Ces théories sont probables ; avec de nombreux tempéraments que l’expérience suggèrera, il est possible qu’on finisse par en reconnaître la vérité ; elles ne nous semblent, par contre, ni justes dans leur rigueur, ni exactement vendables, ni par conséquent d’une certitude telle dans l’application, qu’on puisse en tirer parti, comme d’une méthode d’investigation historique ; il nous sera permis de formuler ces opinions en toute liberté, malgré le respect et l’admiration que nous éprouvons pour un des premiers penseurs de ce tempsdb. […] Aucun motif tiré soit de l’hérédité, soit de l’ascendant du milieu, ne peut faire que dans une nation restée politiquement et socialement intacte, un artiste ou plusieurs en viennent à essayer d’imiter les productions d’artistes étrangers. […] Ces deux hommes n’auraient point été des types et l’on n’aurait pu tirer d’eux des conclusions sociologiques.
« Les femmes qui tirent l’eau du puits, ou qui la rapportent à la maison dans un seau de bois sur leurs têtes, s’arrêtent à ce son de la cloche ; elles courbent leurs fronts en soutenant le vase de leurs deux mains levées, de peur que leur mouvement ne fasse perdre l’équilibre à l’eau ; elles adressent une courte prière au Dieu qui fait lever un jour de printemps. […] Quand ces discussions étaient épuisées et terminées par de tristes retours sur la monotonie des regrets et sur la vanité des espérances, mon père, M. de Vaudran ou le jeune abbé tiraient un volume de leur poche ; ils citaient à l’appui de leurs opinions l’autorité de l’écrivain qu’ils étudiaient alors. […] Je n’ai jamais revu depuis, pendant un grand nombre d’années, cette plus jeune des deux sœurs, jusqu’au jour où on porta son cercueil blanc de l’église au cimetière du village, sans autre cortège qu’une chèvre blanche qui bêlait autour des porteurs, et qui gambadait avec son chevreau sur le monticule de terre fraîche tiré de la fosse.
On sçait que c’est un choix de harangues directes & d’autres discours tirés des quatre principaux Historiens latins, de Salluste, Tite-Live, Tacite, & Quinte-Curce. […] L’une théologique, où il rapportoit les sentimens des maîtres de l’école ; & l’autre jurîdique tirée tantôt du droit canon, tantôt du droit civil. […] Elles sont agréables pour ceux qui ne veulent que s’amuser, mais nuisibles à celui qui veut tirer du profit de sa moisson.
Le rire est là pour corriger sa distraction et pour le tirer de son rêve. […] Pour la tirer au clair, il faudrait s’engager dans un ordre de recherches assez nouveau, analyser la sympathie artificielle que nous apportons au théâtre, déterminer dans quels cas nous acceptons, dans quels cas nous refusons de partager des joies et des souffrances imaginaires. […] Les choses ont été classées en vue du parti que j’en pourrai tirer.
Tout en reconnaissant les résultats acquis de l’expérience, nous avons essayé de les séparer des conclusions contestables que nombre de physiologistes en tirent, et de fixer les limites précises où finit la compétence de l’expérience physiologique, où commence celle de la conscience. […] D’une pareille méthode, on a pu tirer une belle ou forte doctrine morale, quelque chose qui, comme le platonisme ou le stoïcisme, soit propre à purifier ou à retremper les âmes ; on n’en a point fait sortir une véritable théorie scientifique. […] Pour s’en assurer, il n’est pas nécessaire de passer en revue tous les noms et toutes les œuvres de la science historique des temps modernes ; il suffit de rappeler quelques grands sujets tirés de l’histoire de France, où la nouvelle méthode a été pratiquée avec le plus de succès.
Oui, l’on pouvait poétiser les fées, et de ces vieux thèmes tirer des merveilles de lyrisme ou d’humour. […] En vérité, je suis de la dernière génération à qui les programmes permirent cet aimable jeu, dont je ne me tirais pas trop mal. […] Benda indique qu’il a tiré ce passage du dixième livre (de l’Énéide). […] Dans son œuvre littéraire, les développant et les creusant avec méthode, il en a tiré des merveilles. […] Serions-nous moins étonnés si une puissance supérieure nous tirait soudain d’un cachot cubique et barricadé ?
Rousseau descendit plus profondément au cœur de la société, et il en tira l’homme du peuple, l’homme dans toute sa simplicité, l’homme dépourvu de toutes les grâces, de toutes les faveurs sociales. […] Il entama une discussion avec le directeur de Revue qui bientôt tira sa montre et se hâta d’entrer au Ministère, me laissant seul dans la rue avec le nouveau venu. […] Quant à moi je lui faisais des objections tirées du droit des gens et des traités de 1815, continuant ainsi le rôle du directeur de Revue qui, en sa qualité d’annexé, n’était pas plus que moi partisan de ces dernières conquêtes politiques. […] C’est un morceau tiré des Voix intérieures : La vache. […] Il tirait ensuite de sa poche un sale chiffon tout déchiré, dont il s’essuyait minutieusement les mains, et dont il époussetait son costume, — puis continuait gravement sa promenade.
La Divine Comédie renferme d’autres éléments qu’on ne rencontre que dans les légendes arabes et qui semblent tels que Dante ne pouvait ignorer d’où il les tirait. […] Les Sodomites subissent un châtiment tiré de l’Enfer islamique. […] D’ailleurs Molière n’avait pas ici tiré les intermèdes du sujet même de la pièce, et tout l’effet qu’on en peut attendre n’était pas produit. […] Elle fut marquée par la mort de son grand-père, qui le tira de ces tracas d’argent, et par un événement assez mystérieux. […] Tirez-les de Gessner et de ce végétarisme poétique : leur goût de l’Allemagne n’est qu’une forme de leur opposition à Empire.
Des Indépendants je voulais tirer le procès des Écoles en général, et des théories sur l’individualité ou l’éclectisme artistique. […] Que le mouvement commencé avec Balzac, Flaubert et Goncourt, continué ensuite par Daudet et moi, et d’autres que je ne nomme pas, tire à sa fin ? […] Par exemple, je sais qu’à côté du son qu’on tire d’une corde tendue, il va des notes harmoniques qu’on n’entend pas, mais, je le sais, j’ai, pour établir ma certitude, des preuves scientifiques. […] si, de temps en temps, il lance un Moréas, parce qu’il sait que ça ne tire pas… à conséquence, d’abord, et à plus de deux ou trois cents exemplaires, ensuite. […] Tenez, prenez un chapeau, mettez-y des adverbes, des conjonctions, des prépositions, des substantifs, des adjectifs, tirez au hasard et écrivez : vous aurez du symbolisme, du décadentisme, de l’instrumentisme et de tous les galimatias qui en dérivent.
» III Achille, saisi d’une douleur poignante, veut tirer son glaive. […] Suivez encore : « Pandarus ajuste la flèche avec la corde, il tire à lui à la fois la corde et le cran de la flèche, il fait toucher le fil de boyau à sa poitrine et le fer aigu de la flèche à la corne de l’arc. […] On tire au sort, dans un casque, parmi un certain nombre de noms fameux, le nom de celui qui aura la gloire de lutter contre Hector. […] » Priam ne cède pas à ces craintes d’Hécube ; il tire de ses coffres les présents magnifiques, tapis, vêtements, talents d’or, trépieds, vases, coupes, dont il compose la rançon du corps de son fils.
— Le dieu qui, avant ce jour, ne m’a pas permis de te parler196. » Voici maintenant deux passages plus explicites, tirés de l’Apologie ; le premier surtout est d’une remarquable précision ; il semble que Platon ait voulu donner là, pour n’avoir plus à y revenir, la formule authentique et rigoureusement exacte du phénomène dont il ne parle ailleurs qu’en termes abrégés : « Ce qui (m’a empêché de m’occuper des affaires publiques), ô Athéniens, c’est cette chose dont vous m’avez si souvent entendu parler, ce phénomène divin et démonique que Mélétus, pour plaisanter, a inscrit dans l’accusation Il a commencé pour moi quand j’étais encore enfant ; c’est une voix qui survient, toujours pour me détourner de ce que j’ai dessein de faire, car jamais elle ne m’exhorte (à rien entreprendre). […] Homère a tiré parti en poète de ce fait que, chez les hommes d’action, surtout chez les natures primitives, l’idée d’une action à faire est spontanée, vive, presque violente ; soit qu’une parole intérieure la définisse à l’esprit, soit qu’elle reste à l’état d’impulsion confuse, toujours elle parle haut dans l’âme, et comme elle est subite et vive, elle semble inspirée. […] Surprendre un aparté, recevoir à l’improviste la confidence involontaire d’un taciturne, dérober un secret soigneusement caché sans être soi-même indiscret, voir à nu dans une exclamation le vrai caractère ou la passion maîtresse d’un politique, ce sont là de petits événements qui font pour une soirée la joie d’un observateur ; un moraliste en tire un portrait, un auteur comique l’idée d’une scène heureuse ou d’un caractère nouveau. […] » On passe en souriant, non sans pitié pour « ces inconscients possédés d’une idée fixe, que le rêve conduit, tirés par une laisse invisible. » « Un matin que notre imaginaire avait quitté sa maison à l’heure habituelle, il commença au détour de la rue Saint-Ferdinand un de ses petits romans intimes.
Remy de Gourmont vient me tirer d’embarras : « Non, dit-il, l’orgue n’est pas toute la musique ; il n’est pas le violon. […] — S’il faut motiver ma réponse, je dirai, probablement après d’autres, que Victor Hugo me semble notre plus grand poète parce qu’il a tiré le meilleur parti des ressources propres au vers. […] — Si le plus grand poète d’un siècle est son plus grand écrivain en vers, celui qui a su enrichir des plus savants procédés l’art poétique de son pays, et créé pour lui-même, comme pour ceux qui viennent après, un clavier nouveau où ne manque aucune touche ; si c’est le virtuose génial, qui a réussi à tirer des mots les plus diverses harmonies, nul plus que Hugo ne semble avoir droit à cette gloire unique. […] — D’un ensemble de réponses où les opinions se manifestent si diverses, si complexes et si nuancées, il paraît hasardeux de tirer une conclusion absolue.
Ce titre était exact, car ces petits livres si vivants, si pleins de faits et d’images, ne sont pas autre chose que la démonstration, par des exemples tirés de l’histoire de l’art, des idées dont la Littérature anglaise avait donné la démonstration par des exemples tirés de l’histoire littéraire. […] On pourrait tirer de leurs œuvres des séries parallèles de comparaisons, où Michelet prête des sentiments et des pensées aux objets matériels, auxquels Victor Hugo compare des choses toutes spirituelles. […] Il est très difficile de tirer des livres de Michelet une doctrine pédagogique précise, logique et aboutissant à des conclusions nettes. […] Je suis toujours surpris que, dans cet ordre d’idées, on n’ait encore rien tiré des philosophes anciens et surtout des livres de l’Orient d’où nous vient, en tous sens, la lumière. […] Il en a tiré une foule de renseignements curieux qui ne se trouvent pas dans les autres histoires de la Révolution.
L’ode est intitulée : À Daphné sur la fuite de ses charmes ; c’est une consolation tirée de la ruine des empires et des changements insensibles des choses de la terre : Tout change, ô ma Daphné !
En même temps qu’il a été si soigneux de rattacher à chaque page, à chaque vers, tout ce qui s’y rapporte directement ou indirectement chez les Anciens ou même chez les modernes, le nouvel éditeur ne tire point trop son auteur du côté des textes et des commentaires, et il ne prétend point le ranger au nombre des poëtes purement d’art et d’étude ; il relève avec un soin pareil, il sent avec une vivacité égale et il nous montre le côté tout moderne en lui, et comme quoi il vit et ne cesse d’être présent, de tendre une main cordiale et chaude aux générations de l’avenir : « Chénier, remarque-t-il très justement, ne se fait l’imitateur des Anciens que pour devenir leur rival. » À Homère, à Théocrite, à Virgile, à Horace, il essaye de dérober la langue riche et pleine d’images, la diction poétique, la forme, de la concilier avec la suavité d’un Racine, et quand il en est suffisamment maître, c’est uniquement pour y verser et ses vrais sentiments à lui, et les sentiments et les pensées et les espérances du siècle éclairé qui aspire à un plus grand affranchissement des hommes.
La suite de la phrase s’en tire comme elle peut, et quelque irrégularité de construction, en pareil cas, a toujours été admise par les rhéteurs, même les plus purs et les plus attiques.
Jamais il ne tirera la barre après lui. »
La seconde moitié du volume nous offre des traductions en vers, comme échantillons de la Pléiade russe : vingt-cinq morceaux tirés de douze poètes contemporains.
Frédéric Mistral a tiré sa colossale idylle est l’amour de la fille d’une fermière pour un pauvre vannier, à qui ses parents la refusent en mariage.
Là, si tes geôliers s’aperçoivent, par hasard, de la chanson florale que firent éclore en toi la forêt et les fleuves, les oiseaux et le soleil, et cette femme enfuie, ils te tireront quelquefois des ténèbres ; ils te revêtiront d’oripeaux bariolés et tu chanteras pour les divertir.
La stérile fécondité de son génie, la variété de ses connoissances, quoique superficielles, l’habitude du travail, cette promptitude avec laquelle il concevoit & exécutoit des plans d’ouvrages, & surtout son intelligence à tirer parti de ceux des autres, à partager le fruit de certaines productions auxquelles il n’avoit fait que présider & prêter quelquefois sa plume & son nom ; tous ces divers moyens l’empêcherent peut-être de sacrifier, comme tant d’autres à la bassesse & d’encenser les ridicules de la grandeur & de l’opulence.
Adam s’endort : Dieu tire du sein même de notre premier père une nouvelle créature, et la lui présente à son réveil : « La grâce est dans sa démarche, le ciel dans ses yeux, et la dignité et l’amour dans tous ses mouvements.
L’homme individuel, si misérable qu’il soit, ne peut tirer de tels soupirs de son âme.
Quand un auteur s’est trompé, on le reprend honnêtement ; & lorsqu’il y a du ridicule dans un livre on le tire avec tant de circonspection, que l’écrivain peut seulement se le reprocher à lui-même.
Après la bataille ils montaient leurs lyres et ils en tiraient des sons de joie ou de deuil, selon qu’elle avait été heureuse ou malheureuse.
Aussi voïons nous que nos comédiens dont plusieurs n’ont d’autre guide que l’instinct et la routine, ne sçavent par où se tirer d’affaire lorsque l’acteur qui recite avec eux ne finit pas sur un ton qui leur permette de debuter par le ton auquel ils se sont preparez, autant par habitude que par reflexion.
Ce n’est pourtant pas que la poésie, et en particulier la poésie lyrique, ne puisse tirer un grand prix de la richesse et de l’harmonie des expressions.
Il y a des Rousseau-femmes à présent qui ne craignent pas de tirer sous les yeux du public les rideaux de leurs âmes et de leurs alcôves, sans honte pour elles ni pour leurs enfants, si elles sont mères, ni pour leurs maris, si elles sont mariées.
Henri IV n’a pas le fanatisme religieux qui fut la plus honorable passion du XVIe siècle, et pour cette raison, qui n’est pas la seule, du reste, mais qui est la plus puissante, il est peut-être la seule figure de son histoire qui soit entièrement sympathique à Forneron, l’écrivain politique de ce temps, qui, au temps de Henri IV, se serait certainement rangé dans le parti des politiques, qui mirent fin à la guerre civile et tirèrent de la vieille Constitution de la monarchie catholique, qui avait été la monarchie française, une monarchie d’un autre ordre, — la monarchie des temps modernes.