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1034. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que quelques lignes que madame de Sévigné a jetées au hasard dans ses lettres, sans soin, sans apprêt, et avec l’abandon d’une âme sensible, font encore plus aimer M. de Turenne, et donnent une plus grande idée de sa perte.

1035. (1897) Aspects pp. -215

J’ai dû me tromper parfois ; je crois l’avoir trouvée assez souvent. […] Mais parmi ceux-ci quelques-uns considèrent qu’on tentât de les tromper ; ils sentent qu’il y a malhonnêteté à prôner des écrits déplorables. […] Les plus dignes, les plus hauts sont foudroyés comme si le ciel se trompait, punissait en eux les crimes de la terre… Ô Dieu puissant, que votre volonté soit donc faite ! […] Je ne crois pas me tromper en avançant que la plupart des écrivains à tendances sadiquo-chrétiennes d’aujourd’hui ont dû recevoir une éducation cléricale. […] Bref, il inventa une religion c’est-à-dire quelque chose comme une chaîne, car religion vient de religare qui signifie, si je ne me trompe, garrotter.

1036. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

On s’y est trompé cependant ; et cette faculté de tout convertir en poésie, qu’on admire si vivement dans l’écrivain, on n’a cessé d’en faire un crime à l’homme comme d’une marque d’égoïsme et d’indifférence. […] Macpherson essaie de les tromper en inventant les poèmes d’Ossian. […] Il est malheureusement aussi facile de tromper l’ignorance et de soulever la misère au nom de la religion qu’au moyen de l’athéisme ; et, pour ce qui est du cabaret, que les romanciers allemands me permettent de le leur dire : il joue décidément un trop grand rôle dans leurs controverses. […] Mais, ou je me trompe fort, ou on le surprend tout entier dans cette phrase pleine de douleur et pleine d’abîmes, pour laquelle je donnerais le reste de son livre : « Les âmes innocentes ne se font aucune idée des noirceurs et des faussetés dont l’homme est capable. […] Le baron même finit par nous causer une sorte d’impatience dont nous ne sommes plus les maîtres ; il se laisse tromper de si bon cœur que nous trouvons qu’on ne le trompe point encore assez.

1037. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Là-dessus il ne faut pas se tromper. […] On se trompe quand on croit que l’humanité désire le bonheur. […] Un « je me trompais » a souvent tant de grâce et peut conduire un homme si loin ! […] D’autre part, l’histoire trop proche de nous nous trompe aussi. […] Ne vous y trompez point, c’est pour cette raison que les hommes ont maudit la Terreur.

1038. (1881) Le roman expérimental

Ce savant aura eu beau se tromper dans ses hypothèses, il demeure sur un pied d’égalité avec le poète, qui à coup sûr s’est trompé également. […] La vérité a un son auquel j’estime qu’on ne saurait se tromper. […] J’ai pu me tromper, et je me suis trompé certainement, puisque personne n’a compris ; mais la vérité est que j’ai eu toutes sortes de belles intentions, lorsque je me suis entêté à ces cinq tableaux du même décor, vu à des heures et dans des saisons différentes. […] J’ai dit vingt fois qu’il me déplaisait d’être trompé, pas davantage. […] Mais nous avons pu nous tromper, mais en tout cas nous n’avons pas tout vu !

1039. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Quoi, Alphonse, je ne me trompe pas, vous êtes bien ici ! […] Et il n’est pas impossible qu’ils se trompent, les uns ou les autres. […] On peut l’admirer encore, gentiment maquillé par Viollet-le-Duc, si je ne me trompe. […] Or, il est possible que certaines conditions physiques nous trompent là-dessus. […] Les choses trompent peut-être autant que les hommes et les animaux.

1040. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Notre âme le sent, le voit… En se tournant vers lui, elle s’appuie sur quelque chose qui reste et qui ne trompe pas. » Mais que ce lent progrès ressemble peu à la belle et forte certitude du Père Léonce ! […] Dumesnil nous l’évoquent, fut un mystique également, et dévoré d’une fièvre d’idéal pareille, qu’il a, non pas satisfaite, disons trompée, dans son culte de l’Art. […] Mais quelle joie intellectuelle quand ces livres, repris avec défiance, nous procurent, au contraire, un renouveau d’intérêt et nous donnent la sensation que nous ne nous étions pas trompés ! […] C’est une reprise de la gloire, quand les curieux de documents s’aperçoivent que, parmi ces livres « démodés », quelques-uns sont, comme Julia de Trécœur et Monsieur de Camors, je l’ai dit déjà et je le répète avec la certitude de ne pas me tromper, des chefs-d’œuvre tout court. […] Le père d’Ernest Dupré, qui occupait, si mon souvenir ne me trompe pas, une chaire importante du lycée Condorcet, avait transmis à son fils un goût des beaux vers et de la belle prose qui se manifestait sans cesse par des citations, tantôt classiques, tantôt modernes.

1041. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Énée la trouve rappelant la présence de son époux à sa tendresse, et retraçant la vue de sa patrie à ses regrets trompés par une imitation touchante qui lui en offre la ressemblance. […] « Elle dit, laissant en ses mains « Un talisman, où sa figure « Grandit et s’enfle sans mesure « Aux regards trompés des humains. […] La suite en dérive par une succession de faits nécessaires, et par un enchaînement de conséquences qui ne doivent jamais tromper l’attente du lecteur dont le souvenir remonte sans cesse au principe que les premiers mots ont posé. […] La chute du vers de Boileau trompe l’attente que vous causaient les vers précédents ; et ce tour, qui vous étonne, est, comme l’a remarqué le spirituel Delille, une sorte d’espièglerie qui vous divertit par une surprise très favorable à l’effet de ce poème. […] Ce seul exemple renverserait le système de cette perfectibilité présumée, qui ne me paraît qu’une chimère où tend notre orgueil trompé de jour en jour.

1042. (1930) Le roman français pp. 1-197

M. de Clèves meurt de douleur et toujours amoureux, ne se pouvant consoler d’être le mari d’une femme qui ne l’aime pas et l’a — croit-il — trompé. […] On lui prête ce mot : « Je ne serai lu que vers 1880. » Il ne se trompait pas de beaucoup. […] Le fielleux Viennet ne s’y est pas trompé. […] … Le mari trompé qui cachète, à la cire brûlante, l’endroit du corps par où son épouse infidèle a péché). […] Je me trompe, on s’en souvient pour un seul : Charlus.

1043. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Vous pouvez vivre trois jours sans pain ; — sans poésie, jamais ; et ceux d’entre vous qui disent le contraire se trompent : ils ne se connaissent pas. […] Je ne sais quel souvenir des grands artistes me saisit à l’aspect de ce tableau ; je retrouve cette puissance sauvage, ardente, mais naturelle, qui cède sans effort à son propre entraînement ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙  » Je ne crois pas m’y tromper, M.  […] On sait que les grands génies ne se trompent jamais à demi, et qu’ils ont le privilège de l’énormité dans tous les sens. […] Que Lavater se soit trompé dans le détail, c’est possible ; mais il avait l’idée du principe. […] Que les Français ont d’esprit et qu’ils se donnent de mal pour se tromper !

1044. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

On ne saurait se tromper en reportant la grande conversion philosophique de Léopardi entre les années 1820-1823. […] Quelques années plus tard (1826), Leopardi publiera une traduction d’une ancienne chronique sacrée grecque ou copte (Martyre des saints Pères du mont Sinaï,) traduction censée faite sur une version latine par quelque bon Italien du xive siècle (1350) en prose contemporaine de celle de Boccace, et il trompera à première vue les connaisseurs les plus exercés. […] Brutus meurt le dernier des Anciens, et il crie au monde qu’il s’est trompé dans sa noble espérance.

1045. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

La Science se venge contre Arnolphe du système absurde d’éducation morale, par lequel il a voulu proscrire de sa famille jusqu’à l’alphabet ; Agnès, contre le dessein de son tuteur, a appris à écrire, et elle se sert de l’écriture pour le tromper. […] L’illusion d’Orgon trompé va jusqu’à produire une situation si pénible, que pour la lever il faut un deus ex machina. […] Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude, Un prince dont les jeux se font jour dans les cœurs, Et que ne peut tromper tout l’art des imposteurs.

1046. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Sans enfants ni parents, jouant le malade, il fait espérer son héritage à tous ses flatteurs, reçoit leurs dons, « promène la cerise le long de leurs lèvres, la choque contre leur bouche, puis la retire140 », heureux de prendre leur or, mais encore plus de les tromper, artiste en méchanceté comme en avarice, et aussi content de regarder une grimace de souffrance que le scintillement d’un rubis. […] » Voilà Morose déclaré impuissant et mari trompé, sur sa propre requête, aux yeux de tout le monde, et, de plus, marié à perpétuité. […] Au contraire, il est naturellement déraisonnable et trompé.

1047. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Trompée peut-être par l’inconstance de son poète, elle avait tourné toutes ses pensées vers le ciel, sans cesser d’excuser et de protéger celui dont elle avait aimé au moins l’imagination et la gloire : la reconnaissance seule aurait exigé davantage. […] Ce pape, dont il espérait plus que de Sixte-Quint, trompa encore ses espérances ; il fut logé pauvrement mais amicalement chez son fidèle Constantin, qui était de retour à Rome ; il craignait même d’importuner cet ami. […] Le Tasse se trompait ; on ne sent dans la Jérusalem conquise ni moins de force ni moins de style que dans la Jérusalem délivrée, mais on y sent moins de charme ; la fleur du génie est flétrie, le parfum s’est envolé avec elle ; c’est le parfum qui avait enivré le siècle, c’est encore le parfum que la postérité a voulu respirer.

1048. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Sa lettre tomba entre les mains de mon maître, qui la lut secrètement, et qui me l’avoua ensuite, en me disant : “Mon cher Benvenuto, votre air ne m’a pas trompé, et j’en suis convaincu par la lettre de votre père, qui me paraît un bien honnête homme. […] Je suis bien aise, lui dis-je, de faire cette épreuve avec un aussi habile homme que toi, et tu jugeras qui se trompe de nous deux. […] pour nous avoir agréablement trompés.

1049. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Si tu arrives chez les Hiunen, tu seras terriblement trompé. […] Ceux qui s’y rendront ont la mort sur leurs pas. » Mais Hagene répondit: « Vous trompez sans nécessité. […] Maintenant que vous m’avez trompé, vous resterez à l’autre bord.

1050. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Si sur ce point nous nous trompons souvent, si nous sommes souvent obligés de constater un étrange écart entre l’homme tel que nous l’avions supposé et celui qu’un hasard de la vie nous laisse voir, ne nous hâtons pas de dire que le poète ne ressemble pas à son œuvre ; songeons plutôt que, dans l’opération de notre imagination émue par l’œuvre, intervient un grave élément de déformation : notre propre personnalité. […] Depuis qu’il ne peut plus compter sur l’espèce de certitude que respire et inspire l’âme des foules, avec laquelle jadis il collaborait, il lui faut trouver en soi des motifs de croire, une raison de penser qu’il ne se trompe point : nul meilleur moyen que d’utiliser l’ennemi naguère intrus dans la maison, de lui assigner son rôle, d’en faire un allié. […] Il est beau d’avoir éludé l’espace, trompé le temps, reculé les frontières de la nuit.

1051. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

  Des commencements difficiles, une fin cruelle, des espérances renaissantes et toujours trompées, une ambition sans scrupule et en même temps sans prudence, le funeste privilège d’inspirer des passions profondes et de ne les point ressentir, de connaître et de peindre, avec une force incomparable, les misères de la nature humaine, et de pouvoir être cité soi-même comme un vivant exemple de la vérité de ces peintures, telle fut en ce monde la destinée de Swift qui s’y résigna d’autant moins qu’il la comprit davantage, et qui prit l’amère habitude de relire, chaque fois que l’année ramenait le jour de sa naissance, le chapitre de l’écriture où Job déplore la sienne et maudit cette nuit fatale où l’on annonça dans la maison de son père qu’un enfant mâle était né. […] Sur cette déception, celui qui avait trouvé le premier échappatoire, reprit cœur et dit : Mes frères, il y a encore de l’espoir, nous ne pouvons tromper ces nœuds-d’épaule ni totidem verbis ni totidem syllabis, mais j’ose affirmer que nous les trouverons tertio modo ou totidem litteris. […] … La ville jurera qu’il a trompé par des paroles magiques la jeune fille sans défense ; tous les fats en riront, et diront que les savants ne valent pas mieux que les autres hommes… Quel soin paternel de cette jeune fille ; cinq mille guinées dans sa bourse, le docteur aurait pu imaginer pis38. » En 1714, la mère de Miss Vanhomrigh mourut ; elle accourut en Irlande avec sa sœur, et le supplice mérité de Swift commença.

1052. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Tout le monde croit les fausses interprétations par lesquelles des journalistes de mauvaise foi trompent l’opinion publique ; très peu de gens vont à la source pour rectifier leurs jugements. […] la troisième, si chère, m’a trompé aussi ? […] Louis II de Bavière ne s’y était pas trompé en trouvant que « les bouillants français » avaient bien mérité « d’être fustigés de la sorte », avant de mentionner leur nature de « singes et de tigres » (lettre à Wagner du 25 janvier 1874).

1053. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Aux Bourbons, qui sont là pour recevoir toutes les imprécations de la gloire trompée, de l’ambition déçue ! […] Aussitôt que cinq ou six hommes d’esprit de la conspiration contre les Bourbons, le banquier Laffitte, l’orateur Manuel, le sophiste Benjamin Constant, le diplomate Sébastiani, le républicain la Fayette, le Crassus éloquent Casimir Perrier, l’historien Thiers, l’orateur Foy, Mirabeau probe de l’armée, et vingt autres chefs d’opinion plus subalternes, eurent entendu quelques-unes des chansons de Béranger, ils ne s’y trompèrent pas (la haine est clairvoyante) ; ils s’écrièrent : Voilà notre homme ! […] « Il y a tel de mes couplets », disait-il, « qui m’a coûté des semaines de réflexions. » Il ne s’en cachait pas, il ne se donnait pas pour un improvisateur comme nous, fils du hasard, tantôt bien tantôt mal servis par la loterie de leur inspiration, mais toujours incorrects, même dans leurs bonheurs de style ; il était, lui, le fils du travail, qui fait quelquefois attendre ses dons, mais qui ne trompe jamais l’homme de génie et de patience.

1054. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

On se trompait. […] Je me trompe : il y en a une autre, aussi grande à sa façon que celle de Bonaparte l’était à la sienne ; il y a Madame Royale de France, la fille de Louis XVI, que Napoléon lui-même admirait, cette femme surnaturelle de force et de douleur, et cependant impopulaire, à qui nous en avons trop fait, sans doute, pour pouvoir jamais lui pardonner ! […] Prosateur sans poésie, et dont la prose a la nudité d’un homme sain et bien fait, Cassagnac nous écrirait l’histoire avec une gravité qu’on ne connaît plus ; car, il ne faut pas s’y tromper !

1055. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

V C’est Hazlitt qui le premier, si je ne me trompe, dans cette absence d’ordre chronologique, affirma que Roméo et Juliette devait être une des pièces de la jeunesse de Shakespeare. […] Shakespeare ne s’y est pas trompé, lui qui pose la scène de son drame en Italie. […] VIII4 Le volume VIII contient les Deux Gentilshommes de Vérone, le Marchand de Venise et Comme il vous plaira, c’est-à-dire deux comédies et un drame, mais un drame qui se dénoue dans une comédie ; car, il ne faut pas s’y tromper !

1056. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Ce serait pourtant se tromper beaucoup que de le juger un artiste si désintéressé ; et l’Hermès nous le montre aussi pleinement et aussi chaudement de son siècle, à sa manière, que pouvaient l’être Haynal ou Diderot. […] L’animal, pour tromper leur course suspendue, Bondit, s’écarte, fuit, et la trace est perdue.

1057. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Mes charmants calendriers ne s’y trompent pas, ils annoncent au juste les beaux jours, le soleil, la verdure. […] Elle mourut donc de deux sentiments trompés, l’un par la mort, l’autre par la mort du cœur dans lequel elle eût aimé à verser le sien.

1058. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

la tombe s’ouvre sans pitié sous les pas de ma jeunesse ; et pendant que je suis en proie aux plus cuisantes douleurs, je cherche à les tromper quelques heures en m’entretenant avec toi. […] N’ay peu venir que pour tromper ma payne, Non pour treuver blandices ne déduict ; Mesme en desgoust ay le jour que me luict ; À mes regards n’est de clarté seraine.

1059. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Mais ne nous y trompons pas : ce n’est pas l’argent qu’il aime, c’est l’ordre. […] Louis XIV, si déclaré contre Port-Royal, ne s’y trompa point, et laissa Boileau manifester ouvertement son attachement au grand Arnauld ; Racine se demandait comment son ami prenait impunément des libertés que lui-même n’eût pu hasarder sans se perdre : c’est que le roi savait bien que Despréaux, quoi qu’il put dire ou faire, n’était pas de la secte.

1060. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

On reconnaît, à un accent qui ne trompe pas, qu’elle a commencé par admirer sincèrement l’empereur et qu’elle ne s’est détachée de lui que lentement et malgré elle, à mesure que se découvrait la vraie nature de ce terrible homme. […] Je crois, pour ma part, à la bonne foi d’une femme qui ne craint pas de nous faire cet aveu : « Je finis par souffrir de mes espérances trompées, de mes affections déçues, des erreurs de quelques-uns de mes calculs. » Cette confession ne me semble pas d’une âme vulgaire, et j’en tire des conclusions absolument opposées à celles du prince Napoléon  Mais, dira-t-on, si elle avait sur l’empereur l’opinion qu’elle nous a livrée, elle n’avait qu’à s’en aller, et même elle le devait.

1061. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Madame de Staël se trompe donc lorsqu’elle reproche à Goethe de s’être passionné et d’avoir passionné ses lecteurs pour le suicide. […] Les Mémoires de Goethe ont prouvé combien madame de Staël se trompait sur sur ce point.

1062. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Voilà, si je ne me trompe, la première fois que la philosophie chrétienne, qui bégaye dans les poésies de Marguerite de Valois, et qui ne s’y peut dégager des obscurités de la théologie, s’exprime dans un langage clair, frappant et durable. […] Son savoir trompait son bon sens.

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