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975. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Gachard, dans deux Introductions de la plus exacte analyse qui précèdent les pièces et documents publiés par lui et tirés des archives de Simancas, et dans ces pièces mêmes, nous a donné et distribué, en les interprétant, les éléments positifs à l’aide desquels chacun peut désormais se former un jugement propre.

976. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Les collections en grand, et faites par des curieux, gens de savoir et de goût, ne sont autre, chose que les éléments de la science même, les données positives qui permettent, là où il y avait lacune, de combler les vides, d’asseoir des conjectures, d’établir des suites et des lois.

977. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Nous avons gardé du moine et du clerc, du lettré du Moyen-Age ou de la Renaissance, dans notre manière de juger et de classer les hommes, même ceux qui ne sont pas de purs esprits, et qui, par vocation, ont le plus affaire aux éléments du dehors.

978. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Je remplirais des colonnes, si je le voulais, de ces phrases du biographe de La Rochefoucauld qui font venir la chair de poule à quiconque a reçu les premiers éléments de l’art d’écrire.

979. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Camille Rousset, les éléments originaux d’un portrait militaire, et moral aussi, de Catinat.

980. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Né clandestinement, nourri avec mystère dans un quartier désert de Paris, puis emmené et comme perdu dans une campagne de Normandie, ayant reçu les premiers, les seuls éléments indispensables du curé du lieu, il grandit librement, sans assujettissement aucun ni discipline, et arrivé à l’âge de sentir, il trouva à sa disposition, dans un château voisin, une bibliothèque de dix ou vingt mille volumes, composée en grande partie d’histoires, de romans.

981. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Tout élément cruel est absent de sa nature ; je vois en lui une variété d’Almaviva ou de d’Orsay, un type de sensualité élégante.

982. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Chacun meurt dans son élément.

983. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

On était mis directement en contact avec la mer montante et avec les flots, et on ne pouvait ni céder toujours sans se perdre, ni résister le moins du monde sans émouvoir et irriter l’élément mobile.

984. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

N’oublions jamais de combien d’éléments nombreux, multiples, continus, et qui ne sauraient être remis en question (même quand on n’en a pas toujours les preuves comme ici), se forment et se composent ces sortes de réputations solides et assises, du genre de celle qui constituait le renom universel et avéré de Catinat.

985. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Je décris les temps plus anciens séparément, tels qu’ils ont été conçus par la foi et par le sentiment des premiers Grecs, et tels qu’ils sont connus seulement au moyen de leurs légendes, sans me permettre de mesurer la quantité, grande ou petite, d’éléments historiques que ces légendes peuvent renfermer.

986. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Aujourd’hui, M. d’Arneth, directeur des Archives de Vienne et qui, à ce titre, tient le bon bout, en publiant une deuxième édition, augmentée, des Lettres de l’impératrice Marie-Thérèse et de Marie-Antoinette, vient ajouter de nouveaux éléments et fournir de nouvelles armes dans le débat.

987. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

On a (excepté peut-être pour la partie militaire) les éléments et tous les traits originaux d’un portrait ; ou plutôt, rien qu’à feuilleter du doigt ces deux jolis volumes et à les parcourir en tous sens, le portrait se crayonne et s’achève de lui-même en nous, non sans avoir amené, chemin faisant, toutes sortes de réflexions et de remarques plus ou moins morales et philosophiques.

988. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Ainsi l’on nomme la cause pour reflet ; l’effet pour la cause ; l’instrument pour l’acte ou l’acteur ; l’œuvre pour l’auteur ; les dieux pour les actions, les objets, les éléments auxquels ils président ; le contenant pour le contenu ; la résidence pour l’habitant ; le lieu d’origine pour le produit ; le signe pour la chose signifiée ; le possesseur pour la chose possédée ; les parties du corps pour les facultés ou les qualités dont on convient qu’elles sont le siège ; l’espèce pour le genre ; le genre ou l’individu pour l’espèce ; la matière pour l’objet qui en est fait ; la partie pour le tout ; le fleuve pour le pays qu’il arrose ou pour le peuple qui vit sur ses bords.

989. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Mais ces deux éléments : illusion, mensonge, sont malaisés à discerner dans les choses sociales et fausses comme les appelle A. de Vigny. — Le plus souvent, ils sont si bien emmêlés et enchevêtrés qu’il est impossible de déterminer la part exacte qui revient à l’un et à l’autre élément dans les croyances collectives.

990. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Marmontel, dans ses Éléments de littérature, m’a fourni ensuite l’article « Style », morceau excellent.

991. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Dès le début, celui qui avait pour vocation presque naturelle de prêcher la jeunesse du xixe  siècle, cette jeunesse dont il avait été et dont, par l’accent, il ne cessera jamais d’être, se sentit en plein dans son élément.

992. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Ce Sylvinet, d’un bout à l’autre, est touchant ; c’est un être sacrifié, nature distinguée et fine, pas assez forte pour le bonheur, demandant beaucoup, voulant tout donner ; avec ces éléments-là se composent les âmes passionnées et sensibles.

993. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Or, c’est cet élément du judicieux que je trouve davantage (si je me reporte aux circonstances) dans les critiques de l’époque impériale.

994. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

« J’ose comparer ces principes, a dit Marmontel, aux premiers éléments des chimistes dont on ne peut faire l’analyse. » Sans entrer ici dans une discussion qui serait peu à sa place, je me bornerai à dégager l’idée de Vauvenargues dans sa plus grande généralité.

995. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Doué d’un esprit supérieur, d’un caractère et d’une volonté à l’unisson de son esprit, Frédéric s’est mis au militaire comme il s’est mis à bien d’autres choses, et il n’a pas tardé à y exceller, à en posséder, à en perfectionner dans sa main les instruments et les moyens, bien que ce ne fût peut-être pas d’abord chez lui la vocation d’un génie propre et qu’il n’y fût pas d’abord comme dans son élément.

996. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

L’auteur est bien dans son élément : plus tard, dans Numa, dans Gonzalve, il visera à je ne sais quel idéal, il se guindera ; mais ici c’est bien Florianet au complet, tel que l’a baptisé Voltaire et que l’a adopté le duc de Penthièvre, c’est lui dans tout le vrai et dans tout le vif de sa nature.

997. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Ce qui lui manquait surtout, c’était le goût, si l’on entend par goût le choix net et parfait, le dégagement des éléments du beau.

998. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Le jour où il plaira à Dieu et à la nature de produire un talent complet doué de cette puissance d’action et de sympathie, il trouvera pour ses créations un rythme, des images, un style propre aux tons les plus divers, en un mot des éléments tout préparés.

999. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

La Cour était son élément, le seul théâtre où il pût exercer et développer ses facultés souples, liantes, patientes, assidues : ce fut son idéal dès ses premières années.

1000. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Une bonne conversation se compose de tant d’éléments divers que, pour la soutenir, il faut autant d’instruction que d’usage, de bonté que de malice, de raison que de folie, et de sentiment que de gaieté.

1001. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Ce mot de besoins revient trop souvent, ainsi que celui de nécessités, de terrain, de résultats, d’éléments.

1002. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Il comprit fortement du moins le principal des éléments qui devait y prévaloir et triompher.

1003. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Il était plus dans son élément le jour où il eut à répondre à un abbé de ses amis qui lui avait adressé cette question : « Votre cœur n’aimera-t-il pas le mien toujours et en toutes saisons ? 

1004. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Quels sont les éléments de cette poésie ?

1005. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

À l’exception de quelques Décadents, il a réuni tout ce qui porte un nom dans la jeune littérature, mais précisément en raison des éléments hétérogènes qui le composaient on a pu dire sans trop d’exagération que c’était un métingue.

1006. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Partout ailleurs nous ne faisons que deviner la force : ici nous apercevons la force ; partout ailleurs, quand deux faits s’accompagnent, nous n’observons que les deux faits et leur concours ; ici, par une exception merveilleuse, nous découvrons encore « ce je ne sais quoi qui s’applique aux corps, pour les mouvoir, les pousser, « les attirer20 », élément ou ingrédient particulier, vraiment « inexplicable ou ineffable, lorsqu’on veut chercher des exemples et des moyens d’explications hors du fait même de la conscience. » Il n’y a point d’autre vue semblable ; et quand vous concevez d’autres forces, c’est d’après la vôtre et sur ce modèle que vous en formez la notion.

1007. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Et par eux, grâce à eux, quels éléments nouveaux se sont ajoutés et comme incorporés à la définition même de l’œuvre de théâtre ? […] Si vous considérez un corps formé, comme l’eau, par exemple, de la combinaison de deux autres, n’est-il pas vrai que tout hasard ou toute opération qui dégagera l’un des éléments de la combinaison, mettra l’autre en liberté ; l’isolera donc, aussi lui, puisqu’ils ne sont que deux ; et tôt ou tard lui facilitera, du fait même de son isolement, les moyens de manifester ses caractères ou ses propriétés ? […] Si l’on conçoit le roman ou le drame comme un moyen d’information ou d’enquête sociale, et l’observation même, ou plutôt ses résultats, comme autant de documents, observation, roman et drame, ils deviennent bientôt eux-mêmes un élément de la question sociale, ou quelque chose encore de plus : une invitation à l’examiner, et comme qui dirait une solution qu’on en propose ou qu’on en indique. […] Racine l’a fait, dans cette même Andromaque, dont il nous reste maintenant à voir les qualités originales et uniques sortir, en quelque façon, et se composer du mélange de tous ces éléments, renouvelés et transfigurés par son génie de poète. […] Andromaque et Pyrrhus, Hermione et Oreste, Agamemnon, Clytemnestre, Iphigénie, Achille, Ériphyle, Ulysse, ils avaient tous leur physionomie propre, particulière, individuelle ; et tous ensemble ils concouraient à une action commune dont le développement de leur caractère ne faisait qu’une partie ou un élément.

1008. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

En même temps que la poésie, la langue s’est gangrenée d’éléments étrangers : chez Garcia, la Castille domine comme fond et comme forme. […] Un autre élément de succès fut, ainsi que le remarque fort bien le savant professeur, cette subtilité, cet amour d’une certaine pédanterie scholastique, ce jeu d’inversion, ce goût pour l’hyperbole, l’énigme et le concepto, qui font aujourd’hui tomber de nos mains les œuvres où nous rencontrons de semblables qualités. […] La nouvelle manière du romancier consiste dans l’effacement progressif de ce qui, jadis, était le principal, et dans l’introduction, à plus haute dose, de l’élément passionnel. […] I Il n’y a jamais eu chez les de Goncourt les éléments d’un succès populaire. […] À cette race poétique qui, si elle n’avait pas produit des poètes, avait produit la poésie elle-même, vint se surajouter un jour l’élément saxon.

1009. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Quand je cherche les éléments dont il se compose, je ne trouve que des ombres, et les philosophes qui me montreront partout dans l’histoire des grands hommes en tête, un troupeau à la suite, voilà ceux qui me feront toujours le plus de plaisir. […] L’opération du génie n’est point une création ex nihilo ; ce n’est pas non plus la mise en oeuvre pure et simple des seuls éléments que la réalité fournit à tout homme de talent qui sait écrire : c’est une synthèse nouvelle de données préexistantes, telle, suivant la spirituelle image de Guyau, qu’une de ces combinaisons merveilleuses de pièces toujours les mêmes et de formes inattendues que nous offre le kaléidoscope80. […] Alors le style ne sera point l’élément principal par quoi peut se constituer pour la foule la personnalité d’un écrivain. […] Duhitar est dérivé de DUH, racine qui en sanscrit signifie traire ; le nom de celle qui trait (les vaches ou les chèvres) donné à la fille de la maison, présente à nos yeux toute une petite idylle de la vie pastorale des premiers Aryens ; et cela est joli et poétique, sans doute ; mais cela aussi nous fait brutalement remonter aux temps où les besoins matériels de la vie animale dominaient toute l’existence des hommes et formaient seuls les éléments du langage. […] Guizot était homme d’État, il avait puissamment manié les affaires publiques ; retiré du monde, il cultivait son jardin, suivant le conseil de Candide. — Ses Mémoires pouvaient être un roman ; assurément ils en étaient un, Vérité et Poésie, comme ceux de Gœthe, étant écrits au gré de ses souvenirs qui, à la distance des événements, embellissaient les choses et les altéraient plus ou moins ; cependant ils s’appuyaient sur une base réelle, étant arrangés et bâtis d’après des matériaux où la critique peut trouver, au besoin, les éléments d’une rectification. — Le jeu de patience représente l’exercice de la pensée pure.

1010. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Certains scandales parlementaires donnèrent un nouvel élément à cette généreuse misanthropie. […] Ajoutez que ce primitif a beaucoup lu les poètes de la Pléiade, qu’il s’est nourri de leurs vers, et s’en souvient volontiers ; et vous aurez Jean Rameau, c’est-à-dire un curieux mélange de force et de grâce, d’ampleur et de joliesse, d’éloquence et d’agaçante préciosité… Dans toutes ses pièces apparaît cette fusion d’éléments contraires ; mais dans aucune elle n’est plus sensible, et je dirai plus choquante que dans le morceau intitulé les Champs. […] Comment, avec des éléments aussi simples, arrive-t-il à nous troubler si profondément ? […] Dumas, dont je ne veux pas rabaisser la merveilleuse faculté d’invention, a groupé dans un cadre pittoresque, les éléments d’une action poignante. […] Ces éléments vont se dégager.

1011. (1899) Arabesques pp. 1-223

À cela, rien de surprenant : nous vivons dans une tempête où se heurtent cent éléments contradictoires ; débris du passé, déchets du présent, germes de l’avenir tourbillonnent, s’amalgament, se disjoignent sous le souffle impérieux de la destinée. […] Ne rien respecter des choses qu’on nous donne pour respectables, les décomposer en leurs éléments premiers, voilà le second point. […] Toute émotion en harmonie avec l’habitude d’esprit du penseur est assimilée, fermente, se transforme en élément d’art ou de science. […] Il affirma que l’homme, doué d’une pensée robuste, devait la vivre selon un maximum d’énergie et, par conséquent, vouloir, sans souci des préjugés tenus pour principes fondamentaux par le grand nombre, ce que son caractère et son tempérament lui imposent Ayant aboli, en lui, tout sentiment d’obéissance à une religion, à une morale ou à un maître pour n’écouter que ses seuls instincts, l’homme s’efforcera de s’élever au-dessus de lui-même en se créant une image de beauté dont les éléments seront pris dans la vie actuelle, mais dont l’ensemble devra la surpasser. […] Au vrai, chaque fois qu’il y a contrainte, momentanée ou permanente, exercée au nom d’un intérêt commun ou d’un intérêt particulier, le corps social tombe malade ; des éléments qui le constituent, les uns s’atrophient, les autres s’hypertrophient.

1012. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

« Prenez garde, continue du Mesnil, on ne vous parle pas de l’élément révolutionnaire, on vous parle de l’élément énergique bourgeois, de la partie des compagnies de marche qui s’est battue, et veut se battre, et ne peut accepter comme ça, tout à coup, cette livraison de ses fusils et de ses canons. » Deux fois on a annoncé le dîner, mais personne n’a entendu. […] Comme Gautier, et nous tous, nous nous récrions, Renan proclame que l’art doit se juger avec l’élément rationnel, qu’il n’y a pas besoin d’autre chose, et le voici délirant publiquement. […] L’apostrophe le trouble, le démonte, il ne peut répondre… Et je persiste à croire que pour parler art, il est nécessaire de connaître les couleurs des murs, entre lesquels on vit tous les jours, et que les yeux sont encore de meilleurs instruments de perception artistique que « l’élément rationnel ». […] 17 octobre Notre dîner de Brébant commence à être complètement abêti par l’élément grammairien, qui y a trop de coudes à table.

1013. (1881) Le naturalisme au théatre

Il devrait tout remettre en question et tout refaire, balayer les planches, créer un monde, dont il prendrait les éléments dans la vie, en dehors des traditions. […] Au moins, un élève qui sort du Conservatoire, connaît les éléments classiques de son métier. […] Mais je doute qu’une fois les éléments appris, on tire un grand profit des leçons des maîtres. […] Mais attendez, voici l’expérience qui se pose : Marie Bière, de tempérament particulier, produit d’une hérédité dont il a été question dans les débats, tire un coup de pistolet sur son amant ; et, dès lors, ce coup de pistolet est comme la goutte d’acide sulfurique que le chimiste verse dans une cornue, car aussitôt l’histoire se décompose, le précipité a lieu, les éléments primitifs apparaissent. […] Maintenant, s’il veut prendre une place tout à fait digne et à part, il faut qu’il fasse encore un pas, il faut qu’il accepte franchement les cadres contemporains et qu’il ne les gâte pas, en y introduisant des éléments poncifs.

1014. (1898) La cité antique

Ce qu’on voit en lui, ce n’est pas l’élément purement physique qui échauffe ou qui brûle, qui transforme les corps, fond les métaux et se fait le puissant instrument de l’industrie humaine. […] Un autre élément encore entra dans la composition de cette famille antique. […] Pourtant les éléments que l’on pouvait diviniser n’étaient pas très nombreux. […] Mais de chacun de ces éléments des milliers de dieux naquirent. […] Il importe de bien distinguer le double élément de la population romaine.

1015. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

I Écartons avant tout un élément d’erreur, et ne croyons pas, en dépit de Sainte-Beuve, que Malherbe lui-même ait débuté « par une disposition, par une inspiration en quelque sorte négative, par le mépris de ce qui avait précédé chez nous en poésie ». […] Pour y réussir, il commence par éliminer de son œuvre et de sa conception de la poésie l’élément personnel. […] Toute la différence entre eux est qu’au lieu d’appliquer son doute aux données de la connaissance sensible, Bayle a voulu l’appliquer aux éléments de l’histoire. […] … Ceux qui voudraient qu’un méchant homme devînt malade sont quelquefois aussi injustes que ceux qui voudraient qu’une pierre qui tombe sur un verre ne le cassât point ; car, de la manière qu’il a ses organes composés, ni les éléments qu’il prend, ni l’air qu’il respire ne sont pas capables, selon les lois naturelles, de préjudicier à sa santé, si bien que ceux qui se plaignent de sa santé se plaignent de ce que Dieu ne viole point les lois qu’il a établies » […] « Comme les anciens, disait-il, connaissaient en gros aussi bien que nous les sept planètes et les étoiles les plus remarquables, mais non pas les satellites des planètes, et un grand nombre de petits astres que nous avons découverts, de même ils connaissaient en gros, aussi bien que nous, les passions de l’âme, mais non pas une infinité de petites affections et de petites circonstances qui les accompagnent, et qui en sont comme les satellites… » C’est, on le voit, l’idée même du progrès, et déjà le soupçon de cette loi de complexité croissante qui fait aujourd’hui l’un des éléments essentiels de sa définition.

1016. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Il a alimenté la bourgeoisie, versé en elle, à chaque génération, des éléments physiquement et moralement sains, laborieux, parfois généreux, toujours originaux et puissants. […] Les guerres interminables de l’Empire avaient fauché, presque aussitôt, les éléments jeunes et enthousiastes. […] De même, la morphine se propage d’abord dans les éléments épuisés ou débilités, de cette zone de gens, fort nombreuse, qui hésitent entre la santé et la maladie. […] La poésie (qui est la pénétration de l’harmonie universelle) est un élément souverain et une légère garantie de l’instable paix entre les hommes. […] Le primaire est un produit du XIXe siècle et un élément de perturbation considérable.

1017. (1924) Critiques et romanciers

En somme, il y a chez Filon, je ne dis pas toute la critique, au moins quelques éléments d’une critique au bout de laquelle la philosophe évolutionniste a grièvement pâti. […] Il a pris dans ses feuilletons du Journal des Débats ou dans ses chroniques de la Revue les éléments de son discours. […] Mais les sens ne donnent à une âme, ou visuelle ou olfactive, que son information, les éléments de son travail. […] Voici le ciel, la terre, les éléments : eh ! […] Pierre Mille, voici vingt ans de cela, notait l’intrusion d’un élément boche dans un pays où nous avions de bonnes raisons de nous croire prépondérants.

1018. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Or, une pareille organisation, mise en conflit avec le monde et avec les éléments, est facilement troublée, blessée, et celui qui ne réunit pas, comme Voltaire, à cette grande sensibilité une solidité nerveuse extraordinaire, est exposé à un état perpétuel de malaise. […] Cela aurait été une pauvre distraction pour lui de combiner quelques éléments pour fabriquer notre monde informe, et de le faire rouler tous les ans sous les rayons du soleil, s’il n’avait pas eu le plan de faire de cet amas de matière la pépinière d’un monde d’esprits.

1019. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Il arrivait, d’aventure, que de jeunes romanciers, nouveaux venus dans la carrière, imbus de préjugés artistiques et moraux que rendait excusables leur ignorance du métier, tentaient d’apporter au public quelque conception plus relevée et d’appliquer aux fantaisies de leur imagination les éléments au moins d’une méthode esthétique. […] À serrer les choses de près, on parviendrait à discerner dans le feuilleton actuel, en dehors de l’ancienne forme de cape et d’épée, divers courants, quatre peut-être : l’école de Gaboriau, c’est-à-dire le roman judiciaire, qui n’est lui-même qu’une émanation du Vautrin de Balzac ; le courant de Richebourg, représentant le mélodramatique douceâtre et larmoyant ; celui de Dennery, sentimental et socialiste ; celui de Mary, où sont intervenus la documentation pathologique et l’élément militaire.

1020. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

XII Un troisième élément d’irritation vint se joindre à ce murmure sourd de l’armée disséminée dans ses foyers : ce fut l’opposition inattendue d’une ligue inexplicable entre le militarisme humilié, le républicanisme impatient, et l’orléanisme encore irréprochable, mais qui laissait le temps s’approcher de lui avec une couronne dans la main ! […] Or, la politique étant de sa nature une chose courte, temporaire, mobile comme les événements, les systèmes, les factions qui sont les éléments de la politique, la grandeur et l’immortalité du sujet manquent souvent au poète politique.

1021. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

C’est avant l’union nécessaire à la formation d’un nouvel être que l’élément sexuel, mâle ou femelle, semble généralement susceptible d’être affecté. […] Mais la sélection méthodique de l’homme nous montre ces deux éléments de variations comme bien distincts, les conditions de vie à l’état domestique causant la variabilité, et la volonté de l’homme, qu’elle agisse, soit consciemment, soit inconsciemment, accumulant les variations dans une certaine direction déterminée.

1022. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Il suit de là qu’une épargne de cire, ayant pour conséquence une épargne de miel, est un élément de succès des plus importants pour une famille d’Abeilles. […] Dans la construction des cellules de l’Abeille, il faut tenir compte de cet élément de succès, ainsi que des lois despotiques de la nécessité, qui la forcent, si elle se trompe dans les proportions de sa cellule, à recommencer son travail ou à le voir détruit en partie par d’autres Abeilles qui travaillent près d’elle.

1023. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

XVI Si, pour notre part, il nous est impossible d’admettre que le drame de Henri V, dont François-Victor Hugo tire par les cheveux — et des cheveux aussi courts que ceux d’une tête ronde — une théorie politique contre le droit divin ; s’il nous est impossible d’admettre que ce drame ait été pour Shakespeare ce qu’il est pour son traducteur, nous n’en voyons pas moins comme lui les beautés supérieures de cette œuvre, splendide et charmante… Charmante, en effet, car ce n’est point l’élément du terrible et du pathétique, si familiers l’un et l’autre au génie de Shakespeare, qui brille ici de sa flamme sombre et convulsive, mais l’élément du gracieux, de l’aimable et du bon, qui étaient autant dans Shakespeare que celui du terrible et du beau.

1024. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Il est édifiant de recueillir l’aveu d’un de leurs plus farouches persécuteurs, l’intendant du Languedoc, Basville, à qui échappera plus tard, en 1699, cet aveu : « Généralement parlant, les nouveaux convertis (c’est-à-dire les protestants contraints par la force de simuler une abjuration) sont plus à leur aise, plus laborieux et plus industrieux que les anciens catholiques de la province. » L’historien de Sismondi l’affirme : « La meilleure partie du commerce et des manufactures de France était entre les mains des protestants71 » « Ils représentaient la substance morale de la France72 » a-t-on dit. « Élément sain, calme et fort, écrit à son tour Michelet… Nos protestants… étaient les meilleurs Français de France… Ils ne demandaient rien qu’à travailler là tranquilles, y vivre et y mourir ».‌ […] On sait que nous n’avons pas en Allemagne d’ennemis plus intransigeants… La Prusse existait à peine avant l’édit de Postdam : le lendemain elle avait les éléments d’une prospérité qui devait faire d’elle une grande puissance, tandis que la France, appauvrie d’autant, commençait sa marche vers le déclin.

1025. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

En Relativité généralisée, il est incontestable qu’on tend à ne prendre aucun système de référence, à procéder comme pour la construction d’une géométrie intrinsèque, sans axes de coordonnées, à n’utiliser que des éléments invariants. Toutefois, même ici, l’invariance que l’on considère en fait est généralement encore celle d’une relation entre des éléments qui sont, eux, subordonnés au choix d’un système de référence.

1026. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Dans un discours prononcé en 1719, il traita le sujet suivant : « Les éléments de tout le savoir divin et humain peuvent se réduire à trois, connaître, vouloir, pouvoir. […] Le miracle de sa constitution, c’est qu’à chacune de ses révolutions, elle trouve dans la corruption même de l’état précédent les éléments de la forme nouvelle qui peut la sauver.

1027. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Cette nature, qui semblait surtout épicurienne et paresseuse, a comme trouvé son élément : « Nous sommes dans la crise de la grande décision, écrit-il à Duverney, le 13 octobre 1756 ; ma santé est bonne, malgré le travail qui augmente et va augmenter de jour en jour. » Sa seule plainte, c’est de n’avoir pas tout à faire, c’est de n’avoir pas sur lui tout le fardeau : Les derniers ordres sont arrivés (Fontainebleau, 5 novembre 1756) ; je travaille actuellement au plus grand ouvrage qui ait jamais été fait.

1028. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Ces trois éléments, comme nous dirions, le Nil, les Bédouins, les mamelouks, sont essentiels à connaître pour se bien rendre compte de la constitution du pays, du désert et de la façon de le traverser, d’y guerroyer, enfin de la politique et des révolutions de palais.

1029. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Dans ce travail dont les éléments étaient si compliqués, et dont la netteté et la franchise allaient faire scandale en sens inverse parmi ceux dont il contrariait les désordres, on reconnaît la présence et la collaboration de Daru, cette ardeur d’investigation qu’aucune difficulté n’arrêtera.

1030. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

La constance, l’opiniâtreté, la foi intrépide de Richelieu dans son bon conseil et dans la fortune de la France, triomphèrent de tout, même des éléments.

1031. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

D… doit publier demain. » Puis, quand il inventait, ou du moins quand il composait et combinait réellement un livre avec des éléments ramassés de toutes parts et qu’il s’en pouvait dire très spécieusement l’auteur, alors en revanche, et comme par compensation, M. de Courchamps ne le signait pas, mais il se couvrait d’un autre nom que le sien, d’un nom connu, autorisé, et il s’exposait dès lors à ce qu’on lui démontrât qu’il n’avait pas le droit d’y attacher ce nom-là, et que c’était bien le sien, cette fois, qu’il y aurait dû mettre.

1032. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Je crois voir, en un mot, dans ces travaux de Voltaire, sinon le germe, tout au moins un élément très essentiel de l’action qu’il a exercée sur son siècle… » — Nous autres, Français, nous sommes un peu lestes dans nos conclusions, et nous avons beau faire, nous ressemblons plus ou moins à ce seigneur Pococurante que Voltaire lui-même a introduit dans Candide.

1033. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Mignet, à qui il a dû l’idée et en partie les éléments de son travail, s’est inscrit en faux contre le mot de Napoléon en l’honneur de Villars, et s’est appliqué à montrer que du moment que la paix se faisait avec l’Angleterre, il n’y avait plus de danger réel pour la France.

1034. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Mais ce qui est bien de sa part et ce qui dénote le galant homme, c’est de convier si vivement son ami à ce qu’il croit un des éléments du bonheur, et de vouloir absolument lui faire partager les jouissances qu’il anticipe pour lui-même.

1035. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Il faut une sorte d’analogie, il faut être différemment semblables pour s’entendre tout à fait, pénétrer dans tous les replis, et acquérir cette parfaite connaissance d’un autre qui découvre entièrement son âme à nos yeux… Il me semble toujours que les âmes se cherchent dans le chaos de ce monde, comme les éléments de même nature qui tendent à se réunir ; elles se touchent, elles sentent qu’elles se sont rencontrées : la confiance s’établit entre elles sans qu’elles puissent souvent assigner une cause valable ; la raison, la réflexion viennent ensuite apposer le sceau de leur approbation à ce traité, et croient avoir tout fait, comme ces ministres subalternes qui s’attribuent les transactions faites entre les maîtres, rien que parce qu’il leur a été permis de placer leur nom au bas.

1036. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Le seul bien dont jouit l’Angleterre, et qui est inappréciable, c’est la liberté politique… Son gouvernement étant un mélange d’aristocratie, de démocratie et do monarchie, ce dernier élément, quoique très-limité, est assez puissant pour faire aller la machine sans le secours des deux autres, et pas assez pour nuire au pays ; car, quoique le ministre ait la majorité dans la Chambre, s’il veut faire quelque entreprise nuisible à la nation, ses amis l’abandonnent, comme il arriva dans la guerre de Russie.

1037. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

On peut différer avec lui sur la mesure de ses conclusions et sur ce qu’elles ont parfois de trop marqué ; mais il a le mérite d’avoir posé les cadres de la discussion et d’en avoir, le premier, rassemblé avec méthode les éléments.

1038. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Collé est mieux, il est tout à fait bien et comme dans son élément quand il parle de Beaumarchais ; à propos des fameux Mémoires, il dit de lui dans une page qu’il y a plaisir à citer : « Cet homme a tous les styles.

1039. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

La pureté du petit troupeau d’Israël ramené par Arnaud s’était, d’ailleurs, fort altérée et mélangée d’éléments impurs.

1040. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

J’ai oublié de dire qu’il était protestant, et c’était là un élément de garantie qui ajoutait à sa jeune sagesse.

1041. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

C’est pour la première fois que la conduite de l’abbé Raynal dans cette solennelle circonstance nous est complètement expliquée, et ceci nous mène naturellement à parler des relations intimes établies de tout temps entre Malouet et le célèbre abbé : on peut dire même que l’on ne connaît bien Raynal que d’aujourd’hui, et qu’avant les éclaircissements inattendus qui nous viennent de ce côté on manquait à son égard d’un élément essentiel de jugement.

1042. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Si quelqu’un avait pu se figurer une enfance et une jeunesse de La Mennais orageuse, passionnée et romanesque dans le genre de celle de Chateaubriand, il en faut bien rabattre : avec quelques-uns des mêmes éléments au fond et plus d’un signe interne de la même race, tout y est triste au dehors, sans lueur aimable et sans éclair décevant.

1043. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Les éléments constitutionnels lui manquaient, comme aussi l’autorité à cet égard et l’ardeur d’une conviction.

1044. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Cet esprit de domination qui s’étendait aux choses comme aux hommes, qui prétendait maîtriser et plier sous sa loi les faits politiques comme les éléments, ne se rendait qu’à la dernière extrémité : ce qui lui déplaisait, n’était pas, — ne pouvait et ne devait pas être.

1045. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Son type regretté, auquel il rapporte constamment la société présente, c’est un certain état antérieur de l’homme, état patriarcal, nomade, participant de la vie des laboureurs et des pasteurs, sans professions déterminées, sans classement de travaux, sans héritages exclusifs, où chaque individu possédait en lui les éléments communs des premiers arts, la  généralité des premières notions, la jouissance assidue des pâturages et des montagnes.

1046. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Bien qu’un poëte ne soit pas nécessairement un critique, que mille éléments suspects animent les jugements littéraires qu’il laisse tomber d’un ton d’oracle, et qu’on ne doive pas lui en demander un compte trop scrupuleux, pourtant la préface en vers de M. de Musset renferme, entre autres opinions contestables, un rapprochement entre Mérimée et Calderon, qui m’a semblé dépasser toutes les bornes de la licence poétique en pareille matière : L’un, comme Calderon et comme Mérimée, Incruste un plomb brûlant sur la réalité, etc.

1047. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Le fait est que l’ensemble, la composition, a manqué à d’admirables éléments ; le chef de l’orchestre a surtout fait défaut, et par le tort des circonstances, n’a jamais pu se rencontrer.

1048. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

A un certain degré, cette mêlée, cette lutte de diverses natures en une seule, aurait pu paraître intéressante, et elle a certainement paru telle à quelques personnes qui l’ont connu ; je sais une femme distinguée qui a écrit : « On sent dans Benjamin Constant un besoin d’être aimé, dirigé, soigné, qui charme à côté de si grandes facultés… » Pourtant, à moins d’être femme peut-être, et avec la meilleure volonté du monde, il n’y a pas moyen de n’être point ici frappé de ce choc d’éléments inconciliables et d’un désaccord qui crie.

1049. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

« Cet élément du culte, une fois développé, ouvrit la vaste carrière des superstitions humaines.

1050. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

On saisit dans les traités moraux de Du Vair, on saisit encore distincts, bien qu’unis, les deux éléments qui feront la forte beauté de la littérature chrétienne au xviie siècle ; toute la richesse intellectuelle de l’antiquité s’ajoutant à toute l’élévation religieuse de l’Évangile.

1051. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Éléments et accroissements de la pensée de Montesquieu.

1052. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

L’unité géographique de l’Europe a beau être brisée en une quantité d’États, n’y a-t-il point des éléments communs à ces États comme aux membres d’un même corps ?

1053. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Mais en ce qui est de la France, de la connaissance des partis, du jeu des divers éléments, de leur qualité et de leur force relative, il est juge excellent.

1054. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Il est comme un homme qui serait nu, non seulement nu de ses vêtements, mais nu et dépouillé de sa peau, et qui, ainsi au vif, aurait à lutter avec l’intempérie des éléments qui troublent perpétuellement ce bas monde.

1055. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Cet arrangement de vie commune se fit en 1754, et dura jusqu’en 1764 : dix ans de ménage et de concorde, c’était bien long, plus long qu’on n’aurait pu l’espérer entre deux esprits aussi égaux en qualité et associés à des éléments aussi impétueux.

1056. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Chesterfield enseigne et résume en français à son fils les premiers éléments de la mythologie, de l’histoire.

1057. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Quicherat met sur la voie et fournit à peu près tous les éléments désirables pour traiter désormais cette question délicate.

1058. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Il serait difficile et injuste de faire dans ce succès la part à l’un des éléments plutôt qu’à l’autre : ils sont également nécessaires et se tiennent.

1059. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Si l’on suppose un instant Fouquet restant au pouvoir et s’y établissant, et Louis XIV le laissant faire, on peut très bien distinguer les éléments et l’esprit de la littérature qui aurait prévalu : ç’aurait été une littérature plus libre en tous sens que sous Louis XIV, et le xviiie  siècle eût été en partie devancé.

1060. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Quelque jour il viendra un grand observateur et classificateur naturel des esprits ; en attendant, notre œuvre, à nous plus humbles, c’est de lui préparer les éléments et de bien décrire les individus, en les rapportant à leur vrai type : c’est ce que je tâche, de plus en plus, de faire.

1061. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Dans cette formation du parti libéral où il entrait alors tant d’éléments divers, Courier reste ce qu’il était de tout temps, le plus antibonapartiste possible, ennemi des grands gouvernants, se faisant l’avocat du paysan, l’homme de la commune, prêchant l’économie, parlant contre la manie des places, voulant de gouvernement le moins possible, faisant des sorties contre la Cour et les gens de cour toutes les fois qu’il y a lieu, méconnaissant ce qu’il y a eu de grand, d’utile, de nécessaire dans l’établissement des Louis XIV, des Richelieu, des grands directeurs de nations, disant en propres termes, pour son dernier mot et son idéal : « La nation enfin ferait marcher le gouvernement comme un cocher qu’on paie, et qui doit nous mener, non où il veut, ni comme il veut, mais où nous prétendons aller, et par le chemin qui nous convient » ; disant encore, et cette fois plus sensément : Il y a chez nous une classe moins élevée (que les courtisans), quoique mieux élevée, qui ne meurt pour personne, et qui, sans dévouement, fait tout ce qui se fait ; bâtit, cultive, fabrique autant qu’il est permis ; lit, médite, calcule, invente, perfectionne les arts, sait tout ce qu’on sait à présent, et sait aussi se battre, si se battre est une science.

1062. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

C’était son rôle de prédilection et son élément.

1063. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Tandis que ses compagnons étaient hors de l’imprimerie pour prendre leur repas, il y faisait vite le sien qu’il préparait frugalement de ses mains, et il lisait le reste du temps, se formant à l’arithmétique, aux premiers éléments de géométrie, lisant surtout Locke sur L’Entendement humain, et L’Art de penser de Messieurs de Port-Royal.

1064. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

On était depuis 1640 sous une Fronde continuelle et en quelque sorte chronique, Fronde d’autant plus dangereuse qu’elle était plus voisine de la Ligue, et que les grands fauteurs de troubles avaient gardé plus entiers leurs éléments de puissance.

1065. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

L’utile, considéré en lui-même et comme élément à combiner avec le sublime, est de plusieurs sortes ; il y a de l’utile qui est tendre, et il y a de l’utile qui est indigné.

1066. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Comment, vous critiques, qui regrettez sans cesse dans notre littérature l’élément gaulois et populaire, comment n’avez-vous pas vu que ce poëte est de race gauloise, de race populaire, que c’est là le Parisien, mais le Parisien à l’âge mûr, frère de Molière et de la Fontaine, quoique au-dessous.

1067. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Quand on atteint les régions arctiques, celles des neiges éternelles ou de véritables déserts, la lutte vitale n’a plus lieu que contre les éléments.

1068. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Pour les contes proprement dits où le récit offre un élément d’intérêt plus accentué, se reporter, entre autres, à ceux-ci après désignés : Le pardon du guinnârou — Le bien qui vous vient en dormant — Le lâri reconnaissant — et divers contes de Bérenger-Féraud 23, de Froger 24 et de Moussa Travélé 25.

1069. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Mais l’expérience Michelson-Morley a le grand avantage de poser en termes concrets le problème à résoudre, et de mettre aussi sous nos yeux les éléments de la solution.

1070. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

La supputation des probabilités, à laquelle on fait appel, nous montrerait que c’est impossible, parce qu’une scène où des personnes déterminées prennent des attitudes déterminées est chose unique en son genre, parce que les lignes d’un visage humain sont déjà uniques en leur genre, et que par conséquent chaque personnage — à plus forte raison la scène qui les réunit — est décomposable en une infinité d’éléments indépendants pour nous les uns des autres : de sorte qu’il faudrait un nombre de coïncidences infini pour que le hasard fît de la scène de fantaisie la reproduction d’une scène réelle 7 : en d’autres termes, il est mathématiquement impossible qu’un tableau sorti de l’imagination du peintre dessine, tel qu’il a eu lieu, un incident de la bataille.

1071. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Ne semble-t-il pas craindre, en effet, que la construction du fidèle Alexis n’ait pas des éléments suffisants d’éclat et de durée ? […] Et sur quels éléments ? […] Tous les éléments du drame aboutissent à un même centre, tous les rayons convergent à un seul foyer : l’âme du héros. […] Où donc le fils qui veut venger son père trouvera-t-il un point de départ et des éléments pour son enquête ? […] Sardou en avait les éléments sous la main.

1072. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Mais, ne serait-il question que de littérature et ne songerait-on qu’à mesurer la distance parcourue du point de départ au point d’arrivée du grand poète, cette correspondance renferme un puissant élément d’intérêt : il est curieux de voir l’adolescent qui écrira la Légende des siècles parler dans ses premières lettres ce reste de langage du xviiie  siècle, défiguré par la phraséologie de la Révolution, pénétré des élans attendris que Jean-Jacques avait mis à la mode. […] La jeune fille montre à nu son visage comme son âme ; elle court, ne s’inquiétant pas de ce que le vent fait de ses cheveux, comment il arrange ou dérange un ruban, un pli de jupe, elle ne pense qu’à vivre, aspirant avec l’air tous les éléments qui feront plus tard sa beauté de femme. […] Car il s’agit, dans ce livre, d’un empereur, d’une impératrice, d’archiducs, de princesses, de toute une Cour dont les éléments se retrouveraient, éparpillés il est vrai, dans presque toutes les Cours de l’Europe. […] Rouher, l’homme des rouhereries, comme disait l’Empereur, déguisait le vide de ses idées et le manque de ses résolutions sous les éclats de sa faconde… l’intrigue était son élément et personne ne la maniait plus habilement que lui. […] Moulieras les principaux éléments de son livre, formé aussi des révélations de Marocains eux-mêmes et de voyageurs mahométans.

1073. (1913) Poètes et critiques

En procédant ainsi, il découvrait peut-être et désignait aux philosophes à venir un élément de nouveauté ; mais aux professeurs dont il fréquenta les amphithéâtres, entre la vingt-deuxième et la vingt-septième année, il était tenté d’adresser le reproche de ne pas cheminer du même pas que lui ; avide de généralisation, il attendait d’eux ce qu’il était impatient de produire lui-même, des conclusions. […] Si l’on se demandait quelle est celle de ses aptitudes qui domine et ordonne toutes les autres, on trouverait chez lui le talent exceptionnel de discerner et d’illustrer dans un écrit, dans un auteur, l’élément que j’appellerai, faute d’un mot meilleur, la qualité morale. […] Victor Giraud : car quelques éléments, propres à détourner, à pervertir la pure tradition du sentiment chrétien, s’y joignent et s’y mêlent. […] Verlaine ait eu besoin d’en prendre dans Gautier les éléments : l’intermédiaire offert par Glatigny a pu suffire. […] Loin de se mortifier et de s’appesantir dans un nouveau mode de vie, d’où est exclu cet élément perturbateur, et ruineux des forces de l’esprit, l’ivresse, l’imagination créatrice prend une acuité d’expression qu’elle n’avait pas jusqu’ici, — au moins à ce haut point, — manifestée.

1074. (1896) Le livre des masques

La beauté en art est un résultat relatif et qui s’obtient par le mélange d’éléments très divers, souvent les plus inattendus. De ces éléments, un seul est stable et permanent ; il doit se retrouver dans toutes les combinaisons : c’est la nouveauté. […] Comme Emerson, il doit voir dans la nature « les images de la plus ancienne religion » et songer, encore comme Emerson : « Il semble qu’une journée n’a pas été tout entière profane, où quelque attention a été donnée aux choses de la nature. » Un par un, il connaît et il aime les éléments de la forêt, depuis les « grands doux frênes » jusqu’au « jeune million des herbes », et c’est bien sa forêt, sa personnelle et originale forêt : Sous ma forêt de Mai fleure tout chèvrefeuille Le soleil goutte en or par l’ombre grasse, Un chevreuil bruit dans les feuilles qu’il cueille, La brise en la frise des bouleaux passe, De feuille en feuille ; Par ma plaine de mai toute herbe s’argente Le soleil y luit comme au jeu des épées, Une abeille vibre aux muguets de la sente Des hautes fleurs vers le ru groupées.

1075. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Guérard, attaché aux Affaires étrangères, et par ordre des chefs de ce département : elle était destinée à servir d’élément et de matière à l’éloge académique de Bernis que devait prononcer alors le comte François de Neufchâteau.

1076. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Il reconnaît n’avoir point eu les éléments ni les informations nécessaires pour écrire une telle histoire : celle qu’on doit chercher dans son livre n’est donc que « l’histoire des hommes et des mœurs ».

1077. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Il avait perdu sa mère, mais il trouva dans une belle-mère une tendresse inaccoutumée : J’ai une belle-mère à qui je dois peut-être tout mon bonheur, puisque c’est elle qui m’a donné les premiers éléments de cette éducation douce, attentive et pieuse qui m’a fait aimer de Dieu et des hommes… Ma pensée était libre auprès d’elle et l’eût toujours été si nous n’avions eu que nous pour témoins ; mais il y en avait un dont nous étions obligés de nous cacher comme si nous avions voulu faire du mal.

1078. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

L’histoire de ce ministère, qui dura jusqu’en février 1747, serait celle de la France pendant cette période : M. d’Argenson en a laissé les éléments les plus riches et les mieux distribués à qui voudra traiter ce point du xviiie  siècle.

1079. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il y avait dans Montesquieu une partie d’art à laquelle d’Argenson était peu sensible : il était fort choqué au contraire des conjectures hasardées et trop générales, des raisonnements incomplets et qui n’allaient pas jusqu’au bout ; il ne tenait pas assez compte de l’élément historique que Montesquieu respectait en toute rencontre et mettait en relief avec tant d’éclat ; ce qui l’a conduit à dire, après une seconde lecture du livre des Considérations sur la grandeur et la décadence des Romains : Septembre 1754. — Lu pour la seconde fois.

1080. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

À la voir ainsi passée à l’état d’élément déchaîné, il n’estime pas qu’elle sera de courte durée, ni que la contre-révolution sera prochaineam.

1081. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Ici, où vous n’apprenez pas seulement la langue avec facilité et rapidité, mais où vous pouvez aussi voir sur quels éléments elle repose ; notre sol, notre climat, notre manière de vivre, nos mœurs, nos relations sociales, notre constitution, votre esprit emportera tout cela en Angleterre. » C’était à un Anglais qu’il parlait.

1082. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il est né voyageur tout autant que peintre, et, dès qu’il se met en route, il nage dans son élément.

1083. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

C’est là, dans ce talent singulier et précoce, un germe, un élément mystérieux comme celui qui entre à l’origine dans tous les talents.

1084. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Jomini, dès le matin, n’avait cessé d’observer, de juger, de critiquer : il était là, on l’a dit, dans le plus pur de son élément.

1085. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Un ancien prêtre marié, bon homme, M. de La Rivière, lui avait débrouillé, à lui et à ses frères, les premiers éléments, et la méthode libre du maître s’était laissée aller à l’esprit rapide des élèves.

1086. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Comme il voit, avant tout, dans la littérature l’histoire du développement intellectuel et moral de la nation, il a pris cette nation à ses origines et jusque dans les éléments les plus anciens qu’on retrouve épars sur le sol.

1087. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Les Beuchot, les Brunet, les Quérard, doivent en posséder par devers eux la plupart des éléments positifs.

1088. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Guizot, continuait pourtant lui-même l’histoire philosophique, tout en la transformant ; il analysait les faits, les élevait à l’idée, les réduisait en éléments, les groupait enfin et les distribuait selon les vues de l’esprit ; mais, comme cet esprit était très-étendu, très-perçant, très-impartial dans l’ordre des idées, il évitait cette direction exclusive qu’on reprochait aux écrivains du xviiie  siècle.

1089. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Homme de tempérament plus que de pensée, élément plus qu’intelligence, il fut homme d’État, cependant, plus qu’aucun de ceux qui essayèrent de manier les choses et les hommes dans ce temps d’utopies ; plus que Mirabeau lui-même, si l’on entend par homme d’État un homme qui comprend le mécanisme du gouvernement.

1090. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

En voici le sens : Boileau n’a garde de poser la moralité comme un des éléments constitutifs de l’œuvre d’art : seulement, il l’exige de l’artiste.

1091. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Ce charme est très complexe, et je sens bien que je n’en pourrai jamais dégager tous les éléments.

1092. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Le second cas pris pour exemple est celui d’une éclipse où le phénomène brut est un jeu d’ombre et de lumière, mais où l’astronome ne peut intervenir sans apporter deux éléments étrangers, à savoir une horloge et la loi de Newton.

1093. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

SONNET Il splendit sous le bleu·d’athlétiques natures Dont le roc a fourni les éléments altiers : Les fontes et l’airain de leurs musculatures Excèdent les parois des divins compotiers.

1094. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Il nous semble utile d’observer tout d’abord que la phrase tente l’idée, quand elle ne la motive pas, et que l’association des mots provoque le débordement du réservoir mental, ou, plus proprement, favorise la diaprure du ciel représentatif, sans cependant que la pensée ainsi vivifiée emprunte à la phrase un élément indépendant ou étranger à son propre fonds.

1095. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Une pendule devenait « la mesure du temps » ; la terre, « ce bas élément », etc.

1096. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Au moment où il perdit sa mère, Bettina lui écrivait, en faisant allusion à cette disposition froide et ennemie de la douleur, qu’on lui attribue : « On prétend que tu te détournes de ce qui est triste et irréparable : ne te détourne pas de l’image de ta mère mourante ; sache combien elle fut aimante et sage à son dernier moment, et combien l’élément poétique prédominait en elle. » Par ce dernier trait, elle montre bien qu’elle sait l’endroit par où il faut le pénétrer.

1097. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

C’est à dater de ce moment, je le crois, qu’on pourrait apercevoir non pas une diminution, mais une combinaison nouvelle dans le libéralisme de M. de Broglie : il tiendra désormais plus de compte de ce qu’on appelle dans le style politique l’élément gouvernemental.

1098. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Lorsqu’après avoir doublé ce cap des tempêtes, il en essuie une à son tour, quand il est enveloppé dans le choc des éléments, il ne trouve rien de mieux à dire sinon que la mer a là un autre minois que les jours précédents.

1099. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Un jour de combat, il retrouvait toutes ses qualités, son humanité, toutes ses vertus ; il était dans son élément, et, comme, tous les grands cœurs alors, il était bon.

1100. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Or, ce fabliau, le voici : Un jour, Dieu permit, dans ses desseins, que l’élément de vie, le feu, se retirât tout à coup de l’air, et vînt à manquer à la nature.

1101. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

que Mirabeau le sentait lorsque, impatient de ces éternelles remises de l’« homme aux indécisions » (c’est ainsi qu’il appelle La Fayette), et de cette pudibonderie si hors de propos, irrité de voir en tout et partout les honnêtes gens de ce bord en réserve et en garde contre lui, il s’écrie : « Je leur montrerai ce qui est très vrai, qu’ils n’ont ni dans la tête, ni dans l’âme, aucun élément de sociabilité politique. » Et relevant la tête en homme qui, avec ses taches, avait son principe d’honneur aussi et le sentiment de sa dignité, il écrivait un jour (1er décembre 1789) à La Fayette, sans craindre d’aborder le point délicat et qui recelait la plaie : J’ai beaucoup de dettes, qui en masse ne font pas une somme énorme ; j’ai beaucoup de dettes, et c’est la meilleure réponse que les événements puissent faire aux confabulations des calomniateurs.

1102. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Mais bientôt il s’aguerrit, s’anima et même s’égaya à la lutte, et son tempérament, sa personne tout entière comme son talent proprement dit, se trouva en plein dans son élément.

1103. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Il n’a rien écrit de mieux que ses articles à l’Encyclopédie qu’on a recueillis sous le titre d’Éléments de littérature.

1104. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il considère la parole comme « la physique expérimentale de l’esprit », et il en prend occasion d’analyser l’esprit, l’entendement, et tout l’être humain dans ses éléments constitutifs et dans ses idées principales ; il le compare avec les animaux et marque les différences essentielles de nature : puis il se livre, en finissant, à des considérations éloquentes sur Dieu, sur les passions, sur la religion, sur la supériorité sociale des croyances religieuses comparativement à la philosophie.

1105. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

La pièce pour moi se gâte du moment que la Marceline, en étant reconnue la mère de celui qu’elle prétend épouser, introduit dans la comédie un faux élément de drame et de sentiment : cette Marceline et ce Bartholo père et mère me salissent les fraîches sensualités du début.

1106. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

L’abbé de Cosnac, moins par scrupule que par un éloignement naturel, évite de se mêler à ces sortes d’intrigues, qui sont, au contraire, l’élément même et le triomphe de Sarasin : Pour moi, nous dit l’abbé, je ne cherchais à me mêler que des affaires du parti, non seulement dans la vue de me rendre utile et nécessaire, mais encore parce que je les trouvais plus conformes à mon inclination, qui me portait autant à l’ambition qu’elle m’éloignait de l’amour.

1107. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Quant à Voltaire, il est impossible, lorsqu’on le connaît bien et qu’on l’a vu en ses divers accès, de le prendre pour autre chose que pour un démon de grâce, d’esprit, et bien souvent aussi (il faut le dire) de bon sens et de raison, pour un élément aveugle et brillant, souvent lumineux, un météore qui ne se conduit pas, plutôt que pour une personne humaine et morale.

1108. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Aussi, pour Guyau, la métaphysique même est une expansion de la vie, et de la vie sociale : c’est la sociabilité s’étendant au cosmos, remontant aux lois suprêmes du monde, descendant à ses derniers éléments, allant des causes aux fins et des fins aux causes, du présent au passé, du passé à l’avenir, du temps et de l’espace à ce qui engendre le temps même et l’espace ; en un mot, c’est l’effort suprême de la vie individuelle pour saisir le secret de la vie universelle et pour s’identifier avec le tout par l’idée même du tout.

1109. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Les éléments sont supprimés comme de mauvaise compagnie et faisant trop de vacarme.

1110. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Cependant on pleure autour de lui, la terre se désespère, les nuées femmes, les cinquante océanides, viennent adorer le titan, on entend les forêts crier, les bêtes fauves gémir, les vents hurler, les vagues sangloter, les éléments se lamenter, le monde souffre en Prométhée, la vie universelle a pour ligature son carcan, une immense participation au supplice du demi-dieu semble être désormais la volupté tragique de toute la nature ; l’anxiété de l’avenir s’y mêle, et comment faire maintenant ?

1111. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

J’aurais deviné d’avance cette distribution ; on a changé d’élément, mais c’est la même routine.

1112. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Il n’y avait pourtant là que des éléments de théâtre aérien.

1113. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Nul parmi eux ne possède une seule de ces trois choses qui doivent entrer comme éléments indispensables dans la fabrication de toute grandeur.

1114. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

La plante à laquelle vous voudriez inculquer la faculté de plonger ses racines non pas dans la terre, son élément normal, mais dans le vide, se dessécherait et mourrait.

1115. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Tout cela vient au roman, parce que le roman est la légende de nos temps, l’élément passionné de notre littérature, et aussi parce qu’il en est le signe le plus courant et le plus familier. […] Il y a eu dans la composition du poëte, chez Henri Blaze, trois éléments très reconnaissables : l’homme du monde ou, pour être plus intelligible, le dandy, le dilettante et le critique. […] Les passages où ils font allusion à l’élément perfide et stérile ne sont pas des marines dans le vrai sens du mot. […] Nous sommes loin, dans ce court poëme composé tout exprès d’éléments factices et produisant des effets contraires aux aspects habituels de la nature, des poésies naïvement sentimentales et des petites chansons de mai où l’on célèbre la tendre verdure des feuilles, le gazouillement des oiseaux et les sourires du soleil. […] La vie prodigue lutte avec la mort avare, qui redemande les éléments qu’elle lui a prêtés, et la nature inconsciente se tait, n’ayant point de parole et ne pouvant que répéter comme un écho la voix de l’homme ou plutôt de l’humanité.

1116. (1883) Le roman naturaliste

Alphonse Daudet a mis en œuvre des éléments ou des matériaux du même genre que ceux dont MM.  […] Mais, puisqu’il y a certainement parmi nous des volontés faibles et des volontés nulles, et puisque les plus énergiques des hommes sont presque aussi souvent, dans la vie quotidienne, les esclaves de leurs désirs que les maîtres de leurs volontés, vous en serez quitte pour avoir sacrifié de parti pris un élément parmi les éléments de l’intérêt romanesque. […] Cela consiste à insérer dans le tissu du récit un élément descriptif et pittoresque, — tantôt un fragment de costume, tantôt un lambeau de paysage — et c’est même ce qu’aux environs de 1830 on appelait de la couleur locale. […] C’est une alternance, et comme un dialogue des éléments de l’action entre eux. […] Modifiez un seul des éléments qui forment son atmosphère physique et morale ; supprimez un seul des menus faits dont elle subît la réaction, sans le savoir elle-même ; transformez un seul des personnages dont l’influence inaperçue domine ses résolutions ; — vous avez changé tout le roman.

1117. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

… Jamais être formé de poussière et de flamme A tes purs éléments ne mêla mieux son Âme ; Jamais esprit mortel ne comprit mieux ta voix… Plus je fus malheureux, plus tu me fus sacrée ! […] Harmonieux concert de tous les éléments ! […] Mais la mort de plus près va réunir à toi Et ce corps, et ces sens, et ce qui pense en moi, Et les rendant aux flots, à l’air, à la lumière ; Avec tes éléments confondre ma poussière. […] Et son sens immortel, par la mort transformé, Rendant aux éléments le corps qu’ils ont formé, Selon que son travail le corrompt ou l’épure, Remonte ou redescend du poids de sa nature ! […] Dans vos deux, au-delà de la sphère des nues, Au fond de cet azur immobile et dormant, Peut-être faites-vous des choses inconnues Où la douleur de l’homme entre comme élément.

1118. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

La valeur littéraire se compose de deux éléments : la richesse de la matière et l’habileté de l’art. […] Puisque le poète n’a pas cru devoir s’armer de sévérité contre la Commune (ce qui, littérairement parlant, eût été de beaucoup le meilleur parti), cherchons les éléments poétiques de l’indulgence qu’il a montrée pour elle. […] Dans Madame Bovary, ces deux éléments, le travail et le génie, s’unissent dans la proportion qui fait les chefs-d’œuvre. […] Au xixe  siècle, les langues furent pour la première fois étudiées dans les rapports qu’elles avaient entre elles, elles furent classées par familles, ramenées à leurs éléments primitifs, et la science des étymologies fut fondée. […] Il faut chercher ailleurs les éléments du grand courant mélancolique d’où la poésie de Lamartine est sortie.

1119. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

L’instinct social se compose d’une foule d’éléments dont le principal est la sociabilité, et la sociabilité se compose de plusieurs parties dont l’essentielle est l’instinct d’imitation. […] L’accoutumance et l’hérédité sont éléments essentiels de l’idée du beau. […] Il y a dans un pouvoir ce qu’il est en soi et ce que la nation met d’elle en lui ; mais ce dernier élément n’est pas le seul et n’est pas toujours le plus fort, encore qu’il soit nécessaire. […] « C’est un compromis de tradition germanique et de libéralisme occidental. » Bismarck y a mis un élément qui peut être de dissolution, qui peut être de vitalité prolongée : le suffrage universel. […] Le mot de hasard n’est pas trop mauvais ici ; car il n’est aucune existence célèbre où le hasard ait joué un tel rôle, aidé certainement par quelque adresse, mais beaucoup plus considérable que celle-ci, et, somme toute, élément de toute première importance dans cette destinée.

1120. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

A l’exotisme de Bernardin de Saint-Pierre et de Chateaubriand l’auteur de Rarahu a joint un élément nouveau : le rebours des personnages, si l’on peut ainsi s’exprimer. […] C’est dans l’œuvre seule de Chateaubriand que nous prendrons les éléments de cette décomposition psychologique. […] Il est là tout entier avec son attitude admirable, ses élévations d’artiste, ses élans éperdus qui lui faisaient souhaiter comme son élément naturel les « orages désirés » du vieux château de Combourg. […] Eschyle, Sophocle et Euripide ont écrit d’admirables drames sans cet élément d’intérêt, et les anciens ont eu sous ce rapport une esthétique opposée à la nôtre. […] Si l’auteur d’un livre est maître de ses principes, ce livre a aussi une portée sur celui qui le lit, et ces deux éléments d’appréciation sont nécessaires pour bien juger le problème.

1121. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Mais ne nous faisons non plus aucune illusion ; disons-nous, avec un regret et une humilité que toute la fierté de Malherbe ne consolera pas, où en était venue cependant la poésie française après plus de quatre cents ans de floraison et de culture ; combien, faute d’une tradition soutenue et d’une mémoire fidèle, elle s’était diminuée à plaisir et appauvrie ; combien elle était retombée à une véritable enfance et avait mérité d’être remise à l’école, aux simples éléments. […] C’est à ces grands hommes en effet, et à ce qu’ils eurent de ferme, d’imposant et de suivi, que la littérature de cet heureux siècle dut (avec ce qui lui venait de l’inspiration originale et naturelle des talents ou des génies) d’acquérir et de combiner un élément tout nouveau de grandeur, de gravité, de dignité, de noblesse, d’autorité, tellement que cette littérature conservant les beautés propres à notre race, on aurait dit par moments que le vice national, la légèreté gauloise, avait disparu, ou n’y restait que pour la grâce.

1122. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Ô toi qui sais ce que la terre Enferme de triste aux humains, Qui sais la vie et son mystère, Et qui fréquentes, solitaire, La nuit, d’invisibles chemins ; Toi qui sais l’âme et ses orages, Comme un nocher son élément, Comme un oiseau sait les présages, Comme un pasteur des premiers âges Savait d’abord le firmament ; Qui sais le bruit du lac où tombe Une feuille échappée au bois, Les bruits d’abeille et de colombe, Et l’Océan avec sa trombe, Et le Ciel aux immenses voix ; Qui dans les sphères inconnues, Ou sous les feuillages mouillés, Ou par les montagnes chenues, Ou dans l’azur flottant des nues, Ou par les gazons émaillés, Pèlerin à travers les mondes, Messager que Dieu nous donna, Entends l’alcyon sur les ondes, Ou les soupirs des vierges blondes, Ou l’astre qui chante : Hosanna ! […] Les symptômes sont alarmants ; vos paisibles amis de Paris, qui font de la politique avec leur encre et leur papier dans la liberté des théories, verront à quels éléments réels ils vont avoir affaire.

1123. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Combinaison très particulière d’éléments qui donne Gœthe, et qu’on méprisera peut-être autant qu’on la vante quand ces éléments seront désagrégés.

1124. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Elle possède d’une manière admirable le secret d’allier les éléments les plus disparates, et tous ceux qui l’approchent ont beau être divisés d’opinions, ils sont tous d’accord pour adorer cette idole. […] On la nommait tout bas dans l’intimité (Mme de Flahaut), de même qu’aussi l’on savait de quels éléments un peu divers se composait la noble figure d’Oswald, de même qu’on croyait à la vérité fidèle de la scène des adieux, et qu’on se souvenait presque des déchirements de Corinne durant l’absence. […] Je m’étais attaché de bonne heure, dans George Sand, à distinguer le côté délicat, passionné, et à désirer le voir triompher de l’élément plus fougueux et déclamatoire.

1125. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Il devenait un élément de grandeur de même nature et de même ordre. […] Si vous raidissez ce souple point de présent de manière à en faire un point raide, un élément raide, un élément homogène à un point du raide argent, et par conséquent comparable, et par conséquent échangeable, tout est vénal et le monde aussitôt, le monde entier tombe dans le commerce. […] Elle ne peut jouer, elle ne peut se produire que parce que des éléments qui étaient souples, libres, vivants, féconds, non interchangeables, non homogènes, non échangeables, non achetables et vendables, non comptables et calculables, non vénaux, sont devenus, ont été faits raides, serviles, inertes, morts, stériles, et par suite interchangeables, homogènes, comparables, échangeables, achetables et vendables, comptables et calculables, vénaux. […] Tant que les éléments sont souples et présents ils ne sont pas prêts pour la liquéfaction de la mort. […] Ce relâchement, cette dissolution, cette liquéfaction provient en effet de ce que certains éléments souples et ainsi non monnayables, non comptables, non calculables, non mesurables, sont devenus des éléments raides, habitués, comptables, mesurables, calculables : monnayables.

1126. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Zola a trouvé les grands éléments de son livre. […] C’est le divorce, si facile en Amérique, qui a fourni les éléments du plaidoyer ; plaidoyer présenté dans une langue précise et piqueté de mots de l’esprit le plus parisien. […] Zola s’est composé d’une partie de ces éléments, et c’est ce qui en fait et en fera dans l’avenir la principale valeur. […] Et, en effet, dans ces six cents pages lues d’un trait, j’ai trouvé les éléments de succès pour plusieurs romans et de réputation pour plusieurs écrivains. […] Quand l’esprit revient de cet étourdissement, de ces éblouissements du bruit et du feu, il commence à percevoir mille détails, mille renseignements, qui ne sont plus le poème héroïque, mais qui sont les éléments de l’histoire et des mœurs d’un temps si curieux.

1127. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

De même, à mesure que l’on appuyait sur des documents plus nombreux et que l’on affermissait par des preuves plus certaines l’histoire de nos chansons de geste, on réunissait les éléments d’une théorie des épopées homériques, ou mieux encore de la théorie générale des épopées populaires. […] Il n’y a rien dans Corneille qui ne soit dans ses prédécesseurs ou ses contemporains d’âge et de popularité, dans Mairet, dans du Ryer, dans Rotrou, dans vingt autres ; il n’y a de plus que le génie ; mais les éléments dramatiques, les lois convenues de la scène, les ressorts accoutumés de l’action, les procédés enfin de composition et de style, n’essayez pas d’y rien distinguer : ce sont les mêmes. […] C’est bien son élément. […] De plus, on le mettait enfin dans son élément naturel. […] On a fait un crime à Calas du suicide de son fils ; avec une odieuse précipitation, on lui a instruit son procès, et, sans lui laisser seulement le temps de rassembler les éléments de sa défense, on l’a conduit à l’échafaud.

1128. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Honneur à ces types modestes, laborieux et solides, à ces hommes de devoir, de vertu, d’abnégation, à ces chevilles ouvrières de toute bonne et forte organisation sociale, sergents dans l’armée, contremaîtres dans l’industrie, sur qui pèsent et roulent le labeur et la peine de chaque jour, et qui, dans des relations de chaque heure avec l’élément populaire individuel, font respecter en eux l’autorité dont ils occupent le moindre grade, mais dont certes ils ne remplissent pas le moins courageux office !

1129. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Les monarchiens de tout genre et de tout bord qui remplissaient les Assemblées, surtout la dernière, ne faisaient autre chose que d’éliminer un à un tous les éléments démocratiques, tous les hommes de valeur et d’ardeur qui les représentaient.

1130. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

— Soit qu’il nous peigne ce grand style de Pascal, si caractérisé entre tous par sa vérité, austère et nu pour l’ordinaire, paré de sa nudité même, et qu’il ajoute pour le fond : « Bien des paragraphes de Pascal sont des strophes d’un Byron chrétien ; » soit qu’il admire, avec les penseurs, dans La Rochefoucauld, ce talent de présenter chaque idée sous l’angle le plus ouvert, et cette force d’irradiation qui fait épanouir le point central en une vaste circonférence ; soit qu’il trouve chez La Bruyère, et à l’inverse de ce qui a lieu chez La Rochefoucauld, des lointains un peu illusoires créés par le pinceau, moins d’étendue réelle de pensée que l’expression n’en fait d’abord pressentir, et qu’il se montre aussi presque sévère pour un style si finement élaboré, dont il a souvent un peu lui-même les qualités et l’effort ; soit que, se souvenant sans doute d’une pensée de Mme Necker sur le style de Mme de Sévigné, il oppose d’un mot la forme de prose encore gracieusement flottante du xviie  siècle à cette élégance plus déterminée du suivant, qu’il appelle succincta vestis ; soit qu’en regard des lettres capricieuses et des mille dons de Mme de Sévigné, toute grâce, il dise des lettres de Mme de Maintenon en une phrase accomplie, assez pareille à la vie qu’elle exprime, et enveloppant tout ce qu’une critique infinie déduirait : « Le plus parfait naturel, une justesse admirable d’expression, une précision sévère, une grande connaissance du monde, donneront toujours beaucoup de valeur à cette correspondance, où l’on croit sentir la circonspection d’une position équivoque et la dignité d’une haute destinée ; » soit qu’il touche l’aimable figure de Vauvenargues d’un trait affectueux et reconnaissant, et qu’il dégage de sa philosophie généreuse et inconséquente les attraits qui le poussaient au christianisme ; soit qu’en style de Vauvenargues lui-même il recommande, dans les Éléments de Philosophie de d’Alembert, un style qui n’est orné que de sa clarté, mais d’une clarté si vive qu’elle est brillante ; — sur tous ces points et sur cent autres, je ne me lasse pas de repasser les jugements de l’auteur, qui sont comme autant de pierres précieuses, enchâssées, l’une après l’autre, dans la prise exacte de son ongle net et fin.

1131. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

L’élément théocratique qui entre dans son organisation sociale lui a donné quatorze siècles d’existence63… » A-t-il bien pu, lui, M. de Bâville, dans le courant de la phrase, dire Bossuet tout court, citer d’emblée et sur la même ligne Pascal, Molière et Newton, Molière un comédien d’hier, Newton que Voltaire le premier en France vulgarisera ?

1132. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Cette affaire, d’ailleurs, est claire comme le jour, et tous en possèdent les éléments ; elle est de celles qui me paraissent devoir se traiter uniquement par voie de discussion, d’opinion librement contradictoire et de publicité.

1133. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Contre lui la révolte n’est qu’une juste défense ; quand nous nous ôtons de ses mains, nous ne faisons que reprendre ce qu’il détient à tort et ce qui est légitimement à nous  En second lieu, le code social, tel qu’on vient de l’exposer, va, une fois promulgué, s’appliquer sans obscurité ni résistance : car il est une sorte de géométrie morale plus simple que l’autre, réduite aux premiers éléments, fondée sur la notion la plus claire et la plus vulgaire, et conduisant en quatre pas aux vérités capitales.

1134. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Sans doute aussi des bourgeois, des artisans se firent affilier à la corporation : mais, comme il est naturel, vu la nature et l’objet de l’association, l’élément jeune, remuant, débauché et bohème dominait et donnait le ton.

1135. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

L’ensemble d’idées et de sentiments que suppose leur profession agit toujours en eux, fût-ce à leur insu ; c’est un élément secret dont il faut toujours tenir compte dans l’appréciation de leurs actes, car il y est toujours présent, même quand ils agissent en apparence comme les autres hommes.

1136. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

À la vérité, l’obscurité même qui entoure ces conceptions monstrueuses pourrait devenir un élément poétique si elles se produisaient avec l’art dont Hoffmann et Gogol ont fait preuve dans leurs contes fantastiques.

1137. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Mais aussi la combinaison de ces éléments éternels varie incessamment ; vices et vertus changent suivant les temps et de forme et d’intensité ; la moralité dans l’humanité et même dans une seule nation a son va-et-vient, sa hausse et sa baisse, autrement dit son évolution.

1138. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

C’était son élément.

1139. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Ces organisations, composées d’éléments douteux et sombres, échapperaient du moins à cette première fièvre violente de fanatisme, qui les altère à jamais et les dénature.

1140. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Eux, les autres, pourtant vivent dans cette sécheresse comme dans leur élément natal… Oui vraiment, il y a surtout là, une certaine manière de demander aux gens comment ils vont, où la question est tellement et uniquement faite avec les lèvres, qu’elle est plus durement indifférente que le silence.

1141. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Fidèles aux règles prescrites par Bacon, elles varient l’expérience, la transportent, la renversent, la prolongent ou la suspendent ; procédant par exclusion et élimination, elles rejettent tantôt un élément, tantôt un autre ; souvent même elles s’abandonnent à ce que Bacon appelle les hasards de l’expérience, sortes experimenti, comme pour voir ce qui en arrivera ; et c’est ce qu’on appelle les révolutions Les publicistes recueillent les résultats de ces expériences si bien préparées ; ils constatent et comparent les faits : ils en forment des lois.

1142. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Il a conté à la seconde des manières que j’indiquais plus haut, un peu, pas tout le temps, mais il a conté certainement à la seconde des manières que j’ai indiquées ; dans une certaine mesure il a introduit l’élément du conte psychologique.

1143. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Pour bien analyser le plaisir qui résulte d’une suite de sons, il faut décomposer cette suite de sons dans ses parties et ses éléments.

1144. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Ils ne sont pas tous au même étage, nullement du même Credo, mais d’eux tous l’histoire dira ce qu’écrivait Léo Latil. « … l’élément spirituel domine tout dans cette guerre ».‌

1145. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Ils recherchent les grands partis, les divisions larges, les contours arrêtés et précis, ils aiment, en un mot, le clair et le simple. » Et l’auteur développe ces principes en une infinité d’applications, examinant tour à tour les lignes extérieures, c’est-à-dire les profils qui se découpent sur le vide, les lignes intérieures, c’est-à-dire les joints et les moulures qui séparent les divers membres solides, les jeux de lumière aux différentes hauteurs de l’édifice, les ornements, leurs éléments, leur structure, leur place. […] Avec son unique élément toujours répété, sa puissante assiette, ses beaux jeux de lumière multipliés par les cannelures, sa vaste circulation d’air autour des fûts, et l’insensible évolution de ses ombres, la colonnade périptère ressemble à une lento et superbe procession arrêtée dans son cours ou marchant avec le soleil. […] C’est en Allemagne une idée populaire et une doctrine scientifique que tout ce qui parle allemand appartient de droit à l’Allemagne et doit lui revenir tôt ou tard ; tant pis pour l’histoire et les traités ; le propriétaire légitime reprend son bien où il le trouve, même transformé, même mélangé d’éléments étrangers, hier le Schleswig à demi danois, aujourd’hui l’Alsace française et la moitié de la Lorraine française, demain les portions de la Suisse, de l’Autriche, et de la Russie où l’on parle allemand. […] D’autres composent avec des éléments analytiques des surfaces géométriquement irréalisables et contradictoires, dans lesquelles ils constatent des groupes enchaînés de propriétés inconnues. […] Bain est un grand analyste, un parfait anatomiste de l’esprit, excellent pour disséquer avec précision et délicatesse tous les phénomènes mentaux, pour les suivre jusque dans leurs éléments, pour les recomposer avec exactitude et précaution, pour les classer méthodiquement selon leurs affinités naturelles.

1146. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Pour se mettre au rang des plus grands, ou pour conquérir cette popularité, — qui est bien l’un des éléments de la grandeur, puisqu’elle l’est de la gloire, — c’est une question de savoir si les qualités qui lui ont manqué ne seraient pas plus oratoires que proprement poétiques, peut-être ; et je n’oserais pas dire, je ne voudrais pas dire qu’il en est le plus délicat, car il ne faut pas multiplier inutilement les superlatifs, mais il en est l’un des plus pénétrants. […] Comme en effet on voit, dans la nature, les mêmes éléments simples, combinés en des proportions différentes, engendrer des corps dont les propriétés diffèrent également de celles des corps qui leur ressemblent le plus, et de leurs propres éléments ; ainsi, chacun de nous apporte en naissant des aptitudes qui sont uniquement siennes ; et pas plus que nous ne rencontrons deux visages humains qui se ressemblent, deux Ménechmes ou deux Sosies, pas plus il n’y a deux esprits parfaitement semblables. […] Réduire dans le roman les passions de l’amour à ce qu’elles ont de semblable en tout temps et en tous lieux, ce n’est donc pas seulement défigurer la réalité, mais c’est se priver soi-même du plus subtil, du plus délicat des moyens dont dispose l’analyse psychologique, et ce n’est pas seulement priver le roman de son principal élément d’intérêt, c’est le réduire, si je puis employer cette expression pédantesque, à n’être que le schéma de la vie, au lieu d’en être la représentation. […] Voyez plutôt, partout où l’on a essayé de mêler l’un à l’autre ces deux éléments disparates ou contradictoires, comme il serait facile d’en ôter l’un ou l’autre. […] En éliminant de la peinture de l’homme tout ce qu’on peut appeler des noms d’accident individuel et de particularité locale, ils ont, les uns et les autres, introduit dans leur œuvre cet élément d’universalité qui fait justement les modèles.

1147. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

La plasticité de l’esprit français absorbe, s’assimile tous ces éléments disparates, les conforme à ses exigences, les réduit aux règles de sa grammaire. […] Les émules de Corneille ; — et, à ce propos, de l’urgence de « désencombrer » l’histoire de la littérature ; — et que Mairet, ou même Rotrou, n’ayant laissé qu’un nom et pas une œuvre, ils ne sont bons à connaître qu’en « fonction » de Corneille. — Comment et dans quelle mesure ils lui ont préparé les voies. — La Sophonisbe de Mairet, et que Corneille l’a bien connue, puisqu’il lui a emprunté les imprécations de sa Camille. — Prédominance de l’élément romanesque dans le théâtre de Mairet. — La préface de la Silvanire, 1625, et la règle des trois unités [Cf.  […] — Mais qu’en tout cas, de la simplicité la plus familière à la plus haute éloquence, ce style remplit tout l’entre-deux. — La « rhétorique de Pascal », — et qu’elle ne consiste pas à n’en point avoir du tout ; — mais à en faire servir les moyens mêmes à leur destruction ; — et à n’user de l’art que pour imiter plus fidèlement la nature. — Du sentiment de l’obscur dans la prose de Pascal ; — de sa manière d’intervenir de sa personne dans la cause qu’il plaide ; — de la profondeur de sa sensibilité ; — et de la « poésie » qui résulte du mélange de tous ces éléments. — De quelques autres qualités du style de Pascal : — sa concision tranchante ; — sa plénitude, — et sa « densité ». — Le mot de Sainte-Beuve : « Pascal, admirable écrivain quand il achève, est encore supérieur là où il fut interrompu ». […] — Analogie de toutes ces tentatives, et qu’elles ont pour objet : — de donner aux yeux les satisfactions que la tragédie leur refuse ; — d’utiliser les fables de la mythologie ; — et de mettre en liberté l’élément musical que contient en soi toute « poésie ». — La fondation de « l’Académie de musique », 1669, — et le premier opéra français : Pomone, 1671. — Jean-Baptiste Lully [Cf. les Mémoires de Mlle de Montpensier]. — Sa collaboration avec Molière, — et avec Quinault. — Leurs premiers opéras : Cadmus et Hermione, 1673 ; — Alceste, 1674 ; — Thésée, 1675 ; — Atys, 1676 ; — Isis, 1677. […] Les éléments antérieurs dans le roman de Le Sage. — Le développement de la nouvelle entre 1680 et 1700 ; — et le passage du style oratoire au style narratif ; — l’abondance des Mémoires ; — et la forme du récit personnel. — Ce que Le Sage doit à La Bruyère ; — et qu’en un certain sens Le Diable boiteux n’est qu’une série de portraits ou de caractères [Cf. 

1148. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Il faut bien reconnaître, en face de tels exemples, que les plus larges sources de la poésie se sont affaiblies graduellement ou taries, et ce n’est pas que je veuille en conclure à l’abaissement du niveau intellectuel dans les temps modernes ; mais les éléments de composition épiques n’existent plus. […] Et l’humanité a raison, car tous les éléments de la Poésie universelle sont contenus dans ces poèmes sublimes qui ne seront jamais oubliés.

1149. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

On pourra voir, tout au contraire, que le symbolisme est né directement du naturalisme qui le contenait mêlé à d’autres éléments. […] N’est-ce pas plutôt l’histoire d’une âme avec ses deux éléments, féminin et mâle ? […] C’est une étude de jeune fille, assez exacte d’abord, mais poussée au bleu sur la fin, et, ce qui est pis, à mon sens, en vertu d’une théorie cherchée et affichée, qui est qu’un élément romanesque doit s’introduire dans tout roman69. […] Il fut comme eux et d’abord un grand agenceur de drames ; si la part d’observation est la plus forte dans ses livres, elle y est bien mêlée : réalisme, fantaisie, mysticité, il entre bien des éléments dans la composition de ce colosse.

1150. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Le frère Yves y apportera-t-il un élément de joie ou de soupçons ? […] Octave Mirbeau vient de publier l’Abbé Jules (Ollendorff, éditeur) ; cette fois l’auteur d’une étude psychologique faite sur l’ensemble de l’âme humaine, d’une étude dont tous ceux qui ont aimé auraient pu fournir les éléments, a réduit son champ d’observation et, il faut le dire, s’est surtout préoccupé d’une exception. […] C’est une protestation élégante et éloquente contre la sottise de la mondanité, contre les tendances de ces esprits inférieurs qui ne peuvent se suffire, qui n’ont de joie et de plaisir que par autrui et pour qui l’élément extérieur est la nourriture nécessaire. […] L’auteur croit à l’âme, comme tous les hauts esprits français, comme Michelet, Cuvier, Victor Hugo, etc. ; à ceux qui se sont fait la règle facile de ne croire qu’à ce qu’ils voient, Mme Adam dédie ces lignes : Expliquez l’élément psychique, disent les savants. Expliquez l’élément électrique, répondrons-nous.

1151. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Que l’on songe à ce que l’on doit à Napoléon : presque tous les espoirs supérieurs de ce siècle. » L’espèce supérieure disparaît par épuisement consécutif d’un long effort, par négligence de se renouveler au moyen de l’admission en son sein des meilleurs éléments de l’espèce inférieure, par oubli de ses principes et de ses règles d’action, par insouciance, par dégoût, par affinement, par délicatesse artistique, un de ses instincts propres et un des meilleurs, mais qui ne doit avoir que sa part, le goût, finissant par empiéter sur les autres et par rompre l’équilibre. […] La masse européenne se fait esclave elle-même et l’existence d’une grande race esclave, esclave essentiellement et de complexion propre, est la condition même de la naissance d’une race noble, et l’amoindrissement progressif de l’homme est précisément la force active [mot impropre ; mettez le mouvement, l’évolution] qui permet de croire à la culture d’une race plus forte, d’une race qui aurait précisément son excédent dans ce en quoi l’espèce amoindrie deviendrait plus faible : volonté, responsabilité, faculté de se fixer un but. » Je dis plus ; je dis que ce nivellement peut être la cause même de la création, assez rapide peut-être, d’une race supérieure Les éléments de la race supérieure existent toujours ; voilà ce que je crois. Pour qu’ils se dégagent, se démêlent et émergent, il faut que le nivellement plébéien se soit produit, et c’est alors et c’est à cause de ce nivellement et du dégoût qu’il inspire aux éléments nobles et c’est à cause de la nécessité qui s’impose à ces éléments « de creuser les distances, d’ouvrir un gouffre, de rétablir une hiérarchie », c’est à cause de tout cela que les éléments de la race noble se dégagent, se démêlent et émergent. […] Elle s’isolera par dégoût, elle se contractera par affinité naturelle entre ses éléments : elle s’organisera par simple besoin d’ordre et de discipline pour une action commune, et elle dominera et asservira l’autre espèce par le seul phénomène bien connu de la prédominance de la qualité sur le nombre, et par ce seul fait que l’autre espèce n’aura pas besoin d’être asservie, s’étant asservie elle-même, s’étant donné le tempérament esclave. […] « Ce ne sera pas seulement une race de maîtres, dont la tâche consisterait simplement à régner ; mais une race ayant sa propre sphère vitale, avec un excédent de force pour la beauté, la bravoure, la culture, les manières, et cela jusque dans le domaine le plus intellectuel ; une race affirmative qui peut s’accorder toute espèce de grand luxe ; assez forte pour n’avoir pas besoin d’un impératif de vertu ; assez riche pour pouvoir se passer d’économie et de pédanterie, se trouvant par-delà le bien et le mal ; une serre pour les plantes singulières et choisies… » Cette race, Spartiate par la volonté et l’endurance, athénienne par le sens du beau, romaine par la persévérance et l’illimitée volonté de puissance, elle existera : les éléments en existent ; dans le monde de la science, dans celui des inventions, dans celui des explorateurs, dans celui des artistes, on en voit à chaque instant des exemplaires ; le mouvement démocratique, comme nous venons de le voir, en retarde et prochainement en hâtera l’éclosion, et il trouvera dans cette naissance sa « justification » et la preuve qu’il peut servir à quelque chose ; elle existera s’il est vrai, ce que l’histoire semble prouver, que l’humanité ne se désorganise jamais que pour se réorganiser à nouveau et s’il est vrai que le plébéianisme, forme précise de la désorganisation sociale, ne peut que présager, conditionner et même produire une réorganisation nouvelle.

1152. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Le jugement que porte Mme Roland des hommes politiques de la seconde époque révolutionnaire, de ceux qu’elle a connus et éprouvés, est aussi distinct et décisif que son mépris des hommes de 89 a pu paraître confus et aveugle : c’est qu’à partir de 91 elle vit de près la scène et posséda tous les éléments de situation et de conduite.

1153. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Or il est temps que cet esprit se fasse jour ; rien n’est si fort à désirer, car, dégagé des préoccupations, des passions, des alarmes ou des rancunes de 1848 et de 1851, il n’est, si j’en puis juger, ni enthousiaste ni hostile ; il aspire à perfectionner sans détruire, et il est le plus solide élément avec lequel et sur lequel le Gouvernement devrait compter pour un avenir régulier de la France.

1154. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Le courant se rétablissait entre l’idée du Dieu catholique desséchée au fond des cœurs et tous les éléments actifs de la vie morale : l’escamotage logique devenait une suggestion puissante.

1155. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Donnez aux provinces leurs libertés entières, faites-en des états fédérés dans l’État, et vous verrez aussitôt surgir une France nouvelle débarrassée à tout jamais des parasites qui la rongent, une France consciente d’elle-même, de sa valeur propre, des différentes faces de son génie, dans laquelle tous les éléments qui la composent auront la même fierté, et non ce lâche désir, cette attitude de chien battu qu’ils prennent en face de Paris, en face de la centralisation la plus monstrueuse que l’on ait jamais vue.

1156. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Léon Daudet Le principal élément de beauté dans la littérature c’est la puissance vitale.

1157. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Pas de combats avec les éléments, comme dans le Hollandais Volant, ni de grands cris de passion, comme dans Tannhaeuser ; sur le tout et à travers toutes les situations plane une douce et rêveuse mélancolie.

1158. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Dans de récents articles, M. de Wyzewa a résumé la théorie wagnérienne de l’Art : « l’Art doit créer la Vie … il faut, au-dessus de ce monde des apparences habituelles profanées, bâtir le monde saint d’une meilleure vie : meilleur par ce que nous le créons … » Il montre ensuite que « l’artiste ne peut prendre les éléments de cette vie supérieure nulle part, sinon dans notre vie inférieure, dans ce que nous appelons la Réalité. » Or, dans Parsifal, Wagner, tout en se servant de signes empruntés à cette Réalité, a voulu créer une Vie aussi éloignée que possible des « apparences habituelles profanées ».

1159. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Il méconnaît l’élément généreux que la noblesse, vue à son jour et à son heure, introduisit dans la Constitution de l’État.

1160. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Rendant aux éléments le corps qu’ils ont formé, Selon que son travaille corrompt ou l’épure, Remonte ou redescend du poids de sa nature !

1161. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Dans la première, on voyait Prométhée, bienfaiteur des hommes, leur apportant le feu du ciel, et leur faisant connaître les éléments de la vie sociale.

1162. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Contrairement aux idées courantes, le criminel n’apparaît plus comme un être radicalement insociable, comme une sorte d’élément parasitaire, de corps étranger et inassimilable, introduit au sein de la société44 ; c’est un agent régulier de la vie sociale.

1163. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

cette unité du génie épique de l’antiquité qui s’appelle tour à tour Homère et Virgile, non seulement l’auteur de l’Étude que voici ne l’a pas assez déterminée dans ce que ses éléments ont d’identique et de différent, de commun et de particulier, de contrastant et de sympathique, mais il l’a méconnue encore de fait comme d’essence, — aussi bien sur le terrain de l’histoire que dans l’intelligence des poètes qu’il avait à juger.

1164. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Tous les éléments chastes de la nature, toutes les puretés du corps et de l’âme se personnifient dans la grande Vierge dorienne. […] Le flétrir et le condamner, ce serait imiter Xerxès frappant de verges un élément en fureur. […] Des quatre éléments, elle ne lui accordait que le feu. […] Ajoutez un silence de mort à tous ces éléments de tristesse. […] Cet art fluide où la pensée flotto est l’élément de son âme ; il s’y plonge, il y nage, il ne se confie qu’à lui seul.

1165. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Toute pleine de vivacité et d’entrain, la voici farfouillant dans les vieux journaux, y cherchant les éléments d’un historique de la pièce, qu’on distribuera dans la salle, quand tout à coup, je viens à parler du Tonkin, d’une batterie d’artillerie qu’on dit perdue, et la voilà lâchant tout, qui se met à fondre en larmes. […] Et à la fin de ces réunions toutes masculines, un rien d’élément féminin : les femmes venant chercher leurs maris, et aujourd’hui les rameneuses d’époux, sont Mmes Daudet, de Bonnières, Charpentier.

1166. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Aujourd’hui, je vois Hébert, et lui demande, s’il faut ramasser les éléments de l’illustration du livre, il me répond que les Didot renoncent à la publication, devant l’article qui vient de paraître dans la Revue des Deux Mondes, et il me tend un article de M.  […] Il veut encore deux années entières, consacrées à des représentations, comme celles qu’il est en train de donner, deux années, pendant lesquelles il apprendra à fond son métier et les éléments de la direction d’un théâtre.

1167. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Un art d’impressions pures n’est pas un art : il n’en est que les éléments. […] Henri, par contre, l’homme sagace, nerveux, ironique, dont l’esprit est fortement gauloisé et qui ne voit dans sa propre patrie qu’éléments de haine ou de risée.

1168. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Deux valets se sont travestis en gens du bel air ; le contraste de leur vulgarité naturelle avec leurs prétentions est et restera tout le temps le grand élément comique de la pièce. […] Le problème ainsi posé excède de beaucoup les visées de Molière ; mais il est facile de trouver, dans les vers du poète, des éléments de solution. […] Il y a toujours, dans toute œuvre d’art, deux éléments irréductibles à toute analyse. […] Il y a donc pour les acteurs chargés de ces deux rôles deux tâches à remplir : la première, c’est d’obtenir, s’il se peut, cette ressemblance de forme qui est un des éléments du comique ; la seconde, c’est de marquer cette dissemblance de caractères qui en est l’autre élément.

1169. (1914) Une année de critique

Cela n’ajoute rien, il me semble, à l’œuvre, qu’un élément de comique facile, et lui ôte de son unité. […] La plus vivante est celle de Poil de Carotte, parce que là, Jules Renard disposait, comme éléments, des souvenirs de son enfance, et que les souvenirs d’enfance sont toujours d’un grand prix pour les bons égoïstes. […] C’est pourquoi j’ignorerai toujours la langue de Goethe et les éléments de la géométrie plane. […] À vrai dire, on découvrirait peut-être que dans le plus objectif des romans, il existe toujours des personnages sacrifiés et un personnage favorisé : l’intuition d’un artiste qui, prenant pour éléments les tendances diverses de son âme, les projette dans la vie, les enclot en des corps doués d’existence personnelle, cette intuition-là, fût-elle celle d’un Balzac ou d’un Dostoïevsky, a ses limites, Mais le roman objectif les dissimule le mieux possible.

1170. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

La pensée que le visage de ma mère pourrait un jour disparaître à mes yeux pour jamais, qu’il ne serait qu’une combinaison d’éléments susceptibles de se désagréger et de se perdre sans retour dans l’abîme universel, cette pensée, non seulement me fait saigner le cœur, mais aussi me révolté, comme inadmissible et monstrueuse. […] En effet, nous sommes jusqu’à présent restés sur la rive gauche de la Seine et sa rive droite ne renferme pas de moindres éléments d’intérêt. […] Tous les éléments de succès se trouvent donc réunis dans ce livre qui représente sous toutes ses faces ce Paris dont l’éclat a de tout temps attiré les regards de tous les peuples ; revenus de notre Exposition, ils pourront constater chez eux, en feuilletant cet ouvrage, que M.  […] Nous n’avions créé que le désordre, et il a fallu aller chercher les éléments de l’ordre dans les coutumes des vaincus que nous avions méprisés, et auxquels nous avons quelquefois donné le droit de nous mésestimer et de nous haïr. […] Je m’arrête à regret et je ferme ce livre rempli de tant d’éléments d’intérêt divers.

1171. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

C’est l’ensemble des idées et des images, en quelque sorte la tournure d’esprit d’un auteur, qui finissent par être assimilés ; et c’est la combinaison de ces éléments digérés qui développe l’originalité personnelle. […] Et ces plages, alternativement sèches et noyées » où la terre et l’eau semblent se disputer des possessions illimitées ; et ces broussailles de mangles jetées sur les confins indécis de ces deux éléments ne sont peuplées que d’animaux immondes qui pullulent dans ces repaires, cloaques de la nature, où tout retrace l’image des déjections monstrueuses de l’antique limon. Les énormes serpents tracent de larges sillons sur cette terre bourbeuse ; les crocodiles, les crapauds, les lézards et mille autres reptiles à larges pattes en pétrissent la fange ; des millions d’insectes enflés par la chaleur humide en soulèvent la vase ; et tout ce peuple impur, rampant sur le limon ou bourdonnant dans l’air qu’il obscurcit encore, toute cette vermine dont fourmille la terre attire de nombreuses cohortes d’oiseaux ravisseurs dont les cris confus, multipliés et mêlés aux coassements des reptiles, en troublant le silence de ces affreux déserts, semblent ajouter la crainte à l’horreur pour en écarter l’homme et en interdire l’entrée aux autres êtres sensibles : terres d’ailleurs impraticables, encore informes, et qui ne serviraient qu’à lui rappeler l’idée de ces temps voisins du premier chaos, où les éléments n’étaient pas séparés, où la terre et l’eau ne faisaient qu’une masse commune, et où les espèces vivantes n’avaient pas encore trouvé leur place dans les différents districts de la nature. […] Il y a peu de livres où l’élément descriptif soit si étroitement assimilé à la trame du récit.

1172. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Magnin et son filon d’originalité ne doivent pas se chercher dans cette voie ; je ne lui trouve de vocation un peu déterminée que dans son goût pour le théâtre, pour les origines et les applications scéniques sous toutes les formes : ici il est dans son élément, dans un genre qu’il a une fois effleuré comme auteur, qu’il a de tout temps cultivé et suivi comme amateur et critique, où tout l’attire et l’amuse ; son dilettantisme commence.

1173. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

comment cet assemblage indéfinissable de tant d’éléments divers et fugitifs ne faisait-il jamais faute, et, pareil aux divins trépieds, s’animait-il de lui-même ?

1174. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Chansonnier, musicien, metteur en scène, plein de gais motifs et de saillies, il était là dans son élément.

1175. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Ainsi, dans le chaos des poëtes chaque germe, chaque élément est seul et n’obéit qu’à son poids ; mais quand tout cela est arrangé, chacun est un tout à part, et en même temps une partie du grand tout.

1176. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

J’aime mieux vivre avec dignité et tristesse que de trouver des joies factices dans l’esclavage et le mépris de moi-même. » Ce fut un an environ avant de quitter ses fonctions de précepteur (1825) qu’il publia une traduction du troisième volume des Éléments de la Philosophie de l’Esprit humain, par Dugald Stewart.

1177. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Mais il y avait une élite qui, sortant de ce niveau de bon sens, de préjugés et de passions, s’inquiétait du fond des choses et du terme, aspirait à fonder, à achever avec quelque élément nouveau ce que nos pères n’avaient pu qu’entreprendre avec l’inexpérience des commencements.

1178. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

C’était un assez beau partage dans un siècle où tant de poètes avaient voulu chercher la perfection dans l’art, au lieu de la chercher dans son élément éternel, le beau !

1179. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

On prévoyait que l’Allemagne, monarchique, ecclésiastique, absolue dans ses éléments, serait promptement en antipathie et bientôt en hostilité avec une nation libre, démocratique, peut-être républicaine ; on devait donc chercher ses alliés dans la libre et représentative Angleterre.

1180. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Or, ce feu sacré cherche son élément : le beau.

1181. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Car le peuple, c’est le sol même sur lequel toute société est construite ; c’est l’élément dont toute société est faite, et, quand la société s’écroule, c’est lui qu’elle écrase le premier et le dernier !

1182. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

XXI Voulez-vous connaître, à travers les murs, la vie recueillie de ces pauvres manoirs qui ont gardé loin du monde les oubliés du nouveau siècle, comme les coquillages des mers de l’Ouest gardent entre leurs écailles, concassées par le flux et reflux de l’élément des tempêtes, les animalcules rejetés par les flots et endormis sur quelques grèves isolées de vos rivages ?

1183. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

L’État devrait réserver des emplois toujours vacants : tout écrivain notoirement estimé devrait les obtenir sur sa seule demande pour un jeune au sujet duquel il apporterait les éléments d’une enquête discrète et sérieuse.

1184. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Mariez le prêtre, et vous détruirez un des éléments les plus nécessaires, une de ces nuances les plus délicates de notre société.

1185. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Ce serait séparer les différents éléments de l’œuvre totale si difficilement réunis.

1186. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

On verra la distance capitale qui sépare ces velléités hésitantes et éparses, du véritable organisme systématique et fonctionnant créé par le Maître, j’espère d’ailleurs compléter plus tard, ici même, ces premières notes de l’enquête, en donnant une caractéristique de ce sublime élément musico-dramatique, le Leitmotif Wagnérien.

1187. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Ce projet de roman qui devait se passer dans le grand monde, dans le monde le plus quintessencié, et dont nous rassemblions lentement et minutieusement les éléments délicats et fugaces, je l’abandonnais après la mort de mon frère, convaincu de l’impossibilité de le réussir tout seul… puis je le reprenais… et ce sera le premier roman que je veux publier.

1188. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Le mot aujourd’hui en usage est assez récent, et récent aussi le verbe charcuter, qui n’a pu être fait qu’à un moment où ses éléments n’avaient plus de sens direct.

1189. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Quand vous voyez une haute marée assiéger les falaises et surmonter les digues de l’Océan aux équinoxes d’automne, soyez sûrs que ce n’est pas la main d’un enfant qui a fait rouler un caillou de l’autre côté de l’Atlantique dans le bassin des mers, mais que c’est un grand vent ou un grand astre qui pèsent de tout leur poids invisible sur l’élément dont vous voyez les convulsions sans les comprendre.

1190. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Le vent du midi avait redoublé d’haleine à mesure que le soleil était monté sous le ciel ; il avait pris les bouffées et les rafales d’une tempête sèche ; depuis que le soleil avait commencé à redescendre vers le couchant, il avait balayé comme un cristal le firmament ; il faisait rendre aux bois, aux rochers, et même aux herbes, des harmonies qui semblaient mêlées de notes joyeuses et de notes tristes, d’embrassements et d’adieux, de terreur et d’enthousiasme ; il amoncelait en tourbillons les feuilles mortes, et puis il les laissait retomber et dormir en monceaux miroitants au soleil : ce vent avait dans les haleines des caresses, des tiédeurs, des sentiments, des mélancolies et des parfums qui dilataient la poitrine, qui enivraient les oreilles, qui faisaient boire par tous les pores la force, la vie, la jeunesse d’un incorruptible élément.

1191. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

L’originalité continue du développement intellectuel, en affectant tour à tour, et en modifiant tel ou tel élément du calcul, modifiera l’addition.

1192. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Ce public, dont la majorité se composerait d’éléments honnêtes, pourrait alors manifester franchement son opinion ; et l’auteur, dès la première représentation, saurait à quoi s’en tenir sur sa défaite ou son triomphe.

1193. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Ferrari les a combinés les éléments d’un pareil mirage, — et l’érudition et le calcul — et le sentiment des analogies entre les peuples qu’il faut saisir, même pour les exagérer, — et l’omniprésence historique de Bossuet dans son Histoire universelle, et que M. 

1194. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Cette génération du langage est conforme aux lois de la nature en général, d’après lesquelles les éléments, dont toutes les choses se composent et où elles vont se résoudre, sont indivisibles ; elle est conforme aux lois de la nature humaine en particulier, en vertu de cet axiome : Les enfants, qui, dès leur naissance, se trouvent environnés de tant de moyens d’apprendre les langues, et dont les organes sont si flexibles, commencent par prononcer des monosyllabes.

1195. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Le conservateur, c’est l’homme que je viens de définir, concurremment avec M. de Broglie ; c’est celui qui, à travers les brusqueries et saccades de l’évolution littéraire, sait distinguer l’élément permanent, vivace et durable qui doit subsister. L’opportuniste, c’est celui qui distingue dans quelle mesure cet élément permanent s’accommode aux goûts et aux dispositions du moment. […] Il y a là du Darwin (peut-être), du Nietzsche, assurément, d’autres éléments encore. […] Tous les éléments romantiques se sont comme avilis et dégradés en lui. […] Anatole France a bien soin d’introduire un nouveau personnage inconnu jusque-là, pour mettre un nouvel élément de variété dans son ouvrage.

1196. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Voilà les éléments du mélodrame : ils y sont tous. […] Mais examinez un peu combien de tragédies et de comédies classiques renferment un mélodrame avec ses éléments suffisants et nécessaires : personnage sympathique, personnage sympathique en péril, péripéties, personnage sympathique triomphant à la fin et vertu récompensée et vice puni ? […] Et remarquez-vous bien que c’est dans ces comédies-là, par un instinct de grand dramatiste, se sentant cette fois en plein contact avec le réel et ne voulant pas dérouter le spectateur, dépayser l’œuvre, et se dévoyer lui-même, qu’il évite avec grand soin d’introduire tout élément, si petit qu’il soit, d’imagination romanesque ? […] Et encore — je n’en finirai pas et j’ai peut-être tort d’insister ; mais il faut éclairer les jeunes gens, du moins ceux qui ont du talent — et encore il manque à ce troisième acte un élément essentiel au point de vue de la fable dramatique. […] Gloire, sagesse, honneur, Ils posséderont tout, excepté le bonheur… Parmi les éléments du bonheur des époux, La convenance d’âge est le premier de tous.

1197. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Les Girondins succombaient à Paris le 31 mai : le 29 mai, deux jours auparavant, la résistance de Lyon contre le jacobinisme avait réussi, parce que les éléments de cette résistance y étaient plus nombreux, plus compactes, et dans une tout autre proportion qu’à Paris, où les Girondins ne formaient qu’un parti et se trouvaient isolés : à Lyon, c’était une coalition spontanée de tous les bons citoyens réunis qui avait opéré pour un temps la délivrance. […] Dans ces assemblées politiques de l’an v, composées d’éléments ennemis et inconciliables, trop de levains contraires rapprochés et mis en contact fermentaient violemment et allaient produire de nouveaux éclats.

1198. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Ampère ne comprend pas directement les textes, il ne sait pas les premiers éléments du norrain. […] Duparquet, qui tenait absolument à me faire supprimer la priorité d’Ampère et même à me faire effacer de sa biographie un élément intéressant que je n’étais pas le premier à y introduire : « Il n’y a aucune contradiction entre les touchants détails que vous me donnez et ceux que je tiens d’une autre source également sûre ; il ne s’agit que de les concilier.

1199. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

La Fayette, non-seulement d’abord, mais continuellement et jusqu’à la fin, a paru négliger dans la question sociale et politique cet élément constant, ou du moins très-peu variable, donné par la nature et l’histoire, à savoir, le caractère de la nation française. […] Il a beau faire, il a beau en justifier la mesure et les bases, analyser et qualifier à merveille les divers partis qui s’y opposent et les hommes qui figurent pour et contre, toujours l’un des deux éléments essentiels à son ordre de choses lui échappe : toujours, d’un côté, la cour conspire et ne veut pas se rallier ; toujours d’un autre côté, la foule et les factions ne peuvent pas avoir confiance et ne veulent pas s’arrêter.

1200. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Introduction Je ne peux pas m’empêcher de dire avant tout ma sympathie pour le commerce des autographes, qui est des rares commerces où entre un élément intellectuel. […] La volonté du ou des signataires dans les testaments comme dans les contrats est pourtant, aux yeux des juristes, considérée comme un élément sacré, qui doit être toujours recherché, précisé et sur lequel tout jugement doit être fondé.

1201. (1864) Le roman contemporain

L’Autriche, victorieuse des insurrections nationales qui Font mise aux prises avec les éléments disparates dont se compose son vaste empire, semble se rasseoir. […] Avec ses murailles reculées jusqu’aux fossés des fortifications, son territoire doublé, sa population de quinze cent mille âmes, l’immense mouvement d’affaires qui amène dans ses murs une immense population formée des éléments les plus hétérogènes, Paris est devenu une cité cosmopolite, un gigantesque hôtel garni qui trouve sa personnification la plus vraie dans le Grand-Hôtel ou l’Hôtel du Louvre. […] Tous les dévouements sont dus à son égoïsme, il fournit les éléments de son propre panégyrique. […] Il se transforme de manière à se rendre méconnaissable ; il ouvre les prisons, il y entre, il en sort à son gré ; il dispose des volontés, presque des éléments. […] En lisant Madame Bovary, je me suis cm transporté dans un laboratoire de chimie et entouré de cornues contenant les éléments divers et pacifiques que l’on peut traiter sans danger par les réactifs ; une cornue est à part, parce qu’elle contient un gaz détonant et dangereux, c’est l’héroïne du livre, c’est madame Bovary.

1202. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Ajoutez qu’à mesure qu’on s’éloigne de ces temps anciens et de ce régime aboli, il devient d’un intérêt historique sérieux d’en bien connaître les mœurs, les usages, les particularités, les excès ; de voir toute une province et des plus rudes, saisie au vif et prise sur le fait dans ses éléments les plus saillants et les plus heurtés, dans sa noblesse, son clergé, son tiers état et ses paysans, d’assister à l’enquête et à la justice, souvent bien expéditive, qu’on y fait au nom de l’autorité royale, treize ans seulement après les rébellions de la Fronde.

1203. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

De tous ces éléments négatifs, hélas !

1204. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

C’est dans un tel état de choses, anarchique tant qu’on le voudra, mais riche d’éléments, fécond de germes, et qui a peut-être encore son avenir, si, comme nous l’espérons, la France a le sien, — c’est dans un tel moment ou jamais que de telles œuvres peuvent avoir à la fois toute leur liberté d’exécution et leur part d’efficacité.

1205. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

En avançant dans la vie, il en est déjà des pensées de la plupart des hommes comme il en sera bientôt de leurs corps, qui tous iront en poussière aux mêmes éléments.

1206. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Où retrouver les éléments et la mesure ?

1207. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Avec des réussites moindres, et par des combinaisons de toute sorte, les éléments qui ont formé les talents principaux forment aussi les talents secondaires : au-dessous de Rousseau, les écrivains éloquents et sensibles, Bernardin de Saint-Pierre, Raynal, Thomas, Marmontel, Mably, Florian, Dupaty, Mercier, Mme de Staël ; au-dessous de Voltaire, les gens d’esprit vif et piquant, Duclos, Piron, Galiani, le président de Brosses, Rivarol, Chamfort, et, à parler exactement, tout le monde.

1208. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Le feu du volcan qu’il gravit à Ténériffe était depuis longtemps éteint, mais ses vestiges furent pour Humboldt des lettres grandioses qui lui firent comprendre la puissance de cet élément qui mit jadis le globe en ignition, fit éclater sa surface, ensevelit dans des tremblements de terre hommes, animaux, plantes et villes, et qui, faisant encore pénétrer ses artères dans les profondeurs du globe, ébranle çà et là le sol, ou produit par l’ouverture des cratères, sortes de soupapes de sûreté, ces explosions de flammes et de lave bouillante qui viennent au jour.

1209. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Si jamais l’imagination d’un mortel se jouant des formes et des couleurs pour reproduire la création par l’image, donna quelque idée de la conception divine se jouant dans sa puissance créatrice des temps, des espaces, des éléments, des êtres naissant et disparaissant sous ses yeux, c’est dans ce monde du pinceau de la chapelle Sixtine qu’il faut chercher, bien plus que dans la Divine Comédie de Dante, cette divine comédie de l’infini.

1210. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Mais c’est sans doute dans un sentiment général de révolte que se résolvent les éléments contraires dont son « rêve » semble formé.

1211. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Mais l’abîme salé s’apaisa aussitôt, et le Soleil arrêta ses chevaux aux pieds rapides, jusqu’à ce que la vierge Pallas eût enlevé ses armes divines de ses épaules immortelles, et le très sage Zeus s’en réjouit. » Les éléments subtils qui l’avaient formée s’étaient convertis dans Pallas, en intelligence.

1212. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

L’élément asiatique, déformation grandiose de ce génie, augmentait le respect.

1213. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

VIII Et si l’on ajoute à ce spectacle de la cascade de Terni ce grand jour, cette sérénité d’un ciel d’Italie, ces teintes marbrées du rocher, cette atmosphère cristalline, cette douce tiédeur de l’air tournoyant, qui vous baigne voluptueusement de l’haleine des eaux, choses qui manquent toujours aux cascades des Alpes et même du Niagara ; si l’on considère qu’au lieu de se passer dans les gouffres ténébreux de précipices qui bornent la vue et qui l’attristent, la scène se passe en plein espace, en pleine lumière, en face d’un horizon sans bornes, d’un firmament limpide d’où le Créateur semble assister, derrière le cristal infini du ciel, à ce jeu des éléments en fureur, on n’aura plus seulement la sensation d’une catastrophe des eaux, mais celle d’une fête de la nature, à laquelle Dieu permet à l’homme d’assister en l’adorant.

1214. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Lorsque la grande épreuve de Shakespeare aura été faite, lorsque notre public connaîtra la plus belle poésie dramatique des temps modernes, comme il a appris celle des temps antiques dans les chefs-d’œuvre de notre scène, alors, toutes les questions étant éclairées, tous les trésors mis à découvert, tous les systèmes comparés et appréciés, un homme de génie viendra peut-être, qui combinera tous ces éléments, leur donnera une forme nouvelle, et plus heureux que nos grands maîtres des grands siècles, en fera jaillir la véritable tragédie française, un drame national, fondé sur notre histoire et sur nos mœurs, sans copier qui que ce soit, pas plus Shakespeare que Racine, pas plus Schiller que Corneille, comme le dit M. 

1215. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Autrement il devient impossible de comprendre comment l’autorité civile dériva de l’autorité domestique ; comment le patrimoine public se forma de la réunion des patrimoines particuliers ; comment à sa formation, la société trouva des éléments tout préparés dans un corps peu nombreux qui pût commander dans une multitude de plébéiens qui pût obéir.

1216. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Le mal pris comme élément comique Il y a quelque chose qui est peut-être plus corrupteur que le spectacle du vice hideux et du crime tragique ; c’est le spectacle du vice rendu comique et amusant. […] Elle avait cherché un élément comique dans la difformité physique : pauvre ressource, et qui fut vite usée. […] Naturellement le théâtre a eu ici le principal rôle, puisque c’est à lui que revient de droit l’élément comique.

1217. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Il symbolisait ainsi, sans le savoir, l’étrange renversement des rôles qui voulait que, dans cette liaison, il eût toujours représenté l’élément féminin, avec sa frêle personne, son innocence entière, la candeur de ses émotions craintives. […] Qui ne reconnaîtrait deux ou trois de nos grands marchands de tableaux dans Malgras et Naudet ; Mazel, c’est l’Institut, c’est l’École des Beaux-Arts ; Fagerolles ne résume-t-il pas beaucoup des éléments qui constituent plusieurs de nos meilleurs et plus célèbres peintres ? […] L’action, très simple, se passe dans la haute société parisienne, et ce sont les efforts que fait le baron de Monach pour y entrer, lui et les siens, qui fournissent à M. de Bonnières les éléments actifs de son roman. […] … — Tout retourne aux éléments… Comment croire à ce miracle de la résurrection personnelle ! […] Sur le plus haut sommet où l’on pouvait monter, La vague énorme enfin venait de s’arrêter, Car l’élément connaît son mystère et sa règle.

1218. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

En résumé, malgré l’honnêteté et les travaux si utiles de Carnot, malgré de réels services rendus au pays, je doute que l’histoire trouve dans sa vie politique les éléments d’une véritable grandeur. […] Pour se compléter, on le verrait peut-être chercher dans quelque monstrueux renversement de l’ordre naturel les éléments de vie sans lesquels une nation devrait s’éteindre. […] Mais pourquoi, a-t-il ajouté, flétrir les qualités particulières à chacune des deux puissances, qualités qui les poussent à rechercher, l’Angleterre des éléments pour son commerce, et la France pour sa gloire. » Je dis, moi, qu’il faut que les Anglais — ces compatriotes de Bacon, de Shakespeare et de Newton — aient le caractère singulièrement bien fait, s’ils sont contents de la part qu’on leur assigne. […] Il est évident que la haine est la corde qui vibre le mieux chez l’auteur ; l’imprécation est son véritable élément, et il n’est jamais plus éloquent que lorsqu’il maudit. […] Tout au plus pourrait-on remarquer que dans cet anglais-là l’élément latin domine le saxon, ce qui produit des tournures de phrases parfois un peu exotiques, jamais barbares.

1219. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

On voit assez que l’invention par Montesquieu de la vertu élément constitutif des républiques n’est ni vaine, ni superflue, ni ridicule. […] Voilà comment les mots se retournent au gré des sophismes ; et le pays a été gouverné pendant une douzaine d’années par une minorité qu’on a calculé être environ le dixième de la nation, c’est-à-dire presque aussi aristocratiquement que possible, sous prétexte de révolte contre l’aristocratie et d’élimination des éléments aristocratiques. […] Dalembert ne s’y est pas trompé et a bien distingué, dans son article Genève, les quatre ordres d’hommes (même cinq en y comptant les étrangers) qui sont dans notre ville et dont deux seulement composent la République…  » Mais cependant, en résumé et en appliquant le système de Rousseau à nos peuples modernes tels qu’ils sont constitués ou tels qu’ils ne tarderont pas à l’être tous : démocratie pure ; excluant les corps intermédiaires et la hiérarchie qu’ils établissent naturellement dans la nation ; excluant toute organisation, toute association, tout groupement intermédiaire entre l’État et l’individu et autre que l’État lui-même, parce que tout cela est considéré comme élément aristocratique et comme altérant la volonté générale ; proscrivant toute liberté, par une conséquence qui n’a rien de forcé et qui même est parfaitement logique, parce que toute liberté qui s’exerce tend, pour n’être pas un simple mot, à constituer les groupements susdits, lesquelles sont contraires au système et, en effet, en empêchent l’application ; écartant la séparation des pouvoirs et comme favorable à la liberté et comme divisant la souveraineté qui doit être indivisible sous peine de n’exister point ; considérant la délégation de la souveraineté comme une aliénation de la souveraineté, et par suite tendant au gouvernement direct et écartant le régime parlementaire, ou tout au moins subordonnant le régime parlementaire au gouvernement direct par voie de mandats impératifs, de plébiscites et de referendums : voilà le système complet de Rousseau, autant qu’on peut systématiser et solidifier un homme à formules précises et à développements fuyants, qui est d’autant plus insaisissable qu’à certains moments on croit pleinement le saisir et qu’il vous échappe ensuite par des contradictions qu’il reconnaît, qu’il promet de résoudre et qu’il ne résout point ; et par des obscurités où il a soit le goût de se complaire, soit la malice de nous laisser. […] Donc, comme Montesquieu, quoique antireligieux, a été amené à trouver que le Christianisme était élément social excellent, parce qu’il a inventé les Droits de l’homme ; de même Rousseau, quoique religieux, est amené à trouver que le Christianisme est antisocial parce qu’il a inventé les Droits de l’homme, qui sont une limite à l’omnipotence de l’Etat.

1220. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Barrès que jusqu’au culte du moi, inclusivement ; ils propagèrent autour d’eux un individualisme un peu sauvage, mais qui a donné de beaux fruits ; ils enseignèrent (ceci est encore du Gœthe) que le meilleur moyen de faire régner le bonheur universel, c’est que chacun commence par faire son propre bonheur, ―boutade qu’il faudrait malaxer avec patience pour en extraire une pensée définitive ; enfin, ils connurent ainsi les premiers éléments de l’idéalisme sentimental : M.  […] L’âme, personnifiée en un jeune homme, une jeune fille, en un enfant, traverse des paysages, agit sur les éléments, subit la vie, travaille à des métiers, se promène en barque, pêche, chasse, danse, souffre, cueille des roses ou des chardons ; c’est très mièvre le plus souvent et diffamé par une naïveté qui a d’elle-même une conscience trop précise. […] Mazel considère ses premiers drames comme des études plutôt que comme des pièces de théâtre ; il ne les avait que peu destinés au plaisir des foules ; il les composa en manière d’exercices pour coordonner les divers éléments d’un talent scénique.

1221. (1896) Études et portraits littéraires

Et voilà comment la réalité concrète, immense complexité, se résout en des éléments simples, ses lois, ses causes, — Taine use indifféremment des deux termes. […] Car le déterminisme qui gouverne le monde nous assure que les « formes spirituelles », comme les corporelles, dérivent d’un élément géométrique qui est seulement à découvrir. […] On a aperçu dans l’homme et ses œuvres l’élément irréductible qui ne s’exprime point en chiffres. […] Jour par jour, au hasard de ses aventures, il a écrit le poème de l’élément instable.

1222. (1888) Études sur le XIXe siècle

Pour régler son cœur sur celui de ses illustres modèles, il lui manquait l’élément essentiel de leur inspiration : la foi. […] Les mots, les couleurs et les sons demeurent donc des éléments dissemblables. […] Mais la religion ne peut vivre pour l’art qu’autant qu’elle développe ses symboles dogmatiques, et qu’elle voile son élément de vérité sous un entassement toujours croissant de choses incroyables qu’elle impose à la foi. […] Aussi est-ce en Hollande, qu’il s’est trouvé dans son véritable élément et son livre sur la Hollande est-il son meilleur ouvrage, celui qui donne du pays parcouru l’impression la plus complète, celui qui seul révèle un accord intime nécessaire entre le tempérament de l’auteur et le sujet traité.

1223. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Napoléon, pour la composition de son caractère, pour la combinaison des éléments primitifs qui y entraient et auxquels le génie donna le sens et l’âme, est certainement mieux connu, lorsque autour de lui, et avant de le suivre en toute sa carrière, on a parcouru et épuisé le cercle de ses frères et sœurs.

1224. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

En ce point, notez-le, Mme Guizot est fermement du siècle, de la philosophie, de l’expérience, qui examine, va jusqu’au bout et ne se rend pas ; elle ne fait intervenir aucun élément mystérieux et irrationnel dans l’éducation.

1225. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Combinaison des deux éléments.

1226. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

C’est là que j’ai entendu Roux et Darcet exposer leur théorie de la terre, Marmontel les excellents principes qu’il a rassemblés dans les Éléments de la Littérature, Raynal nous dire à livres, sous et deniers, le commerce des Espagnols à la Vera-Cruz et de l’Angleterre dans ses colonies », Diderot improviser sur les arts, la morale, la métaphysique, avec cette fougue incomparable, cette surabondance d’expression, ce débordement d’images et de logique, ces trouvailles de style, cette mimique qui n’appartenaient qu’à lui, et dont trois ou quatre seulement de ses écrits nous ont conservé l’image affaiblie.

1227. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Mais il est bien vite redescendu ou retombé de son enthousiasme, et, le danger passé, il est redevenu peuple, c’est-à-dire, élément.

1228. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Il s’approprie l’espace, par la place qu’il y occupe et dont on ne peut le priver qu’en le tuant ; il s’approprie le temps, par la durée plus ou moins prolongée qu’il lui emprunte ; il s’approprie la lumière, par le regard, qui fait entrer tout ce qui est visible dans son âme à travers ses yeux ; il s’approprie les bruits, les sons, les paroles, les significations des paroles, par l’oreille ; il s’approprie l’air nécessaire à sa poitrine, par la respiration ; il s’approprie les fruits et les aliments de la terre indispensables à sa conservation, par la main et par la bouche ; et, quelle que soit l’étendue de ses possessions ou de ses domaines, il ne peut s’approprier réellement et corporellement en effet que la partie de ces éléments ou de ces aliments nécessaires à ses cinq sens : le surplus, sous une forme ou sous une autre, retourne aux autres hommes, qui ont le même droit de vivre que lui.

1229. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

« … Le conventionnel mourant, le buste droit, la voix vibrante, était, dit-il, un de ces grands octogénaires qui font l’élément du physiologiste ; la révolution a eu beaucoup de ces hommes proportionnés à l’époque ; on sentait, dans ce vieillard, l’homme à l’épreuve ; si près de sa fin, il avait conservé tous les gestes de la santé ; il y avait dans son œil clair, dans son accent ferme, dans ses robustes mouvements d’épaules, de quoi déconcerter la mort.

1230. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

« Si notre âme n’est qu’une matière subtile, mise en mouvement par d’autres éléments plus ou moins grossiers, auprès desquels même elle a le désavantage d’être passive ; si nos impressions et nos souvenirs ne sont que les vibrations prolongées d’un instrument dont le hasard a joué, il n’y a que des fibres dans notre cerveau, que des forces physiques dans le monde, et tout peut s’expliquer d’après les lois qui les régissent.

1231. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Ces succès, habilement combinés comme des éléments de popularité renaissante, intimidèrent la persécution chaque fois que le gouvernement, le parlement ou le clergé en prenaient ombrage.

1232. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Comment laisser de côté Lamennais, qui, vers la même époque, faisait entrer dans ses ardentes tirades : l’évangile, la liberté, la démocratie, la Pologne, éléments bien divers qu’unissait pourtant un grand souffle de fraternité, un amour sincère et violent des petits et des opprimés ?

1233. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Alors, une fois les portes closes et les domestiques renvoyés, vous la voyez mettre bas sa couronne de comtesse, sa robe montante de grande dame, son masque de femme honnête, et la fille reparaît, la fille parisienne qui regrette son élément de boue, de Champagne et de bruit et qui s’y replonge par la pensée, et qui y nage, et puis y barbote, et qui s’en donne par-dessus la tête.

1234. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Ils s’écrie que la République ne sera fondée, que si les républicains sévères veulent se séparer des républicains n’apportant à la République que des éléments de dissolution.

1235. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Il sait, en effet, de quels éléments elles sont faites : ignorance, sottise, brutalité, envie, aptitude à toutes les corruptions et à tous les aveuglements, et cela sans exceptions d’aucune sorte.

1236. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Et voilà pourquoi on ira la chercher jusque dans les éléments de la physionomie qui sont incapables de mouvement, dans la courbure d’un nez et même dans la forme d’une oreille.

1237. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

C’est que, si elles trouvent en elles-mêmes les éléments de cette philosophie, elles n’y trouvent pas l’idée maîtresse qui doit présider à leur synthèse.

1238. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Là sans doute sont les principales raisons de la grande popularité qui s’attacha au nom de Béranger pour ne plus le quitter, mais ce ne sont pas les seules : son esprit est réellement français  gaulois même  sans mélange d’élément étranger, c’est-à-dire un esprit tempéré, enjoué, malin, d’une sagesse facile, d’une bonhomie socratique, entre Montaigne et Rabelais, qui rit plus volontiers qu’il ne pleure, et cependant sait à propos mouiller le sourire d’une larme ; ce n’est pas précisément l’esprit poétique tel que Goethe, Schiller, Byron, Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Musset l’ont révélé ; mais le lyrisme n’est pas dans le génie de la nation. […] Ces éléments nouveaux introduits dans le roman ne plurent pas tout d’abord  les analyses philosophiques, les peintures détaillées de caractères, les descriptions d’une minutie qui semble avoir en vue l’avenir, étaient regardées comme des longueurs fâcheuses, et le plus souvent on les passait pour courir à la fable. […] Ce sont des personnages monstrueux, composés des éléments les plus hybrides. […] Le christianisme, et surtout le catholicisme, étant, comme je l’ai dit dans le Médecin de campagne, un système complet de répression des tendances dépravées de l’homme, est le plus grand élément de l’ordre social. » Et avec une ingénuité qui sied à un grand homme, prévoyant le reproche d’immoralité que lui adresseront des esprits mal faits, il dénombre les figures irréprochables comme vertu qui se trouvent dans la Comédie humaine : Pierrette Lorrain, Ursule Mirouët, Constance Birotteau, la Fosseuse, Eugénie Grandet, Marguerite Claës, Pauline de Villenoix, madame Jules, madame de la Chanterie, Ève Chardon, mademoiselle d’Esgrignon, madame Firmiani, Agathe Rouget, Renée de Maucombe, sans compter parmi les hommes, Joseph Le Bas, Genestas, Benassis, le curé Bonnet, le médecin Minoret, Pillerault, David Séchard, les deux Birotteau, le curé Chaperon, le juge Popinot, Bourgeat, les Sauviat, les Tascherons, etc. […] Cet élément fluide, transparent, aérien, qui se déplace devant lui et se referme après son passage, est sa roule naturelle ; il s’y soutient sans peine, durant de longues heures, et de cette hauteur il voit s’azurer les vagues paysages, miroiter les eaux et pointer les édifices dans un vaporeux effacement.

1239. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Fleury, Révoil et Granet, ainsi que sa qualité de gentilhomme, lui donnaient une espèce d’influence dans le groupe aristocratique qu’il n’est pas indifférent de signaler pour bien faire connaître tous les éléments dont se composait alors l’école de David. […] Mais si l’on disputait encore sur le titre, on s’accordait sur la nature du pouvoir, surtout depuis que, par une combinaison aussi habile que hardie, le chef de l’armée et de l’État, le premier consul, sous prétexte de récompenser les services militaires et civils, mit sur la poitrine de ses compagnons d’armes, et sur celles des royalistes et des républicains qui s’étaient rangés sous sa protection, un signe uniforme qui ne fit qu’un corps de ces éléments divers.

1240. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Si Clémenceau avait songé que tous les éléments dont se composait le corps délicieux de cette pauvre enfant existaient et s’agitaient dans l’immoral univers de toute éternité, il n’aurait pas brisé cette délicate machine. […] Il écrivit le 26 août 1846 : J’ai fait nettement pour mon usage deux parts dans le monde et dans moi : d’un côté l’élément externe, que je désire varié, multicolore, harmonique, immense, et dont je n’accepte rien que le spectacle d’en jouir ; de l’autre, l’élément interne, que je concentre afin de le rendre plus dense et dans lequel je laisse pénétrer, à pleines effluves, les purs rayons de l’esprit par la fenêtre ouverte de l’intelligence. […] Contemplant la nature éternelle, l’ordre inaltérable, l’origine et les éléments des choses, son âme n’est ternie d’aucun désir honteux. » Voilà, de belles et nobles maximes. […] Il mêle au vocabulaire français des éléments d’encyclopédie générale.

1241. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Ces « vases brisés » sont même un des plus grands éléments d’ennui dans la conversation et une des plus grandes sources d’erreurs dans les appréciations littéraires de la foule. […] Il ne s’est pas laissé aveugler par le succès très populaire et très légitime de François le Champi ; il a compris que le roman le plus heureusement conçu ne contient pas toujours les éléments d’une composition dramatique et qu’il faut trop souvent, pour satisfaire aux conditions de la scène, sacrifier les parties les plus intéressantes du récit. […] Tels éléments qui se combinent entre eux lorsqu’ils se dégagent d’une composition précédente, refusent de se combiner lorsqu’ils sont libres depuis longtemps. […] Ce ne sont pas de très grands éléments de succès ici.

1242. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Ses héros sont plus grands que nature ; ce sont des dieux ou des hommes en commerce avec eux, et qui participent de leur puissance : ils franchissent les barrières de l’Olympe ; ils pénètrent les abîmes de l’enfer ; à leur voix la nature s’ébranle, les éléments obéissent, l’univers leur est soumis. […] En un mot, tout ce que la passion la plus douce et la plus tendre pourra inspirer dans cette position à une âme sensible, composera les éléments de l’air de Mandane ; mais quelle plume serait assez éloquente pour donner une idée de tout ce que contient un air !

1243. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

N’est-ce pas bien voir toutes choses Que voir les éléments dont tout est composé ? […] Mais enfin c’est toujours la même situation ; les mêmes éléments se retrouvent exactement dans la composition des trois tableaux : les confidences de Lubin, les monologues de Georges Dandin, les roueries d’Angélique, de Clitandre et de la servante Claudine, et la stupide obstination de M. et Mme de Sotenville. […] Il conçut que la notion même du péché peut devenir un élément de volupté ; il entrevit de loin, je le crois, les perversions du sentiment religieux où devaient se complaire certains néo-catholiques de nos jours, et, par exemple, un Barbey d’Aurevilly, pour ne citer que celui-là. […] … Ce débutant ignore même les éléments de son métier. […] Les gestes, les mouvements, les groupements des acteurs, les décors, les costumes et les accessoires sont, à ses yeux, des éléments intégrants de l’œuvre dramatique au même titre que le dialogue, des moyens d’expression égaux en importance et en efficacité à la parole même, et qui, au surplus, ne peuvent s’en séparer.

1244. (1893) Alfred de Musset

Son éducation littéraire avait nécessairement mélangé d’éléments étrangers ce vieux réalisme païen, qui semble lui avoir été naturel. […] C’est à des éléments rythmiques plus délicats, moins facilement saisissables, qu’il a recours pour nuancer et varier la phrase musicale de son vers. […] Il n’eut plus à se préoccuper que des éléments supérieurs et immuables de l’art, les âmes et leurs passions, les lois de la vie et leurs fatalités.

1245. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

On se dit : Cet Antinoüs de chair mourra, mais cet adolescent de marbre vivra autant que l’élément dont il est formé.

1246. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Comme Homère, Shakespeare est élément.

1247. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Les éléments de cette connaissance n’existent pas.

1248. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

En l’absence des éléments, décomposés à jamais, de l’organisation théologique-féodale, ils ont rêvé possible la restauration de la monarchie et du papisme ; en présence de la science moderne, ils ont rêvé la restauration d’une foi fondée sur la science du passé.

1249. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Il ne peut pas y avoir d’accord véritable entre deux sciences, dont l’une est poussée jusqu’à ses limites extrêmes, et dont l’autre est à peine étudiée au-delà de ses éléments ; et je suis surpris qu’on ait vu une conciliation sérieuse entre la foi et la philosophie, dans Bossuet, parce qu’il a donné à la philosophie quelques moments d’une vie tout entière dévouée à la foi ; dans Leibniz, parce qu’il a donné à la foi quelques heures de sa longue vie de savant.

1250. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Sa puissance sur les éléments était effrayante.

1251. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

C’est celui des trois synoptiques qui est resté le plus ancien, le plus original, celui où sont venus s’ajouter le moins d’éléments postérieurs.

1252. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Au-delà de cette vulgarisation, plusieurs éléments sont à remarquer.

1253. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Ajoutons quelques éléments à la note de la revue à propos de Juliette Adam (1836-1936).

1254. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Trois de ces roches sont creusées en niches, ou plutôt en chaires de cathédrales, comme si la main des hommes s’était complu à préparer dans ce lieu désert trois sièges ou trois tribunes à des solitaires pour parler de Dieu aux éléments.

1255. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

On en vient à conclure qu’ils étaient très variables, et peut-être variables au point d’être amorphes, c’est-à-dire sans forme héréditaire déterminée, bien que peut-être ils aient été formés d’un aussi grand nombre d’éléments chimiques qu’aujourd’hui, et qu’ils aient présenté des aspects très divers, quant à la couleur et à la texture, mais sans jamais s’éloigner beaucoup d’une apparence purement minérale et inorganique.

1256. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Nul ne se refuse cependant aujourd’hui à admettre toutes les conséquences qui résultent de cet élément inconnu, en dépit de Leibniz qui accusa Newton d’introduire « des propriétés occultes et des miracles dans la philosophie. » Je ne vois aucune raison pour que les vues exposées dans cet ouvrage blessent les sentiments religieux de qui que ce soit.

1257. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Abandonnée par son chef naturel qui devrait être l’Académie, si l’Académie était intelligente et composée d’hommes à la hauteur d’une mission quelconque, tourmentée par les regrets d’un passé illusoire, troublée par les angoisses d’une rénovation qui s’approche, luttant comme une insensée contre les éléments qui l’entourent et par lesquels, loin de se fortifier, elle ne fait que s’affaiblir, la littérature actuelle n’est plus que la science des mots ; elle ne donne naissance à aucune idée, elle n’en féconde aucune, elle n’en défend aucune.

1258. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

ou, si l’exemple des chansons populaires se voyait suivi par nos versificateurs, un élément de confusion, de désordre même, pour cette pauvre Poésie, qui n’existe, en somme, que par l’harmonie, quelque vie, d’ailleurs, quelque frisson qu’il importe de lui donner par une observance éclairée de ces choses intrinsèques elles-mêmes. […] J’aime aussi beaucoup la morale… en action, en littérature moins, parce qu’elle s’y trouve être un élément étranger et troublant qui ne peut que donner à l’œuvre une allure empesée, roide et gauche, de même du reste que la politique, la passion et l’émotion, toutes choses très-bonnes… à leurs places respectives.

1259. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

En effet, s’il s’insinue dans les rapports du dogme avec la morale un élément historique ou traditionnel qui vient singulièrement compliquer le problème, croyez-vous que, pour déterminer exactement les rapports du dogme de l’incarnation avec les applications à la doctrine des mœurs que l’enseignement de l’Église en déduit, il suffise de connaître dans l’ordre spéculatif les points précis par où ce dogme pénètre la morale ? […] considérez ces grands corps de lumière qui sont suspendus sur votre tête et qui nagent, pour ainsi dire, dans les espaces où votre raison se confond… Comprenez, si vous le pouvez, leur nature, leur usage, leurs propriétés, leurs situations, leurs distances, leurs apparitions, l’égalité ou l’inégalité de leurs mouvements… » Et plus loin : « Descendez sur la terre, et dites-nous, si vous le savez, qui tient les vents dans les lieux où ils sont enfermés… Expliquez-nous les effets surprenants des plantes, des métaux, des éléments  Démêlez, si vous le pouvez, l’artifice infini qui entre dans la formation des insectes qui rampent à nos yeux. » À quoi bon poursuivre ? […] Je regrette seulement qu’il ne l’ait pas fait plus souvent, et comme la chose a son importance, étant l’un des éléments de l’opinion qu’il convient de se former de la situation de nos philosophes au xviiie  siècle, il faut s’arrêter un instant sur les rapports de Malesherbes avec Fréron. […] Quels sont les éléments de ce langage, et quelle en est la grammaire ?

1260. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche, qui en ce temps-là devint un élément essentiel de sa vie.

1261. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Dans le plus suivi et le plus philosophique de ses jeux érudits, dans ses Éléments de Linguistique, Nodier a développé un système entier de formation des langues, l’histoire imagée du mot depuis sa première éclosion sur les lèvres de l’homme jusqu’à l’invention de l’écriture et à l’achèvement des idiomes.

1262. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Sur ce chemin de la nature et de la vérité, vous trouverez quelques progrès bornés par la condition finie de l’élément imparfait de toute institution humaine : l’homme.

1263. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Ce poème avait allumé l’imagination de son temps à proportion du plus ou moins d’élément combustible que ces imaginations portaient en elles-mêmes.

1264. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Quel en est l’élément ?

1265. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

" c’est la présence d’un dieu qui se fait sentir sur la surface de la terre, au fond des mers, dans la vaste étendue des cieux ; c’est de là que les hommes, les animaux, les troupeaux, les bêtes féroces reçoivent l’élément subtil de la vie, tout s’y résout, tout en émane, et la mort n’a lieu nulle part. " tout ce que vous rencontrerez dans les poëtes du développement du chaos et de la naissance du monde lui conviendra.

1266. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Voici ce langage nouveau : « L’âme est un souffle de Dieu ; elle a, quoique céleste, admis le mélange de l’élément terrestre, lumière enfouie dans un antre obscur, mais divine et immortelle. » Parmi bien d’autres effusions poétiques de Grégoire de Nazianze, toutes pleines de l’esprit, souvent des expressions littérales de l’Écriture sainte, se rencontrent aussi de véritables hymnes, offrandes de l’évêque à son église, ou pieuses exclamations de sa solitude.

1267. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Geoffroy l’avait prévu, et, quoi qu’on en dise, le jugement qu’il porta sur Gluck se renouvelle encore à cette époque ; l’Iphigénie en Tauride, l’Alceste, et l’Armide même, ne renferment plus les éléments d’un succès. […] Le sublime auteur de Polyeucte eut, depuis, quelque scrupule d’avoir fourni cette pâture aux esprits faibles qui se disent forts ; son génie était assez fort pour n’avoir pas besoin de faire entrer l’impiété dans les éléments de sa renommée : il est si facile, si dangereux et si bas d’insulter la religion de son pays, qu’il eût rougi d’une gloire achetée à ce prix. […] Il me semble que la sève du génie de Corneille est encore plus abondante et plus vigoureuse dans Cinna ; le poète y est plus dans son élément ; son style s’accommode mieux des idées grandes et fortes qui règnent dans un pareil sujet, que de la délicatesse qui domine dans les rôles de Pauline et de Sévère. […] Tite-Live réclame une part considérable dans son Horace : Sénèque a fourni les plus précieux éléments de Cinna : Lucain a mis beaucoup du sien dans la création de Pompée ; mais Rodogune est tout entière à Corneille : il a tout inventé, tout créé ; c’est l’œuvre de son seul génie.

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