Telles sont les œuvres pies de ce laboratoire en travail.
Quand il voyait quelqu’un malade, triste et préoccupé, il rappelait de quelle manière il avait écrit Werther pour se défaire d’une importune idée de suicide : « Faites comme moi, ajoutait-il, mettez au monde cet enfant qui vous tourmente, et il ne vous fera plus mal aux entrailles. » Sa mère savait également la recette ; elle écrivait un jour à Bettina, qui avait perdu par un suicide une jeune amie, la chanoinesse Gunderode, et qui en était devenue toute mélancolique : Mon fils a dit : Il faut user par le travail ce qui nous oppresse.
Quant à la question des imitations et emprunts, des sources où Lesage a puisé tant pour Gil Blas que pour ses autres romans, un travail impartial et complet là-dessus est encore à faire.
Paul Ristelhuber, a eu l’idée, quinze ans après (1866), de faire un choix dans Galiani, de découper un certain nombre de passages dans sa Correspondance et ailleurs, et il a publié ce petit travail qui ne lui a pas donné grand-peine, qui ne lui a coûté que quelques coups de ciseaux, sous ce titre un peu prétentieux : Un Napolitain du dernier siècle.
C’est à nous qui existons, qui sommes maintenant en possession de cette terre, à y faire la loi à notre tour. » Mais, comme on n’est jamais en pleine possession de cette terre, et qu’il n’y a jamais table rase complète, il faut chasser ceux qui tardent trop à nous céder la place et qui nous gênent : c’est l’œuvre qu’entreprend Camille dans son journal et à laquelle il ne cesse de se dévouer cyniquement, en décriant tout ce qui a vertu, lumières et modération dans l’Assemblée constituante, et en démolissant jour par jour cette Assemblée dans l’ensemble de ses travaux comme dans chacun de ses membres influents.
Mes yeux, échauffés par l’absence continuelle du sommeil, succombent sous l’application d’un travail sans fin, pour lequel je n’ai presque aucunes ressources, et dont rien ne me distrait ; le droit est débilité jusqu’à me refuser service.
Dupont eut même alors dans les bureaux de l’Institut une petite place qui l’attacha quelque temps en qualité d’aide aux travaux du Dictionnaire.
Ses amis (car il en eut) assurent qu’en s’emparant ainsi du sceptre, il n’en était nullement orgueilleux au fond : « Ne se considérant que comme une combinaison heureuse de la nature, convaincu qu’il devait bien plus à son organisation qu’à l’étude ou au travail, il ne s’estimait que comme un métal plus rare et plus fin. » C’était sa manière de modestie.
Il est survenu dans le cours de ce travail, que préparait M. de Cosnac, un incident assez curieux : il a appris qu’il existait un manuscrit de ces Mémoires autre que celui dont il se croyait l’unique possesseur, et d’une rédaction différente, et que ce second manuscrit avait été trouvé à Die par M. le docteur Long.
Je parlerai peu de ses derniers travaux, consacrés presque uniquement à l’ancienne chronologie, et à une méthode de simplification pour l’étude des langues orientales.
. — Ce travail sur l’art est la suite naturelle du livre universellement admiré sur l’Irréligion de l’avenir.
Il est toujours en travail, en fonction, en verve, en train, en marche.
De là ce quelque chose de factice et d’artificiel, qui vient frapper de froideur même l’expression des sentiments vrais ; de là cette nature et ces mœurs convenues, qui ne sont ni dans la vérité ni dans l’idéal ; de là enfin cette perfection de détails, ce fini d’exécution, qui annoncent le travail et non l’inspiration.
Si on ne voit pas toujours, de cette âme, le travail et les influences, il ne s’agit que de les trouver.
Il resta en lui, allumée et difficile à éteindre, de la flamme épaisse de ce Joseph Delorme, sous le nom duquel il s’était peint ; et vivace, le rêveur ardent et sombre des premiers jours résista et survécut longtemps, à travers tous les travaux d’érudition littéraire auxquels se livra le poète, guéri (voulait-il) de cette hypocondrie puissante qui avait été son génie.
Serait-ce là pour lui, trop indéchiffrable d’inscription, la colonne d’Hercule du travail poétique qu’il vient d’achever et auquel il ne souhaite pas qu’on ajoute ?
Mais celui-ci en avait l’emploi naturel dans ses travaux d’orateur, tandis que l’autre n’a fait que proser merveilleusement de l’épopée et jusque dans ses Mémoires. […] Enfin, au commencement de mars 1895, après une nuit entière consacrée au travail et au doute, lorsque parut l’aube claire, la fille d’Agamemnon fit entendre sa voix dans les scènes II et III du deuxième acte. […] Comme j’allais et venais, — il m’en souvient, — à grands pas, devant ma table de travail ! […] quelles sont mes pensées, lorsque, au déclin du jour, je porte, solitaire, mon pas trébuchant, là-bas, là-bas, sur les rochers ras dont tu as fait, par un lent travail, une carapace monstrueuse ! […] Le travail que M.
On commence le siège, on fait quelques travaux et quelques démonstrations, on reçoit quelques bombes. […] Mais il se remet au travail. […] Je serais également fatigué de la gloire et du génie, du travail et des loisirs, de la prospérité et de l’infortune. […] Il dit, à propos de sa peinture du Paradis : « Jamais je n’ai fait un travail plus pénible et plus ingrat. » Il y paraît. […] Mon esprit se plie facilement à ce genre de travail : pourquoi pas ?
Il serait bon aussi de se rappeler que les trente volumes qui composent l’œuvre de Renan représentent cinquante ans de travail, à raison de dix heures par jour. Il n’a jamais voulu être qu’un savant et n’a jamais aspiré qu’à la gloire un peu sévère qui récompense les beaux travaux d’érudition : le reste lui a été donné par surcroît. […] Je l’ai entendu, au Collège de France, commenter les travaux de Reuss, de Graff, de Kuenen, de Welhausen. […] Ne sachant ni ne voulant rien faire, incapables des travaux qui ne dérogent pas, art ou littérature, et dédaigneux des travaux qui dérogent, impuissants en politique, ils ont tourné leurs facultés intellectuelles vers les seuls emplois où elles pussent suffire : représentation mondaine, sport hippique, escrime, conduite de mails-coachs, inventions de gilets et de cravates, — roulette et baccarat… Or, ce train de vie, ils ne sauraient le soutenir longtemps ; et, comme ils dépensent depuis un siècle sans produire, le mal qu’on appelle « faute d’argent » finirait par nous débarrasser d’eux… Mais c’est alors que s’opère ce que j’appelais tout à l’heure la conjonction de la bassesse aristocratique et de la bassesse financière. […] Acceptez mes regrets de vous avoir donné jadis de graves sujets de plainte. » ) Et cette ironie est coupée de douloureux retours sur elle-même, sur l’impitoyable travail de « dessèchement » moral où elle s’est condamnée, comme si l’atmosphère où vivent ses filles commençait de l’amollir à son insu… Puis, lorsqu’elle comprend que son mari ne l’a fait venir que pour se débarrasser de ses filles, dont la présence le gêne, avec quelle grâce cruelle elle joue du pauvre homme, lui arrache l’aveu de ses ennuis et de sa chaîne, le taquine sur l’âge et le caractère de sa maîtresse, l’amène presque à en dire du mal !
Elles renferment des travaux se rapportant à deux époques. […] Parfois sans doute, l’article du journal s’est trouvé détaché du cours sans altération, et alors il a été aisé de l’y replacer ; mais d’autres fois l’auteur, négligeant des idées dont la place se trouve marquée dans l’ensemble du cours, avait rapproché des fragments tirés d’un travail plus étendu, en se bornant à leur donner le degré d’unité indispensable. […] Ainsi l’idée du salut par grâce qui domine toute l’œuvre de Luther, idée enfantée en lui dans le travail d’âme qui précéda l’action extérieure, n’est point une idée humaine, mais le principe même de la Bible, le mobile spirituel et divin qui, bien loin d’entamer la morale, en est le fondement et la vie. […] Il parle de nous lier à Dieu, et tout le travail de son œuvre ne tend qu’à nous en délier. […] » Le duc de La Rochefoucauld, esprit distingué, était pourtant grand seigneur dans toute la force du terme ; il n’a fait ni un système ni un livre187 ; il n’a rattaché les éléments de son ouvrage à aucun principe général ; nul caractère scientifique n’apparaît dans ce travail d’un homme de cour ; ce sont, ainsi qu’il convient à un tel homme, des jets de pensée, des sentences ingénieuses et quelquefois profondes, mais brèves et détachées comme la parole du commandement.
Addison le compose de travail et de fonctions viriles soigneusement et régulièrement accomplies. […] Chaque idée a son accent, et tout notre travail doit être de le rendre franc et simple sur notre papier comme il l’est dans notre esprit.
Mais retourne dans ta maison et reprends-y tes travaux de femme, la trame et le fuseau ! […] Les Troyennes captives au sein arrondi te pleureront tout le jour et toute la nuit. » XXVI Ici le poète change de note sur sa lyre et décrit en vers presque burlesques les travaux et les aventures de Vulcain, ce dieu forgeron, époux de Vénus, condamné à faire rire l’Olympe comme un bouffon de cour.
C’est ainsi qu’en continuant encore deux ans à recevoir pour d’autres cette subvention individuelle, et grâce au travail, j’espère mourir pauvre, mais probe. […] « Pétrarque, ce grand maître dans la science du cœur et dans le mystère de l’amour, a dit au commencement de son Traité sur la Vie solitaire : « Je crois qu’une belle âme n’a de repos ici-bas à espérer qu’en Dieu, qui est notre fin dernière ; qu’en elle-même et en son travail intérieur ; et qu’en une âme amie, qui soit sa sœur par la ressemblance. » C’est aussi la pensée et le résumé du petit livre que voici : « Lorsque, par un effet des circonstances dures où elle est placée, ou par le développement d’un germe fatal déposé en elle, une âme jeune, ardente, tournée à la rêverie et à la tendresse, subit une de ces profondes maladies morales qui décident de sa destinée ; si elle y survit et en triomphe ; si, la crise passée, la liberté humaine reprend le dessus et recueille ses forces éparses, alors le premier sentiment est celui d’un bien-être intime, délicieux, vivifiant, comme après une angoisse ou une défaillance.
L’idéal ne vaut même, dans l’art, qu’autant qu’il est déjà réel, qu’il devient et se fait : le possible n’est que le réel en travail ; or il n’y a pas d’idéal en dehors du possible. […] Voici comment on peut expliquer scientifiquement ce travail du souvenir.
Platon, Aristote, Plotin, Abélard, Spinoza, Kant, furent l’objet des plus beaux travaux. […] Scherer, dans un remarquable travail sur Hegel3, l’interprète à peu près de la même manière, et transforme volontiers l’école hégélienne en école historique. […] Ce qu’on ne saurait contester. ; c’est que, malgré la répugnance des savants pour les idées générales, malgré les progrès constants de l’analyse et les abus de la division du travail, la force des choses toute seule a poussé la science dans une voie de généralisation et de synthèse vraiment remarquable.
À peine a-t-il quelques heures pour former et pour écrire son avis sur un ouvrage qui a coûté des mois et des années de travail. […] Mais quand je songe à l’énorme quantité de choses qu’il doit lire ou voir pour en trouver une qui soit seulement médiocre ; à la dose d’opium et d’ennui qu’il est forcé d’absorber sans répit ; aux prodiges d’agilité qu’il fait pour sauter avec grâce de la prose à la poésie, du roman au théâtre, de la tragédie à l’opérette ; au gaspillage incessant où il dépense en menue monnaie le meilleur de lui-même ; alors je suis tenté de le prendre en pitié et je souhaite à mon critique modèle une prodigieuse facilité de travail pour venir à bout d’une besogne pareille sans trop de fatigue et de nausées, comme je lui souhaite un bagage sérieux de connaissances pour n’avoir pas trop vite le cerveau vidé par ce perpétuel monnayage de son savoir et de sa pensée. […] Le duc de Broglie vient-il à publier ses travaux sur Marie-Thérèse et Frédéric II ; non seulement on le proclame inimitable, mais on nous apprend qu’il sait l’histoire du xviiie siècle « par intuition et droit d’hérédité », on nous déclare que « la vérité des portraits qu’il trace n’a pas besoin de confirmation » ; il peint de race et il peint ressemblant sans y tâcher ; il est né grand historien. […] Il sait la bonne édition, les travaux faits de première main, les points désormais acquis à la science, les anecdotes renvoyées au domaine de la légende. […] « Le psychologue, dit-il, — et c’est un aveu précieux dans sa bouche34 — se complaît à la description des états dangereux de l’âme qui révoltent le moraliste ; il se délecte à comprendre les actions scélérates, si ces actions révèlent une nature énergique et si le travail profond qu’elles manifestent lui paraît singulier. » C’est sans doute pour cette raison qu’il s’intitule quelque part « moraliste de décadence », en donnant cette fois au mot de moraliste le sens de peintre de mœurs.
Il lit à sa nièce Marie les strophes qu’il vient d’écrire et qui expriment la vanité des choses terrestres et que l’homme ne trouve son repos et sa joie qu’en Dieu… L’Angelus sonne : le poète interrompt son travail, et prie. […] J’ai pleuré qu’un si grand génie fût réduit à cet excès de misère. » Il est vrai que feu Emile Gaillard, qui a publié cette lettre dans le Précis analytique des travaux de l’Académie de Rouen (1834), ne nous dit point où en est l’original, ni quel en est l’auteur, ni à qui elle est adressée ; que, d’ailleurs, l’anecdote qu’elle raconte n’est point nécessairement significative d’une réelle indigence et qu’elle pourrait, à la rigueur, indiquer seulement chez Pierre Corneille une grande bonhomie et simplicité de mœurs. […] Et voici la vision de Desmarets : Un grand rocher s’élève au milieu de l’étang, Où les cinquante sœurs, faites de marbre blanc, Portent incessamment les peines méritées D’avoir en leurs maris leurs mains ensanglantées, Et, souffrant un travail qui ne saurait finir, Semblent incessamment aller et revenir. […] Aucune n’offre plus de contrastes dans le temps : car, pastorale et guerrière, et foncièrement héroïque il y a trois mille ans, vous savez à quels travaux elle s’applique principalement aujourd’hui. […] De cette énorme juxtaposition de détails, que leur multiplicité même rend indistincts et confus, une lueur s’échappe çà et là, qui se reflète sur les paragraphes compacts, ainsi qu’un éclair sur des pans de muraille ; et le travail que M.
Et maintenant, représentez-vous cet enfant tout seul au milieu de ces saints, d’ailleurs tous occupés de leurs dévotions et de leurs travaux. […] Et il commence un prodigieux travail d’annotations, souvent page par page, sur la presque totalité de la littérature grecque et sur une bonne partie de la latine. […] Au temps de Racine, la proportion entre le nombre des gens occupés d’écrire et le nombre des hommes voués à d’autres travaux était encore raisonnable et normale. […] Il continue l’immense travail de lectures, de résumés et d’annotations commencé à Port-Royal. […] Et voici la description des lieux, d’après le Mercure galant : La décoration représentait une longue allée de verdure, où, de part et d’autre, il y avait des bassins de fontaines, et d’espace en espace des grottes d’un travail rustique, mais travaillées très délicatement.
Et ce n’est pas le moindre des Mystères devant quoi l’esprit hésite, ce double phénomène, attesté par toute l’histoire de la linguistique : la toute puissance et la fécondité de la Foule à créer les mots et les alliances de mots, la construction, la syntaxe, — tout le génie de la Langue, tandis qu’à la même tâche les savants4 se sont montrés impuissants et stériles, et, pour toute collaboration à ce grand travail, ont dû se contenter de cataloguer les inventions populaires. […] Racine et La Fontaine observent aussi, mais c’est pour eux un travail purement préparatoire, qu’ils nous cachent et dont ils nous offrent seulement le résultat dans une fable ou dans une tragédie et sans doute ont-ils pour champ d’observation leur propre intuition, leur imagination ou leurs personnelles expériences plutôt que cette humanité vivante qui jouit et souffre autour d’eux. […] Il y en a une autre, plus profonde, que Gœthe a faite le premier, que nous commençons à soupçonner, où aboutissent tout le travail et toute l’expérience du siècle et qui sera peut-être la matière de la littérature prochaine : Tâche de te comprendre et de comprendre les choses. » Il se pourrait que ce fût en remontant aux sources vives du passé que ces Catholiques eussent rencontré le Catholicisme, à son heure de splendeur et de vérité : il les a séduits à ses beautés défuntes et ils les ont ressuscitées. […] Verlaine, aucune de ces macules du travail : la Poésie bat des ailes et s’enchante.