J’avoue même que moi, qui vivais, qui pensais et qui sentais déjà en ce temps-là, moi qui partageais les angoisses du peuple pauvre et sacrifié à la noblesse des barons d’empire, je retrouve dans ce livre la mémoire minutieuse de cette époque de la grandeur d’un homme de guerre et de la servitude d’un peuple ébloui de ses chaînes : il n’y a pas de plus grande leçon de dédain pour l’opinion de l’humanité que celle que l’humanité donne elle-même en divinisant quarante ans après le maître qui faisait de l’héroïsme avec le sang inutilement versé de quelques millions de ses pareils. […] Il a déjà versé plus de sang pour donner des couronnes à ses frères, que notre grande Révolution pour gagner les Droits de l’homme. » Nous nous remettions à l’ouvrage, et les réflexions de M. […] Puis, me posant la main sur la poitrine : « La conformation est bonne, dit-il ; toussez. » Je toussai le moins fort que je pus ; mais il trouva tout de même que j’avais un bon timbre, et dit encore : « Regardez ces couleurs ; voilà ce qui s’appelle un beau sang. » Alors moi, voyant qu’on allait me prendre si je ne disais rien, je répondis : « J’ai bu du vinaigre.
Nous les dévorons avidement, nous en faisons notre chair et notre sang, et puis un beau jour nous n’y trouvons plus rien. […] Outre leur incontestable valeur esthétique, les chefs-d’œuvre romantiques ont encore pour l’historien littéraire une valeur documentaire de premier ordre sur l’esprit en France : pendant vingt-cinq ans, sous la Révolution et l’Empire, comme un sol qui absorbe lentement les pluies pour les rendre plus tard à l’état de sources, de fraîcheur, et de richesse, l’âme française s’était profondément pénétrée de toutes les larmes et de tout le sang qui avaient longuement coulé sur le pays. […] Pour le xixe siècle, qui nous touche de si près, qui court dans notre sang, nous devons accomplir nous-mêmes, sans sécurité, avec de grandes chances d’erreurs, un partage périlleux.
Contemplez ce que souffre un homme qui a tous les membres brisés et rompus par une suspension violente, qui, ayant les mains et les pieds percés, ne se soutient plus que sur ses blessures, et tire ses mains déchirées de tout le poids de son corps antérieurement abattu par la perte du sang ; qui, parmi cet excès de peine, ne semble élevé si haut que pour découvrir de loin un peuple infini qui se moque, qui remue la tête, qui fait un sujet de risée d’une extrémité si déplorable67 ! […] Il avait ressuscité toute cette élite sacrée du christianisme, prophètes qui l’ont prédit, apôtres qui l’ont prêché, martyrs qui l’ont consacré de leur sang, Pères qui en ont expliqué et transmis la doctrine. […] Il dit des grands : « La nature toute seule a environné leur âme d’une garde d’honneur et de gloire. » Et quelques lignes plus haut : « Un sang plus pur s’élève plus aisément ; il en doit moins coûter de vaincre les passions à ceux qui sont nés pour remporter des victoires. » Il dit de leurs craintes : « Exempts de maux réels, ils s’en forment même de chimériques, et la feuille que le vent agite est comme la montagne qui va crouler sur eux. » Et ailleurs : « Voici ce qu’on découvrait de certains héros vus de près.
Leconte, qui, dans la Préface de son volume Le Sang de Méduse, préconise l’union avec la Science, avec sa philosophie, et appuie encore mes dires en rappelant la tradition de l’Orient. […] Sous le titre générique de : ŒUVRE, en trois parties (Dire du Mieux, Dire des Sangs, Dire de la Loi), elle se situe en l’âme et le milieu modernes de l’Individu, des Sociétés et des Races pour, de là, reprenant tout comme aux racines du monde, remonter à la genèse cosmique et dérouler le chant de l’Evolution, préhistorique et historique, à traders les théogonies successives, d’une part : tandis que d’autre part, elle s’étend aux suggestions d’un devenir moralement et sociologiquement scientifique. […] « Son livre de début, Légende d’âmes et de sangs, qui révélait un poète ne procédant d’aucun maître, et dont la préface, où il donnait les grandes lignes de l’œuvre qu’il méditait, laissait pressentir les théories de musique verbale que le Traité du verbe devait répandre avec éclat, d’un coup attira sur lui l’attention.
Voici de remarquables vers d’amour du Peverone, ce brigand italien qui poivrait ses victimes pour les marquer de son sceau : Quand je te vois, quand je t’entends parler, Mon sang se glace dans mes veines, Mon cœur veut bondir hors de ma poitrine… Toute parole d’elle, quand elle ouvre la bouche, Attire, lie, frappe, transperce306. […] Les écrivains détraqués se plaisent aussi à décrire des scènes de crime et de sang, tout comme Ribeira, le Caravage et les autres peintres homicides se plaisent dans les représentations horribles. […] On n’en finirait vraiment pas s’il fallait relever toutes les images de ce genre qui sont répandues dans ses vers ; son inspiration poétique emprunte plus d’une fois les apparences du cauchemar : Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu’en ses ennuis Elle veut de ses chants peupler l’air froid des nuits, Il arrive souvent que sa voix affaiblie Semble le râle épais d’un blessé qu’on oublie Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de morts, Et qui meurt, sans bouger, dans d’immenses efforts319 Il finit par se demander lui-même, non sans quelque raison : Ne suis-je pas un faux accord Dans la divine symphonie ?
» Les supplices de ces misérables, qui ne vécurent jamais, étaient d’être piqués par des taons et des mouches faisant dégoutter de leur visage des larmes rougies de sang qui abreuvaient des vers immondes à leurs pieds ! […] ” me dirent-elles, “qui parcours ainsi cet air réprouvé et qui viens nous visiter dans notre supplice, nous qui avons teint le monde où tu vis de notre sang ; « “S’il nous était permis d’invoquer pour un autre le maître de l’univers, qui nous afflige et nous punit, nous lui demanderions de te combler de sa paix, toi qui ressens une si tendre pitié pour nos peines sans remède ! […] Le tyran qui les épie à leur insu, et qui, les perçant à la fois du même glaive, confond dans un même ruisseau leur sang sur la terre et dans un même soupir leur première et leur dernière respiration d’amour ; Le ciel qui les châtie avec une sévérité morale, mais avec un reste de divine compassion, dans un autre monde, et qui leur laisse au moins, à travers leur expiation rigoureuse, l’éternelle consolation de ne faire qu’un dans la douleur, comme ils n’ont fait qu’un dans la faute ; La pitié du poète ému qui les interroge et qui les envie (on le reconnaît à son accent) tout en les plaignant ; Le principal coupable, l’amant, qui se tait, qui sanglote de honte et de douleur d’avoir causé la mort et la damnation de celle qu’il a perdue par trop d’amour ; la femme qui répond et qui raconte seule pour tous les deux, en prenant tout sur elle, par cette supériorité d’amour et de dévouement qui est l’héroïsme de la femme dans la passion ; Le récit lui-même, qui est simple, court, naïf comme la confession de deux enfants ; Le cri de vengeance qui éclate à la fin de ce cœur d’amante contre ce Caïn qui a frappé dans ses bras celui qu’elle aime ; Cette tendre délicatesse de sentiment avec laquelle Francesca s’abstient de prononcer directement le nom de son amant, de peur de le faire rougir devant ces deux étrangers, ou de peur que ce nom trop cher ne fasse éclater en sanglots son propre cœur à elle si elle le prononce, disant toujours lui, celui-ci, celui dont mon âme ne sera jamais « désunie » ; Enfin la nature du supplice lui-même, qui emporte dans un tourbillon glacé de vent les deux coupables, mais qui les emporte encore enlacés dans les bras l’un de l’autre, se faisant l’amère et éternelle confidence de leur repentir, buvant leurs larmes, mais y retrouvant au fond quelque arrière-goutte de leur joie ici-bas, flottant dans le froid et dans les ténèbres, mais se complaisant encore à parler de leur passé, et laissant le lecteur indécis si un tel enfer ne vaut pas le ciel… Quoi de plus dans un récit d’amour ?
Il avait constaté la présence des intestins chez les insectes et les animaux privés de sang, et Aristote aura tort de le combattre sur ce point. […] En cherchant bien, on trouve qu’il répartit les animaux en deux grandes classes : ceux qui ont du sang et ceux qui n’en ont pas ; puis, dans chacune de ces classes, il distingue des groupes secondaires, déterminés déjà par des caractères remarquablement naturels. Ce sont, semble-t-il, pour les animaux pourvus de sang (vertébrés) : les animaux vivipares, quadrupèdes (ζωοτοχούντα έν αύτοίς), à côté desquels sont placées comme γένος particuliers, les baleines ; les oiseaux ; les quadrupèdes ovipares (τετράποδα ή αποδα ώοτοχούντα) ; les poissons. — Pour les animaux exsangues (invertébrés) : les mollusques (céphalopodes) ; les crustacés (μαλαχόστραχα) ; les insectes, les testacés (δοστραχοδέρματα, gastéropodes, lamellibranches).
La Liberté (si toutefois ce fut la Liberté) naquit chez nous, dans des flots de sang, avec une gaieté folle… Et savez-vous bien, ma chère cousine, que la toilette des femmes aux environs de 93 est tout simplement délicieuse ? […] Après quoi il se convertit, instantanément. « Il fit pénitence et mourut au monastère de Saint-Vinoce. » On garda, dans un couvent de filles de l’ordre de saint Benoît, un peu du sang que Gudelaine, étranglée, avait rendu par le nez et par la bouche ; et, comme Gudelaine avait été patiente et douce dans les épreuves, ce sang faisait des miracles tant qu’on voulait. […] Leurs épieux firent ruisseler le sang en filets rouges le long des épaules de l’animal et jusque sur son fanon. […] En même temps, je constatais que le sang ne me causait déjà plus autant d’horreur. […] toutes ou presque toutes, Dans ce noble et charmant essaim, Perdent leur sang à larges gouttes Et portent une plaie au sein.
Ce sont des pans de mur, des morceaux de façade, où colle encore un bout d’escalier, des débris, où reste, on ne sait comment, suspendue en l’air, une fenêtre sans carreaux, des éboulements informes de brique, de moellons, d’ardoises : de la bouillie de maisons, fouettée au milieu d’une grande tache de sang, autour d’un paquet de cheveux, — le sang d’un mobile, qui avait mis, là, culotte bas. […] Mon ami, aux opinions sang de bœuf, soutenait, ce soir, que tout doit s’incliner devant l’instinct des masses. […] Ici c’est un cheval mort, là, près des pavés d’une barricade, à moitié démolie, des képis baignent dans une mare de sang. […] À ce moment, ainsi qu’une troupe d’hommes ivres, sort de la porte le peloton d’exécution, avec du sang au bout de quelques-unes de ses baïonnettes. […] Des asthmatiques se sont guéris, et Olready qui crachait le sang, en arrivant, va beaucoup mieux.
Si je fouillais cette nécropole, j’y trouverais ma chair et mon sang sous la forme d’une encre décomposée. […] Ils y seraient, encore bien même qu’une édition nouvelle et enrichie de « Du Sang, de la Volupté et de la Mort » n’aurait pas paru en même temps qu’« Amori et dolori sacrum ». […] De ces assemblages de mots, il en est de particulièrement fameux par leur ironie froide et leur tour dépouillé dans « le Sang, la Volupté et la Mort ». […] La nouvelle édition de « Du Sang, de la Volupté et de la Mort », atteste les progrès de cet art. […] Ses complaisances pour cette petite folle de Marie Bashkirtseff (voir les Trois stations de psychothérapie, à la fin de la nouvelle édition « Du Sang, de la Volupté et de la Mort ») nous étonnent également.
Voici bien deux mille ans que l’on saigne l’agneau ; Il est mort à la fin et sa gorge épuisée N’a plus assez de sang pour teindre le couteau. […] Il s’extasie, devant cette scène de mœurs orientales, comme il admirerait le tableau d’un maître, et, sans souci de la souffrance individuelle, il ne voit dans le sang répandu qu’une note claire et brillante au milieu d’un ensemble de couleurs. […] Sous l’influence de cette éclipse temporaire de la pensée. — je dirais presque de cette distraction, — un jeune paysan de dix-sept ans contemple le tranchant fraîchement aiguisé d’une hache, sous le banc où dort son vieux père ; soudain, il brandit la hache et regarde avec une curiosité hébétée comment le sang coule sur le banc de la tête fendue. […] Sauf dans les Érinnyes, où le texte d’Eschyle l’enlevait en dépit de lui-même, aucun des personnages qu’il a mis en scène n’est fait de chair et de sang et ne saurait exciter en nous ni terreur ni pitié : aucune de leurs émotions n’est assez violente pour se répandre hors de leurs cœurs jusqu’au nôtre. […] Un fils est exécuté presque en présence de sa mère et son cadavre dépecé à coups de sabres ; une jeune femme dont on a assassiné le mari est violée sur son cadavre, puis les assassins lui arrachent la langue et lui coupent les poignets pour l’empêcher de raconter ou d’écrire le récit du crime ; elle-même se venge en faisant égorger ses bourreaux sous ses yeux, et c’est elle qui, entre ses moignons encore rouges, reçoit leur sang dans un bassin ; ce sang servira à la cuisson de leur chair que l’on offrira à manger à leurs parents ; et ainsi de suite jusqu’au moment où l’action s’arrêtera, tous les personnages ayant été poignardés ou enterrés vifs.
Le sang lui courait, fiévreux, sous la peau. […] C’est bien un droit qu’il croit exercer, le droit même de la vie, puisque ce sang d’un autre est indispensable a son existence même. […] La question d’atavisme reparaît ici et il est vraisemblable que, bien qu’il n’eût rien connu du meurtre commis par son père, le sang qui coule dans les veines du capitaine charriait les principes terribles du sang paternel. […] Ni l’émigration, ni l’exil, ni l’échafaud révolutionnaire, ni les proscriptions n’ont éclairci ses rangs, ni appauvri son sang qui coule dans ses veines. […] La rue par laquelle on monte à la place était remplie de débris de toute espèce, de tronçons de bois encore fumants et tachés de sang.
Ici, l’auteur et le traducteur sont si proches parents, ils ont si bien, dans le sang, les mêmes braises et le même appétit d’héroïsme que cette version française a l’air d’un récit original, né d’une fraternelle collaboration. […] Le sang bondissait en cascades, le long des escaliers de pierre, et s’épandait à travers la ville. […] Voici mon sang que je n’ai pas versé, Voici ma chair indigne de souffrance, Voici mon sang que je n’ai pas versé. […] Veber, mais les Précieux et les Précieuses, trop calomniés du reste, étaient du moins de notre pays, de notre sang et de notre race. […] On pardonne beaucoup à quiconque est assez fort pour se dire à lui-même, au milieu d’une orgie de sang, de volupté et de larmes : « Je serai peut-être mort demain !
» On a remplacé l’aristocratie du sang par celle de l’argent. […] Ils ont jusque dans l’âme la distinction vraie, celle qui est innée, qui vient des tendances héritées, des traditions reçues, des exemples constamment observés, celle qu’on puise dans le sang et qu’on respire dans l’air. […] Ils ont leur littérature dans le sang. […] Zola n’a pu, malgré des efforts « enragés », parvenir à exorciser ce démon romantique qu’il sent en lui, c’est, selon toute apparence, qu’il n’est pas seulement romantique par éducation, mais qu’il l’est de naissance, et qu’il a le romantisme dans le sang et dans les moelles. […] Dans cette peinture du Midi, un Méridional pouvait seul réussir qui eût découvert en lui-même quelques-uns des symptômes qu’il analysait, et qui eût son Midi dans le sang.
Cette attente est d’autant plus singulière qu’elle est celle d’un animal de pur sang qui se consume sur place d’impuissance et de nostalgie. […] Va-t-elle être la femme lorraine du professeur prussien, avoir des enfants dont le sang soit tout ensemble messin et allemand ? […] Il n’y a rien de moins que le sang. […] Les paupières sont closes et le sang dégoutte du cou. […] Dans les clairières, éclairées par la lune, frémit la fleur de l’âme damnée, issue du sang des suicidés.
Des aveux douloureux et sincères se sont échappés de leurs poitrines avec le sang de leurs blessures : M. […] Cette société qui se débat et se meurt entre les bras de ses bourreaux, ces ruisseaux de sang qui débordent, ces cris désolés qui s’élèvent du fond des cachots et des geôles, ce ne sont que des errata de cette Histoire de la Révolution qu’il s’est racontée d’avance à lui-même ; il ne tressaille pas, il ne saigne pas, il ne pleure pas ; il pense, il se tait et il attend. […] Ici le sang, là les larmes ; ici le couteau de Saint-Just, là les lamentations de René. […] De même, si nous passons de la vie intellectuelle à la vie pratique et de l’histoire des idées à celle des faits, voilà une époque qui fait couler le sang à flots et livre la conduite de ses affaires à cette féroce logique des révolutions, dont le premier anneau est une utopie et le dernier une guillotine. […] Le funeste voyage de Varennes ouvre entre le roi et le pays un nouvel abîme : abîme infranchissable que les concessions et les faiblesses élargiront au lieu de le combler, où la Révolution victorieuse s’apprête à faire couler un fleuve de sang, et où elle jette, comme prélude, le cadavre du marquis de Dampierre.
Et j’ai joué de bons tours à la folie… » Il interroge son sang. […] Oui, c’est au sang latin la couleur la plus belle, Les plus riches moissons sont toujours à Cybèle. […] Ou bien, le tocsin sonne, — c’est une meule qui brûle ; et puis une autre meule encore prend feu, et puis une autre, et puis une autre, et, jusqu’à l’horizon, la plaine s’allume : une tourmente de sang et d’or éclate sous le ciel rouge… Mais la neige et la pluie sont plus émouvantes dans leur monotonie interminable, dans leur lenteur et leur régularité ; elles semblent avoir subi l’impulsion de quelque fatalité obscure. […] Dans la lutte ardente et l’ivresse du sang, il a songé « qu’à travers le bois sombre son âme le suivait peut-être comme une ombre ». […] Un océan de sang, de haine et de fange environne le merveilleux séjour, et, du flux de ses flots noirs et de son farouche ressac, montent, dans le vacarme et la huée, les couples humains, oublieux de l’ombre tumultueuse dont ils s’évadent, enivrés de l’hymne de leur âme.
Il se noyait dans le sang, pour le salut de la patrie. […] Du sang, de la volupté et de la mort.) […] je veux te revêtir de la plus rouge des pourpres, dussé-je en teindre la soie avec le sang de mes veines. […] Où et quand put-il, nettoyé du sang de l’ennemi, traîner vers sa couche, comme une proie de guerre, ta dernière fille, ô divin Soleil ? […] Il cédait bonnement à l’instinct, à la joie de vivre, à l’enchantement des formes et des couleurs, à la sensualité d’un sang jeune et d’une imagination vive.
Ces deux mots reviennent souvent, et aussi les ors, les pourpres, les lis, les roses, le lait, le sang, la flamme, la neige, les diamants, les perles, les étoiles. […] Le zélé recruteur des larmes par la joie, L’Amour, guette en mon sang une postérité. […] La question est de savoir s’il leur infuse assez de sang pour qu’ils vivent. […] Il cherche à l’avilir ; il s’attarde aux bas-fonds de la bête humaine, au jeu des forces du sang et des nerfs en ce qu’elles ont de plus insultant pour l’orgueil humain. […] Et c’est même assez étonnant chez ces hommes de sang lourd, éreintés de travail, dans un pays pluvieux et froid.
Une nation n’a pas versé pendant trente ans le plus précieux de son sang pour une révolution purement passagère. […] Cet exemple donne une idée de cette critique à l’eau de rose, bien digne de la société superficielle et bourgeoise à laquelle elle s’adressait, et incapable par conséquent de régénérer le sang de la jeunesse littéraire. […] Son héros scandinave, Han d’Islande, n’est pas un conseiller-intime illuminé ou un musicien mystique, comme les héros d’Hoffmann, pas même un brigand excentrique et sentimental comme tel personnage de Nodier, mais un monstre moitié homme moitié tigre, un hideux Caliban qui boit du sang humain dans le crâne de ses victimes, et qui tue tout un régiment pour satisfaire à sa vengeance. […] Et tandis qu’affamés, avec des cris vainqueurs, À tes sources sans fin désaltérant nos cœurs, Pour en faire plus tard notre sang et notre âme, Nous aspirons à flots ta lumière et ta flamme, Les feuillages, les monts, les prés verts, le ciel bleu, Toi, sans te déranger, tu rêves à ton Dieu ! […] L’ange exterminateur te vit avec surprise Faire jaillir encor, pour te vendre au Damné, Une goutte de sang de ton bras décharné.
Ce goût du sang lui est si naturel que, loin de s’en excuser, il s’en vante. […] Mon cœur est pur de crimes, et mes mains de sang innocent. […] Il courut revoir les lieux bienveillants où il s’entretenait avec le jeune amoureux. « Le seuil sur lequel les enfants du voisin avaient joué tant de fois était souillé de sang. […] Son héros se tire aussi un coup de pistolet, mais son arme est chargée de sang de coq, en sorte qu’il en est quitte pour quelques taches. […] Et pouvait-il s’infuser mieux que du sang terrestre dans les veines animées ?
Encore est-il que son sentiment est très bon. « Les Huguenots, sans doute, ont été enivrés de fanatisme et souillés de sang comme nous ; mais la génération présente est-elle aussi barbare que leurs pères ? […] On assurait qu’elles avaient répandu beaucoup de sang. […] Que vous avez toujours été intolérants et cruels ; que vous avez forcé le gouvernement romain, ce gouvernement le plus humain de la terre, à vous persécuter, lui qui donnait une liberté entière aux Juifs et aux Egyptiens ; que votre intolérance n’a servi qu’à verser votre sang et à faire verser celui des autres hommes, vos frères ; et que vous êtes coupables, non seulement des meurtres dont vous avez couvert la terre, mais encore de votre propre sang qu’on a répandu autrefois. […] Le Deutéronome dit expressément : « J’enivrerai mes flèches de leur sang ; mon épée dévorera leur chair et le sang des meurtris ; on me présentera leurs têtes nues. » Presque tous les cantiques juifs que nous récitons dévotement (quelle dévotion !) […] Le curé, signalé par Voltaire, qui voulait baigner ses mains dans le sang des Jansénistes, je gagerais qu’il lût la Bible plus que l’Évangile.
Il a une sinistre façon de réclamer, pour certains épisodes de sa combinaison tactique, des « torrents de sang ». […] Pour prévenir la guerre, nos rois, « économes du sang français », ont pratiqué résolument cette politique : affaiblir l’Allemagne et, à cette fin, la diviser. […] … Oui, par les mêmes qui mettent la Belgique à feu et à sang ! […] Il y a dans leur sang le sang de cette famille qui fut tout affolée par les hérésies ; et, il y a dans leur souvenir, dans leur incessante hantise, les convulsionnaires du charnier Saint-Médard. […] » Or, sa légende lui impute la responsabilité première du sang versé dans les combats que sa politique n’a pas su prévenir.
. — « Un jour, en effet, observe notre confrère Charles Maurras, le poète de l’Occident épousa ce fils du soleil, le docteur Mardrus, né au Caire d’une famille orientale. » Belle union, vraiment faite pour rajeunir le sang des races… que ne l’imite-t-on plus souvent dans l’ordinaire de la vie, où nous voyons des enfants de frères unis par le mariage et voués à faire souche de dégénérés ! […] Bien que frappé avant la vieillesse, il vécut assez pour voir s’épanouir chez une enfant de son sang des dons littéraires qui venaient confirmer le sens du dicton : Bon sang ne peut mentir. […] A parler franc, si nous poussons l’analyse jusqu’à ses conséquences extrêmes, nous ne produisons à la lumière du jour que ce qui est en nous, à tel point que les mêmes séries d’images, enregistrées en des cerveaux si proches par le sang que ceux d’un père et d’une fille, puis renforcées encore par l’hérédité, peuvent donner naissance à deux formes d’art aussi différentes que celles de ce père et de cette fille : d’une part, la poésie la plus voulue, la plus purement extérieure, la plus froide qui fut jamais ; de l’autre, une prose, colorée sans doute, riche d’images empruntées à la vie objective, mais qui sans trêve évoque les mouvements passionnés de l’âme, et nous les rend présents par l’ardeur dont elle les décrit. […] Pourtant la différence de méridien fait couler dans ses veines un sang plus impétueux et, quand il traduit son désir, c’est en des termes qui de deux tons au moins montent Fortunio : « J’ai dix-neuf ans et je voudrais vous protéger, me dévouer pour vous » : voilà bien Fortunio. […] D’où leur propension aux larmes… les larmes, signe de faiblesse, qui dans leurs yeux deviennent un instrument de force… les larmes dont Jean Paul disait : « C’est leur sang de saint Janvier avec lequel elles accomplissent leurs miracles… » les larmes, à propos desquelles un évêque, qui dans la pratique de la confession avait pris d’excellentes vues sur la psychologie féminine, faisait cette observation : « Les petites filles aiment tant à pleurer que j’en ai connu qui allaient pleurer devant un miroir pour jouir doublement de leur état. » Faut-il insister sur ce qu’il y a de saisissant dans cette notation, propre à ravir un psychologue ?
Ces messieurs veulent que soit considéré de sang-froid ce qu’un sang, tant soit peu chaud ne saurait se rappeler sans flamber. […] La tranche de vie, son sang dégouline aux commissures des lèvres de qui s’en repaît. […] Tandis qu’Œdipe, dans le sang de son père, trouve la pourpre de son temps royal, et, dans les bras de sa mère, s’initie à la volupté, Jésus, lui, au contraire, de sa chasteté, de ses supplices, glorifie son père8. […] Mais, ici, le déterminatif abstrait n’a pas à faire le vampire, à vider de leur sang, pour les momifier l’homme et ceux de ses besoins qu’un vocabulaire abusivement analytique taxe d’immatériels. […] Phrase extraite du « Discours prononcé à l’hôtel-de-ville de Paris le 25 février 1848 » : « Le drapeau rouge, que vous-même rapportez, n’a jamais fait que le tour du Champs-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 1791 et 1793, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ».
Beaucoup d’exercices propres accroître l’agilité et la vigueur y sont inconnus ; en revanche, on y fait entrer des exercices d’armes, le duel jusqu’au sang, le tir de l’arc, le jet de la pique. […] De loin en loin on les lâche en embuscade sur les chemins, et ils tuent le soir les Ilotes attardés ; il est utile d’avoir vu le sang et de s’être fait la main d’avance. […] Pour y arriver, ils s’y prenaient dès avant la naissance, et, tout au contraire des autres Grecs, ils préparaient non-seulement l’homme, mais la femme, afin que l’enfant héritier des deux sangs reçût de sa mère aussi bien que de son père le courage et la vigueur50. […] On y voit la tradition du sang, l’effet de l’éducation, le goût populaire et universel du beau, toutes les origines de la parfaite sculpture. […] De même le fleuve irrité contre Achille : « Le Xanthe parla ainsi et se rua sur lui, tout bouillonnant de fureur, plein de bruit, d’écume, de sang et de cadavres.
Si je mets le pied hors de chez moi, j’ai du sang jusqu’à la cheville. J’ai beau secouer en rentrant la poussière de mes souliers, je me dis comme Macbeth : Ce sang ne s’effacera pas.
Ces deux femmes idolâtrent ce roi de leur sang dont elles sont glorieuses ; elles débordent sitôt qu’elles parlent de lui. […] Seullement le peult sçavoir vostre esprit et amour pour estre perpetuellement escripte au pappier de vostre chair, par l’ancre de vostre sang ; commung à vous C.
. — Justement, voici que les plus nobles mains du royaume s’étendent pour les recevoir, nobles, princes du sang, états provinciaux, assemblées du clergé, au premier rang le roi, qui, étant le plus besogneux de tous, emprunte à dix pour cent et est toujours en quête de nouveaux prêteurs. […] Le sang bouillonne à la seule idée qu’il fut possible de consacrer légalement à la fin du dix-huitième siècle les abominables fruits de l’abominable féodalité… La caste des nobles est véritablement un peuple à part, mais un faux peuple qui, ne pouvant, faute d’organes utiles, exister par lui-même, s’attache à une nation réelle, comme ces tumeurs végétales qui ne peuvent vivre que de la sève des plantes qu’elles fatiguent et dessèchent. » — Ils sucent tout, il n’y a rien que pour eux. « Toutes les branches du pouvoir exécutif sont tombées dans la caste qui fournit (déjà) l’église, la robe et l’épée.