qu’il est difficile dénommer, parce qu’elles n’ont pas d’analogue en littérature… Le côté que j’oserai appeler le côté divin de cette critique, échappera sans nul doute à ceux qui ont le mépris insolent et bestial du mysticisme de l’auteur. Mais le côté humain ravira tout le monde, même les ennemis de ce mysticisme, s’ils ont quelque race et quelque aristocratie intellectuelle. […] Hello serait franchement et chaudement admirée — je n’en doute pas — si elle y était seule, et si elle n’avait pas à côté d’elle une autre puissance, qui paraît aux sagesses de ce siècle une infirmité.

159. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Les esprits qui se disent positifs et qui, le plus souvent, ne sont que grossiers, parlent beaucoup des faits, — et c’est même la dernière malhonnêteté du matérialisme contre la pensée, — mais les faits, quelque respect qu’on ait pour eux, ne sont, après tout, que le côté accidentel ou pittoresque de l’histoire, c’est-à-dire, en soi, une chose nécessaire, mais inférieure. […] Et, nous le répétons, il est instant de le dire distinctement et fort haut, car la tendance du siècle n’est pas de ce côté, mais du côté contraire. […] Il voulut être enterré à Grenade, à côté d’Isabelle de Castille, et la royale sépulture de Poblet, où nous avons conduit tant d’illustres cendres, vit clore définitivement le rôle qu’elle avait joué sous les comtes de Barcelone et les rois d’Aragon. » C’est alors que l’historien ajoute : « Ce n’est pas sans raison que nous avons pris soin de suivre les rois et les comtes dans leur dernier asile.

160. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Son mérite le plus net, à nos yeux, le plus grand honneur de sa pensée, c’est d’avoir ajouté à une preuve infinie ; c’est, après tant de penseurs et d’apologistes, qui, depuis dix-huit cents ans, ont dévoilé tous les côtés de la vérité chrétienne, d’avoir montré, à son tour, dans cette vérité, des côtés que le monde ne voyait pas ; c’est, enfin, d’avoir, sur la Chute, sur le Mal, sur la Guerre, sur la Société domestique et politique, été nouveau après le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, ces imposants derniers venus ! […] Il mourut, en effet, quelque temps après qu’il eut fini ce livre qu’on mettra désormais entre les Soirées de Saint-Pétersbourg et les Recherches philosophiques de l’auteur de la Législation primitive — à côté, mais un peu au-dessous des Soirées ; à côté des Recherches, mais aussi un peu au-dessus.

161. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Intermédiaire entre ceux qui écrivent et ceux qui lisent, mais avant tout marchande comme son époque, elle ne tient compte que des profits à faire et elle ne se préoccupe plus du côté élevé de sa fonction et de l’influence très légitime qu’elle pourrait exercer sur l’esprit de son temps et sur son expression, la littérature. […] » Limayrac se fait une réponse beaucoup trop aimable pour Brillat-Savarin, qui est le dieu de l’esprit aux yeux des gens vulgaires, et dont la réputation s’en ira du même côté que celle de Berchoux, qui est partie. […] Cependant nous n’aurions point écrit : « Il y a tout un côté de Balzac qui procède de Beyle. […] Sa Physiologie du mariage — une gaîté et presque une fredaine de sa forte et sanguine jeunesse, une corde agacée de cette lyre aux sept cordes qu’il devait briser sous sa main, — ne descend point en ligne droite de l’Amour de Beyle-Stendhal, mais en spirale, comme un vol d’aigle, de cette Fantaisie que Balzac portait dans sa tête, à côté des plus augustes, des plus calmes, des plus impériales facultés.

162. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Wallon »

» Nous avons décrit la manœuvre de cette polémique contre un homme, et, quoique nous reconnaissions que Wallon ait eu raison de nier dans Cousin la bonne foi intégrale, l’impersonnalité, la solidité, la découverte, c’est-à-dire tout le génie philosophique d’un seul coup, nous n’aimons pas, nous l’avouerons, cette méthode, qui surfait un homme par tous les côtés pour l’affamer et le tuer par le côté qui est toute la prétention de sa vie. […] Pour cela, elle a gropé à côté du récit de Wallon, composé sur les documents les plus authentiques du xve  siècle, tout ce qui, dans les divers genres d’expression, pouvait ajouter à la version de l’historien et l’encadrer et le repousser avec le plus d’éclat.

163. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

C’est un des beaux côtés de la noblesse, qu’on n’y fuit pas la pauvreté. […] J’avais un côté sculptural et plastique, j’ai été obligé de le renfoncer. […] Il a bien, à son côté, Sancho qui est la Raison, le Bon Sens, mais il le laisse en arrière. […] Elle souffre du ventre affreusement, ne peut se remuer, ne peut se tenir couchée sur le dos ou le côté gauche. […] Dans les entractes du théâtre, il s’en va chez un grand pharmacien qui est à côté.

164. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Par deux côtés, donc, elle appelait un contrepoids. […] Ils se rattachaient à la religion établie, qui trouvait tout naturel de les avoir à côté d’elle. […] Le Bouddhisme, plus savant d’un côté, est plus mystique encore de l’autre. […] Laissons de côté, pour le moment, leur christianisme, et considérons chez eux la forme sans la matière. […] Alors, des mots tels que mécanisme et instrument évoquent des images qu’il vaudra mieux laisser de côté.

165. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Roslin  » pp. 149-150

Le roi et sa suite occupent tout un côté du tableau ; la Ville et ses officiers occupent l’autre côté.

166. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Rosny ajoute que les deux frères ne pouvaient se faire la guerre, c’est-à-dire travailler, chacun de leur côté, et que cela l’a décidé à lui donner l’hospitalité dans son talent. […] Elle est émerveillée de la connaissance que j’ai de la femme, et me cite le passage, où je décris le côté ankylosé que prenait le côté droit ou le côté gauche de la Faustin, quand ce côté se trouvait près d’un embêtant, déclarant qu’elle sent en elle, comme une dilatation de son être près d’une personne sympathique. […] Bientôt arrive Coppée, qui vient de Combs-la-Ville, d’un petit village de l’autre côté de la forêt de Senart, où il a loué cette année. […] Mardi 6 octobre Trois jours avec une affreuse douleur dans le côté. […] Et il fait la remarque que, tous les ans, il se fait à peu près 80 000 filles, et que sur ces 80 000, il en surnage à peu près une quarantaine parmi les régnantes à Paris, et qui ne sont pas des femmes de Paris, parce qu’il existe toujours chez ces dernières, un côté gavroche, un côté blagueur qui embête le miché, en général un être officiel : « Oui, fait mon causeur, oui, ces régnantes sont seulement des femmes, nées en province, apportant un côté domestique, et toutes prêtes à dire : « Monsieur le Comte » à l’homme avec lequel elles couchent. » Ce soir dîner pour la pendaison de la crémaillère, chez le jeune ménage Daudet.

167. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Lorsqu’ils furent sortis du palais tout affligés, Chalciope, se gardant de la colère d’Éétès, eut hâte de rentrer dans sa chambre avec ses fils ; et Médée aussi, de son côté, se retira : elle agitait en elle tout ce que les Amours soulèvent de chers intérêts dans une âme. […] Chalciope de son côté, saisie de crainte pour ses enfants qui sont devenus suspects au roi son père, fait en ceci cause commune avec les étrangers, et a déjà songé à implorer sa sœur. […] Avec elle montèrent de chaque côté deux suivantes. […] « Ainsi parla-t-il en la glorifiant, et elle, jetant les yeux de côté, elle souriait d’un sourire délicieux ; le cœur lui nageait au dedans, tout enlevée qu’elle était par la louange, et elle finit par le regarder en face. […] Et mets quelque complaisance à me dire où sont tes palais et de quel côté tu vas te diriger d’ici avec ton vaisseau à travers les mers.

168. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Consalvi de son côté est conduit à Civita-Vecchia. […] Cette position empêchait qu’on ne s’aperçût de son côté faible : il avait à peu près perdu l’usage des jambes, et il ne pouvait marcher que soutenu par deux bras robustes. […] Je me précipitai à ses pieds ; je les baignai de larmes ; je lui racontai tout ce qu’il m’en coûtait pour le revoir, et combien je souhaitais de rester à ses côtés pour le servir, l’assister et partager son sort. […] Le cardinal (Maury) ayant approfondi toutes ces observations, chercha de son côté comment on parviendrait à faire goûter au chef du parti Mattei et le plan qu’il venait d’imaginer et Chiaramonti, l’objet de ce plan. […] L’élection faite, tous les cardinaux assis dans les stalles situées du côté où se tenait Chiaramonti se retirèrent du côté opposé, le laissant seul, selon l’usage, en signe de respect.

169. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Leur exemple fut imité d’une foule de seigneurs, d’évêques, tant en Champagne qu’en l’Île-de-France, en Picardie, en Touraine, en Flandre et de tous côtés. […] Au bout d’un an, vers le mois de juin 1202, ceux des croisés qui furent fidèles au rendez-vous de Venise (car un grand nombre ne le furent pas, et chacun tirait de son côté), ceux-là qui tinrent la convention première, ne purent fournir aux Vénitiens toute la somme promise. […] Voilà le côté politique et prudent ; mais l’autre côté généreux et grandiose, je ne le dissimulerai pas, comme l’ont trop fait dans leurs divers récits des écrivains raisonnablement philosophes : la grandeur du courage et l’héroïsme, ce sont là aussi des parties réelles qui, même après des siècles, tombent sous l’œil de l’observation humaine. […] Les navires approchent, et lancent avec des machines, de dessus leur tillac, des bordées de pierres ; arbalètes et flèches pleuvent de tous côtés ; on essaye d’appliquer des échelles ; mais les galères ne savaient et n’osaient prendre terre.

170. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Molé devait tôt ou tard laisser voir sa faiblesse au sein des Chambres, pourquoi devancer l’heure, brusquer l’opinion et former contre lui cette entreprise générale où l’on apporta pour l’abattre le feu et la hache, comme s’il s’agissait d’un grand chêne, et comme si la nouvelle monarchie elle-même, tout à côté, était assez enracinée déjà pour n’en pas ressentir le contrecoup ? […] Ce fut, à s’en tenir à l’intérieur de la lice et à ne pas regarder aux conséquences du dehors, un tournoi des plus satisfaisants, un assaut brillant et des mieux conduits : d’un côté, tous les princes de la parole, tous les chefs de file des nuances de l’opposition et des couleurs même les plus contraires, avec un major-général plus actif, plus infatigable que ne le fut jamais le prince Berthier, et qui allait donnant le mot d’ordre dans tous les rangs15 : ce mot d’ordre, c’est qu’on n’avait pas le gouvernement parlementaire dans sa force et dans sa vérité ; car remarquez que, tant qu’on a eu en France ce gouvernement, ceux mêmes qui le regrettent le plus hautement aujourd’hui niaient qu’on le possédât tel qu’il devait être et allaient criant partout : « Nous ne l’avons pas ! » — D’un côté donc tous ces chefs, et de l’autre M.  […] Guizot, préoccupé des dangers dont toutes les communions chrétiennes et le christianisme lui-même sont menacés par le redoublement d’efforts et d’attaques de la philosophie, estime que l’heure est venue de se comporter comme on ferait « dans une place assiégée », quand l’étranger et l’ennemi est aux portes : il conseille, en conséquence, à toutes les communions chrétiennes de s’unir pour la défense commune, en mettant de côté leurs querelles et leurs différends. […] Guizot ignore-t-il que, dans une telle conjoncture, et par le seul fait d’un rapprochement avec Rome, le signe arboré sur la cité et sur l’église menacée ne serait pas la Croix pure et simple, et qu’il y aurait tout à côté l’image de la Vierge sous l’invocation de l’immaculée Conception ?

171. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Chacun de son côté travaille, et travaille opiniâtrement. […] Voilà le petit côté, Mme de Graffigny nous le fait toucher à nu, mais sans l’exagérer, et en reconnaissant d’ailleurs à Voltaire ses qualités vives, irrésistibles, et, malgré tout, aimables. […] J’ai dit que Mme de Graffigny, en vraie curieuse et caillette, écrivait tout ce qu’elle voyait et entendait à son ami Devaux, autre caillette, qui en parlait, de son côté, aux gens de Lorraine. […] Après avoir vu, en entrant, le seul côté lumineux, Mme de Graffigny ne voit plus, en sortant, que le côté sombre.

172. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Sa jambe gauche est beaucoup plus longue que la droite, et il se sert moins facilement de tout le côté droit que du côté gauche. […] La conclusion prudente et toute politique du baron de Dietrichstein était : « Don Carlos est un prince infirme et faible ; mais, en revanche, il est le fils d’un puissant monarque. » Les envoyés vénitiens, ces grands diplomates qui se trouvent être aussi de grands peintres, écrivaient de leur côté à leur Sénat, avec encore moins de façons et d’ambages : « Le prince don Carlos est très petit de taille. […] La reine Elisabeth accoucha vers ce temps et lui prouva qu’il y avait à espérer de ce côté une nouvelle tige féconde. […] La vérité, pour qui sent et réfléchit, est que ce père dur et farouche, quoique ayant eu raison au fond dans le jugement définitif et péremptoire qu’il porta de son fils, est très peu intéressant, et le fils, de son côté, on doit l’avouer, ne l’est pas davantage. […] De ce côté la poésie elle-même n’a plus que la vérité pour ressource.

173. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Scribe donnait seul son premier opéra-comique, la Chambre à coucher ; mais, de ce côté, la suite ne répondit pas aussitôt à cet heureux début. […] Et d’ailleurs il y en a d’autres à côté, de meilleur aloi, naturelles, appropriées ; car, chez M. […] tout ce mouvement soi-disant historique et romantique au théâtre et à côté du théâtre, tout ce travail estimable, ingénieux, qui a rempli et animé les dernières années de la Restauration, M. […] Scribe l’a fait ici et n’a montré qu’un côté ; il a poussé au piquant, et il y a atteint. […] Scribe, en mettant à la scène les grands effets en politique produits par les petites causes, avait à lutter tout à côté contre une concurrence presque pareille, contre les grandes causes produisant avec éclat de bien petits effets.

174. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Le peuple, sans doute, composé de la masse des laboureurs, ouvriers, soldats, marchands, écrivains, est à ses yeux « la plus imposante de ces réalités manifestées par la Révolution » ; mais la royauté, de son côté, est une chose essentielle : La royauté d’abord ! […] C’est par ce côté visible de son génie que Bonaparte, en tout ce qu’il a fait, s’est donné le peuple même pour juge… Il trouve particulièrement tous ces caractères de beauté soudaine et manifeste à la campagne de 1814. […] Eût-on réussi jamais à le fixer du côté du gouvernement ? […] La question belge commence à le préoccuper : il croit de ce côté à la guerre, il y compte. […] Il est question tout à côté, avec une sorte d’affection, de notre jeune royauté consentie.

175. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

L’art, qui cherche en définitive à nous faire sympathiser avec les individus qu’il nous représente, s’adresse ainsi aux côtés sociaux de notre être ; il doit donc aussi nous représenter ses personnages par leurs côtés sociaux. » Le héros en littérature est avant tout un être social : « soit qu’il défende, soit même qu’il attaque la société, c’est par ses points de contact avec elle qu’il nous intéresse le plus. » Guyau montre que les grands types créés par les auteurs dramatiques ou les romanciers de premier ordre, et qu’il appelle « les grandes individualités de la cité de l’art », sont à la fois profondément réels et cependant symboliques : Hamlet, Alceste, Faust, Werther, Balthazar Claëtz. […] L’art moderne doit être fondé sur la notion de l’imparfait, comme la métaphysique moderne sur celle du relatif. » Le progrès de l’art se mesure en partie, selon Guyau. à l’intérêt sympathique qu’il porte aux côtés misérables de la vie, à tous les êtres infimes, aux petitesses et aux difformités : « C’est une extension de la sociabilité esthétique. » Sous ce rapport, l’art suit nécessairement le développement de la science « pour laquelle il n’y a rien de petit, de négligeable, et qui étend sur toute la nature l’immense nivellement de ses lois ». […] Le réalisme bien entendu en est juste le contraire, car « il consiste à emprunter aux représentations de la vie habituelle toute la force qui tient à la netteté de leurs contours, mais en les dépouillant des associations vulgaires, fatigantes et parfois repoussantes. » Le vrai réalisme consiste donc à dissocier le réel du trivial ; c’est pour cela qu’il constitue un côté de l’art si difficile : « il ne s’agit de rien moins que de trouver la poésie des choses qui nous semblent parfois les moins poétiques, simplement parce que l’émotion esthétique est usée par l’habitude. Il y a de la poésie dans la rue par laquelle je passe tous les jours et dont j’ai, pour ainsi dire, compté chaque pavé, mais il est beaucoup plus difficile de me la faire sentir que celle d’une petite rue italienne ou espagnole, de quelque coin de pays exotique. » Il s’agit de rendre de la fraîcheur à des sensations fanées, « de trouver du nouveau dans ce qui est vieux comme la vie de tous les jours, de faire sortir l’imprévu de l’habituel ;  » et pour cela le seul vrai moyen est d’approfondir le réel, d’aller par-delà les surfaces auxquelles s’arrêtent d’habitude nos regards, d’apercevoir quelque chose de nouveau là où tous avaient regardé auparavant. « La vie réelle et commune, c’est le rocher d’Aaron, rocher aride, qui fatigue le regard ; il y a pourtant un point où l’on peut, en frappant, faire jaillir une source fraîche, douce à la vue et aux membres, espoir de tout un peuple : il faut frapper à ce point, et non à côté ; il faut sentir le frisson de l’eau vive à travers la pierre dure et ingrate. » Guyau passe en revue et analyse finement les divers moyens d’échapper air trivial, d’embellir pour nous la réalité sans la fausser ; et ces moyens constituent « une sorte d’idéalisme à la disposition du naturalisme même ». […] En outre, on n’est jamais sûr de trouver chez les autres les vertus ou l’honnêteté qu’on désirerait ; il en résulte qu’on craint d’être dupe, et on hurle avec les loups. » Pourtant, il ne faut pas exagérer cette part de la compétition dans relations sociales : « il y a aussi, de tous côtés, coopération.

176. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

En s’approchant de cette statue qui devient tout à coup colossale, sans doute on est étonné, on conçoit l’édifice beaucoup plus grand qu’on ne l’avait d’abord apprécié ; mais le dos tourné à la statue, la puissance générale de toutes les autres parties de l’édifice reprend son empire, et restitue l’édifice grand en lui-même, à une apparence ordinaire et commune : en sorte que d’un côté chaque détail paraît grand, tandis que le tout reste petit et commun ; au lieu que dans le système contraire d’irrégularité, chaque détail paraît petit, tandis que le tout reste extraordinaire, imposant et grand. […] Mais laissant de côté les difformités naturelles, pour ne s’attacher qu’à celles qui sont nécessairement occasionnées par les fonctions habituelles, il me semble qu’il n’y a que les dieux et l’homme sauvage, dans la représentation desquels on puisse s’assujettir à la rigueur des proportions ; ensuite les héros, les prêtres, les magistrats, mais avec moins de sévérité. […] Mais si c’est le portrait de la lingère du coin que vous ayez fait : un comptoir, des pièces de toile dépliées, une aune, à ses côtés quelques jeunes apprenties, un serin avec sa cage, voilà tout.

177. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

« Un doux éclat de soleil couchant — nous dit-il plus loin, avec ce sentiment de poète qui sent la poésie dans les autres, — rayonne de l’âme de Hebel, pure et tranquille, et teint de rose toutes les hauteurs qu’il fait surgir. » Et Jean-Paul ajoute cette phrase mélodique et enchantée du ranz des vaches que son imagination pastorale jouait toujours : « Hebel embouche d’une main la trompe alpestre des aspirations et des joies juvéniles, tout en montrant, de l’autre, les reflets du couchant sur les hauts glaciers, et commence à prier quand la cloche du soir se met à sonner sur les montagnes. » De son côté, Goethe, ce grand critique, ce grand esprit lymphatique, ce Talleyrand littéraire qui fait illusion par la majesté de l’attitude sur la force de sa pensée, cet homme que l’on a cru un marbré parce qu’il en a la froideur, Goethe, ce blank dead, comme l’appelleraient les Anglais, ce système sans émotion et dont le talent fut à froid une combinaison perpétuelle, disait de cette voix glacée qui impose : « L’auteur des poésies allemaniques est en train de se conquérir une place sur le Parnasse allemand. Son talent s’incline de deux côtés différents. […] De l’autre côté, il s’applique à la didactique morale et à l’allégorie, mais là aussi la personnification lui vient en aide, et, de même que tout à l’heure il trouvait un esprit pour ses corps, de même il trouve ici un corps pour ses esprits.

178. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Je me suis arrêté sur le pont55 : la ville sombre des deux côtés, l’horizon brillant silencieusement, le reflet dans le fleuve, ont produit sur mon âme une impression délicieuse que j’ai retenue avec amour. […] Voilà le vrai du livre et son cachet immortel ; le reste, désespoir final, coup de pistolet et suicide, y a été ajouté par lui après coup pour le roman et pour la circonstance : c’est ce qui ressemble le moins à Goethe, et qui se rapporte à l’aventure de ce pauvre Jérusalem, le côté faux, commun, exalté, digne d’un amoureux d’Ossian, non plus d’un lecteur d’Homère3. […] Il s’appelle Werther, et vous expliquera lui-même ce qu’il est et ce qu’il a été. » Et le 27 août, avec ce tutoiement sentimental ou poétique qui nous étonne un peu, mais qui probablement n’a rien de choquant de l’autre côté du Rhin : « Ô Lotte ! […] On a sa première lettre de plainte à Goethe : « La ressemblance (avec Albert) ne porte, il est vrai, disait-il en terminant, que sur le côté extérieur, et, grâce à Dieu, seulement sur l’extérieur ; mais si vous teniez à l’y introduire, était-il donc nécessaire d’en faire un être aussi apathique ? […] [NdA] En France, nous n’avons longtemps connu Werther que par ce côté exagéré et faux.

179. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Et c’est un côté de la question que j’ai souvent abordé ailleurs. […] Ceux dont on est le plus fier ne valent que par leur ajustement à un côté et parfois à un côté passager ou insignifiant de la réalité. Les sentiments, les actes opposés s’adapteraient à un côté différent. […] Et nous retrouvons ici, par un autre côté, le problème de la vertu, examiné plus haut sous un angle différent. […] Et pourtant si l’homme pèche de quelque côté, il semble bien que ce soit moins par défaut d’impulsion que par manque de clairvoyance.

180. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

En laissant de côté toute la tentative dramatique immense, mais laborieuse et inachevée, en s’en tenant à la rénovation lyrique, il est difficile de ne pas convenir que celle-ci a fini par avoir gain de cause et par réussir. […] Alfred de Vigny et à qui il a, le premier, donné d’en haut le signal, cherchaient, un peu systématiquement eux-mêmes, à relever l’esprit pur, les tendances spiritualistes, à traduire les symboles naturels, à satisfaire les vagues élancements de l’être humain vers un idéal rêvé, de l’autre côté on s’est trop tenu sans doute à ce qui se voit, à ce qui se touche, à ce qui brille, palpite et végète sous le soleil. […] c’est pourtant ce qu’on voulait et ce qu’on osait ; et si l’on n’a pas réalisé tout cela, on a du moins le droit de mettre le résultat à côté du vœu, et l’on peut, sans trop rougir, confronter le total de l’œuvre avec les premières espérances. […] Et c’est ainsi qu’au déclin d’une école et quand dès longtemps on a pu la croire finissante, quand de ce côté la prairie des muses semble tout entière fauchée et moissonnée, des talents inégaux, mais distingués et vaillants, trouvent encore moyen d’en tirer des regains heureux et de produire quelques pièces presque parfaites qui iraient s’ajouter à tant d’autres dans la corbeille, si un jour on s’avisait de la dresser, — dans la couronne, si l’on s’avisait de la tresser —, d’une anthologie française de ce siècle.

181. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Et pourtant, de 1660 à 1750, lorsqu’on voulait citer aux Anglais rebelles et agités le modèle d’un peuple soumis et tranquille, on venait le chercher de ce côté-ci du détroit. […] Voltaire, de son côté, veut faire des tragédies tragiques, qui arrachent le cœur au lieu de l’effleurer. […] Théophile Gautier l’a décrit avec amour48 : « Ce nez invraisemblable se prélasse dans une figure de trois quarts, dont il couvre entièrement le petit côté ; il forme sur le milieu une montagne qui me paraît devoir être, après l’Himalaya, la plus haute montagne du monde ; puis il se précipite vers la bouche qu’il obombre largement, comme une trompe de tapir, ou un rostre d’oiseau de proie ; tout à fait à l’extrémité, il est séparé en deux portions… Cela fait comme deux nez distincts, dans une même face, ce qui est trop pour la coutume… » Les gens de lettres sont alors riches en particularités comiques du même genre. […] C’est, d’un côté, Charles VI, un fou couronné, avec son entourage fertile en modes bizarres, en mascarades macabres, en équipées, en désordres, en violences de toute espèce.

182. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Les hommes les plus divers, les plus contraires parfois, adhéreront par des côtés inattendus, et dans ces adhérences éclatera l’impérieuse logique du progrès. […] L’apostolat, étant un acte de volonté, touche d’un côté à la liberté, et, de l’autre, étant une mission, touche par la prédestination à la fatalité. […] On pourrait dire : Dieu est éteint de ce côté-là ! […] Les aurores à côté des aurores, le renouvellement indéfini des météores, les mondes par-dessus les mondes, le passage prodigieux de ces étoiles incendiées qu’on appelle comètes, les génies, et puis les génies, Orphée, puis Moïse, puis Isaïe, puis Eschyle, puis Lucrèce, puis Tacite, puis Juvénal, puis Cervantes et Rabelais, puis Shakespeare, puis Molière, puis Voltaire, ceux qui sont venus et ceux qui viendront, cela ne te gêne pas.

183. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

« Comme un aigle qu’on voit toujours, soit qu’il vole au milieu des airs, soit qu’il se pose sur le haut de quelque rocher, porter de tous côtés ses regards perçants, | et tomber si sûrement sur sa proie qu’on ne peut éviter ses ongles non plus que ses yeux ; | aussi vifs étaient les regards, aussi vite et impétueuse était l’attaque, aussi fortes et inévitables, | étaient les mains du prince du Condé. » Au point de vue de la tenue de l’haleine, il faut scander, je crois, comme j’ai fait ; mais au point de vue de l’harmonie expressive il faut accentuer les mots airs, rocher, perçants, proie, yeux, regards, attaque et inévitables, et alors nous voyons que les choses sont peintes par les mots, et c’est-à-dire, ici, par le rythme général, par les sonorités et par les silences. […] Les nuages y paraissent sans couleur et la joie même y est un peu triste ; mais des fontaines d’eau froide y sortent des rochers et les yeux des jeunes filles y sont comme ces vertes fontaines où, sur des fonds d’herbes ondulées, se mire le ciel. » Je laisse de côté l’effet de peinture qui est étonnant ; mais j’appelle l’attention sur l’effet rythmique ; il est dans l’opposition, légère du reste, et qu’il serait inepte de marquer comme un contraste, mais dans l’opposition cependant, des sons étouffés, sourds, des tons tristes « mousses marines… au fond des baies solitaires…, nuages sans couleur » et des sons plus clairs, plus chantants, sans avoir rien d’éclatant, de triomphant ni de sonore, « yeux de jeune fille…, vertes fontaines. ., se mire le ciel ». […] Ouvrez La Fontaine n’importe où ; aussi bien c’est ce que je viens de faire ; et lisez à demi-voix : Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au soleil exposé… sons lourds, sourds, durs, rudes, compacts, sans air ; car il n’y a pas de muets ; sensation d’accablement. […] et il dira aussi : Lui, sans aucun effroi, comme maître paisible, Jetait dans les sillons cette semence horrible, D’où s’élève aussitôt un escadron armé, Par qui de tous côtés il se trouve enfermé, Tous n’en veulent qu’à lui, mais son âme plus fière, Ne daigne contre eux tous s’armer que de poussière.

184. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Après y avoir apaisé une première curiosité de jeunesse par des découvertes admirables, il en sentit le côté aride, et il l’abandonna. […] Comptez, au contraire, ceux qui, ayant à lutter contre les difficultés de la vie, mal partagés du côté des biens réels ou d’opinion, pauvres, souffrants, trouveraient de quoi se consoler dans une croyance philosophique, fruit du raisonnement, et que le raisonnement aurait bientôt ruinée, si l’instinct ne lui venait en aide ! […] Quel gémissement égalera cette parole qui lui échappera un jour : « Il n’y a de certitude que dans la religion, et la religion n’est pas certaine. » Le doute assiège de tous côtés Pascal. […] La méthode des Provinciales y rend tout vraisemblable ; on sent que la bonne cause doit être du côté où sont les meilleures armes, et qu’il n’est pas possible qu’un esprit qui se sert de moyens si droits ne s’en serve pas pour la vérité. […] Tout homme de parti, s’il peut être vrai avec lui-même, se reconnaîtra dans le bon père jésuite ; s’il ne s’y voit pas, il y verra du moins son contradicteur du côté opposé.

185. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Les artistes, de leur côté, ont besoin de comprendre ce qu’il y a de naturel et de nécessaire dans toutes ces attitudes et tous ces mouvements qu’ils ont à saisir et à reproduire. […] Un des exemples les plus frappants de l’hérédité est l’action de découvrir la canine d’un seul côté de la bouche, comme font les chiens qui découvrent la canine voisine de leur ennemi. […] Chez le chien, chez le chat, la mobilité de la queue la rend capable de fournir, dès l’origine, l’indication du sentiment naissant ; la plus ou moins grande élévation de la queue est un signe de plaisir, les battements qu’elle exécute de côté sont un signe d’inquiétude. […] Reprenons donc le problème du côté psychologique, et essayons de remonter ainsi jusqu’à l’effet premier de l’émotion agréable ou de l’émotion douloureuse. […] Les cellules cérébrales étant, en définitive, analogues à toutes les autres cellules, il est peu probable qu’elles n’aient pas aussi leur côté mental, c’est-à-dire ne soient pas le siège de sensations rudimentaires, d’émotions vagues et d’appétitions aveugles.

186. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Dans les considérations qui vont suivre, je ne me renfermerai pas dans les limites de la seule question de dispersion ; mais j’examinerai quelques autres faits qui tendent à bien établir de quel côté est la vérité entre les deux théories de création indépendante et de descendance modifiée. […] Si l’on compare d’un côté le nombre des coquilles terrestres propres à l’île de Madère, où les oiseaux tout particuliers de l’archipel des Galapagos, avec le nombre d’espèces appartenant à ces mêmes classes qui sont spéciales à un continent quelconque, et si d’autre côté on compare l’étendue de ce continent à l’étendue de ces îles, on voit ressortir la vérité de cette assertion. […] Des deux côtés de ce détroit les îles sont situées sur des bancs sous-marins d’une profondeur moyenne, et elles sont habitées par des quadrupèdes identiques ou étroitement alliés. […] Laissant de côté pour un moment les espèces autochtones qui ne peuvent être comprises ici avec justice, puisque nous avons à considérer comment elles se sont modifiées depuis leur arrivée, si nous examinons seulement ceux des habitants des Galapagos qu’on retrouve en d’autres parties du monde, nous trouvons des différences considérables entre les diverses îles. […] Mais, d’autre côté, il faut admettre aussi comme probable que la forme d’atavisme ou de réversion aux caractères des aïeux était très faible chez tous ces êtres nouvellement produits par une sorte de végétation spontanée ou d’enfantement de la planète.

187. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Préface de l’auteur »

Et le côté par où cette théorie semble froisser l’opinion commune passait alors au premier plan : nous aurions à nous appesantir sur les « paradoxes » de la théorie de la Relativité, sur les Temps multiples qui coulent plus ou moins vite, sur les simultanéités qui deviennent des successions et les successions des simultanéités quand on change de point de vue. […] Nous avons découpé dans la théorie de la Relativité ce qui concernait le temps ; nous avons laissé de côté les autres problèmes.

188. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Le garçon d’hôtel leur indique leurs places, à côté du jeune secrétaire d’ambassade : « Près d’un Français, nous ne voulons pas être empoisonnées !  […] C’est d’un côté une table en marqueterie, surmontée d’une corbeille en porcelaine, de l’autre une table portant un vase jaune impérial, fabriqué par Decker, duquel s’élance un palmier. […] À côté monte, sur son haut pied, un grand panier en vannerie, orné de nœuds de rubans, contenant les soies de la princesse, dans un fazzoletto rouge, rayé d’or. […] Ces deux grands tableaux, placés aux deux côtés de la porte de sortie, représentent tous deux des paons : l’un est de Philippe Rousseau, l’autre de Monginot. […] Ce côté de l’atelier est le côté de la peinture, du dessin.

189. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

La phrase : « l’arbre se dressait » évoque ainsi, à côté d’une image assez peu précise, le sentiment d’exaltation et d’aise que donne la pensée d’un puissant chêne debout sous les cieux. […] L’observateur, le spéculatif, le sentimental se heurtaient et le blessaient ; il fut ainsi de tous côtés à la fois, un exemple complet du pessimisme littéraire. […] Mettons de côté tout d’abord Edgar Poe dont la situation est spéciale. […] Villiers de l’Isle-Adam, a reproduit, à côté d’œuvres merveilleuses, de beauté décorative et religieuse, les ironies parfois que le conteur américain adressait à tout progrès moderne, et parfois aussi les complications sinistres dont il assombrissait ses histoires. […] Et, chose significative, les côtés par lesquels certains littérateurs français ressemblent à Heine, sont précisément ces façons étrangères de sentir.

190. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

L’autre, toujours porté par l’habitude, ne démêlerait au contraire dans une situation que le côté par où elle ressemble pratiquement à des situations antérieures. […] Nous les laisserons de côté, pour n’envisager que les idées générales fondées sur ce que nous appelons la perception des ressemblances. […] Ce qui nous intéresse dans une situation donnée, ce que nous y devons saisir d’abord, c’est le côté par où elle peut répondre à une tendance ou à un besoin : or, le besoin va droit à la ressemblance ou à la qualité, et n’a que faire des différences individuelles. […] On chercherait vainement, en effet, deux idées qui n’aient pas entre elles quelque trait de ressemblance ou ne se touchent pas par quelque côté. […] Notre corps, avec les sensations qu’il reçoit d’un côté et les mouvements qu’il est capable d’exécuter de l’autre, est donc bien ce qui fixe notre esprit, ce qui lui donne le lest et l’équilibre.

191. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

C’est par les mœurs habituellement, c’est par le côté du cœur et des passions que Massillon entame l’auditeur et qu’il s’applique à le rattacher à la foi et à la doctrine. […] Et tout à côté il retraçait le portrait du véritable et pur incrédule par doctrine et par théorie, le portrait de Spinoza qu’il noircit étrangement, dont il fait un monstre, mais en qui il touche pourtant quelques traits fondamentaux : Cet impie, disait-il, vivait caché, retiré, tranquille ; il faisait son unique occupation de ses productions ténébreuses, et n’avait besoin pour se rassurer que de lui-même. […] Créatures fragiles, êtres d’un jour, malgré les hautains progrès dont ils se vantent, malgré les ressources croissantes dont ils disposent, la mort est là qui les déjoue aujourd’hui comme au lendemain d’Adam, et qui les saisit dans leurs plans d’ambition, d’accomplissement ou d’attente, dans leurs rivalités, dans leurs espoirs de revanche et de représailles sur la fortune : « Nous nous hâtons de profiter du débris les uns des autres : nous ressemblons à ces soldats insensés qui, au fort de la mêlée, et dans le temps que leurs compagnons tombent de toutes parts à leurs côtés sous le fer et le feu des ennemis, se chargent avidement de leurs habits… » Mais ceci ne vient qu’après un grand et inépuisable mouvement d’éloquence sur la fuite et le renouvellement perpétuel des choses, un des plus beaux exemples de la parole humaine. […] On dit que Voltaire, en un temps, l’avait toujours sur sa table à côté d’Athalie. […] Un nouveau règne, un nouveau siècle, en effet, venait de naître : à côté des désordres qui faisaient irruption et scandale dans les mœurs publiques, une grande espérance se faisait sentir dans tout ce qu’il y avait d’âmes restées encore honnêtes.

192. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

La Motte est sceptique ; c’est un esprit froid, fin, sagace, qui pratique la maxime de Fontenelle et se défendrait de l’enthousiasme s’il pouvait en être susceptible ; il n’a rien à faire de son loisir et de son esprit qu’à l’appliquer indifféremment à toutes sortes de sujets auxquels il s’amuse : « Hors quelques vérités, pense-t-il, dont l’évidence frappe également tous les hommes, tout le reste a diverses faces qu’un homme d’esprit sait exposer comme il lui plaît ; et il peut toujours montrer les choses d’un côté favorable au jugement qu’il veut qu’on en porte. » Il se flatte que la dispute présente est du nombre de celles qui se prêtent à plus d’une solution ; il affecte de la considérer comme plus frivole qu’elle n’est, qu’elle ne peut le paraître à ceux en qui la raison se rejoint au sentiment et qui mettent de leur âme dans ces choses de goût. […] Tous deux ont cet avantage de si bien raisonner en gens d’esprit qui décomposent leur sujet et le traitent à faux ou à côté du vrai dans tous les sens, qu’ils vous impatientent, vous irritent et vous forcent, pour peu que vous ayez un esprit franc, à mieux raisonner, ou du moins à conclure mieux qu’eux. […] Son défaut principal dans cette réponse où il entre tant de bonnes raisons de détail, c’est de pencher tout entière d’un côté, de ne voir que l’Antiquité et rien de plus, de crier sur cette fin de Louis XIV à la décadence des lettres et à l’invasion de l’ignorance parce que la forme du savoir est près de changer, de croire « que c’est l’imitation seule qui a introduit le bon goût parmi nous », et de ne tenir aucun compte du génie naturel qui a mille façons de se produire dans la suite des âges et qui recommence toujours. […] Mme de Lambert, de son côté, remarquait que le moment était venu sans doute d’opérer le rapprochement : Le temps, ce me semble, disait-elle, y est propre. […] Quant à ce qui est de sa personne et de son caractère dans la société, un certain abbé Cartaud de La Vilate nous la représente sous une forme grotesque et ridicule qui ne fut jamais la sienne : « J’ai ouï dire, prétend-il facétieusement, à une personne qui a longtemps vécu avec elle, que cette savante, une quenouille à son côté, lui récita l’adieu tendre d’Andromaque à Hector avec tant de passion qu’elle en perdit l’usage des sens. » Ce sont là des exagérations et des caricatures sans vérité ; il ne faudrait pas croire que Mme Dacier fût devenue en vieillissant une demoiselle de Gournay, une sorte de sibylle qui représentait avec emphase et solennité le bon vieux temps.

193. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Le duc de Bourgogne tient naturellement une grande place, la plus grande, dans cette correspondance de Fénelon, en ces années, et c’est le côté aussi qui nous intéresse le plus ; c’est comme un jour à demi poétique et romanesque qui nous est ouvert sur l’histoire. […] Ces courtes entrevues si observées, et que chacun dévorait du regard, ont été peintes par Saint-Simon avec ce feu de curiosité et de mystère qu’il met à tout ce qu’il touche : il en a même un peu exagéré le dramatique, car, dans l’un des cas, il fait de Saumery, qui était à côté du prince, une sorte d’espion et d’Argus farouche, tandis que ce n’était qu’un ami et un homme très sûr. […] Ces générations plus jeunes et pleines de nouveaux désirs, qui souffraient impatiemment le long règne et la sujétion muette imposée par Louis XIV, devraient, ce semble, se tourner avec faveur du côté d’un héritier plus ou moins prochain qui s’annonce avec des maximes contraires ; mais loin de là : au lieu de cette faveur, elles n’ont que rage à l’avance et fureur de calomnie contre ce futur roi, parce qu’on le sait vertueux et religieux. […] Fénelon lui-même a été, comme son élève, une espérance ; il a pu paraître en politique une de ces lumières un peu flottantes que le souffle de l’opinion fait vaciller d’un côté ou d’un autre, selon qu’on aime à s’en emparer et à s’en décorer. […] Mais alors, et sans qu’il fût besoin de plus d’information, tous les gens sensés et honnêtes, les Fénelon, les Vauban, les Catinat, voient les défauts et cherchent, chacun de son côté, les remèdes dans des contrepoids, et dans le contrepied de ce qui est.

194. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Le soir même le roi dit à Racine, directeur de l’Académie, qu’il approuvait l’élection. » L’Académie française tient ainsi sa place et a son coin dans le journal de Dangeau à côté des chasses, des promenades royales, des loteries et des jeux de Marly, des nouvelles de guerre et d’église ; elle a son importance sociale. […] Mercredi 22 août, à Versailles. — J’appris que Saint-Ruth allait commander les troupes qu’on envoie dans les Cévennes et dans le Dauphiné, comme Asfeld commande celles qui sont en Poitou ; ce sera apparemment avec beaucoup de succès des deux côtés. […] Quelques-unes, plus rarement, prennent un caractère odieux : « Vendredi, 13 septembre 1686, à Versailles. — Le roi a donné à Lostange la confiscation des biens de son frère, qui est en fuite pour la religion5. » Puis, tout à côté, chez Dangeau, et sans qu’il y insiste, on a aussi l’idée des pertes que fait le royaume, et des résistances qu’on trouve en plus d’une âme : « Jeudi, 24 janvier 1686, à Versailles. — On eut nouvelles que du Bordage avait été arrêté auprès de Trelon, entre Sambre et Meuse : il voulait sortir du royaume avec sa famille. […] — On a fait brûler Spire, Worms et Oppenheim pour empêcher que les ennemis ne s’y établissent et n’en tirassent des secours et des commodités, en cas qu’ils veuillent attaquer quelqu’une des places que nous avons de ces côtés-là. […] Ce mélange de sacrifice à la Cour et de faste encore persistant, de chasses, de jeux de toutes sortes, dont on sait le nom et chaque partie soir et matin, tout ce train habituel et détaillé de Versailles, dont le côté frivole disparaît dans la haute tranquillité du monarque, compose une lecture qui n’est pas du tout désagréable, du moment qu’on y entre, et je me suis surpris à en désirer la suite. — C’est en avoir assez dit, je crois, et c’est rendre assez de justice à l’homme qui ressemble le moins à Tacite, mais qui cependant a son prix.

195. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Voiture, en homme d’esprit (et il avait bien autrement d’esprit proprement dit que Balzac, qui avait principalement du talent), ne songea point à lutter avec lui : il laissa ce provincial superbe et solennel croire qu’il régnait de sa maison d’Angoulême sur l’empire des lettres ; il lui rendit même hommage : quant à lui, il ne se piqua que de bien vivre, de vivre le plus agréablement, de conquérir la faveur des plus grands et des plus belles, et, tout en s’amusant à tous les étages, de s’épanouir par son côté précieux au centre de la vraie urbanité dans la plus douce lumière. […] Mais vous m’apprîtes qu’il n’y avait rien en votre personne ni à l’entour que vous ne connussiez avec une clarté merveilleuse, et que voyant à deux pas de vous la prison et la mort, et tant d’autres accidents qui vous menaçaient, et, d’autre côté, les honneurs, la gloire et les plus hautes récompenses, vous regardiez tout cela sans agitation et voyiez des raisons de ne pas trop envier les unes et de ne point craindre les autres. […] Je le considère avec un jugement que la passion ne fait pencher ni d’un côté ni d’autre, et je le vois des mêmes yeux dont la postérité le verra. […] Son ambition était du côté des femmes ; celle de Voltaire était partout ailleurs. […] Le prince de Condé disait de lui : « Si Voiture était de notre condition, on ne le pourrait souffrir. » Si Voiture était venu un siècle plus tard, on ne peut trop dire ce qu’il aurait fait, et de quel côté se serait tournée cette vocation décidée de réussir et de plaire.

196. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Ces soixante personnes en font autant de leur côté, de sorte que le lendemain l’arrêt se trouve promulgué dans tout Paris et la pièce jugée. […] Bonstetten, lui, n’a rien de cette ambiguïté, de cette odieuse condition d’amphibie ; il écrit comme il parle, et il parle en même temps qu’il pense ; je laisse aux Allemands le soin de le qualifier par le côté qui leur appartient, mais en tant qu’il nous regarde et qu’il s’adresse à nous, il est, comme Grimm, un des nôtres. […] Il l’avait logé chez lui, au bout d’une longue galerie, dans le plus beau coin du château, d’où l’œil embrassait toutes les beautés du lac, le mouvement du port et de la ville, et un horizon immense terminé par la vaste étendue des Alpes : « Tout cela était au service de sa poésie. » Il l’y posséda durant deux années, et il ne parlait jamais de ce temps de réunion qu’avec fraîcheur et ravissement : — Quel bonheur, écrivait-il, de sentir à ses côtés un ami, et un ami tel que Matthisson, avec lequel je pouvais sortir de la prose de la vie pour entrer quelquefois dans la poésie de l’enfance qu’il avait si bien su chanter ! […] La plupart de ces juges et syndics, qui étaient des citoyens assez estimés et peut-être d’assez honnêtes gens dans leur Suisse libre, et qui observaient la morale de ce côté-ci des Alpes, s’en croyaient dispensés de l’autre côté du versant, et ils se conduisaient comme des pachas au petit pied.

197. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

elle ne dresse donc point de liste par ordre de mérite avant l’élection, comme cela se pratique ailleurs et à côté d’elle, à l’Académie des Sciences, à l’Académie des Beaux-Arts par exemple ? […] La grande objection consistant à dire qu’il serait embarrassant de voir s’asseoir le lendemain à son côté un confrère dont, la veille, on aurait discuté et peut-être contesté en partie les titres, n’existe donc plus, ou du moins est fort affaiblie. […] Quand il a surtout à parler des productions nouvelles, il est presque toujours à côté. […] Ce sera la seconde fois que de nos jours on y verra le père et le fils à côté l’un de l’autre. […] Mais il y a une renaissance de tribune : écoutons de ce côté, nous l’y retrouvons encore ; mais nous y rencontrons aussi, et en première ligne, M. 

198. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

C’est même pour lui une des conditions de la critique complexe et nuancée telle qu’il l’entend : « L’esprit délicat et dégagé de passion, critique pour lui-même, voit, dit-il, les côtés faibles de sa propre cause et est tenté par moments d’être de l’avis de ses adversaires. » Le contraire lui paraît presque de la grossièreté, de la violence à l’usage seulement des hommes d’action, des chefs de secte ou de parti, non des penseurs. […] Renan a rendu hommage à l’élévation de cœur et de pensée de M. de Montalembert, lequel, de son côté, n’a pas été en reste de bonne grâce envers un adversaire généreux. […] De tous les côtés j’aboutis à la même conclusion : à un certain moment, au bout de chaque allée, au sommet de chaque étude, avec M.  […] À côté des maîtres, ses confrères et ses amis, à côté des lumières de l’Université, desquelles toutefois il se distingue, que voit-il au premier rang ?

199. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Polybe dit bien que les chefs des Mercenaires, après une de leurs victoires, poussèrent l’ambition jusqu’à vouloir mettre le siège devant Carthage, et que les Carthaginois, à un moment, se virent serrés de près de tous côtés ; mais il ajoute que les assiégeants étaient si peu maîtres de leurs opérations et de leurs mouvements, qu’ils se virent bientôt comme assiégés eux-mêmes. […] Flaubert met complètement de côté et considère comme non avenu le célèbre chapitre de Montesquieu dans l’Esprit des Lois : « Le plus beau traité de paix dont l’histoire ait parlé, est, je crois, celui que Gélon fit avec les Carthaginois. […] le côté politique, le caractère des personnages, le génie du peuple, les aspects par lesquels l’histoire particulière de ce peuple navigateur, et civilisateur à sa manière, regarde l’histoire générale et intéresse le grand courant de la civilisation, sont sacrifiés ici ou entièrement subordonnés au côté descriptif exorbitant, à un dilettantisme qui, ne trouvant à s’appliquer qu’à de rares débris, est forcé de les exagérer. […] Je laisse de côté, en ce point, toutes les susceptibilités françaises et les aversions trop promptes de nos critiques dégoûtés.

200. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Quelques questions qui me sont adressées de divers côtés sur ce correspondant et ce malade de Ducis, Deleyre, m’engagent à y revenir un peu et à entrer dans quelques détails plus précis sur une figure des plus intéressantes et l’une de celles qui aident le mieux à comprendre ce monde de Rousseau et des philosophes, sur un personnage qui est lui-même un type parmi les secondaires. […] Deleyre était de ceux qui aiment mieux pâtir que jouir et prospérer ; il craignait toujours de faire tort aux autres, et de peur d’être heureux aux dépens du grand nombre, il se rangeait volontiers de lui-même du côté des misérables : il avait retourné le proverbe comme trop dur et trop égoïste : « Je trouve le proverbe bien cruel, disait-il, et j’aime encore mieux faire pitié qu’envie, moi. » Nature vraiment pitoyable et tendre, il a la piété sans la religion ! […] Si j’espérais encore y être utile, je la regretterais ; mais de quelque côté que je m’envisage, tout m’invite à désirer la mort. […] L’absence des objets qu’il voit avec trop d’inquiétude, la nouveauté des lieux, l’air, les promenades champêtres, les conversations douces, tout cela contribue à éclaircir son front, à mettre dans son esprit une certaine modération, qui est peut-être toute notre sagesse humaine… C’est une chose étrange que nous nous forgions à grands frais une sagesse laborieuse qui nous accable, tandis que la véritable est à nos côtés et se rit de nous. […] Mais un grand malheur vient atteindre Ducis ; il est frappé par le côté le plus sensible, il perd une de ses filles, et sous le coup qui l’accable, il écrit à Deleyre une de ces lettres abreuvées d’amertume, où le cœur déborde, et plus faite peut-être que toutes les consolations précédentes pour le guérir par le spectacle de ce que c’est qu’une vraie et réelle douleur : « 4 mai 1783.

201. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Repoussé avec politesse et réserve, il en revint à sa première pensée, la plus naturelle, d’agrandir le royaume du côté des frontières du Nord ou de l’Est, et il échappa ainsi au péril d’aller chercher trop loin gloire et succès au Midi, en Italie, et de verser, comme au temps de François Ier, de l’autre côté des monts, hors de portée de la France. […] Pour la délimitation exacte de la frontière du côté des Pays-Bas, on avait établi une conférence à Courtrai ; elle dura deux ans : les délais sur cette frontière convenaient à Louvois, « afin d’user les résistances espagnoles et d’endormir les défiances hollandaises. » Mais sur le Rhin et la Moselle, il lui convenait d’aller plus vite et d’être expéditif ; il le fut. […] Pour Strasbourg du moins, l’historien veut bien nous rassurer, et il estime que de ce côté, qui est la plus glorieuse affaire consommée alors par Louvois, l’utilité n’était point séparée du droit et de la justice : « Il y a, nous dit M.  […] De son côté, Louvois fit sa plaisanterie et sa gentillesse, mais c’est à Messieurs de Strasbourg qu’il l’adressa.

202. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Mais ces comparaisons idéales clochent toujours par quelque côté, et elles ne sont vraies qu’un moment. […] Son caractère moral en résulta et se forma en conséquence : l’observateur philosophe qui avait chevauché pendant tant d’années à ses côtés, en a démêlé et nous en fait suivre à merveille tous les tours, les déguisements et les replis : « Cet homme, toujours subjugué, était toujours tourmenté parla crainte de l’être ; cette disposition influa constamment sur la conduite qu’il eut avec ses ministres. […] Elle se dit qu’elle était vouée, pour ce grand bienfait du Ciel envers elle, à un immense ministère de bienfaisance et de charité ; elle ne se ralentit jamais là-dessus ; ce fut et ce sera son côté à jamais respectable. […] De quelque côté que l’on considère cette reine, on aboutit sur son compte à des éloges et à rencontrer en elle d’estimables qualités. […] Celui-ci prétendait être toujours présent quand M. le Duc travaillait avec le roi, et M. le Duc, de son côté, prétendait avoir des audiences particulières, ce qui était assez raisonnable pour un premier ministre.

203. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Sir Henry Bulwer, homme d’État et étranger, moins choqué que nous de certains côtés qui ont laissé de tristes empreintes dans nos souvenirs et dans notre histoire, a jugé utile et intéressant, après étude, de dégager tout ce qu’il y avait de lumières et de bon esprit politique dans le personnage qui est resté plus généralement célèbre par ses bons mots et par ses roueries ; « L’idée que j’avais, dit-il, c’était de montrer le côté sérieux et sensé du caractère de cet homme du XVIIIe siècle, sans faire du tort à son esprit ou trop louer son honnêteté. » Il a complètement réussi à ce qu’il voulait, et son Essai, à cet égard, bien que manquant un peu de précision et ne fouillant pas assez les coins obscurs, est un service historique : il y aura profit pour tous les esprits réfléchis à le lire. Mais, en regard et à côté, il est indispensable d’avoir sur sa table le terrible article Talleyrand, de la Biographie-Michaud, article qui est tout un volume, et qui constitue la base la plus formidable d’accusation, le réquisitoire historique permanent contre l’ancien évêque d’Autun. […] Si un tel spectacle attache fortement l’imagination, si l’on se plaît à retrouver dans la succession de l’espace ce qui semble n’appartenir qu’à la succession des temps, il faut se résoudre à ne voir que très peu de liens sociaux, nul caractère commun parmi des hommes qui semblent si peu appartenir à la même association. » S’il né semblait puéril et bien ingénu de prendre Talleyrand par le côté littéraire, on aurait à noter encore ce qui suit immédiatement, ces deux portraits de mœurs, le Bûcheron américain, le Pêcheur américain. […] Mais un nouvel intérêt commun fait passer aisément l’éponge sur d’anciens griefs et rapproche vite les politiques ; on ferma les yeux des deux côtés : « Talleyrand craignait d’être mal reçu de Napoléon.

204. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Lié avec Mme de Scudéry, tenant par sa jeunesse au monde précieux, Bussy se trouve sur la fin de ses jours tout proche de Perrault et de Fontenelle, trop grand seigneur et trop bon esprit pour s’embrigader dans un parti littéraire, mais insensiblement et naturellement porté de ce côté par la pente de son esprit. […] Mais la masse — c’est ce dont Despréaux enrage, et ce qui lui fait comparer l’Académie à une troupe de singes ou la traiter de Huronne, — la masse, peu disposée à se passionner, toute prête à marquer les coups et à applaudir à l’esprit, de quelque côté qu’il fût, était assez détachée des anciens pour les entendre censurer sans scandale et sans révolte ; elle se complaisait dans l’éloge de son siècle, et ce siècle, presque au moment de s’achever, apparaissait comme bien rempli, glorieux et grand. […] Bornée du côté des sens, elle développe son activité intellectuelle avec une étonnante énergie, du seul côté que les habitudes sociales laissent ouvert : elle abstrait, déduit, analyse, avec une dépense effrayante de réflexion et de logique. […] J’ai beau me tourner de tous les côtés, j’ai peine à découvrir rien que je doive nécessairement attribuer à l’influence unique ou prépondérante de Boileau.

205. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Les amateurs qui suivent depuis deux ans les ventes publiques savent bien si, de ce côté, le cours a fléchi le moins du monde. […] Voilà le beau côté, le côté apparent et tout gracieux ; mais, à ne voir que celui-là, on prendrait peut-être du moral de la jeune princesse une idée trop flattée, ridée de quelque chose de trop accompli, et on ne sentirait pas assez non plus à quel point devait être grand en elle le charme, puisqu’il avait à triompher de certains défauts et de certaines ombres, dont il sera à propos de parler. […] Et puis elle ne se confiait peut-être pas assez à sa fidélité de confesseur et à sa discrétion du côté du roi pour lui tout dire. […]  » Malgré tout, on se prend à regretter que cette princesse, enlevée à vingt-six ans, et dont la féerie naturelle avait enchanté les cœurs, n’ait pas régné à côté du vertueux élève de Fénelon.

206. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Ce n’est pas ce côté pratique de la question qui m’occupera ici, d’autant qu’il me semble que c’est cause gagnée pour le moment. […] « Enfin, il fit si bien, dit Retz, qu’il se trouva sur la tête de tout le monde, dans le temps que tout le monde croyait l’avoir encore à ses côtés. » On ne dira pas que je suis insensible aux grâces persuasives de Mazarin ; mais là où je me sépare un peu de M. de Laborde et de ses ingénieuses apologies, c’est dans l’admiration générale du personnage et du caractère. […] Ces hommes qui ont le génie d’écrivain ont toujours, sans bien s’en rendre compte, une arrière-pensée secrète et une ressource dernière, qui est d’écrire leur histoire et de se dédommager par là de tout ce qu’ils ont perdu du côté du réel. […] Voilà les côtés que Retz a merveilleusement saisis et connus, le caractère des hommes, le masque et le jeu des personnages, la situation générale et l’esprit mouvant des choses ; par toutes ces parties, il est supérieur et hors d’atteinte dans l’ordre de la pensée et de la peinture morale, autant que Mazarin peut l’être lui-même dans l’histoire comme signataire de la paix des Pyrénées. […] » Il s’arrêtait à chaque pas, car il était fort faible et se tenait tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; et, jetant les yeux sur l’objet qui lui frappait la vue, il disait du profond du cœur : « Il faut quitter tout cela ! 

207. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

En repassant les œuvres de Mme de Genlis, il me semble que Louis-Philippe est son côté véritablement historique, le seul par lequel elle continuera de mériter quelque attention sérieusea. […] C’est toutefois par ce côté uniquement que Mme de Genlis a chance de vivre. […] VIII (3e éd.), p. 546 :] De plus (au tome III, p. 34, même édition dernière), à l’article de « Mme de Genlis », un correcteur, croyant bien faire, a tout à fait altéré ma pensée et l’a rendue inintelligible : « En repassant les ouvrages de Mme de Genlis, il me semble (me fait-on dire) que Louis-Philippe est de son côté véritablement historique, le seul par lequel elle continuera de mériter quelque attention sérieuse. » Or, j’avais dit : « En repassant les ouvrages de Mme de Genlis, il me semble que Louis-Philippe est son côté véritablement historique, etc… » C’est ainsi qu’au xviie  siècle, Madame (mère du Régent) écrivait dans une de ses lettres : « La Montchevreuil est le bel endroit de la Maintenon, et le seul que je trouve louable en elle. » En vertu d’une locution analogue, on peut dire que Louis-Philippe est le côté véritablement historique de Mme de Genlis.

208. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Les fontaines les plus voisines étaient de leur côté, mais les forêts se trouvaient derrière nous. […] À toutes les qualités qui sont nécessaires à l’orateur, Droz demande que son caractère unisse encore la sensibilité : « Beaucoup de force d’âme au premier coup d’œil, dit-il, paraît l’exclure : mais l’élévation est le point qui les unit. » L’élévation d’âme n’est pas tout encore, si l’orateur n’y joint réellement la vertu ; Droz y insiste, et non point par des lieux communs de morale, mais par des observations pratiques incontestables : « Croyez qu’il n’est chez aucun peuple assez d’immoralité, dit-il, pour que la réputation de celui qui parle soit indifférente à ceux qui l’écoutent. » Lorsque plus tard, historien de la Révolution, il aura à parler de Mirabeau, dont il appréciait si bien la grandeur, combien il aura occasion de vérifier ce côté d’autorité morale si nécessaire, par où il a manqué ! […] Droz, sans le dire et sans y songer, est par instinct de l’école ou de la famille écossaise ; il a ses vrais parents de ce côté-là. […] Homme religieux, il aimera plus tard à confondre dans ses regrets et dans ses affections Ducis et Cabanis ; il se ressouvenait de celui-ci par ce côté de doute élevé et d’espérance à demi religieuse, que Cabanis a exprimé dans sa Lettre à Fauriel, et par lequel en réalité il a fini. […] Droz a été surtout séduit par le côté riant, familier, humain et affectueux de l’auteur des Essais ; il a reconnu en lui sinon un excellent instituteur, du moins un bon ami ; il a fait avec Montaigne comme tout à l’heure avec Cabanis ; il s’est mis en communication avec lui par la qualité sympathique qui unissait leurs deux natures.

209. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Pour la première fois, la science des méthodes et des vues d’ensemble demeurait nulle, laissant les sciences particulières marcher à leur gré et toutes seules, rattachée tout entière à la morale, commentaire du Vicaire savoyard, demandant à la religion place à côté d’elle, et réduite à lui offrir respectueusement un secours suspect94. […] Le rêve et l’abstraction, telles furent les deux passions de notre renaissance : d’un côté l’exaltation sentimentale, « les aspirations de l’âme », le désir vague de bonheur, de beauté, de sublimité, qui imposait aux théories l’obligation d’être consolantes et poétiques, qui fabriquait les systèmes, qui inventait les espérances, qui subordonnait la vérité, qui asservissait la science, qui commandait des doctrines exactement comme on commande un habit ; de l’autre, l’amour des nuages philosophiques, la coutume de planer au haut du ciel, le goût des termes généraux, la perte du style précis, l’oubli de l’analyse, le discrédit de la simplicité, la haine pour l’exactitude ; d’un côté la passion de croire sans preuves ; de l’autre la faculté de croire sans preuves : ces deux penchants composent l’esprit du temps. […] De ce côté, toute espérance n’est pas perdue ; on est déjà bien revenu du rêve, des aspirations vagues et des grands mots ; la chute de vingt systèmes réformateurs nous a mis en défiance ; nous ne pensons plus que la poésie soit un instrument de précision, et nous commençons à soupçonner que le cœur est fait pour sentir et non pour voir. […] La plupart des ouvriers meurent avant d’avoir touché le côté visible ; et celui-là est présomptueux qui, sur cent caractères, ne désespère pas d’y en inscrire un.

210. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Il serait trop extraordinaire pourtant que celui dont on admirera tout à l’heure le génie mâle et la pureté sévère n’eût pris d’abord l’antiquité que par ce côté des rhéteurs, des sophistes ou même des écrivains ecclésiastiques et qu’il eût négligé précisément les chefs-d’œuvre de grandeur et de grâce qu’elle nous a légués. […] A côté des élans les plus enflammés de l’hymne et de la louange des héros, il a trouvé les accents les plus douloureux et les plus directs de la plainte humaine. […] « Où sont-ils allés nos songes fortunés qui nous montraient de ce côté l’inconnue retraite d’habitants inconnus, ou bien le lieu d’abri des astres durant le jour, et le lit mystérieux de la jeune aurore, et le sommeil caché du grand astre durant les nuits ? […] Plus jeune d’âge que la plupart des hommes de ce premier mouvement, le précoce Leopardi se trouve débuter en même temps qu’eux ; il va en ligne avec les Manzoni, les Berchet, les Grossi, et ne vient à la suite de personne : il se lève de son côté, tandis qu’eux marchaient du leur. […] A côté des satisfactions fort douces qu’il y recueillit, il ressentit bien des ennuis, bien des gênes, sans parler de celles qui tenaient à sa situation personnelle.

211. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Le logis et la classe sont en guerre : d’un côté, l’on prêche le positif ; de l’autre, on vous pousse ou l’on vous poussait au jeu de poésie. […] Piron fit le galant homme et prit d’abord la chose du bon côté : « De tout mon cœur, monsieur l’abbé, lui répondit-il ; grand bien vous fasse ! […] On joue ce soir aux Français Rodogune ou Cinna : cela nous tournerait la tête du côté qu’il ne faut pas ; allons au boulevard ! On met les chevaux ; Polichinelle les y attend sur des forêts de tréteaux qui bordent les deux côtés ; il parle en fiacre, dame Ragonde en poissarde, et l’on ne saurait percer à travers la foule des carrosses les plus noblement armoriés. […] Il était sûr d’avoir les rieurs de son côté.

212. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

L’influence si considérable et si frappante des barrières naturelles de toute nature sur la distribution géographique des êtres organisés ne peut se comprendre que dans le cas où la majorité des espèces auraient été créées seulement d’un côté de ces obstacles, et incapables d’émigrer de l’autre côté. […] J’aurai bientôt à discuter ce côté de la question avec quelque détail. […] D’autre côté, il ne prit pas le soin préalable de sécher les plantes ou les branches avec leurs fruits, ce qui, nous l’ayons vu, en aurait fait flotter quelques-unes beaucoup plus longtemps. […] Les courants, vu leur direction, ne transporteront jamais des graines du nord de l’Amérique en Angleterre, bien qu’ils puissent en porter et en portent en effet des Antilles aux côtés occidentales des îles Britanniques dont elles ne peuvent supporter le climat, lors même qu’une trop longue immersion dans l’eau de mer n’aurait pas détruit leur vitalité. […] D’après ce que j’ai appris du docteur Hooker, quelques-unes de ces formes australiennes s’étendent le long des hauteurs de la péninsule de Malacca, et sont rares et éparses, d’un côté dans l’Inde, et de l’autre aussi loin vers le nord que le Japon.

213. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

A côté de ces termes indépendants, on trouverait des séries plus complexes, dont les éléments se pénètrent bien les uns les autres, mais qui n’arrivent jamais à se fondre parfaitement elles-mêmes dans la masse compacte du moi. […] Il verra alors, d’un côté, un moi toujours identique à lui-même, et, de l’autre, des sentiments contraires, non moins invariables, qui se le disputent ; la victoire demeurera nécessairement au plus fort. […] Nous saisirons ainsi par un autre côté, et en tant qu’elles portent explicitement sur une certaine conception de la durée, l’erreur fondamentale du déterminisme et l’illusion de ses adversaires. […] Mais le déterministe ne se tiendra pas pour battu, et posant la question sous une nouvelle forme : « Laissons de côté, dira-t-il, les actions accomplies, considérons seulement des actes à venir. […] Mais laissons de côté l’histoire.

214. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Ce phénomène, étant mixte, présente par un côté l’aspect d’une habitude motrice, par l’autre celui d’une image plus ou moins consciemment localisée. […] Étant moteurs par un certain côté, ils doivent, selon notre hypothèse, prolonger une perception actuelle ; mais d’autre part, en tant qu’images, ils reproduisent des perceptions passées. […] Toutefois, par un certain côté, il contribue à la préparer. […] On pourrait donc dire que les mouvements qui provoquent la reconnaissance machinale empêchent par un côté, et de l’autre favorisent la reconnaissance par images. […] La théorie que nous esquissons Ici ressemble d’ailleurs, par un côté, à celle de Wundt.

215. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Mais de quel côté allez-vous maintenant ? […] — De quel côté ? […] Iakof jeta les yeux de son côté, et à partir de ce moment, le timbre de sa voix acquit une force, une douceur encore plus entraînante. […] Le soleil monte rapidement ; le ciel est pur… le temps sera beau ; un troupeau sort lentement d’un village et se dirige de votre côté. […] L’ombre qui vous enveloppe de tous côtés est imprégnée d’une fraîcheur odorante ; vous la respirez avec délices, et les buissons qui couvrent le flanc du ravin, devant vous, semblent jaunir à l’ardeur du soleil.

216. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Le Sganarelle de Molière, dans toutes ses variétés de valet, de mari, de père de Lucinde, de frère d’Ariste, de tuteur, de fagotier, de médecin, est un personnage qui appartient en propre au poëte, comme Panurge à Rabelais, Falstaff à Shakspeare, Sancho à Cervantes ; c’est le côté du laid humain personnifié, le côté vieux, rechigné, morose, intéressé, bas, peureux, tour à tour piètre ou charlatan, bourru et saugrenu, le vilain côté, et qui fait rire. […] Molière avait mis d’abord : Quand sur une personne on prétend s’ajuster, C’est par les beaux côtés qu’il la faut imiter. […] Mais Boileau a bien mis le doigt sur le côté précieux du morceau. […] Jourdain, Argant, c’est le côté de Sganarelle continué, mais plus poétique, plus dégagé de la farce du Barbouillé, plus enlevé souvent par-delà le réel. […] Une voix sourde, des inflexions dures, une volubilité de langue qui précipitoit trop sa déclamation, le rendoient de ce côté fort inférieur aux acteurs de l’hôtel de Bourgogne.

217. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

La difference qui est entr’eux est déja sensible dans les peuples qui habitent aux pieds des Alpes du côté des Gaules et du côté de l’Italie, mais elle est encore bien plus grande entre les naturels de Paris et les naturels de Rome. […] La difference qui peut se trouver entre le mérite de deux tableaux exposez à côté l’un de l’autre, frappe tous ceux qui ne sont pas stupides. […] L’un monte d’un dégré toutes les années tandis que l’autre descend d’un dégré, et ces artisans se trouvent enfin placez à une telle distance, que le public désabusé s’étonne de les avoir vûs à côté l’un de l’autre.

218. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Et moi, s’il me manque deux dents au côté droit, je n’ai pas besoin de le dire : on le voit assez. […] continua-t-il, les filous se rejoignent de tous les côtés. […] Boris, assis à côté d’elle, ne la quittait pas du regard. […] S’il leur arrivait de se livrer à une telle incartade, en un clin d’œil, il les prenait par les pattes, les faisait tournoyer en l’air et les jetait de côté. […] À quelque distance derrière lui, du côté du rivage, un grand cercle se dessinait à la surface de l’eau.

219. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

Une distinction toute naturelle se présentait d’abord, celle des poëmes qui se rattachent par un côté quelconque à l’histoire de nos jours, et des poëmes qui y sont étrangers. […] Les Odes historiques, qui constituent le premier volume, et qui offrent sous un côté le développement de la pensée de l’auteur dans un espace de dix années (1818-1828), ont été partagées en trois livres.

220. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Il commandait à l’hôtel de ville ; un officier de la garde nationale a été blessé à ses côtés. […] Il y a, après cela, le beau côté, la catégorie des vrais amis, des chaudes et cordiales félicitations, et les demi-mots des soldats qui vont droit au cœur. » On n’est pas plus soldat par le nerf et par la fibre que Saint-Arnaud. […] Le général Saint-Arnaud arrive en congé à Paris, tout juste à temps pour assister à la révolution de Février (1848), Il y court quelques dangers du côté des quais, et est retenu quelque temps prisonnier à l’Hôtel de ville. […] Le prince président lui envoie le commandant Fleury pour faire cette expédition à ses côtés ; les entretiens de la marche et du bivouac durent en apprendre beaucoup à Saint-Arnaud. […] Quelques lettres encore, il remerciera son ancien et excellent collègue, le ministre de la marine, qui a fait de son côté tout ce qu’il a pu.

221. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Trouvant plus de facilité à percer du côté des Lettres, je m’y portai. […] C’est en 1831 que Carrel, me sachant libre du côté du Globe, me fit proposer par Magnin d’écrire au National. […] Depuis 1830, les choses de ce côté avaient bien changé. […] Sainte-Beuve qu’après la mort de son père, une de ses tantes du côté paternel était venue se joindre à sa mère, veuve dès le huitième mois de son mariage, et avait contribué à l’élever. […] Il était frappé du contraste : d’un côté toute prévenance et toute politesse, de l’autre rudesse, ignorance, grossièreté.

222. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Tu donneras la meilleure à ma mère ; mon frère tout auprès d’elle ; moi un peu de côté, seulement pas trop loin, et le petit sur mon sein droit. […] Me serrer à ton côté, c’était un doux, un charmant bonheur, mais je ne le ressentirai plus ; il me semble que j’ai besoin de me faire violence pour aller à toi, que tu me repousses loin de toi. […] » Pendant que l’hôte et l’hôtesse s’entretiennent ainsi, on voit rentrer, dans une élégante calèche fabriquée à Landau, le riche marchand, avec ses filles, qui habite la maison nouvellement restaurée à neuf en face de l’hôtellerie, de l’autre côté de la place. […] Aussi j’espère, Herman, que tu amèneras bientôt ici une fiancée avec une belle dot. » (Il fait allusion à une des filles du riche marchand, roulant en calèche et recrépissant à neuf sa haute maison de l’autre côté de la place, en face de l’auberge.) […] Laprade, Legouvé et Autran, parmi nous, seraient dignes de prendre la plume de Goethe et de donner à leur patrie ces chefs-d’œuvre de la chaumière que le peuple placerait, à côté d’Herman et Dorothée ou de Paul et Virginie, au chevet du lit de ses fils et de ses filles.

223. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Un tel morceau, puissant de chaleur et minutieux de souvenirs, où revivent à côté des circonstances individuelles les émotions religieuses et politiques d’alors, serait la révélation biographique la plus directe, tant sur les deux amis que sur toute la génération d’élite à laquelle ils appartiennent. […] » Ce capitaine voltairien, près du pâtre, dut paraître au philosophe le bon sens goguenard et prosaïque, à côté du bon sens naïf et profond. […] Magnin, et celui qui écrit ces lignes, penchaient plus ou moins du côté novateur en poésie ; MM.  […] Jouffroy le côté dédaigneux, ironique, l’ancien côté actif refoulé, qui se fait sentir amèrement par retours, et qui tranche, comme un éclair, sur un grand fonds de calme et d’ennui. […] Mais il y a tout aussitôt et très-habituellement le côté bon, plébéien, condescendant, explicatif et affectueux, qui s’accommode aux intelligences, qui, au sortir d’un paradoxe presque outrageux, vous démontre au long des clartés et sait y démêler de nouvelles finesses ; une disposition humaine et morale, une bienveillance qui prend intérêt, qui ne se dégoûte ni ne s’émousse plus.

224. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

« Hier s’est passé sans que j’aie pu te rien dire, à force d’occupations, de ces trains de ménage, de ces courants d’affaires qui emportent tous mes moments et tout moi-même, hormis le cœur qui monte dessus et s’en va du côté qu’il aime. […] « Il n’est pas bon qu’il les voie et qu’il connaisse autre chose de moi que le côté calme et serein. […] Il tourne les épaules à la forêt sacrée pour chercher du regard le ciel du côté où la lune en illumine l’avenue. […] Douce image, qui des deux côtés est charmante, quand je pense qu’une sœur est fleur de dessous ! […] C’est de tous côtés, de tous les arbres, des voix d’oiseaux, et mon charmant musicien, le rossignol de l’autre soir, chantant encore près du noyer du jardin.

225. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Le côté automatique de la mémoire, surtout de la mémoire passive, est mis en lumière par certains faits extraordinaires, où les choses sont conservées et reproduites avec une telle facilité qu’on y reconnaît du premier coup un effet machinal. […] Selon nous, les trois explications contiennent une part de vérité et, quand on abstrait le côté mental, elles se ramènent, en définitive, à une persistance de mouvements. […] Pour le philosophe qui généralise, si on laisse de côté la sensibilité et la conscience, la vie elle-même offre-t-elle extérieurement autre chose qu’un mécanisme perfectionné ? […] Supprimez, par hypothèse, le côté mental pour ne considérer que le côté physique, et placez-vous ainsi, comme le veut Ribot, « en dehors de toute conscience », il ne restera alors que le mouvement et ses lois. Aussi peut-on comparer au côté physique de la mémoire tout ce qui est capable de conserver un certain état, une même forme, ou de répéter un même mouvement.

226. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

  Je ne prétends pas dissimuler les taches et les côtés faibles de Villars, ses vanteries, sa plénitude naturelle de soi, cet air de tout tirer à lui, de tout tourner à son avantage (même ses défaites, on le verra). […] Le roi travaille à faire des troupes pour fortifier le côté de la Sarre, et avant la fin de septembre il y aura au moins douze bataillons d’augmentation, et vers le 1er novembre encore huit autres ; il n’y a de dangereux que le moment critique dans, lequel vous êtes. […] L’électeur, s’il était exact et fidèle au rendez-vous, devrait y tendre de son côté et n’en être pas loin. […] J’en demande pardon à Saint-Simon : mais il est fâcheux, lorsqu’après tant de langueur et de médiocrité dans la conduite des armées, on apprend qu’on a enfin gagné une bataille, et qu’on l’a gagnée dans des circonstances difficiles et par un général nouveau qui se déclare, il est fâcheux de ne la prendre aussitôt que par un petit côté et par le ridicule. […] À cela près, fussions-nous déjà de l’autre côté du Danube !

227. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Quoi qu’il en soit, il y a tout un côté vrai et fondé dans le rôle de M. […] En lisant et relisant cet article, je le conçois si peu en lui-même, que je cherche de tous côtés autour de nous quel pauvre diable de poëte de vingt-huit ans est mort et a mérité, par sa précocité de production et à la fois par sa maigreur d’esprit, toutes les sentences écrasantes qu’endosse, en son lieu et place, le malheureux Perse. […] Une des choses qu’on apprend le mieux en profitant de l’expérience, c’est le mélange en tout, le faux et le vrai, le bon et le mauvais, se rencontrant, se contredisant, et pourtant… étant, comme dirait La Fontaine : dans un individu, un défaut radical n’empêchant pas de grandes qualités et de vrais talents en lui à côté, au sein de ce défaut, et ces grands talents ou ce génie n’empêchant pas le défaut de revenir les gâter et y faire tache : c’est là l’homme et la vie. […] Ce qu’il y a de personnel à la position du critique, dans ses doctrines, nous en indique les côtés plus infirmes. […] Au moment où l’on faisait profession de l’avoir tant connu, c’était surtout le bien méconnaître que de l’aborder par ce côté de phrase sonore qui lui était certes le plus antipathique : car l’épigraphe de l’article, en somme, et malgré ses bonnes parties, ne me semble pas autre que ce vers de Juvénal sur Annibal : Ut pueris placeas et declamatio fias !

228. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Rien n’est ridicule parmi les œuvres de l’humanité ; pour donner ce tour aux choses sérieuses, il faut les prendre par un côté étroit et négliger ce qu’il y a en elles de majestueux et de vrai. […] Je regrette parfois que Molière, en stigmatisant les ridicules issus de l’hôtel de Rambouillet, ait semblé proposer pour modèles des types inférieurs par un côté à ceux qu’il ridiculise. […] Changarnier eussent été aussi critiques que moi, ils ne nous eussent pas rendu le service de nous sauver en juin ; car j’avoue que, depuis Février, la question ne s’est jamais posée assez nettement à mes yeux pour que j’eusse voulu me hasarder d’un côté ou de l’autre. Car, disais-je, peut-être mon frère est-il de ce côté ; peut-être serai-je tué par celui qui veut ce que je veux. […] À côté des siècles où la politique a occupé le centre du mouvement de l’humanité, il en est d’autres où elle s’est vue acculée dans le petit monde de l’intrigue et où le grand intérêt s’est porté sur les hommes de l’esprit.

229. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

on lui défendra d’examiner le côté sérieux des objets ! […] Pour avoir la clef de ces contradictions et s’expliquer tout l’homme, on n’a d’ailleurs qu’à recourir à cette nature poétique et littéraire, qui est essentielle et fondamentale en M. de Chateaubriand : c’est de ce dernier côté seulement qu’on trouvera l’explication. […] Un homme politique véritable aurait pu entrer dans la carrière par une brochure violente et incendiaire ; mais il l’eût laissée de côté en avançant, et se serait bien gardé de chercher à réveiller et à raccommoder ce qui n’est pas conciliable ni compatible. […] Mais il n’eut ce ministère qu’à Gand, et il était déjà mis de côté avant qu’on fût rentré dans Paris. […] Il s’est entendu applaudir, chaque matin, des deux côtés ; il a eu les fanfares des deux camps.

230. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Lorsqu’en effet les associations partielles sont assez différenciées pour ne prendre les hommes que par un côté et ne satisfaire qu’à un de leurs besoins, il est naturel que ces mêmes hommes, ayant plus d’un besoin à satisfaire, tiennent à plusieurs associations. […] Des divisions simultanées, en vertu desquelles un même citoyen appartient en même temps, par des côtés différents, à différents groupes, y sont la conséquence naturelle des divisions successives qu’elles ont supportées : leur complication résulte de leurs révolutions. […] À côté des corporations professionnelles et industrielles, comme celle des fabricants de toiles de Lyon ou celle des nautes de la Seine, foisonnent les groupements qui n’ont en vue, suivant la distinction du Digeste, que « l’intérêt ou le plaisir de leurs membres ». […] Les membres des ghildes du moyen âge avaient raison de s’appeler frères ; car cette fraternité n’est pas une alliance délibérément conclue en vue d’un certain but ; c’est une union de tous les instants, embrassant tous les côtés de l’homme. […] En installant à côté des groupements laïques un groupement nouveau, l’Église catholique instituait une forme sociale favorable au libéralisme.

231. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Moi, je ne m’en suis pas mêlé, si ce n’est par un certain tour d’esprit qui me montre les choses du bon côté, quand il me serait permis de les regarder autrement. » Ce bonheur ne le quitta pas même tout à fait dans les circonstances les plus contraires : arrêté quand il allait sortir de France, en juillet 1789, il fut sauvé, par le plus grand des hasards, de la fureur populaire ; enfin, acquitté devant le tribunal du Châtelet, et redevenu libre à la veille de la ruine totale de l’ancienne société, il eut l’opportunité d’une mort naturelle et tranquille. Besenval n’a pas été un simple courtisan homme d’esprit, il a eu son côté sérieux et a rendu des services militaires, notamment sous M. de Choiseul, dont il était l’ami particulier. […] Son ambition n’était pas de ce côté, pas plus que du côté de la grande politique. […] Venu dans un temps « où la fatuité était fort à la mode, où la société était uniquement tournée de ce côté, et où le rôle qu’on y jouait dépendait de s’y faire remarquer par des bonnes fortunes », il s’y adonna. […] Besenval, qui n’était pas des mieux avec lui, nous l’a montré au naturel dans deux ou trois circonstances. « Extrêmement gai, d’une imagination où tout se peignait du côté plaisant, insouciant sur tout, hors sur son crédit et sur l’espèce de gens à mettre en place, qu’il n’aurait voulu que de sa façon et dans sa dépendance ; toute affaire lui offrait matière à plaisanterie, et tout individu à sarcasme. » Il se moquait de ceux qui travaillaient pour lui et avec qui il traitait, et ne cessait de leur chercher des ridicules.

232. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

D’un côté, nous avons un Béranger bonhomme, sensible, indulgent et béat, toujours le verre en main et pleurnichant, bénissant le pauvre et la fille légère, trinquant avec le curé joufflu et le vieux sergent, présidant aux danses de la guinguette, de l’air d’un Franklin attendri : voilà un Béranger vulgaire et qui a été cher à beaucoup, qui l’est peut-être encore. […] Je suis celui qui console encore ; car tous mes vieux amis sont bien découragés : seul, j’entrevois un ciel pur, et je le montre du doigt à ceux qui gémissent. » Il est là tout entier, par ce côté qui dépasse Horace, et qui nous le montre dans l’exercice de sa philosophie modérée et moyenne légèrement christianisée. […] Mangin. » Il est un côté de cette Correspondance que j’aurais désiré pouvoir exposer davantage : c’est celui de Béranger critique et littérateur. […] S’il s’agissait de juger d’œuvres nouvelles, inédites ou tout fraîchement imprimées, il n’avait pas, à mon sens, le jugement très sûr, le coup d’œil bien précis : il tâtonnait un peu, il ne devançait pas le public ; il prédisait souvent à côté. […] J’ai évité jusqu’ici, dans Béranger, le côté politique, comme étant le plus exploité et depuis longtemps rebattu.

233. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Sa politique est courte, elle est celle d’un homme qui n’a guère vu ce côté-là de son temps que des rangs de la garde nationale. […] Delécluze, se rangeant du côté des littératures du Midi et se préoccupant à l’excès d’un grand danger qu’il supposait imminent du côté du Nord, écrivait : « Rien ne serait plus fatal à la langue française que si nos écrivains, entraînés à l’imitation des idiomes du Nord, transportaient la phraséologie de ces derniers dans le nôtre. […] Des deux côtés du visage de Ballanche, l’un était difforme et concassé, selon l’expression de M.  […] Delécluze a préféré le côté laid et réel, jusqu’à supprimer, à dissimuler tout à fait l’autre aspect de profil ; je prends encore une fois notre homme en flagrant délit de contradiction pratique avec ses doctrines.

234. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Issu d’une ancienne famille noble, assez peu aisée, qui vivait dans le Midi au château du Cayla, du côté d’Alby ; élevé dans une maison religieuse à Toulouse, puis au collège Stanislas, abrité quelque temps à La Chesnarye en Bretagne, dans le petit monde de M. de Lamennais au moment critique et alors que ce grand et violent esprit couvait déjà « sa séparation » d’avec l’Église, revenu bientôt à Paris et se livrant à la littérature, il mourut avant d’avoir rien publié de remarqué ni d’important. […] Ainsi ma vie, à l’interruption subite des carrières impétueuses que je fournissais à traversées vallées, frémissait dans tout mon sein… « La jeunesse est semblable aux forêts verdoyantes tourmentées par les vents : elle agite de tous côtés les riches présents de la vie, et toujours quelque profond murmure règne dans son feuillage. […] Il y a en moi un côté qui touche aux classes les plus simples et s’y plaît infiniment. […] Douce image qui des deux côtés est charmante, quand je pense qu’une sœur est fleur… » Aussitôt qu’il est parti, elle rentre dans la chambrette qu’il occupait ; elle prend le livre qu’il a lu : c’est un Bossuet où il a mis des signets de sa main, souvent aux mêmes endroits qu’elle avait notés elle-même : « Ainsi nous nous rencontrons partout comme les deux yeux ; ce que tu vois beau, je le vois beau. » Quand il est près de se marier, elle semble que cela ne réussisse pas et ne vienne à manquer par quelque côté, car ce frère chéri est, comme elle l’appelle, « un mauvais artisan de bonheur. » Elle se met à sa place et craint qu’il ne recule au dernier instant. « Toujours me semble « effrayant pour toi, aigle indépendant, vagabond.

235. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Ils excitèrent d’abord étonnement bien plus que répulsion ; et la répulsion leur vint plutôt et surtout du côté du Clergé. […] Un groupe de jeunes écrivains catholiques distingués, de doctrinaires du parti, qui, à l’envi du Globe, s’étaient essayés dans le Correspondant sur la fin de la Restauration, se joignirent, sans s’y confondre, avec le groupe des amis de M. de Lamennais : à côté du vigoureux et sombre Breton, du doux, aimable et savant abbé Gerbet, du brillant et valeureux Lacordaire, du jeune comte leur ami91, alors dans toute la fraîcheur acérée de son talent, on eut Edmond de Cazalès, riche esprit, cœur plus riche encore ; Louis de Carné, esprit sage, écrivain consciencieux, s’instruisant toujours, désireux d’acquérir et de combiner tout ce qui est bien, se nuisant par là peut-être à la longue ; on eut un Franz de Champagny, jouteur sincère, peintre studieux, sévère pour les Césars comme un élève de Tacite qui eût été chrétien ; plusieurs Kergorlay, au nom jadis hostile, mais tous d’une autre génération plus adoucie, tous réconciliés entièrement ou en partie avec le siècle. […] Du côté libéral et philosophique, c’étaient, à plus ou moins de distance, mais se rapprochant ou tendant à se rapprocher, les Ampère, les Tocqueville, les Corcelles et d’autres qui n’ont cessé d’avoir respect et regret pour la nuance de fusion et de louable entente qui caractérisa ce trop rapide moment. […] La Sorbonne, de son côté, n’était pas muette, ni la Sorbonne théologique, ni celle des lettres. […] Pour moi, j’avoue que mes prévisions, quand je regarde de ce côté de l’avenir, sont bien souvent tristes et sombres.

236. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Aussi l’historien des Mémoires militaires, rédigés sous Louis XVI et publiés seulement de nos jours, n’hésite-t-il pas à conclure son récit de la campagne de 1710 en ces termes, si avantageux à Villars : « Ce général sauva, pour la deuxième fois, la France ; peut-être aurait-il conservé quelque place de plus si, d’un côté, un reste d’espérance de paix, et, de l’autre, le danger de mettre le royaume au hasard d’un événement douteux, n’eût dicté les ordres du roi à son général, et si le général lui-même n’eût été retenu et par la crainte des risques auxquels un combat pouvait l’exposer, et par le mauvais état dans lequel étaient les troupes. […] Tant que la suspension d’armes du côté des Anglais resta indécise, Louis XIV désira que Villars « gardât le milieu entre l’inaction et une bataille dans laquelle on eût risqué le tout » ; et c’est à ce moment que l’idée d’une attaque sur Denain, d’une diversion sur les derrières de l’ennemi, fut suggérée de Versailles par Louis XIV lui-même. […] En cet embarras et pour expédient, il en vint alors à cette idée d’une diversion sur Denain, que le roi avait ouverte et proposée le premier et que le maréchal de Montesquiou, qui l’avait eue de son côté ou qui s’en était pénétré de bonne heure, lui conseillait de toutes ses forces : « Je compte faire demain (écrivait-il le 31 juillet au ministre) toutes les démarches qui pourront persuader l’ennemi que je veux passer la Sambre, et je tâcherai d’exécuter le projet de Denain qui serait d’une grande utilité : s’il ne réussit pas, nous irons par la Sambre. […] Villars envoya le jour même au roi le marquis de Nangis, qui fit un récit verbal, et l’on en est réduit, de son côté, à la narration succincte qui se lit dans ses Mémoires et qui n’a pas la valeur d’une relation détaillée. Selon Montesquiou40 qui, non content de tirer tout de son côté, accuse Villars d’incertitude pendant l’opération même, ce maréchal aurait eu l’idée de s’arrêter lorsqu’il apprit de M. de Vieuxpont, à cinq heures du matin, qu’on ne pouvait être à l’Escaut avant huit heures : « Comme il était grand jour, M. le maréchal de Villars crut que, le prince Eugène pouvant voir notre marche, c’était un obstacle invincible à notre entreprise ; en conséquence, il ordonna aux officiers du campement d’arrêter l’armée et de la faire camper où elle se trouvait ; ce qu’ayant appris, j’allai joindre M. le maréchal de Villars, à qui je dis que l’armée des ennemis ne pouvant marcher à Denain qu’à notre vue par la hauteur de Quérénaing, sur laquelle on ne voyait personne, je le priais de vouloir bien toujours marcher sur l’Escaut ; qu’y étant arrivés nous verrions si les ennemis marchaient à Denain ; que si on apercevait leur armée marcher et être à portée de secourir ce poste, nous serions toujours les maîtres de ne point passer l’Escaut et de camper, moyennant quoi il n’y avait nul risque à courir.

237. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Dans une des lettres à sa sœur Marie-Christine, publiée par M. d’Hunolstein, la reine dit, à la date du 19 mai 1777, ces paroles bien vagues et qui renferment une allusion que les rapprochements confirment : « Non… mais taisez-vous, voilà ma réponse ; mais tout maintenant fait espérer le contraire. » De son côté, Louis XVI, dans son curieux Journal-itinéraire, conservé aux Archives de l’Empire, inscrivait à la date du 18 août 1777 un mot décisif. […] Elle est ici à mes côtés qui ne demanderait qu’à me tendre ses petits bras et à me sourire. […] L’idée de quitter son poste, ce poste d’honneur et de danger à côté du roi, ne lui entre pas un seul instant dans l’esprit : elle rougirait de honte à une telle pensée et se croirait l’indigne fille de sa magnanime mère. […] Il me reste à lui rendre par ce côté un plein et sincère hommage. […] Et puis toutes les grandes dames de ce temps, les plus honnêtes et les plus vertueuses, avaient dans leur bibliothèque ces livres en vogue, ces romans à la mode qui nous paraissent aujourd’hui scandaleux et qui alors ne produisaient pas cet effet. » — De son côté, le bibliophile Paul Lacroix, qui a publié le catalogue des livres du Petit-Trianon, et qui a mis en tête une préface sous forme de lettre adressée à Jules Janin, ne dit pas autre chose : « Car pour être reine, on n’en est pas moins femme, et les femmes, avant la Révolution, ne lisaient guère que des romans, des poésies et des pièces de théâtre. » Si tout le monde est à peu près d’accord, on se demande pourquoi donc tout ce bruit et cette querelle.

238. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

L’éditeur lui est favorable, c’est tout simple : devoir et rôle d’éditeur d’abord, et puis le maréchal de Noailles se montre, dans cette publication, par ses meilleurs et ses plus spécieux côtés. […] De quel côté donc est le masque ? […] De quelque côté qu’on la prenne et qu’on essaye de la retourner, l’action n’est pas belle ; c’est une perfidie, et si l’espèce de fureur dont est saisi Saint-Simon toutes les fois qu’il y revient peut faire sourire, n’oublions pas qu’il est meilleur juge que personne de la noirceur du tour, puisqu’il savait seul à quel semblant de bonne grâce, d’émotion et de tendresse à son égard s’était portée, dans le tête-à-tête, la reconnaissance du duc de Noailles pour les offices généreux qu’il lui avait rendus. […] Si elle vous détruit d’un côté au physique, de l’autre côté, au moral, comme elle vous répare un homme !

239. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

quand on est bien élevé et bien appris, on aime à glisser, à ignorer le plus qu’on peut de certaines misères, à regarder surtout les beaux côtés. […] Le Directoire, par l’affaire d’Amérique, mit ce côté véreux de Talleyrand dans tout son jour. […] N’employons pas de si grands mots, laissons de côté ces généreux sentiments qui n’ont que faire en un tel sujet ; bornons-nous au vrai. […] » Cependant, si invulnérable qu’il affectât de paraître, il n’était pas tout à fait à l’abri du côté où il se gardait le moins : devant les colères foudroyantes de Napoléon, il ne témoignait point la moindre émotion ; mais quand Louis XVIII, à Mons, déjà en voiture pour rentrer en France, vers trois heures du matin, le remercia gravement et lui signifia qu’il se passait de lui comme ministre, Talleyrand fut un moment décontenancé. […] Il a été là-dessus attaqué par les deux partis opposés, bonapartiste et royaliste, et de ce dernier côté presque autant que de l’autre.

240. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Ils avancent du côté du château, vers la petite église à la façade noircie et pointue, où chante l’orfraie. — « Paul, dit la jeune fille, finis avec ta crécelle ! […] La cérémonie commence, l’anneau est béni, et Baptiste le tient ; mais, avant de le mettre au doigt qui l’attend, il faut qu’il prononce une parole… Elle est dite ; aussitôt, du côté du garçon d’honneur, une voix s’élève ; Marguerite, qui peut-être au fond de son cœur doutait encore, a crié : « C’est lui !  […] Vous nous accusez, nous autres d’ici, d’être enfants de Du Bartas, et voilà que du pays de Du Bartas, tout à côté, naît à l’improviste un poëte vrai, franc, naturel et populaire, qui nous ressemble peu, direz-vous, mais que nous saluons parce qu’il nous rend aussi et nous chante à sa manière cette même espérance que nous avons : « Non, la poésie n’est pas morte et ne peut mourir. » La publication de l’Aveugle a mis, dans le pays, le comble à la gloire de Jasmin. […] C’est de ce côté que, l’âge venant, nous voudrions le voir de plus en plus se tourner. […] Il reste pourtant à regretter qu’avec de si heureuses qualités et un art véritable d’écrivain, Jasmin n’ait pu cacher, sous ce titre d’homme du peuple, un bon grain d’érudition et de vieille langue, comme Béranger et Paul-Louis de ce côté-ci de la Loire.

241. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

La ploutocratie d’un côté, l’art et la littérature de l’autre, ont rompu et brouillé ses frontières, et personne ne s’y reconnaît plus. […] Marc lui dit fort posément : « Je vous tiens ; je ne vous lâcherai pas comme cela ; attendons. » — Dans l’Amie, Germaine April, aimée de Maxime Rivols, raconte tout à sa femme, et celle-ci, de son côté, prévient le mari de Germaine, s’entend avec lui pour surveiller les deux autres ; et cette situation infiniment délicate, cet équilibre des plus instables se maintient pendant plus de cent pages. […] La première fois, il fait sa déclaration et ajoute qu’il ne peut se marier parce qu’il est à peu près ruiné ; la seconde fois, il inquiète Edmée en lui montrant l’hypocrisie et le néant de la morale mondaine ; la troisième fois, il lui fait entendre qu’ils pourraient se marier chacun de son côté, et lui fait presque accepter l’adultère dans l’avenir ; la quatrième fois, comme elle se révolte, il la prend dans ses bras, connaissant la puissance de l’étreinte ; puis il se remet à la pervertir par des conversations hardies, « en lui mettant sous les yeux, au moyen d’exemples impressionnants pris autour de lui, la dépravation du monde, découlant, hélas ! […] D’un côté, leur sensualité s’éveille et s’aiguise ; point d’ignorance ; peu de pudeur ; le langage libre ; l’allure risquée. […] Et, fût-on soi-même l’inventeur du système réfrigérant dont on invoque le secours dans les grandes crises de la passion, on ne tarde pas à se dire, mettant de côté tout amour-propre d’auteur, qu’il n’y a pas de système qui vaille une caresse de femme aimée, ni de traité de morale que l’on puisse mettre en balance avec l’immorale, mais toute-puissante volupté d’un amour heureux.

242. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Resté le dernier survivant de la génération d’écrivains à laquelle il appartenait, il lui faisait honneur à nos yeux ; il la personnifiait par les meilleurs côtés ; c’est en la jugeant par lui qu’on s’en pouvait former l’idée la plus favorable. […] Imaginez une feuille d’impression dont nous ne lirions qu’un côté ; le verso a disparu, il est en blanc, et ce verso qui la compléterait, c’est la disposition du public d’alors, la part de rédaction qu’il y apportait, et qui souvent n’était pas la moins intelligente et la moins active. […] Quoi qu’il en soit, un peu d’exclusion en critique ne nuit pas au succès, quand ce côté tranchant tombe juste et porte dans le sens de l’opinion. […] Apprécions bien ce côté essentiel de la critique d’autrefois. […] Donnez-leur un ouvrage nouveau, ils vont discourir à merveille sur le sujet ou à côté du sujet, développer leur esprit, se mettre en scène, vous conter leur humeur ou vous débiter leur science ; ils vous diront tout, excepté un jugement.

243. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Qui sait si quelque balafre à la joue, ou un œil crevé du côté qu’il nous a caché, n’eût pas totalement changé la physionomie ? […] René est un modèle plus flatteur pour nous, parce que tous les vilains côtés humains y sont voilés ; il a une teinte de la Grèce, de la chevalerie et du christianisme, qui croisent en lui leurs divers reflets à la surface. […] Les lecteurs français, habitués à l’air factice d’une atmosphère de salon, ces lecteurs urbains, comme il les appelle, s’étonnèrent tout ravis de sentir arriver, du côté des Alpes, ces bonnes et fraîches haleines des montagnes, qui venaient raviver une littérature aussi distinguée que desséchée. […] C’est par tous ces côtés vrais, combinés dans son éloquence, qu’il nous prend et nous saisit. […] Je n’ai pu indiquer qu’en courant dans l’auteur des Confessions les grands côtés par lesquels il demeure un maître, que saluer cette fois le créateur de la rêverie, celui qui nous a inoculé le sentiment de la nature et le sens de la réalité, le père de la littérature intime et de la peinture d’intérieur.

244. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Si je ne me trompe, nous avons déjà fait quelques pas de ce côté-là. […] Croyez-vous que la curiosité des étrangers qui trouveraient ici réunies les principales choses qu’ils vont chercher de côté et d’autre à grands frais, ne rendrait pas au triple à l’État la dépense que lui auraient coûtée de tels monuments ? […] De Brosses, en laissant de côté les plaisanteries et les gaietés dont il assaisonne son propos, est fécond en de telles idées patriotiques, où il se montre précurseur et promoteur. […] Par ce dernier côté, ses Lettres sur l’Italie ont sur celles de Paul-Louis Courier et sur les livres du spirituel Stendhal (Beyle) un avantage durable. […] Dans cette course rapide et ce séjour de dix mois à travers l’Italie, il y a certes des côtés qu’il n’a fait qu’entrevoir en courant, et où d’autres talents trouveront matière à conquête ; la Campagne romaine, par exemple, les collines d’alentour, Tibur, la Villa Adriana, sont des lieux dont Chateaubriand un jour évoquera le génie attristé et nous peindra les mélancoliques splendeurs : de Brosses reste le premier critique pénétrant, fin, gai et de grand coup d’œil, qui a bien vu dans ses contradictions et ses merveilles ce monde d’Italie.

245. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

L’examen fini, la juive s’est laissée tomber sur une chaise longue, et la tête penchée de côté, et montrant au sommet un enroulement de cheveux, qui ressemblait à un nœud de couleuvres, elle s’est indolemment plainte, avec toutes sortes d’interrogations amusantes de la mine et du bout du nez, de cette exigence des moralistes et des romanciers, demandant aux femmes qu’elles ne fussent pas des créatures humaines, et qu’elles n’eussent pas dans l’amour les mêmes lassitudes et les mêmes dégoûts que les hommes. […] Puis au milieu de la conversation brisée, et sans suite, elle nous a raconté une visite, qu’elle avait faite dernièrement, pour forcer Flaubert à marcher, une visite à une amie, demeurant de l’autre côté de la Seine, et qui avait, ce jour-là, son dernier-né, posé sur la table du salon, dans une charmante bercelonnette rose : visite qui faisait répéter à Flaubert, tout le long du retour : « Un petit être comme celui-ci dans une maison, il n’y a que cela au monde !  […] » Et il remarche, jetant des phrases comme celle-ci : « Enfin nous sommes dans un monde tout nouveau, où toutes les conditions de l’existence sont changées, sans qu’on ait l’air de s’en apercevoir… Autrefois un ouvrier chaudronnier gagnait 6 francs par jour… Il pouvait mettre 3 francs de côté… Donc au bout de cinq ans, il avait 5 000 francs et pouvait se faire chaudronnier… Aujourd’hui il faut 800 000 francs pour établir un chaudron… donc il n’y a plus moyen pour le peuple de sortir du peuple… et le peuple ne veut pas rester peuple… Savez-vous avec quelle somme s’est fondée, sous Louis-Philippe, la plus grande fabrique de produits chimiques… Chabrol vous l’apprend… avec 60 000 francs… Allez maintenant chez Salleron, il vous demandera 15 000 francs pour une cheminée… un fourneau sans luxe, c’est une affaire de 50 000 francs… Et tout comme cela… une confiserie se fonde avec un capital de 1 200 000 francs… une épicerie, vous connaissez la maison Potin ?  […] * * * — Peindre quelque part la nervosité d’une héritière d’une grande famille, donnant des leçons de piano à une jeune fille de la bourgeoisie, pendant qu’elle a sous les yeux, de l’autre côté de la rue, l’ancien hôtel de sa famille. […] Qu’il le veuille ou qu’il ne le veuille pas l’aristo perce dans chaque parole du démocrate, et parle-t-il de Gambetta, qu’il dénomme le prince de la goujaterie, on sent tout le dédain de l’homme bien né pour le fils de l’épicier de Cahors, et pour tous les côtés roturiers du parvenu.

246. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Combien de côtés en moi que je craindrais de montrer tout nuds. […] Ne convenez-vous pas qu’indépendamment des fonctions journalières et habituelles qui auraient bientôt gâté ce que nature auroit supérieurement fait, il est impossible d’imaginer, entre tant de causes qui agissent et réagissent dans la formation, le développement, l’accroissement d’une machine aussi compliquée, un équilibre si rigoureux et si continu, que rien n’eût péché d’aucun côté, ni par excès, ni par défaut ? […] Convenez du moins que sur cette multitude de têtes dont les allées de nos jardins fourmillent un beau jour, vous n’en trouverez pas une dont un des profils ressemble à l’autre profil, pas une dont un des côtés de la bouche ne diffère sensiblement de l’autre côté, pas une qui vue dans un miroir concave ait un seul point pareil à un autre point. […] Mais ce que vous perdrez du côté des écarts, des vues, des principes, des réflexions, je tâcherai de vous le rendre par l’exactitude des descriptions et l’équité des jugements.

247. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Tel est le charme de ces stances à la femme qui portait son nom, et qui d’Europe le suivit en Orient, où elle resta seulement séparée de lui durant quelques missions plus périlleuses : « Si tu étais à mon côté, ô mon amour227 ! […] tu étais à mon côté, mes petits enfants sur mes genoux, combien notre barque glisserait joyeuse sur cette mer du Gange ! […] « Je te cherche, lorsque sur le vaste sein du fleuve je dirige ma course dans le crépuscule ; mais plus encore, sous le pâle rayon de la lune, je m’aperçois que tu manques à mon côté. […] Regarde cependant : à mesure que s’efface l’éclat des astres d’en haut, chaque bouquet de bois ouvre sur nous des milliers de regards, en face, à nos côtés, sur nos têtes ; la mouche de feu promène sa flamme d’amour, et, dans sa fuite, sa poursuite, son vol en bas, en haut, explore l’obscurité du bois, tandis que, sous un souffle plus frais, le datura, se dévoilant, ouvre son large sein d’une senteur embaumée et d’une virginale blancheur, tel qu’une perle suspendue autour des boucles de la nuit…. […] Comme chez Fénelon, il y avait dans Réginald Héber, à côté du charme des lettres, de la persuasion habile et gracieuse, de la prévoyance et de la sagacité mondaine, le don naturel de l’enthousiasme, le goût de l’élévation spéculative, l’amour de Dieu et de l’humanité, et par là le génie du poëte dans son plus noble essor.

248. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Seulement, quand vous avez passé Valladolid, il faudra laisser la route de Ségovie de côté et prendre l’autre. […] À côté du général Lasalle, en retour, M.  […] Pendant que les Espagnols perçaient le mur d’un côté, les Français le perçaient de l’autre pour tirer sur les Espagnols. […]  » Le moment d’après, son mari est venu, m’a regardé de tous les côtés, et m’a reconnu.

249. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Ce rôle de modérateur et de médiateur à côté des violents fut le sien. […] On voit dans les Mémoires de Sully comment ce traité de la Ligue avec l’Espagne, écrit de la main du président et contenant les conditions arrêtées, fut un jour pris sur des coureurs du côté du village de Marolles et tomba aux mains de Sully, qui en fit fête à Henri IV. […] La France était lasse décidément et voulait en finir ; on s’aperçut comme soudainement alors que la raison était de son côté, « tant la justice et le droit ont de puissance sur les hommes, selon la remarque judicieuse de Villeroi, spécialement après que les maux les ont faits sages ». […] Sully toujours, qui juge sévèrement et en serviteur de la veille les hommes ralliés du lendemain, affecte de présenter Villeroi comme le type de ceux qui, en des temps de révolution et de discorde civile, s’efforcent de nager tant qu’ils peuvent entre deux eaux (ce que les Anglais appellent un trimmer), qui se ménagent comme neutres entre les deux partis, temporisent, négocient, se rendent utiles des deux côtés, le tout afin de se faire, en fin de compte, acheter plus chèrement.

250. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Il serait à côté du bœuf et au-dessous du sapajou. […] En laissant de côté ici la question des localisations, disons seulement que ces circonvolutions paraissent liées au développement de l’intelligence. […] Galien lui répondait : « Je ne partage pas votre avis, car d’après cette règle les ânes, étant des animaux brutes et stupides, devraient avoir un cerveau tout à fait uni, tandis qu’ils ont beaucoup de circonvolutions. » Leuret de son côté, tout en reconnaissant la valeur du critérium proposé par Desmoulins, montre qu’il n’est pas rigoureusement significatif. […] Au contraire, l’avantage est tout entier du côté des premiers ; or on ne conteste pas qu’ils ne soient très inférieurs aux autres en intelligence.

251. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Par un autre côté, cependant, les fragments de poésies conservés sous son nom intéressent nos recherches. […] Platon nomme d’ailleurs Parménide à côté d’Hésiode, comme tous deux ayant raconté d’anciennes histoires des dieux. […] Aussitôt emportés les battants laissèrent vide un large espace, en faisant rouler des deux côtés dans les écrous les gonds d’airain incrustés au bois par des barres et des chevilles ; et soudain, par ces portes, les vierges lancèrent le char et les coursiers. […] Mais considère et touche du doigt le côté certain de chaque chose ; et, pour avoir vu de tes yeux, ne te confie pas plus que pour avoir toi-même entendu : ne crois pas un vain bruit plus que le raisonnement, ni quoi que ce soit, là où il y a place pour la réflexion.

252. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Cet ordre de considérations générales, sur lequel la critique a peu de prise, parce qu’à cette hauteur, du moment qu’elle n’accepte pas l’élément mystérieux qui dirige, elle n’a plus qu’à tenir terre et à se déclarer incompétente ; cette réduction du problème politique de la société au problème religieux et moral, cet effort et ce retour vers un même but par un côté réputé supérieur, sont devenus assez familiers dans ces derniers temps à beaucoup d’esprits ardents, élevés ; et, pourvu que l’indifférence politique et une sorte de quiétisme transcendant n’en résultent pas dans la pratique et les luttes du citoyen, il n’y a rien à redire à cette manière de coordonner et d’étager les questions. […] Il est curieux et profitable pour nous et les jeunes hommes de notre bord, qui n’avons rien senti de cela, mais qui avons passé également par nos rêves, d’étudier ce côté nouveau, primitivement inhérent à des convictions adverses qui sont en train de nous revenir aujourd’hui. […] Je le reproduis ici pour montrer que nous n’étions pas seulement attentifs alors aux poëtes, aux peintres, aux artistes, mais aussi aux politiques de notre âge et de notre génération, et que nous avions les yeux ouverts de plus d’un côté.

253. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Heine est au fond poète et poète de son pays, nous donne un vif regret de ne pouvoir l’apprécier dignement par ce côté. […] Girod (de l’Ain) : « C’est un homme ramassé, qui a l’air d’un Brunswickois vendant des têtes de pipes dans les foires, ou bien encore d’un ami de la maison qui apporte des croquignoles aux enfants et caresse les chiens. » Le côté pittoresque et d’émotion est celui que préfère M.  […] Il y a bien à dire sur ce côté peu sûr de son caractère.

254. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Tout est prodige dans cet Auteur, soit du côté du bien, soit du côté du mal. […] Du côté du style, un tissu séduisant de tout ce que l’imagination a de plus brillant & de plus riche, de tout ce que le sentiment a de plus chaud & de plus énergique, de tout ce que l’expression a de plus mâle, de plus tendre, de plus pittoresque, & de plus élégant.

255. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

D’un côté, l’homme sauvage, en s’emparant des arts, n’a pas assez de finesse pour les porter jusqu’à l’élégance, et l’homme social pas assez de simplicité pour redescendre à la seule nature. […] plus d’une fois les soupirs de l’amour S’élèvent dans la nuit du fond des monastères ; En vain, le repoussant de ses regards austères, La pénitence veille à côté d’un cercueil : Il entre déguisé sous les voiles du deuil ; Au Dieu consolateur en pleurant il se donne ; À Comminge, à Rancé, Dieu sans doute pardonne : À Comminge, à Rancé, qui ne doit quelques pleurs ? […] Ces murs, ces longs dortoirs, se couvrent d’anathèmes, De sentences de mort qu’aux yeux épouvantés L’ange exterminateur écrit de tous côtés.

256. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Aux deux côtés du bas-relief la foi et l’humilité. grand morceau dont on a exposé le modèle sur la moitié de sa grandeur. […] Ces figures des côtés en détruiraient le silence, s’il y en avait. […] Je l’ai revue, cette innocence prétendue ; elle a la tête penchée vers la droite et la gorge nue de ce côté.

257. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

A côté d’une doctrine ferme, le dilettantisme est si tentateur pour un esprit subtil ! […] A côté d’une doctrine ferme, le dilettantisme est si tentateur pour un esprit subtil ! […] Albalat affirme que, dans le style, il y a une partie de métier à apprendre, une partie de procédés à savoir, tout un côté positif, réel.

258. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

De l’autre côté c’est le Péloponèse. […] De l’autre côté, la noire Sicile se confond avec les nues. […] Un beau rosier grimpait sur le mur, à côté d’une échelle dressée. […] De l’autre côté, la mer, pâle aujourd’hui sous le ciel bas, écumante. […] fait une voix, l’opposition ne désespère point de passer du côté du manche ! 

259. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

Pas l’effet d’une conspiration, mais une conspiration à côté. 5 mars 1815. Je me jette à corps perdu du côté des Bourbons. — Mme Récamier m’y pousse

260. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Voix intérieures » (1837) »

Il faut enfin que, dans ces temps livrés à la lutte furieuse des opinions, au milieu des attractions violentes que sa raison devra subir sans dévier, il ait sans cesse présent à l’esprit ce but sévère : être de tous les partis par leur côté généreux, n’être d’aucun par leur côté mauvais.

261. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

M. de Salvandy (et c’est un côté par lequel nous nous plaisons à le louer) lui avait donné là-dessus carte blanche. […] Rinn, l’homme sage et de bon conseil, le meilleur ami et le meilleur jugement : la conclusion est en effet de tout voir, de tout parcourir en trois mois, sauf à laisser de côté la Sicile, si le temps presse. […] Plus il a de racines de ce côté, plus il trouve à l’intérieur de consolations et d’appui, et plus il s’appliquera à ses travaux avec tranquillité et joie, en toute assurance. […] Laissant de côté cet épisode local, qui tient une assez grande place dans la jeunesse de Gandar, je ne dirai ici que quelques mots encore de son second voyage en Grèce. […] Émile Michel organisait de son côté un concert.

262. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

Le soleil couché n’avait laissé de ce côté que quelques rougeurs ; la lune se levait et montait déjà pleine et ronde : la Réserve et les petits lieux de plaisance aussi bien que les fanaux du rivage s’illuminaient. […] XXV De même qu’un arbre pousse inévitablement du côté d’où lui vient la lumière et développe ses branches dans ce sens, de même l’homme, qui a l’illusion de se croire libre, pousse et se porte du côté où il sent que sa faculté secrète peut trouver jour à se développer.

263. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Fiévée fidèle à son rôle d’infatigable observateur politique ; le voilà après ces brusques événements qui ont ébranlé bien des esprits réputés solides, et déconcerté quelques rares intelligences ; le voilà avec la même netteté de vue, la même finesse pénétrante que devant ; toujours oblique, prenant les questions de côté avec des solutions détournées, imprévues, mais vraies ; d’une ironie mordante quoique un peu froide ; paradoxal et positif ; logique au fond et décousu dans la forme ; faisant volontiers aboutir une idée générale à une anecdote qu’il aiguise ; visant au bon sens, aux chiffres, et malgré cela, spirituel par moments jusqu’à la subtilité. […] En laissant de côté les préventions naturelles à des princes longtemps proscrits, et qui, malgré ce qu’on a dit, ne se sont jamais réjouis de nos victoires, par la raison toute simple qu’ils ne pouvaient fonder l’espoir de leur retour que sur nos désastres, on concevra comment la vieillesse de Louis XVIII, et ses infirmités, qui ajoutaient à son isolement d’étiquette, nous ont valu les Cent Jours ; et pourquoi le règne de Charles X a fini par un crime, dont la première compensation sera de nous avoir épargné la vieillesse de M. le duc d’Angoulême, vieillesse qui aurait été d’autant plus déplorable qu’il n’a jamais été jeune. […] Des deux côtés, le combat a été livré entre des citoyens, et quand des citoyens se battent entre eux, il ne peut y avoir de honte pour les vaincus.

264. (1890) L’avenir de la science « I »

Mais ce qui pourra devenir possible dans une forme plus avancée de la culture intellectuelle, c’est que le sentiment qui donne la vie à la composition de l’artiste ou du poète, la pénétration du savant et du philosophe, le sens moral du grand caractère, se réunissent pour former une seule âme, sympathique à toutes les choses belles, bonnes et vraies, et pour constituer un type moral de l’humanité complète, un idéal qui, sans se réaliser dans tel ou tel, soit pour l’avenir ce que le Christ a été depuis dix-huit cents ans  un Christ qui ne représenterait plus seulement le côté moral à sa plus haute puissance, mais encore le côté esthétique et scientifique de l’humanité. […] Puis, quand il se voit dans l’impossibilité de réaliser cet idéal multiple, quand il voit cette vie si courte, si partagée, si fatalement incomplète, quand il songe que des côtés entiers de sa riche et féconde nature resteront à jamais ensevelis dans l’ombre, c’est un retour d’une amertume sans pareille.

265. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Les généralités admettent toujours les exceptions ; nous savons fort bien que la foule est une grande chose dans laquelle on trouve tout, l’instinct du beau comme le goût du médiocre, l’amour de l’idéal comme l’appétit du commun ; nous savons également que tout penseur complet doit être femme par les côtés délicats du cœur ; et nous n’ignorons pas que, grâce à cette loi mystérieuse qui lie les sexes l’un à l’autre aussi bien par l’esprit que par le corps, bien souvent dans une femme il y a un penseur. […] Et premièrement, pour ne prendre qu’un des côtés de la question, au point de vue de la philosophie de l’histoire, quel est le sens de ce drame ? […] Le grand fait de la noblesse se montre, dans Hernani comme dans Ruy Blas, à côté du grand fait de la royauté.

266. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Au côté de la cheminée, en s’avançant vers la gauche, troisième suivante debout, tenant sa maîtresse sous les bras et la pressant d’entrer dans la couche nuptiale. […] Il y a au chevet du lit une quatrième suivante qui a levé la couverture ; tout à fait à gauche, sur un guéridon, un autre flambeau à branches ; sur le devant, du même côté, une table de nuit avec des linges. […] Au centre de la toile et du tableau, une vieille, le dos courbé, le visage allumé de colère, les poings sur les côtés, gourmandant sa fille étendue sur une botte de paille qu’elle partage avec un jeune paysan, pauvre lit que je troquerais bien pour le mien, car la fille est jolie ; elle n’y gagnerait pas.

267. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

Il y est parlé d’Henri IV, loué cette fois par ses côtés louables, oublié par ses côtés mauvais. […] qui se masque seulement par un côté, — on le refait avec son profil.

268. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Augier appartient, par le manque de personnalité vigoureuse et cette facilité déplorable qui charme les sots et qui explique sa fortune, à cette race d’esprits de troisième degré qui sont entre les poètes et le public, — mais plus du côté du public que du côté des poètes, et qui, descendant la poésie, toujours un peu altière, jusqu’au niveau des gens médiocres, diminuent, dans leurs productions décolorées, l’éblouissante et insupportable originalité des maîtres et la font accepter aux débilités qu’elle épouvante. […] Venu l’un des derniers de cette école plastique dont Gautier est le chef puissamment correct et presque radieux, Bouilhet n’a vu la société romaine que par ses côtés matériels d’art compliqué et de corruption colossale : aussi a-t-il reproduit avec la science d’un antiquaire l’inventaire éclatant ou immonde de cette société au temps des empereurs, et s’est-il perdu dans cette abominable immensité.

269. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

L’envie debout à côté d’eux les observe ; la calomnie les outrage ; tourmentés à proportion qu’ils sont grands, on met quelquefois le malheur à côté du génie. […] Envisagés de ce côté, ce sont plutôt des portraits que des éloges ; le style en est doux, élégant et harmonieux, quelquefois même éloquent, mais plus d’une éloquence de sensibilité que de mouvement.

270. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Mais le nombre des suffrages se trouva égal de chaque côté. […] La Vérité morale reste inébranlable et intacte à côté des débris de tout ce qui s’enfle pour singer ou parodier sa puissance éternelle. […] À quoi bon mettre constamment en regard de la sottise la sagesse, et à côté du vice la vertu ? […] Et dès lors, ce côté personnel de la passion, qui contredit leur nature divine, se laisse représenter comme une fausse exagération. […] Il en est de même partout où il n’y a, d’un côté, qu’une situation pénible, et de l’autre, que la simple moquerie et une joie maligne.

271. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

On établit sur l’herbe de l’autre côté du Rhin les tentes et les huttes à l’endroit où l’on voulait camper. […] Hagene restait toujours de ce côté-ci de l’eau. […] Des deux côtés ils s’élancèrent sur lui, mais plus d’un s’était avancé trop vite au combat. […] De tous côtés on entendait un effroyable bruit de cris et de clameurs. […] On voyait réunis à leurs côtés plus de vingt mille hommes, qui devaient se rendre au combat.

272. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

La table à manger, placée dans un angle, près d’une fenêtre, formait un carré long, appuyé de deux côtés à la muraille. […] Les bancs, de chaque côté, tenaient aussi à la table, le tout peint en noir. […] De l’autre côté c’était l’église, avec le maître-autel en face de la grille. […] Des stalles de bois aux sobres moulures et lustrées par le frottement, le garnissent de chaque côté. […] Le quatrième côté était occupé par les parents, assis sur des banquettes ou sur des chaises et formant public.

273. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

C’est, on le voit, un Français qui n’est pas tout à fait du Centre ni de l’Île-de-France, mais qui se sent des frontières et qui a ses origines et ses alliances du côté des Villes libres. […] Le premier effet de cette ambition, bientôt si légitimée, était qu’il ne pouvait se déterminer à suivre simplement l’honorable profession de son père et à se ranger à son côté dans la même voie. […] Ses études approfondies en économie politique et en finances lui montraient de ce côté un noble but qu’il se sentait capable d’atteindre. […] Il n’assista pas aux premiers actes mémorables ni à la séance du Jeu de paume, où David d’ailleurs a bien fait de le placer : on sait d’avance en quel sens il aurait marché, et, dès son entrée, il prit rang dans l’Assemblée à côté des plus actifs et des plus utiles, et comme le premier lieutenant de Sieyès. […] Il est même obligé de se justifier d’avoir dîné chez M. de Jaucourt, un des membres du côté droit de l’Assemblée législative ; car on l’avait dénoncé pour ce dîner.

274. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Il s’agit encore de Mme de Maintenon, mais de Mme de Maintenon prise cette fois par son côté le plus positif et qui prête le moins aux discussions, considérée dans son œuvre et sa fondation de Saint-Cyr. […] Avertie par les premiers relâchements et par les fantaisies légères qu’elle avait vues poindre, elle s’occupa à faire à ses filles un rempart de leurs constitutions et de leur règle ; elle comprit, comme toutes les grandes fondatrices, qu’on n’arrive à tirer de la nature humaine un parti singulier et extraordinaire sur un point qu’en la supprimant ou la resserrant par tous les autres côtés. […] » Une haute idée, c’est que les Dames de Saint-Louis étant destinées à élever des demoiselles qui deviendront mères de famille et auront part à la bonne éducation des enfants, elles ont entre leurs mains une portion de l’avenir de la religion et de la France : « Il y a donc dans l’œuvre de Saint-Louis, si elle est bien faite et avec l’esprit d’une vraie foi et d’un véritable amour de Dieu, de quoi renouveler dans tout le royaume la perfection du christianisme. » La fondatrice leur rappelle expressément qu’étant à la porte de Versailles comme elles sont, il n’y a pas de milieu pour elles à être un établissement très régulier ou très scandaleux : « Rendez vos parloirs inaccessibles à toutes visites superflues… Ne craignez point d’être un peu sauvages, mais ne soyez pas fières. » Elle leur conseille une humilité plus absolue qu’elle ne l’obtiendra : « Rejetez le nom de Dames, prenez plaisir à vous appeler les Filles de Saint-Louis. » Elle insiste particulièrement sur cette vertu d’humilité qui sera toujours le côté faible de l’institut : « Vous ne vous conserverez que par l’humilité ; il faut expier tout ce qu’il y a eu de grandeur humaine dans votre fondation. » Quoi qu’il en soit des légères imperfections dont l’institut ne sut point se garantir, il persista jusqu’à la fin dans les lignes essentielles, et on reconnaîtra que c’était quelque chose de respectable en l’auteur de Saint-Cyr que de bâtir avec constance sur ces fondements, en vue du xviiie  siècle déjà pressé de naître, et dans un temps où Bayle écrivait de Rotterdam à propos de je ne sais quel livre : On fait, tant dans ce livre que dans plusieurs autres qui nous viennent de France, une étrange peinture des femmes de Paris. […] Tout ce côté nouveau et particulier de Louis XIV est très délicatement et généreusement touché par M.  […] C’est de la diction de Racine en prose, du Massillon plus court et plus sobre, toute une école pure, nette, parfaite, dont était le duc du Maine ; une jolie source, plus vive du côté des femmes, bien que peu fertile.

275. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

au Petit-Pont de Paris. » On est frappé, dans le récit que donne Joinville, et en y joignant les témoignages des autres contemporains, de l’absence totale de plan et de tactique des deux côtés, soit dans l’attaque, soit dans la défensive. […] dans le fond, la Massoure où se sont perdus et enfoncés à bride abattue ces brillants aventureux de l’avant-garde ; des groupes partout épars dans la plaine, la mêlée engagée sur plus d’un point ; d’un côté cette masure et muraille où s’appuient Joinville et ses amis harcelés d’un essaim de Turcs ; dans le fond opposé, le canal ou fleuve dans lequel Sarrasins et chrétiens et leurs chevaux sont précipités pêle-mêle, noyés ou à la nage ; et au premier plan saint Louis, apparaissant sur une levéev, dans ce glorieux appareil de combat. […] Joinville, de son côté, a ses aventures et sa manière d’être pris. […] Un bourgeois de Paris, là présent, le lui rappelle ; ce qui lui fait jeter de côté son assiette (son écuelleae) à l’instant. […] [NdA] Car il dicte et n’écrit pas ; et j’emprunte ici une remarque à un érudit en ces matières : On s’est longtemps récrié sur l’ignorance de l’antique noblesse, sur l’incapacité de tel ou tel seigneur qui ne savait pas écrire, attendu sa qualité de gentilhomme : si l’on se reporte au temps où tout châtelain avait à ses côtés un clerc ou chapelain, dont l’emploi était de tenir la plume pour son maître, on verra qu’il n’y avait rien d’extraordinaire à ce que le seigneur se dispensât d’écrire ; les écrivains alors remplaçaient les imprimeurs d’aujourd’hui, et étaient destinés comme eux à transmettre aux siècles futurs les pensées et les actes de leur époque… Les gens du métier seulement transcrivaient ce qu’on voulait conserver ; il en résulte de belles et uniformes copies.

276. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il ne se contentait pas d’appliquer envers la grande souveraine, femme pourtant par bien des côtés, le précepte de conduite que lui donnait crûment son frère : « Les Indiens disent qu’il faut adorer le diable pour l’empêcher de nuire. » Il y mettait plus de façon et d’art. […] Cette lettre du prince Henri est suivie de six lettres philosophiques de Frédéric où, sans le combattre directement, il dit à côté, et du ton particulier, mordant et original qui lui est propre, bien des choses faites pour provoquer les réponses du prince. […] Frédéric vit le bon côté, le côté sérieux de ce succès de son frère dans l’opinion : Le public en France, lui écrivait-il (13 septembre 1784), suit ce droit bon sens naturel qui voit les objets sans déguisement ; mais les ministres ont bien d’autres réflexions à faire, dont la principale roule sur leur conservation… Mais j’ose me flatter que votre séjour disposera les esprits en notre faveur, et que si la France voit enfin qu’elle est obligée de revirer de système, elle nous choisira comme son pis-aller. […] De son côté, le prince Henri, même avant d’être présenté à Louis XVI, avait du penchant pour ce roi si bien intentionné.

277. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Il y a un côté par où M. de Mirabeau tomba dans la secte et fut un dévot au docteur Quesnay ; mais, en laissant ce côté particulier et ce coin de paradoxe économique, que d’idées fines et justes dans ses écrits, que de vues justifiées par l’expérience et que ne désavouerait pas le bon sens politique, soit qu’on le prenne dans son mémoire de début sur L’Utilité des États provinciaux (1750), soit dans maint chapitre de L’Ami des hommes (1756), soit dans la Théorie de l’impôt (1760) qui le fit mettre cinq jours au donjon de Vincennes, par un simulacre de châtiment et une concession faite aux puissances financières du temps ! […] Cette espèce d’ambition m’a fait retourner de bien des côtés, et au point que, si dans la conjoncture présente, j’avais voulu un régiment dans un service étranger, je savais où le trouver. […] Ducs manants d’un côté, robins décrassés de l’autre, tout empiète sur l’homme de qualité : faites comme tout le monde avec ces gens-là, vous les avez toujours sur les épaules ; sachez vous annoncer et vous redresser, vous les voyez arriver plus bas que terre. […] Quand vous ne prendriez que les mauvais tours de phrase et l’accent du Bordelais, et ne perdriez pas de cent autres côtés, vous seriez toujours blâmable du long séjour que vous y faites.

278. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Mais nous avons encore bien des choses à apprendre d’elle et sur elle, bien des noms célèbres à rencontrer dans sa compagnie et à ses côtés. […] Elle avait donc, à côté des dons et du goût de l’esprit, la bonté, et, mieux que l’indulgence, une bienfaisance efficace et pratique ; elle usait de son crédit auprès du prince, et de sa faute même, pour se dédommager et se recommander par de bonnes actions : elle se piquait d’être une providence pour tous ceux qu’elle était à même de secourir : je ne sais si c’est là une prétention aussi, mais ce serait assurément celle d’une belle âme. […] Elle dut se borner à aller, dans l’été de 1780, aux eaux de Spa, où le roi de Suède arriva bientôt de son côté ; elle l’y attendait. […] Il était souverainement injuste de dire que le prince de Conti ne pouvait plus souffrir Mme de Boufflers qui était comme sa femme de la main gauche, et qui faisait si bien les honneurs du Temple et de l’Ile-Adam ; mais il est très-vrai que la passion, des deux côtés, était depuis longtemps bien amortie ; ; le prince avait, depuis dix ans au moins, d’autres maîtresses déclarées, et il ne se contraignait en rien sur ce chapitre. […] Un brave homme dont le nom mérite d’être conservé à côté du leur, l’abbé Le Chevalier, qui était instituteur du jeune de Boufflers, fils unique de la comtesse Amélie, vendit sa bibliothèque et une petite possession qu’il avait en Normandie, d’abord pour les faire vivre en prison, et puis pour détourner d’elles le coup fatal.

279. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Je laisse de côté la publication de Piron par M.  […] Bonhomme a mise à cette Correspondance de Collé et dans les notes dont il l’a assaisonnée, il n’est presque pas une page où il n’y ait fadeur, inutilité, phraséologie amphigourique et prétentieuse, incohérence de sens ; il n’y a presque pas une expression qui ne soit impropre, pas un jugement qui ne soit faux ou à côté. […] Qu’on relise dans la Correspondance de Béranger les lettres de conseils littéraires donnés à Mlle Béga, et qu’on les compare à celles de Collé à son élève : on verra le côté par où Béranger est supérieur à celui qu’il appela un jour « son maître. » La vie tout entière de Béranger avait été une éducation continuelle : Collé, sous le prétexte d’un goût naturel et sain, avait trop obéi à sa paresse et n’avait pas marché. […] Ce ne sont pas là les beaux côtés ni les côtés amusants de Collé.

280. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Il fit ses premières armes sous le digne Mounier, et mérita d’être porté à ses côtés, et par les mêmes suffrages, aux États généraux. […] J’avoue que mes muscles étaient crispés… On voit, ce me semble, la situation, l’attitude et le geste des deux parts : d’un côté, M. de Lally, celui qu’on a appelé le plus gras, le plus gai, le plus gourmand des hommes sensibles, ce personnage spirituel et démonstratif, à qui un moment d’éloquence généreuse et de pathétique dans sa jeunesse permit d’être déclamateur toute sa vie, ayant le beau rôle des larmes et se le donnant ici comme toujours ; de l’autre côté, un homme jeune, ardent, un peu amer, irrité de voir un mouvement d’humanité devenir une machine oratoire et un coup de tactique ; qu’on se représente les deux hommes en présence, et tout s’expliquera. […] Barnave, de son côté, repassant dans sa prison les souvenirs de cette époque, a pu dire d’une conjoncture si touchante, « qu’en gravant dans son imagination ce mémorable exemple de l’infortune, elle lui avait servi sans doute à supporter facilement les siennes ». […] Ce qu’il dit du parti modéré, du parti constitutionnel d’alors, de cette majorité saine de la nation, de cette bourgeoisie dont il était l’honneur et qu’il connaissait si bien, est digne de remarque : Le parti modéré, qui, soit par le nombre, soit par la composition, pourrait être regardé comme la nation même, est presque nul pour l’influence ; il se jette, à la vérité, pour faire poids, du côté qui cherche à ralentir le mouvement, mais à peine ose-t-il expliquer publiquement son vœu.

281. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Car, sans point de doute, elle étoit proprement ce que Platon appelle une ville bouillante, ayant premièrement été fondée par hommes les plus courageux et les plus belliqueux du monde qui, de tous côtés, avec une audace désespérée, s’étoient illec (là) jetés et assemblés : et depuis s’étoit accrue et fortifiée par armes et guerres continuelles, tout ainsi que les pilotis que l’on fiche dedans terre, plus on les secoue et plus on les affermit et les fait-on entrer plus avant. […] par l’aimable saint François de Sales, si on se l’imagine un seul moment jeune, non encore saint, helléniste et amoureux : Et sur le commencement du printemps, que la neige se fondoit, la terre se découvroit et l’herbe dessous poignoit ; les autres pasteurs menèrent leurs bètes aux champs : mais devant tous Daphnis et Chloé, comme ceux qui servoient à un bien plus grand pasteur ; et incontinent s’en coururent droit à la caverne des Nymphes, et de là au pin sous lequel étoit l’image de Pan, et puis dessous le chène où ils s’assirent en regardant paitre leurs troupeaux… puis allèrent chercher des fleurs, pour faire des chapeaux aux images (le bon Amyot, par piété, n’a osé dire : pour faire des couronnes aux dieux), mais elles ne faisoient encore que commencer à poindre par la douceur du petit béat de Zéphyre qui ouvroit la terre, et la chaleur du soleil qui les échauffoit. » Si vous croyez que ce petit béat de Zéphyre soit dans le grec, vous vous trompez fort ; c’est Amyot qui lui prête ainsi de cette gentillesse et de cette grâce d’ange, en revanche sans doute de ce qu’il n’a osé tout à côté appeler Pan et les Nymphes sauvages des dieux. […] M. de Blignières, qui tâche de couvrir le plus filialement qu’il peut les côtés faibles de son auteur, est forcé lui-même d’en convenir. […] Mais la question pour Amyot n’est pas de ce côté : elle n’est pas avec les Scaliger, les Méziriac et les érudits en us ; elle est avec le public, avec les lecteurs de toutes classes, avec tout le monde. […] Pour ne rien omettre d’essentiel, et pour ne pas sembler trop ignorant moi-même, je rappellerai cependant encore qu’en laissant même de côté ces inexactitudes de détail, il est une infidélité générale qui a été reprochée, surtout de nos jours, à Amyot : c’est d’avoir prêté à Plutarque une physionomie de simplicité, ou du moins de naïveté et de bonhomie, qui n’est pas dans l’original « La hardiesse de Plutarque, dit M. 

282. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Possédé de l’ardeur de faire parler de lui, et d’arriver au grand, à l’extraordinaire ; en même temps qu’il entrait dans le monde sous le règne d’un ministre despotique, il n’avait de ressource que dans l’idée de conspiration, et il tourna de ce côté ses prédilections premières, comme, en d’autres temps, il les eût peut-être inclinées autre part. […] Quand l’œuvre n’était qu’à moitié chemin et faite seulement d’un côté, comme du temps de Retz, au lendemain de la mort de Richelieu, cet envahissement sans contrôle du pouvoir royal et ministériel était bien du despotisme s’il en fut, et il n’y a rien d’étonnant si, dans l’intervalle de répit qui s’écoula entre Richelieu et Louis XIV, la pensée vint de s’y opposer et d’élever une digue par une sorte de constitution. […] Mazarin, étranger à la France, habile négociateur au-dehors, mais sans idée de notre droit public et de nos maximes, suivait, à pas plus lents, la voie tracée par Richelieu, mais il la suivait sans se douter qu’elle était « de tous côtés bordée de précipices ». […] Avec tout personnage historique, il faut s’attaquer d’abord aux grands côtés ; je ne sais si j’aurai le temps de marquer chez Retz toutes les faiblesses, toutes les infirmités, toutes les hontes même, et de les flétrir ; mais je me reprocherais de n’avoir pas dès l’abord désigné en lui les signes manifestes de supériorité et de force, qui enlèvent l’admiration quand on l’approche, et quoi qu’on en ait. […] Lorsque Saint-Simon, de son côté, nous peint les délices et le chatouillement qu’il éprouve à pouvoir observer les visages et les physionomies de la Cour dans les grandes circonstances qui mettent les passions et les intentions secrètes à nu, il ne s’exprime pas avec un sentiment plus vif de délectation que Retz nous rendant sa jouissance à l’idée de se saisir du rôle tant souhaité : on en pourrait conclure que l’un était dans son centre comme observateur, et l’autre comme agitateur, artistes tous deux en leur sens, et consolés après tout par leur imagination, quand il leur est donné de raconter leur plaisir passé et de le décrire.

283. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Diderot continue d’être en France le côté allemand de Grimm. […] Grimm eut l’esprit assez élevé et assez équitable pour ne point donner dans ce petit côté et pour ne point faire céder le jugement à la passion ou à une curiosité maligne. […] Son nez, pour être un peu gros et légèrement tourné, n’en avait pas moins l’expression la plus marquante de finesse et de sagacité : Grimm, disait de lui une femme, a le nez tourné, mais c’est toujours du bon côté. […] Je suis convaincu que ce séjour nous causera tôt ou tard du chagrin. » Ce séjour, en effet, causa, par les pages envenimées des Confessions qui sont tout à côté des pages enflammées, une calomnie immortelle. Il ne saurait être de mon dessein d’examiner ici ce procès : quand on lit les Mémoires de Mme d’Épinay d’une part, et Les Confessions de l’autre, il est clair que les lettres citées dans l’un et dans l’autre ouvrage, et qui peuvent servir à éclaircir la question, ne sont pas semblablement reproduites, qu’elles ont été altérées d’un des deux côtés, et que quelqu’un a menti.

284. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Les premières tragédies d’Arnault, Marius, Lucrèce, Cincinnatus, sont bien les contemporaines de la réforme que David avait introduite dans le style romain, et que Talma, de son côté, transportait au théâtre ; ce genre aujourd’hui nous paraît nu, roide et abstrait ; n’oublions pas qu’il a été relativement simple, et qu’il ne nous arrive, à la lecture, que dépouillé de tout ce qui le personnifiait à la scène et qui l’animait. […] Dans ses tragédies, Arnault n’a qu’un demi-talent : dans ses apologues et dans sa prose, il a tout son esprit, et, par ce côté, il s’y est mis tout entier lui-même. […] Tout ce côté élevé d’avenir ou de passé religieux et monarchique que Fontanes appréciait et admirait dans son ami Chateaubriand, n’allait point à Arnault qui prenait les choses de plus près, plus à bout portant, et en bourgeois de Paris qui gardait de la Fronde même sous l’Empire. […] En se détournant de la muse tragique, Arnault, dans cette seconde moitié de sa vie, prit goût insensiblement à faire des fables ; il trouva de ce côté à employer et à fixer, sous une forme courte et vive, les qualités de son esprit. […] Mais, encore une fois, je renvoie aux fables et apologues où ce côté de son esprit revit tout entier.

285. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

voulez-vous que je vous dise… Quand l’Empereur a accordé les libertés, il y était opposé comme un beau diable… Il ne s’est plus senti entre deux gendarmes… il ne s’est plus senti protégé… et, de peur, il a passé de l’autre côté, pour plus de sûreté !  […] À la déposition des témoins, il a des inquiétudes des yeux animales, des mordillements de moustaches, des crispations de coins de lèvres qui lui tournent un moment la bouche de côté, comme dans un plâtre de guillotiné. […] Claude Bernard, de son côté, aurait annoncé qu’avec cent ans de science physiologique, on pourrait faire la loi organique, la création humaine, en concurrence avec le Créateur. […] » Et elle imite l’horrible bégayement de l’homme frappé d’une hémiplégie. « Il a retrouvé la parole, mais il a un bras et tout un côté qu’il ne peut remuer. […] 7 juillet Toute la journée, entre les piétinements du cheval d’un côté et les cris des trois enfants de l’autre côté, nous sommes obligés d’aller nous étendre sur l’herbe du bois de Boulogne, comme des gens qui n’ont pas de domicile.

286. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

En outre du côté physique, il y a dans le désir des mouvements à la fois commencés et empêchés, d’où un état de tension dans les forces cérébrales. […] Du côté physique, il y a passage des forces de tension à un déploiement d’énergie et à un mouvement dans un sens déterminé. […] Il est seulement nécessaire que l’avenir apparaisse à toute volonté comme non déterminé indépendamment de sa volition ; ce qui n’empêche pas la volition elle-même, déterminante du côté de l’avenir, d’être déterminée du côté du passé. […] Et l’indéterminisme, de son côté, n’est il pas puéril, s’il confond de prime abord l’idée et le sentiment de la liberté avec une réelle suspension du déterminisme réclamé par l’intelligence ? […] Les considérations morales et métaphysiques étant ici mises de côté, voyons comment, au point de vue psychologique, pourra se réaliser l’idéal de l’action libre.

287. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Pour lui, laissant là en arrière ses compagnons et son guide, et retrouvant son sentiment allègre des hautes Alpes, il se met à gravir seul et en droite ligne vers la cime : « Je l’atteignis en peu de temps, et, du bord d’un précipice effroyable, je vis un monde à mes pieds. » C’est ici qu’il entre dans une description parfaite et de ce que la vue embrasse du côté des plaines, et des rangées de monts qui s’étagent en amphithéâtre au midi, et des collines et pâturages plus rapprochés qui s’élèvent du fond du précipice vers la pente escarpée du Pic et forment un repos entre sa cime et sa base : Là, dit-il, j’apercevais la hutte du berger dans la douce verdure de sa prairie ; le serpentement des eaux me traçait le contour des éminences ; la rapidité de leur cours m’était rendue sensible par le scintillement de leurs flots. […] On ferait avec ces deux ouvrages de Ramond, et en laissant de côté les considérations purement scientifiques, une suite de Morceaux choisis dans le genre de ceux de Buffon, et qui mériteraient d’avoir place dans toutes les jeunes bibliothèques. Le voyageur a continué de gravir les étages de la vallée de Gavarnie en s’élevant du côté du Marboré vers l’Espagne : Tout le long de l’étroit passage que je viens, dit-il, de décrire, nous avions rencontré des bergers des monts voisins de l’Espagne, qui en descendaient pour changer de pâturages. […] L’ouvrage de Ramond où elles se trouvent, ces Observations sur les Pyrénées parurent en 1789, c’est-à-dire au moment de la Révolution, et n’eurent pas le temps d’avoir leur succès ; venues quelques années plus tôt, elles auraient sans doute obtenu la vogue, elles auraient peut-être même déterminé un courant de l’opinion et entraîné des flots d’élégants visiteurs par-delà Campan et Bagnères, du côté des hautes vallées des Pyrénées, comme cela s’était vu dans les vallées de la Suisse et des Alpes.

288. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Mais s’il y a quelque abus d’un côté, de l’autre dans Adolphe il y a aussi trop d’impuissance à peindre, à saisir et à fixer le rapport réel des sensations aux sentiments. […] Je vous présente, lui dit-il en riant, l’un des hommes que votre départ inattendu a le plus étonnés. — Ellénore parlait à une femme placée à côté d’elle. […] J’aurais voulu m’asseoir à côté d’Ellénore, mais le maître de la maison l’avait autrement décidé : je fus placé à peu près vis-à-vis d’elle. […] Sa présence à mon côté m’était devenue insupportable ; c’était comme un poids qui m’étouffait.

289. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Mais il y a un côté en lui que je me flatte de comprendre mieux que la plupart de ses adversaires ; c’est ce côté-là, et j’yinsiste. […] Voilà une recrue plébéienne qui lui arrivait, sur laquelle il ne comptait pas : un Cadoudal à côté du La Rochejaquelein. […] Veuillot : c’est son côté supérieur.

290. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Cour par ordre ou du moins avec l’agrément du roi. » Cependant, dans une lettre que l’on connaît d’ailleurs et que Racine écrivait à son fils, alors à Versailles, il lui parlait de la tumeur qu’il avait toujours au côté : « Je n’en ressens presque aucune incommodité, lui disait-il. […] Sa fille aînée semblait d’abord aussi peu disposée au mariage que la cadette, et si Port-Royal à cette date avait pu recevoir des novices, il est fort possible et même probable que sa vocation eut été de ce côté. […] Vuillart reprend la plume, et après avoir rapporté une nouvelle intéressante (l’arrivée de la Bulle condamnant le livre des Maximes de Fénelon) qu’il avait apprise de l’abbé Renaudot dans la chambre même de Racine, il continue ainsi : « Il (l’abbé Renaudot) me laissa chez le malade parce que je voulus voir lever le premier appareil d’une incision qu’on lui avait faite la veille au côté droit, un peu au-dessous de la mamelle. […] On se perd dans ces infiniment petits de la flatterie courtisanesque, et c’est bien le cas de dire avec un annotateur du temps, dont j’ai le manuscrit sous les yeux : « Fadeur et impertinence de tout côté ! 

291. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

On voit pourtant quelle était l’opinion que s’étaient déjà formée du personnage ceux qui l’avaient observé de près, et dans la Galerie des États-Généraux, dans cette première et fine série de profils parlementaires dont le La Bruyère anonyme était Laclos, à côté d’un portrait de La Fayette, retracé dans son attitude et sa pose vertueuse sous le nom de Philarète, on lisait celui de M. de Talleyrand sous le nom d’Amène ; c’est d’un parfait contraste. […] Sir Henry Bulwer a résumé en des termes judicieux et élevés le côté apparent et lumineux du rôle de Talleyrand pendant cette première période de sa carrière publique : « Dans cette Assemblée, dit-il, M. de Talley rand fut le personnage le plus important après Mirabeau, comme il fut plus tard, sous le régime impérial, le personnage le plus remarquable après Napoléon… Toutefois, la réputation qu’il acquit à juste titre dans ces temps violents et agités ne fut pas d’un caractère violent ni marquée de turbulence. […] Ce mémoire daté du 25 novembre 4792 prouve qu’il s’occupait à consolider la République lorsque, sans motif et sans rapport préalable, on l’a décrété d’accusation… » De son côté, Talleyrand lui-même, dans des Éclaircissements publiés en l’an VII, avant sa sortie du ministère, voulant se laver de l’accusation d’avoir émigré, s’autorisait de la mission qui lui avait été confiée au début de la République : « Je fus envoyé à Londres, disait-il, pour la deuxième fois le 7 septembre 4792 par le Conseil exécutif provisoire. […] Il avait eu peur lui-même, peur non pas du côté de la populace, mais du côté du clergé.

292. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Le roi, de son côté, fit tout ce qu’un bon chrétien doit faire. » Le 16 avril, peu après l’événement, madame de Scudéry écrivait au comte de Bussy-Rabutin : « Le roi et madame de Montespan se sont quittés, s’aimant, dit-on, plus que la vie, purement par un principe de religion. […] Madame de Montespan les a faites de son côté. […] Nous avons parlé de cette lettre sous la date de 1673, parce qu’elle s’applique à deux années de mésintelligences, de prétentions d’un côté, de griefs de l’autre… « Ce secret, ajoute la lettre, roule sous terre depuis plus de six mois. […] On s’y promène ; ce sont des allées où l’on est à l’ombre ; et pour cacher les caisses, il y a des deux côtés des palissades à hauteur d’appui, toutes fleuries de tubéreuses, de roses, de jasmins, d’œillets : c’est assurément la plus belle, la plus surprenante et la plus enchantée nouveauté qui se puisse imaginer.

293. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Mme Récamier, jeune, eut besoin de cet ange à côté d’elle et en elle, car le monde qu’elle traversa et où elle vécut était bien mêlé et bien ardent, et elle ne se ménagea point à le tenter. […] Elle courut rejoindre, au Théâtre-Français, Mme Bacciochi, qui était avec sa sœur Pauline, laquelle était tout occupée du casque de Lafon : « Mais voyez, disait-elle, comme ce casque est mal mis, comme il est de côté !  […] C’est là un côté sérieux que sa charité finale n’a pas été tout à fait sans comprendre ; c’est une leçon que la gravité suprême qui s’attache à sa noble mémoire n’interdit pas de rappeler. […] Un jour, en 1802, pendant cette courte paix d’Amiens, non pas dans le brillant hôtel de la rue du Mont-Blanc, que Mme Récamier occupait alors, mais dans le salon du château de Clichy où elle passait l’été, des hommes venus de bien des côtés différents étaient réunis, Adrien et Mathieu de Montmorency, le général Moreau, des Anglais de distinction, M. 

294. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Walckenaer aussi, une part d’affection s’était trouvée de bonne heure engagée de l’autre côté du détroit et sur l’autre rivage. […] Laissant de côté ses mémoires sur l’ancienne Gaule, qui le firent nommer dès 1813 à l’Académie des inscriptions, et les nombreux travaux de géographie qui ne cessèrent de l’occuper depuis lors, « d’usurper, comme il le dit, le plus grand nombre de ses moments de loisir », je ne voudrais insister ici que sur les services agréables que M.  […] On me dira qu’il ne tient qu’au lecteur d’avoir son Horace ouvert sur sa table, tout à côté des volumes de M.  […] C’est l’histoire d’une brillante époque prise par tous les côtés les plus curieux.

295. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

La balance de la renommée, qui est presque toujours inégale pour les rois, a penché tour à tour des deux côtés opposés pour Louis XIV ; essayons, s’il est possible, de la fixer. […] Si on l’examine du côté des talents il avait un coup d’œil sûr. […] On remarque sur les lois, qu’en diminuant l’abus des procédures, et réglant la forme des tribunaux, il laissa subsister le vice de cent législations opposées, et ne fit qu’ébaucher un ouvrage immense, qui, parmi nous, attend encore le zèle d’un grand homme ; sur l’agriculture, qu’il connut peu les vrais principes qui l’encouragent, principes découverts par Sully, employés dans les belles années de Henri IV, oubliés sous le ministère orageux et brillant de Richelieu, retrouvés ensuite par Fénelon, et développés avec succès dans ce siècle, où les grands besoins font chercher les grandes ressources ; sur le commerce, qu’il eut peut-être sur cet objet des vues beaucoup plus vastes que solides ; que ses vues même étant en contradiction avec ses besoins, d’un côté il voulait le favoriser, et de l’autre il le chargeait d’entraves ; sur les manufactures, qu’il les encouragea avec grandeur, mais qu’il fit quelquefois de ces arts utiles le fléau de l’État, en immolant le laboureur à l’artisan ; enfin, sur la partie militaire, que sa perfection même nous donna une gloire éclatante et dangereuse, qu’elle arma la France contre l’Europe, et l’Europe contre la France, et fut récompensée et punie par trente ans de carnage. Ainsi, de quelque côté qu’on jette les yeux on voit des succès et des malheurs ; on voit de grandes vues et de grandes fautes ; on voit le génie, mais tel qu’il est chez les hommes, et surtout dans les objets de gouvernement, toujours limité ou par les passions, ou par les erreurs, ou par les bornes inévitables que la nature a assignées à toutes les choses humaines.

296. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Admiration de Japonais et de Japonaises devant les pruniers en fleurs de l’autre côté de la Soumida. […] L’autre côté du Fouji, vu de Minobougawa (nom de rivière). […] Le paysage de l’autre côté de la Soumida, et où se voit le temple d’Asakousa. […] Une tête énorme, à côté d’une tête de vieille femme, au long cou d’un serpent, sortant d’une boîte. […] Sur un papier crépon fait particulièrement pour les éventails, un hochequeue sur une pierre où, d’un côté est une fleurette bleue, et de l’autre côté une tige de plante couverte de neige.

297. (1875) Premiers lundis. Tome III « De l’audience accordée à M. Victor Hugo »

Nous essaierons, de notre côté, d’indiquer comment nous le concevons ; et sans prétendre tout raconter à la lettre, nous tâcherons de ne pas tout supposer gratuitement. […] Et d’ailleurs, si le poète avait rappelé au roi qu’en l’état actuel des esprits, une pièce de théâtre, composée avec conscience et venue d’un certain côté littéraire, ne devait produire, par sa chute ou son succès, qu’un résultat bien étranger assurément à toute passion politique, le roi aurait bien pu, sans doute, à demi-voix et avec un sourire, prononcer ce terrible mot de romantisme ; mais il eût été facile de démontrer à sa bienveillante attention, que ces débats sont au fond bien moins frivoles, même sous le rapport politique, qu’on ne pourrait le penser.

298. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre IV. De l’analogie. — Comparaisons et contrastes. — Allégories »

La réflexion travaillera là-dessus, éclaircira l’impression confuse, développera le germe, et joindra les objets par les côtés où ils se conviennent. […] Chaque image d’une série évoque une image correspondante de l’autre série ; si l’imagination est à bout d’un côté, elle se soutient de l’autre.

299. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé aux funérailles de M. Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France »

L’intérêt hors ligne que présente l’assyriologie le frappa ; il est probable que, s’il eût vécu davantage, il eût de plus en plus tourné ses études de ce côté. […] La vie s’était toujours montrée à lui par le côté austère.

300. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

Seroit-on bien reçu à dire que personne n’étoit plus capable de remplacer l’Abbé Desfontaines ; que, né avec autant d’esprit que son prédécesseur, il l’a emporté sur lui du côté du talent de la Poésie, & qu’on peut en juger par son Ode sur la Journée de Fontenoy, & par d’autres Pieces connues ; que les Auteurs Grecs & Latins lui étoient aussi familiers que ceux du siecle de Louis XIV ; qu’il a réuni la connoissance de plusieurs Langues étrangeres au mérite de bien écrire dans la sienne ; qu’il s’est montré supérieur dans l’art de faire l’analyse d’un Ouvrage, & sur-tout d’une Piece de Théatre, quand il a voulu s’en donner la peine ? […] Le moyen, après cela, que la raison soit de son côté !

301. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Doyen  » pp. 153-155

Effacé sur un de ses côtés, il porte le fer de son javelot en arrière. […] Cependant on se massacre et le sang coule de tous côtés.

302. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

À en croire le jeune commentateur, il y aurait tout un côté caricaturesque au Roman bourgeois, et il l’explique par une étude très substantielle, où les mots tiennent moins de place que les choses, sur la société du temps où Furetière écrivait. […] Asselineau a dépensé beaucoup d’esprit et de nuances pour justifier l’opinion qu’il exprime, mais il ne nous a point convaincu, et la meilleure réponse contre cette opinion qu’on s’étonne de trouver à côté d’une admiration si intelligente, c’est, pour les hommes doués d’un peu d’intuition littéraire, le livre même que le spirituel biographe a ressuscité.

303. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Sa mère, Mlle de Baraudin, fille d’un amiral de ce nom, est aussi de Touraine ; son père était de Beauce : des deux côtés, comme on le voit, notre poëte a racine en plein au meilleur terroir de la France. […] Eux, du moins, par quelque côté, par certaines analogies, on peut les rattacher à la poésie française antérieure. […] On pourrait naturellement rappeler aussi, à côté d’Éloa, l’Endymion de Girodet, de ce peintre ami de notre poëte, et comme lui de la race de ceux qui se tourmentent eux-mêmes. […] Il avait, en chantant, adopté les croyances catholiques ; mais son cœur n’était que peu gagné à leur onction tendre, et leur côté sombre, dans de Maistre, le rebutait, lui faisait presque horreur. […] Je lui en veux de ne pas parler de vous, comme s’il devait vous sentir à son côté. — Quel service vous rendez aux Lettres en relevant et rattachant ces anneaux perdus ou rouillés de la chaîne des poëtes !

304. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

L’homme d’intelligence et de sympathie littéraire élevée, qui a conçu l’idée de cette Anthologie et qui en a dirigé l’exécution, a pensé qu’entre ces deux écueils, le trop d’unité ou l’extrême diversité, il y avait pour une œuvre de ce genre bien plus d’inconvénients d’un côté que de l’autre. […] La Chanson de Roland d’abord, si grandiose dans sa rudesse, si héroïque de souffle, si impériale et nationale, si admirablement fraternelle dans l’union des deux amis, si sincèrement magnanime par elle-même, et à laquelle il n’a manqué qu’un digne metteur en œuvre, un meilleur Turold ; le Roman de Raoul de Cambrai, que je place à côté, non pour l’imagination, mais pour le cachet historique sévère, franchement féodal, et pour l’intérêt sérieux du sujet. […] Victor Hugo lui-même, qui aime si sincèrement le moyen âge, et qui est habitué à être si souvent vainqueur dans l’arène lyrique, ne m’en voudra certainement pas si j’estime que, pour cette fois, sur le terrain d’une épopée limitée, l’avantage reste du côté du vieux trouvère sans renom, Bertrand de Bar-le-Duc, à qui échoit cet honneur insigne dans le concours ouvert à l’improviste après six cents ans. […] C’était un si beau siècle et si fécond pour la poésie française que ce xiii e siècle (car c’est en général au xiiie qu’il faut se reporter, sans fixer d’ailleurs de date trop précise) qu’à côté et au-dessous de cette vaste et forte végétation épique, il y eut là, dans un tout autre genre, une moisson naturelle et non moins ample qui se produisit spontanément ; il y eut une branche, — que dis-je ? […] Tout à côté, un autre prince poète, le bon roi René, nous présente, dans l’exubérance et l’anachronisme déjà sensible de certains de ses goûts, une espèce de caricature amusante et toute débonnaire du moyen âge finissant.

305. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

. — Depuis quinze jours (deux mois et demi), j’en constate un qui est visiblement acquis : entendant la voix de sa grand’mère, elle tourne la tête du côté d’où vient la voix. […] On a refait devant elle ces deux bruits à plusieurs reprises ; elle a écouté attentivement, et maintenant elle parvient à les répéter tout de suite quand elle les entend. — Même remarque pour le son papa papa, qu’elle a dit d’abord plusieurs fois au hasard, et d’elle-même, qu’on lui a répété cent fois pour le lui fixer dans la mémoire, et qu’elle a fini par dire volontairement, avec une exécution facile et sûre (toujours sans en comprendre le sens), comme un simple gazouillement qu’il lui est agréable de faire. — En somme, l’exemple et l’éducation n’ont guère servi qu’à appeler son attention sur des sons que déjà elle ébauchait ou trouvait d’elle-même, à provoquer leur répétition ou leur achèvement, à diriger de leur côté sa préférence, à les faire émerger et surnager dans la foule des autres sons semblables. […] Quant aux mouvements appris, les progrès se sont faits dans l’ordre suivant : 1º Tourner les yeux à volonté dans tel ou tel sens. 2º Les tourner du côté d’où vient la voix (quatre mois). 3º Gouverner les mouvements de son cou et de sa tête, et les tourner l’un et l’autre, en même temps que les yeux, du côté d’où vient la voix (cinquième et sixième mois). 4º Se servir de ses mains, commencer à palper, remarquer des sensations tactiles différentes, notamment la sensation nouvelle d’une des mains promenée par hasard sur l’autre main. […] Du treizième au dix-septième mois, il n’a appris que des noms individuels, et encore lentement : poupoute (soupe), cola (chocolat), caté (café) ; mais je ne trouve pas qu’avec ces mots il ait généralisé à côté ni au-delà du sens ordinaire. […] Nous ne pouvons peler l’orange, mettre la peau d’un côté et la chair de l’autre, et nous pouvons peler le langage et mettre les mots d’un côté, et la pensée ou le sens de l’autre ; mais nous ne trouverons jamais dans la nature une orange sans peau, ou une peau sans orange, et nous ne trouvons jamais dans la nature une pensée sans mots ou des mots sans pensée182. » Ainsi, des racines et des concepts, voilà la production spéciale de l’intelligence humaine, et il n’est pas étonnant qu’on les y rencontre ensemble, puisqu’ils ne sont qu’une même production sous deux aspects.

306. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Nous n’avions de notre côté que la Providence ; mais il y a des temps où elle se cache comme pour épier jusqu’où va la patience des bons et la perversité des méchants. […] Mais, au moment où Zampogna atteignait la chèvre et ses petits et aboyait autour d’eux pour les faire sortir du maïs, voilà six coups de feu qui résonnent comme des tonnerres derrière les sapins, de l’autre côté du champ, et trois sbires, leurs fusils fumants à la main, qui sortent avec de grands cris de la sapinière et qui se jettent comme des furieux à travers les cannes. […] En parlant ainsi je tenais le loquet de la porte de la cabane pour le pousser dehors, tout en pleurant comme lui ; sa mère et sa cousine, réveillées par le bruit de mes sanglots et des siens, sanglotaient de leur côté dans l’ombre. […] À la faible lueur de jour naissant qui me reste dans les yeux, j’étendis la main du côté où je l’entendais remuer, pour démêler, comme à l’ordinaire, ses beaux cheveux avec mes doigts, et pour approcher de son front ma bouche. […] La pauvre enfant, surprise dans sa mue, tomba de son côté, à demi habillée, sur le bord du lit, couvert de sa robe, du corsage et des cheveux qu’elle venait de dépouiller.

307. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Deux écoles sont en présence ; d’un côté Thespis, Susarion, Pratinas de Phlionte, Épigène de Sicyone, Théomis, Auléas, Chœrilus, Phrynichus, Minos lui-même ; de l’autre le jeune Eschyle. […] Eschyle, par son côté oriental, y confinait, mais il gardait la chasteté tragique. […] Il y a deux côtés à la grandeur : la majesté est l’un, la familiarité est l’autre. […] C’était du côté du peuple qu’il faisait pencher la balance dans ce drame mystérieux, le Pesage des Âmes 5. […] Un des grands côtés de cette délivrance de l’homme par l’imprimerie, c’est, insistons-y, la conservation indéfinie des poètes et des philosophes.

308. (1903) La pensée et le mouvant

De ce côté, l’intelligence finirait, en principe, par toucher un absolu. […] Je laisserai de côté Spinoza ; il nous entraînerait trop loin. […] On entend par là qu’il est moins préoccupé que nous du côté positif et matériel de la vie. […] Mais laissons de côté ces subtilités. […] La plupart des philosophies rétrécissent donc notre expérience du côté sentiment et volonté, en même temps qu’elles la prolongent indéfiniment du côté pensée.

309. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Elle implique du côté subjectif une préférence, du côté objectif une substitution, et n’est point autre chose qu’une combinaison, ou plutôt une interférence, entre ce sentiment de préférence et cette idée de substitution. […] Mais laissons de côté les procédés et ne considérons que le résultat. […] Elle est même radicale par un certain côté. […] On accepte cette philosophie, telle quelle, du côté Étendue, mais on la mutile du côté Pensée. […] Même, à l’envisager d’un certain côté, elle n’est qu’un prolongement de la métaphysique des modernes et une transposition de la métaphysique antique.

310. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Tout à côté, je note quelque chose de plus humble et de tout simple. […] Je suis franc, le côté faible d’Horace en critique d’art s’y trahit : « Je ne connais pas, dit-il, l’histoire de ce grand artiste ; mais, à juger de sa vie privée par ses œuvres, il ne devait pas avoir les goûts fort élevés. […] Des jeunes filles à côté dessinaient, et très correctement comme il convient à des jeunes filles. […] À côté des actions, il avait des mots fins, spirituels. […] De son côté, Horace est averti sans doute de la qualité des prisonniers qu’il va trouver.

311. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Mais le bon sens aussi a ses humbles avantages, et celui de Sismondi relevait tout aussitôt le mal à côté du bien, l’inconséquence et l’incohérence de la seconde partie de cette Monarchie, qui était encore plus selon les ultras que selon la. Charte : « Le vague dans les idées, la confusion et l’exagération qui commencent au milieu du livre, me paraissent faire un contraste très-étrange avec la grande netteté du commencement. » Ce jugement est le vrai, et, en se généralisant, il s’appliquerait assez bien à tout le côté historique et politique de Chateaubriand. […] Je deviens plus religieux, mais c’est d’une religion tout à moi, c’est d’une religion qui prend le christianisme tel que les hommes l’ont perfectionné et le perfectionnent encore, non tel que l’esprit sacerdotal l’a transmis… » C’est vers ce temps que, dans sa correspondance avec Mme Mojon, avec Mlle de Sainte-Aulaire, avec Channing, il nous découvre tout un côté nouveau de son âme. […] Comme vous, je suis persuadé que c’est un enseignement tout nouveau qui serait nécessaire pour satisfaire les âmes pieuses ; comme vous, je ne vois commencer nulle part cet enseignement : bien au contraire, je vois reproduire la religion par ses abus, par son côté haïssable. » Sismondi représente à Channing qui, de loin, paraît avoir jugé trop indulgemment les choses, comment en Amérique, pays neuf, on n’a pas eu à supporter le vieil échafaudage religieux avec tout ce qui en était l’accompagnement et la conséquence, cette institution toute-puissante et intolérante qu’il a fallu, avant tout, renverser au XVIIIe siècle : ce fut une lutte et une crise par où il était nécessaire de passer. […] À côté des avantages, les inconvénients.

312. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Par quel côté Saint-Simon appartient au dix-huitième siècle. […] Je vois d’un côté un bel esprit qui se donne en spectacle, de l’autre une personne du monde qui lui a demandé une lettre, pour s’en faire honneur dans les ruelles. […] Mme de Sévigné y avait pris, avec le goût pour le relevé, qui en était le beau côté, la recherche du rare, qui en était le travers. […] Où la plupart des esprits ne voient que les mauvais côtés, soit manque d’élévation, soit envie, il voit les bons, et son admiration n’est que la forte impression qu’il en reçoit. […] Par quel côté Saint-Simon appartient au dix-huitième siècle.

313. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

M. de Latouche, l’un des hommes de nos jours qui ont le plus écrit depuis quarante ans et de tous les côtés, avait eu l’art d’échapper en partie à cet enregistrement et à ce cadastre littéraire. […] Daunou était dépositaire des ouvrages inédits d’André ; mais, de ce côté, Marie-Joseph avait de beaucoup le pas sur André, et ce ne fut qu’après que les Poésies diverses du premier eurent réussi dans le public, qu’on se décida à faire imprimer du second ce qui semblait une suite d’ébauches informes et incorrectes. […] Je laisse de côté l’intention politique, je passe par-dessus le hiatus du dernier vers ; mais opérer une sortie, est-ce possible en poésie, et dans un autre style que celui du bulletin ? […] Il crut, la chose s’éclaircissant, que les rieurs seraient de son côté, et qu’il n’y aurait que des sifflets pour le ministère corrupteur. […] Tout à côté il citait les billets de consolation qu’il avait reçus le matin.

314. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Des deux côtés de la cheminée des tableautins, et sur la bordure dorée de la glace un portrait en miniature de religieuse. […] Au premier, un interminable corridor avec des chambres de chaque côté, des cellules grandes comme rien, fermées par les persiennes démantelées d’une petite fenêtre et contenant pour tout mobilier, un lit, une commode, une chaise, et par terre, un pot à l’eau et une cuvette. […] Une est seule, la tête raide et de côté ; un nez de vautour, trois grandes taches noires, par le nez et la face, comme des coups d’ongle de la mort, l’œil clair, le regard torve, deux bouts de ruban jaune pendant des deux côtés à son bonnet, une face implacable et sourde. […] » Puis l’embaumeur prend le nez de l’embaumé, et le rabat de chaque côté, pour en faire voir la souplesse. […] … » Et longtemps, longtemps, il berce et amuse les côtés aventureux de votre âme par l’invraisemblance d’incidents qui vous mèneront à connaître des « étrangères puissamment riches et merveilleusement belles, dans une ville où il y aura des ruines ».

315. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

D’un côté, il a placé la Bible et Jéhovah, les rois oints du Seigneur, les pompes funèbres de Saint-Denis, Néron, Gustafson, Napoléon ; il a mis de l’autre la légende dorée, les saints dans leurs châsses, les preux armés par leurs marraines, les espiègleries des lutins et les danses du sabbat. […] Tout à côté du Trilby, quoique dans un ton bien différent, il faut placer sans hésiter l’admirable Ronde du sabbat. […] Au milieu de l’énumération des peuples soumis à Napoléon, à côté du Mameluk, du Turc, il mettra le Polonais qui porte une flamme à sa lance .

316. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

A chaque grande révolution politique et sociale, l’art, qui est un des côtés principaux de chaque société, change, se modifie, et subit à son tour une révolution, non pas dans son principe tout à fait intérieur et propre, qui est éternel, mais dans ses conditions d’existence et ses manières d’expression, dans ses rapports avec les objets et les phénomènes d’alentour, dans la nature diverse des idées, des sentiments dont il s’empreint, des inspirations auxquelles il puise. […] Deux grands génies que nous aimons à citer ensemble et à embrasser dans une égale admiration, M. de Chateaubriand et madame de Staël ouvrirent cette révolution au début, par des côtés assez éloignés, et selon des directions un peu différentes, mais qui ont fini par converger et se confondre. […] La révolution qu’ils préparaient de ce côté n’était pas descendue encore ; elle avait, pour cela, quelque chose de trop particulier à la nature de ces deux grands génies et de trop artificiel par rapport à la société.

317. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

M. de Rémusat publiait aussi de son côté deux gros volumes qu’il intitulait pompeusement : Abailard, sa vie, sa philosophie, sa théologie, — et comme si ce n’était pas assez que ces deux hommages du Rationalisme moderne offerts à l’un de ses précurseurs, l’éditeur de M. de Rémusat a publié un volume encore dont Abailard est le sujet et même le héros. […] Et c’est ainsi qu’on essaie d’échafauder deux admirations l’une sur l’autre et qu’on remue, par deux côtés, la flamme d’une gloire déjà deux fois scandaleuse ; le tout pour la faire briller mieux ! […] D’un côté, vous avez un fat de quarante ans, un bellâtre gauche et impudent, une de ces âmes comme celle de Rousseau, coquinement honnêtes, qui se passionnent d’esprit pour le bien et de volonté pour le mal ; et de l’autre vous avez un bas-bleu du xiie  siècle, froide de cœur comme toutes ces folles Ménades de la gloire qui l’appellent « un deuil éclatant du bonheur », et qui s’est, comme on dit vulgairement, monté la tête, non pour l’homme tel qu’il soit, mais pour le professeur le plus renommé de son temps.

318. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

M. de Rémusat publiait aussi de son côté deux gros volumes qu’il intitulait pompeusement : Abailard, sa vie, sa philosophie, sa théologie, — et comme si ce n’était pas assez que ces deux hommages du Rationalisme moderne, offerts à l’un de ses précurseurs, l’éditeur de M.  […] Et c’est ainsi qu’on essaie d’échafauder deux admirations l’une sur l’autre et qu’on remue, par deux côtés, la flamme d’une gloire, déjà deux fois scandaleuse ; le tout pour la faire briller mieux ! […] D’un côté, vous avez un fat de quarante ans, un bellâtre gauche et impudent, une de ces âmes comme celle de Rousseau, coquinement honnêtes, qui se passionnent d’esprit pour le bien et de volonté pour le mal ; et de l’autre vous avez un bas-bleu du douzième siècle, froide de cœur comme toutes ces folles Ménades de la gloire qui l’appellent « un deuil éclatant du bonheur », et qui s’est, comme on dit vulgairement, monté la tête, non pour l’homme tel qu’il soit, mais pour le professeur le plus renommé de son temps.

319. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

et par ce côté, le mot de Fontenelle est pourpré et faux comme l’est un madrigal. […] Seulement, si nous n’entrons pas plus avant dans ce point de vue pratique, qu’il est impossible de ne pas ouvrir quand il s’agit d’un livre chrétien, il nous reste à connaître le côté littéraire de l’Imitation comme œuvre humaine, et nous allons l’examiner. […] par ce côté-là comme par l’autre, par la forme comme par le fond, l’Imitation n’est pas en rapport avec l’admiration traditionnelle qu’elle a inspirée.

320. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

On ne peut même pas par des citations suppléer à tout cela… Le jeune mourant, qui a creusé dans l’idée de la mort pour ajouter à la profondeur du mal dont il meurt, est, par ce côté, plus qu’une curiosité humaine. […] C’est là le côté très inférieur, le côté appris et déjà dégoisé de ces pages ; mais son âme a aiguisé toutes ces choses épaisses, qui, sans elle, n’auraient jamais coupé, et leur a donné un fil éblouissant et meurtrier.

321. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

» Et plus bas encore il ajoute : « N’allons pas en vouloir aux événements pour avoir fait triompher d’un côté de la Manche les idées qui nous sont chères, parce qu’elles ont succombé ailleurs. […] Rien, d’esprit, moins historique… De cela seul qu’il est un philosophe, Rémusat méconnaît le beau côté historique de l’Angleterre, pays avant tout de tradition et de coutumes, et qui a le bon sens et l’honneur de tenir même à ses préjugés, pour peu qu’ils soient séculaires. Ce côté-là n’est pas le préféré par Rémusat, qui réserve, dit-il, en toutes choses, comme il convient, les droits de l’esprit humain, qui croit à l’efficacité des traités philosophiques de politique libérale, et qui ne veut pas faire à une nation qui pense l’affront de la croire gouvernée par le hasard ou l’habitude (pages 26 et 27 du premier volume).

322. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

Il eut le bonheur de casser bien vite une table de marbre : cet accident, qui lui fit une querelle, le rendit tout entier à la philosophie et aux lettres ; il avait ce tact du ridicule qui tient à un esprit délié et fin, et cette arme légère de la plaisanterie, qui consiste presque toujours à faire contraster les objets, ou en réveillant une grande idée à côté d’une petite chose, ou une petite idée à côté d’une grande. […] Lucien, en se promenant, rencontre un poète qui travaillait à l’éloge d’Homère ; lui, de son côté, rêvait à l’éloge de Démosthène.

323. (1900) Molière pp. -283

Sarcey ; non qu’il eût la prétention de rétablir la balance, il voulait seulement peser un peu de son côté. […] Veux-tu que je m’arrache un côté de cheveux ? […] Il s’en faut que les avantages réels, dans cette lutte, soient toujours de son côté. […] Alexandre et Napoléon arrivent d’un côté. […] On t’a élevé des autels à côté du temple de Quirinus.

324. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Les manifestation motrices ne sont ni des effets ni des causes, mais des éléments : avec l’état de conscience qui en est le côté subjectif, ils sont l’attention. […] Du côté mental, peu de chose à en dire. […] * Jusqu’ici nous n’avons pris la question que par son côté le plus facile. […] Je laisse de côté les concepts régulateurs (temps, espace, cause), dont l’étude nous entraînerait trop loin. […] Nous l’avons pris ailleurs39, par son côté négatif, l’anéantissement de la volonté ; nous le prendrons aujourd’hui par son côté positif, l’exaltation de l’intelligence.

325. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Souday, journaliste, elles laissent de côté ce qui est proprement de sa personne. […] Il ne s’amuse pas aux menues querelles d’à côté, nigaudes, piétinantes, qui laissent la vraie question intacte. […] Mais, de divers côtés, on me l’escamote. […] Par quelque côté, et toujours menacés de le redevenir. […] De notre côté nous sommes loin de nous refuser aux disciplines scientifiques !

326. (1922) Gustave Flaubert

Je n’aurais jamais soupçonné ce côté au voyage. […] Des deux côtés, il a de quoi être bien accueilli dans le ménage. […] Elle porte par un côté la date des années soixante, du temps de Taine et Renan. […] Cela ressemble par bien des côtés à celui que je fais. […] D’un côté une pente qui se descend, de l’autre une pente qui se remonte.

327. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Mais le jeune Bonaparte s’y rattachait encore par un côté plus fâcheux. […] De quel côté est-elle tournée aujourd’hui ? […] De tous côtés, se manifestent un malaise profond, un trouble douloureux. […] A côté de lui, d’ailleurs, Musset en a esquissé un autre. […] Elle ne trouve pas de ce côté la pleine vie qui lui manque de l’autre.

328. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

» Établissant la différence de mœurs et de sensations des deux peuples, il montre l’inégalité d’inconvénients dans les mêmes injures dites à des hommes publics d’un côté ou de l’autre du détroit : En Angleterre, on pèse l’injure ; en France, il faut la sentir… En Angleterre, l’injure intéresse quelquefois en faveur de celui qui la reçoit ; en France, elle avilit toujours celui qui la souffre… En Angleterre, les invectives n’ont point renversé le trône ; en France, elles ont renversé une royauté de quatorze siècles. […] Le théâtre occupait beaucoup Chaptal ; il avait de ce côté ses préférences, ses faiblesses déclarées. […] Il met de côté cette faculté d’admiration qui veut être satisfaite et tenue en haleine, même dans le régime ordinaire de la vie. […] J’aime la tragédie63, mais toutes les tragédies du monde seraient là d’un côté, et des états de situation de l’autre, je ne regarderais pas une tragédie, et je ne laisserais pas une ligne de mes états de situation sans l’avoir lue avec attention. […] On le traita très mal des deux côtés.

329. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

L’espérance ou la crainte, excitées par les gestes et les mouvements d’une multitude agitée, pressaient de tous côtés l’âme et l’esprit, les élevaient au dernier degré de puissance et d’expression. […] Je ne le rapprocherai ni des Considérations de M. de Maistre, ni de l’Essai de Chateaubriand, mais je le mettrai à côté des écrits de Mallet du Pan à cette date. […] Voici sous quel profil assez imposant il aime à s’offrir à nous, et, dans sa prétention soit à se montrer, soit à se dérober, on peut encore saisir les défauts : Mon esprit est un terrain très inégal ; il est de plusieurs côtés borné à un point qu’on n’imaginerait pas ; il est dans d’autres parties très étendu. […] Je laisse perdre le temps, et ensuite je veux tout forcer : voilà la clef de ma conduite… Mon amour-propre est extrême ; mais dans les petits objets, dans la société, il n’est que sur la défensive, il ne demande qu’à n’être pas blessé, sans désir d’être flatté ; dans les grands, il ne me porterait qu’à la gloire la plus éclatante ; mais le dégoût suivrait de près, et le mépris de mon siècle ne me permettrait pas de mettre longtemps du prix à son approbation… Mon amour-propre s’irrite quelquefois dans le tourbillon du monde : il se tait dans la solitude… Je n’aime point à me montrer à mes amis sous un côté défavorable ; je souffre de les voir malheureux de mon malheur, et je suis convaincu que les sentiments diminuent par la perte des avantages… Il faut donc cacher ses plaies, dissimuler les grandes impuissances de la vie : la pauvreté, les infirmités, les malheurs, les mauvais succès… Il ne faut confier que les malheurs éclatants, qui flattent l’amour-propre de ceux qui les partagent et s’y associent. […] Il y avait tout à côté des réparations cependant et des hommages : « Celui, disait-il, qui a été aimé d’une femme sensible, douce, spirituelle et douée de sens actifs, a goûté ce que la vie peut offrir de plus délicieux. » Il avait dit encore (car M. de Meilhan n’oublie jamais ce qui est des sens) : « Un quart d’heure d’un commerce intime entre deux personnes d’un sexe différent, et qui ont, je ne dis pas de l’amour, mais du goût l’une pour l’autre, établit une confiance, un abandon, un tendre intérêt que la plus vive amitié ne fait pas éprouver après dix ans de durée. » Tout cela aurait dû lui faire trouver grâce, d’autant plus qu’il flattait les hommes moins encore que les femmes : « La femme, remarquait-il, est bien moins personnelle que l’homme, elle parle moins d’elle que de son amant : l’homme parle plus de lui que de son amour, et plus de son amour que de sa maîtresse. » — (Dans l’édition de 1789, l’auteur, en corrigeant, a supprimé çà et là quelques jolis traits.)

330. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Horace, en visitant l’Afrique et l’Asie, ne se fait pas Arabe et Turc, au point de laisser de côté tous ses sentiments d’Europe ; il ne ressemble pas à ces voyageurs, desquels d’ailleurs je ne médis point, qui, en mettant le pied sur la terre d’Orient, se font autant et plus Orientaux que les Orientaux eux-mêmes, et se dépouillent de toute manière antérieure de sentir, jusqu’à se métamorphoser. […] Chaque côté des murs sont percés de petites niches de quatre pieds carrés, garnies d’énormes grilles de fer, et là dedans, sans vêtements, assis sur la pierre, sans autre paillasse que leurs ordures et une épaisse couche de poussière, sont les malheureux privés de leur raison, une double et lourde chaîne au cou, dont les extrémités viennent s’attacher à de gros anneaux extérieurs, et dont le frottement perpétuel sur la pierre l’a détruite et creusée à plus de deux pieds. […] Heureusement que nous étions à côté du cimetière, où, grâce à la peste qui a enlevé, il y a trois mois, les deux tiers des habitants, nous avons trouvé de très jolis tombeaux sur lesquels nous sommes restés perchés jusqu’au jour. […] En arrivant sur le haut d’une montagne, on voit tout d’un coup Bethléem de l’autre côté d’un ravin profond. […] Un jour qu’à son retour d’Orient, à Smyrne, sa femme et sa fille lui avaient fait recommander, je ne sais pourquoi, de se tenir ferme contre les amis du duc de Bordeaux, lequel voyageait apparemment de ce côté, il avait répondu, en s’étonnant à bon droit de la recommandation : « Dans tous les cas, rassurez-vous !

331. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

(Rouen), bien près de toi, comme tu vois, chez de vieilles amies et parfaitement ignoré, bien doucement, bien choyé, tel qu’il faut qu’il soit pour que je n’aie point à m’inquiéter, mais dans un état moral si triste, si accablant, que je ne puis sortir d’ici que pour me rendre à ses côtés. » C’est en ce sens qu’elle entend les fers qu’il lui faudrait reprendre et dont elle ne ferait que changer, — les chaînes du devoir ! […] Pour le moment, elle se plaît à lui faire de la vie qu’elle mène en ce triste lieu une description reposée et presque attrayante : on l’y voit à merveille, dans cette cellule assez large à peine pour souffrir une chaise à côté du lit, devant la petite table où elle lit, écrit ou dessine, avec le portrait de son ami sous ses yeux ou sur son sein, pour tout ornement de son réduit ayant un bouquet de fleurs que Bosc lui fait envoyer chaque matin du Jardin des Plantes : c’est un joli coin de tableau, que j’appellerais flamand s’il n’était si net et si clair de tout point ; le clair-obscur n’est point le fait de Mme Roland. […] Une fille est trop voisine des auteurs de ses jours pour les juger froidement et pour faire la part entre eux ; dans le doute et le partage inégal, elle est tentée, par générosité, de se porter du côté du plus faible. […] » De son côté, Riouffe, qui était présent également, a dit en quelques traits rapides, mais heureusement touchés : « Le jour où elle fut condamnée, elle s’était habillée en blanc et avec soin : ses longs cheveux noirs tombaient épars jusqu’à sa ceinture… Elle avait choisi cet habit comme symbole de la pureté de son âme. […] Mme Roland, selon moi, si l’on veut bien laisser de côté en elle la Romaine et si on la sépare un moment des circonstances et des accidents extraordinaires qui ont compliqué sa destinée, nous a donné dans le récit de sa jeunesse, de sa propre éducation et de ce qu’elle enseignait à sa fille un tableau qui est comme l’image d’une quantité d’autres existences individuelles, et il faudrait retrancher peu de chose pour y trouver un modèle d’étude, de moralité, d’énergie bien dirigée, de santé de l’âme et de l’esprit mise à un excellent régime.

332. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

C’était comme le murmure lointain du vent dans les bois, qui vous frappe l’oreille avec les bruissements des feuillages et qui vous dit : « Tu es seul, tu es mélancolique ; resserre ton cœur ; jouis de ta solitude et de ta tristesse, et laisse les autres jouir du bruit qu’ils font ; ce qui t’attend ce soir vaut mieux que ce vain tumulte. » IV Quand mon ami, avant d’aller dans le monde, entrait un moment dans ma chambre pour étaler son costume devant ma cheminée, je le regardais en souriant d’une certaine pitié sans envie, et je lui disais : « Va te montrer, mais voici l’heure où, quand tu seras parti, je m’isolerai dans mon manteau ; je me glisserai sans bruit le long des murailles et j’irai attendre, sur le quai du Louvre, qu’une lumière solitaire s’allume, entre deux persiennes, pour m’annoncer que le dernier visiteur est retiré du salon, et pour laisser place à l’ami inconnu qui rôde dans le voisinage, comme l’âme cherchant son corps et n’en voulant point d’autre dans la foule de ceux qui ne sont pas nés. » V Il sortait, et je restais seul au coin de mon feu, un livre à la main, jusqu’à ce que la cloche de Saint-Roch sonnât onze heures, et que ce même onzième coup sonnât de l’autre côté de la Seine, dans un cœur qu’il faisait transir ou frissonner. […] Le monde a soif de justice ; l’engouement nécessaire à toute vérité en Europe passe enfin du côté des persécutés. […] Tout à coup j’entendis le murmure d’un vêtement sur l’herbe, et une femme à demi voilée vint s’asseoir à mes côtés. […] Mais à côté se trouve le touchant tableau de la jeune mère indienne ensevelissant et berçant son enfant mort parmi les branches d’un érable. […] Et pourtant ils sont battus, ils sont jetés de côté et à la renverse : d’où vient cela ?

333. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Christian Bartholmèss vient de le faire connaître par le côté philosophique dans un travail approfondi qui a été fort apprécié dans le monde de l’Université et dans celui de l’Académie des sciences morales. […] Rien n’est plus propre à faire connaître Huet, et par les côtés agréables, que sa correspondance avec Ménage, qui est en bonnes mains, et qui sera, j’espère, publiée un jour. […] Il se présente ici par le côté poétique et gai. […] Le calme y est toujours ; la fraîcheur s’y trouve en été… Les objets n’y paraissent que de leur beau côté, et du côté qu’ils sont éclairés et dorés des rayons du soleil.

334. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

En représentant certains côtés de la nature humaine, Panurge les charge, les exagère exprès d’une manière risible. […] Dans sa haine du solennel et du faux, il se serait rejeté plutôt du côté du vulgaire et du commun. […] Il n’eut pas à ses côtés l’Aristarque, et s’abandonna sans réserve aux penchants de sa nature, et aussi au besoin de vivre qui le commandait. […] La mort remit bientôt Lesage à son rang, et celui qui n’avait rien été de son vivant, et de qui on ne parlait jamais sans mêler à l’éloge quelque petit mot de doléance et de regret, se trouve aujourd’hui classé sans effort dans la mémoire des hommes, à la suite des Lucien et des Térence, à côté des Fielding et des Goldsmith, au-dessous des Cervantes et des Molière. […] On descend de là, par un rang de degrés de chaque côté, dans un berceau.

335. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Ne voyez-vous pas déjà d’ici le siècle en perspective, avec sa prétention grandiose d’une part, et sa vocation positive de l’autre : le tombeau de Charlemagne pour décoration et fond de théâtre, et une caisse de receveur général tout à côté ? […] On sent que, dès l’origine, la source intérieure, intime, n’est pas très abondante, et que cette chevalerie de tête et de cœur, dont le poète s’exalte un moment, ne saurait longtemps tenir devant l’esprit qui est tout à côté dans la même personne, et qui va tout déjouer. […] Ainsi, une première sensibilité élégiaque dont elle s’est guérie, et, à côté, une certaine idole chevaleresque dont elle n’est pas encore revenue, telle ressort en définitive, à nos yeux, au milieu de tout son esprit d’aujourd’hui, Mme Émile de Girardin. […] Le style en est assurément le côté le plus remarquable, le seul même vraiment remarquable : non pas que la trame m’en paraisse de qualité solide, subsistante et sincèrement louable ; mais il est éclatant, souvent ferme et toujours habile. […] Si on laisse de côté certains traits lancés à satiété et sans bonne grâce contre les gens qu’elle a pris en déplaisance (contre une certaine dame des sept petites chaises, par exemple, qui revenait sans cesse comme souffre-douleur et comme victime), le feuilleton créé par Mme de Girardin, en 1836, sous le titre de Courrier de Paris, était piquant, léger, gai, paradoxal et pas toujours faux.

336. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Étrangère aux intrigues et incapable de politique, les choses de la Fronde étaient déjà en pleine dissolution et les négociations entamées de tous côtés, qu’elle ne s’en doutait pas. […] On disserte des deux côtés là-dessus, et Mademoiselle, dans la discussion, fait preuve d’un esprit romanesque assez fin et distingué, élevé même par moments ; mais en tout, ici comme dans la Fronde, c’est le sentiment de la réalité, c’est le bon sens et la justesse qui lui manquent. […] C’étaient des révérences profondes, des assurances de soumission à n’en pas finir, mais il faisait la sourde oreille à toute parole tendre ; et non seulement lui, mais Baraille, officier de sa compagnie, et qui était son homme de confiance, faisait de même : Toutes les fois que je le rencontrais (Baraille), je le saluais, nous dit Mademoiselle, pour lui donner quelque envie de m’approcher ; il faisait toujours semblant de croire que c’était à quelque autre personne que je m’adressais, et me faisait cependant de profondes révérences d’un côté, et se retirait de l’autre : dont j’étais au désespoir. […] » À Saint-Germain, où était la Cour, comme elle était pour la centième fois sur le point de nommer à Lauzun cette personne qu’elle avait choisie pour la rendre heureuse, et sur laquelle elle le consultait sans cesse, elle n’avait pourtant pas la force de lui articuler le nom : « Si j’avais une écritoire et du papier, je vous l’écrirais », lui disait-elle ; et montrant une glace qui était à côté : « J’ai envie de souffler dessus, et j’y écrirai le nom en grosses lettres, afin que vous le puissiez bien lire. » Ce qui est remarquable et ce qui fait le cachet du temps, c’est que l’idée du roi, le culte et l’idolâtrie officielle qu’on lui vouait, étaient en tiers dans tout cela. […] « Le roi a toujours été et est encore ma première passion, M. de Lauzun la seconde », disait Mademoiselle ; et M. de Lauzun, de son côté, ne se flattait d’avoir plu en définitive à Mademoiselle et de l’avoir touchée, qu’en raison du respect et de la véritable tendresse qu’il avait pour la personne du roi.

337. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il reconnaît énergiquement les fautes du côté même où il se range : « La populace de Paris, dit-il, et celle même de toutes les villes du royaume, ont encore bien des crimes à faire avant d’égaler les sottises de la Cour. […] Or, l’esprit est le côté partiel de l’homme ; le cœur est tout… Aussi la religion, même la plus mal conçue, est-elle infiniment plus favorable à l’ordre politique, et plus conforme à la nature humaine en général, que la philosophie, parce qu’elle ne dit pas à l’homme d’aimer Dieu de tout son esprit, mais de tout son cœur : elle nous prend par ce côté sensible et vaste qui est à peu près le même dans tous les individus, et non par le côté raisonneur, inégal et borné, qu’on appelle esprit. […] Mais le côté social du Rivarol de la fin est trop resté dans l’ombre : il m’était très bien indiqué en peu de mots dans l’article de M. 

338. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Il avait compris la situation par tous ses côtés. […] De l’autre côté, il y avait des intérêts civils, patriotiques aussi, mais surtout positifs, des idées longtemps étouffées et qui voulaient renaître ; idées en travail, intérêts en souffrance, lassitude profonde et besoin de paix, chez quelques-uns d’anciens sentiments qui se réveillaient, c’était tout un ensemble d’opinion déjà puissante et mal définie ; mais surtout, à ces premiers jours de 1814, et en face d’une religion militaire qui épuisait ses derniers miracles, il y avait une raison. […] Ici commença, dans l’esprit du maréchal, une lutte morale sur laquelle il faudrait lui-même l’entendre : d’un côté, un ami, un bienfaiteur, le plus grand capitaine dont il avait été de bonne heure l’aide de camp et l’un des lieutenants préférés, mais ce grand capitaine, auteur lui-même de sa ruine, qui semblait déjà consommée ; de l’autre, un pays qui criait grâce, une situation politique désastreuse dont, plus éclairé que beaucoup d’autres, il avait le secret, et dont il envisageait toutes les extrémités. […] Laffitte, celui même qui avait parlé si vivement pour les Bourbons le soir du 30 mars 1814 dans le salon du maréchal, rue Paradis-Poissonnière, s’adressant à lui encore, lui dit : « Monsieur le maréchal, nous venons nous adresser à un général qui a le cœur français, pour lui demander de faire cesser l’effusion du sang. » Le maréchal répondit qu’il était prêta arrêter le feu des troupes si les hostilités cessaient du côté des habitants. […] [NdA] Je regrette surtout de ne pouvoir mieux profiter d’un travail qui m’est communiqué par M. le général de La Rue, ancien aide de camp du maréchal, et où ce côté de la question est exposé en toute exactitude et précision.

339. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

— L’étude donne de la capacité pour les affaires… » Il s’applique à démontrer longuement toutes ces propositions, avec des exemples tirés des anciennes histoires ; c’est là le côté surabondant, et qui sera sitôt banal chez Rollin. […] C’est l’homme du précepte orné et sensé, qui ouvre à l’école une fenêtre du côté du monde : Et, quoique en robe, on l’écoutait, a dit de lui Voltaire. […] Je goûte aussi la solitude, La paix du cœur, la douce étude, Les vieux auteurs grecs et romains… C’est ainsi que Fontanes, grand maître de l’Université à son tour, célébrait le souvenir de son humble prédécesseur, en se promenant du côté du château de Colombes d’où Rollin aurait aimé à dater son Histoire. […] Même quand il est le plus chez lui, Rollin ne parle qu’à côté et avec la permission d’un ancien. […] » À quoi Frédéric répondait avec un mouvement de cordialité, et sans ombre d’ironie, je le crois : « Monsieur Rollin, j’ai trouvé dans votre lettre les conseils d’un sage, la tendresse d’une nourrice, et l’empressement d’un ami ; je vous assure, mon cher, mon vénérable Rollin, que je vous en ai une sincère obligation… » C’est par tous ces côtés que Rollin était le type excellent du professeur et du maître d’autrefois, tenant en quelque chose encore de la mère et de la nourrice, et destiné lui-même à être surpassé en bien des points par ceux qu’il avait élevés.

340. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

En sortant de ces soirées brillantes, il lui faut rentrer dans une petite chambre qu’il a louée cinq ducats ; ces détails matériels, qui ont été supprimés dans les débuts de la correspondance, montrent le côté faible de cette situation précaire, et c’est un côté que Bernardin ne perdait jamais de vue. […] Le peintre ému se reconnaît pourtant dès les premières lignes ; les descriptions ne sont pas sèches ; le paysage n’est là que pour se mettre en rapport avec les personnages vivants : « Un paysage, dit-il, est le fond du tableau de la vie humaine. » Avant de s’embarquer à Lorient, et sans avoir encore quitté le port, en s’y promenant et en nous y montrant le marché aux poissons avec tout ce qui s’y remue de fraîche marée, l’auteur nous rend une petite toile hollandaise ; en nous peignant avec vérité le retour des pêcheurs par un gros temps, il y mêle le côté sensible dont il abusera : « C’est donc parmi les gens de peine que l’on trouve encore quelques vertus. » On reconnaît le petit couplet philosophique qui commence, mais il ne le prolonge pas trop, et cela ne va pas encore jusqu’au sermon56. […] Je pourrais citer d’autres délicieux petits tableaux tout à côté, notamment celui qui commence par ces mots : « Si jamais je travaille pour mon bonheur, je veux faire un jardin comme les Chinois… » Malgré ces touches heureuses, il manquait pourtant au Voyage de l’île de France, et à son exactitude complète, cette vie intime et magique que Bernardin, en y revenant, saura mêler plus tard à ces mêmes peintures, quand il les reverra de loin, non plus dans l’ennui de l’exil, mais avec la tendresse du regret et avec la vivacité de l’absence. […] Si on lui donne, en lui écrivant, son prénom de Bernardin à côté du nom de Saint-Pierre, il s’en formalise également : « M. 

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