« Mais pourtant dans cette décadence certainement partielle et dans ce verbiage, surtout en certains sujets d’opéra, combien leur forme et leur manière viennent aux Italiens à propos, Bellini en donne la preuve dans la norma, sans contradiction une de ses compositions les plus réussies ; dans cette pièce où le poème même s’élève à la hauteur tragique des anciens grecs, cette forme que Bellini en même temps aussi relève et anoblit, rehausse le solennel et grandiose caractère du tout ; toutes les passions que son chant transfigure si singulièrement, reçoivent par cela même un fondement majestueux, sur lequel elles ne flottent pas vaguement, mais se forment en un grand et clair tableau qui, involontairement, rappelle les créations de Gluck et de Spontini.
Mais pourtant (parce que le Savoir donné à qui ne le mérite pas en s’élevant vers lui de toute sa volonté et d’une apte intelligence, est le pire des maux) ne se doit-il à tous : se rappelant que la Multitude qui vit surtout des sens et des instincts, s’enorgueillit en elle-même du Savoir qu’elle reçoit, d’autant qu’elle ne le perçoit pas.
Comme un mouvement transmis des roues petites aux plus grandes, puis au volant, qui le renvoie à toute la machine et la règle par l’allure qu’il en reçoit, nous avons suivi les trois tendances formelles de l’esprit de M.
Ou bien le monde extérieur existe, et les impressions que nous en recevons sont conformes à leur objet, les phénomènes sont en soi ce qu’ils nous semblent être, ils seraient encore tout ce qu’ils sont si nous n’existions pas nous-mêmes ; — et c’est une seconde solution.
C’est un enfant : Ma couardise est extrême D’avoir eu le moindre effroi ; Que serait-ce si, chez moi, J’avais reçu Polyphème ?
Celle-ci, malade, un peu morose, vieillie (quarante-six ans), le reçoit assez mal, très froidement. […] Rien n’altérait dans l’esprit de Maupassant la translucidité de la vitre, ou la limpidité du miroir, selon qu’il se bornât à recevoir, ou qu’il prît la peine de renvoyer. […] Couleurs et sonorités, ce n’est pas tout M. de Heredia, et je crois que je le montrerai plus loin ; mais c’est bien ses deux qualités, essentielles et les deux dons tout particuliers qu’il a reçus. […] Bergeret est capable d’en recevoir et d’en faire son profit ; car c’est un esprit réfléchi. […] Je suis très bien reçu chez le duc, très bien ; mais cependant comme un simple prêtre, bien obscur.
Les uns reçoivent en eux, comme une ombre, le mystère qu’ils n’y connaissaient pas, et les seconds teignent de leur obscurité propre les paroles auxquelles ils l’imputent. […] La logique De cette vie intérieure, des tendances poétiques auxquelles elle donne et dont elle reçoit naissance, doit procéder l’habitude systématisée de l’esprit que l’on appelle une logique. […] Toute cette partie de l’activité intérieure qui pourrait recevoir ce nom : le recours à du futur, demeure au contraire très aiguë chez Mallarmé. […] Flaubert rêvait et commença un Dictionnaire des Idées reçues, dont il disait : « Il faudrait qu’une fois qu’on l’aurait lu, on n’osât plus parler, de peur de dire naturellement une phrase qui s’y trouve112. » Il semble que toujours Mallarmé sur sa table ait, pour le glacer, la place de ce Dictionnaire : « On ne doit s’attarder même à l’éternel plus que l’occasion d’y puiser ; mais, je précise, atteindre tel style propre autant qu’il faut pour illustrer un des aspects et ce filon de la langue : sitôt recommencer, autrement, en écolier, quand le risque gagnait d’un pédant, — ainsi déconcertant au haussement d’épaules la génuflexion par certains essayée113. » Certes, ce renouvellement perpétuel n’a rien d’humain. […] La personnalité de l’art, l’horreur de l’inspiration reçue aussi bien que de celle communiquée, il les a poussées, elles aussi, à leur extrémité absolue, à leur hyperbole de poésie pure.
Il reçoit en plus, pour frais de représentation, l’année où il est président de la Confédération, une somme de 1 500 francs. […] Vous vous rappelez, mon cher Millerand, l’intérieur modeste et charmant où nous reçut, par un jour neigeux d’avril 1890, le président de la Confédération. […] Elle le salue, lui dit quelques mots, reçoit un bouquet que l’empereur lui donne et disparaît. […] La villa Bon-Accueil, la bien nommée, c’est la retraite hospitalière où chaque dimanche, à Sèvres, au milieu de ses fleurs, de ses beaux enfants, de ses chiens, qui faisaient presque aussi partie de la famille, le doux et rude burineur des Va-Nu Pieds recevait ses confrères, les artistes de la plume, du pinceau, du maillet.
Je blesse souvent ainsi des conventions reçues, des idées établies, les préjugés et le qu’en-dira-t-on dans lesquels la société vit tant bien que mal, qu’elle ne veut pas se voir reprendre, parce qu’elle en a l’habitude et parce qu’elle a horreur du dérangement. […] Il a reçu la même culture qu’eux — plus forte peut-être — à cause de ses exceptionnelles facilités d’érudit, d’une infatigable curiosité de toutes les choses écrites, d’une puissance de travail sans égal, d’une mémoire infaillible, il a grandi au milieu des mêmes circonstances, sous les mêmes influences. […] Ce cavalier, vous le savez, c’était la Raison : non pas, je n’ai pas besoin de vous le dire, la Raison dont la Révolution fit une déesse et qui n’était qu’une fille très dégénérée de l’autre ; et pas davantage une raison particulière, « la mienne ni la vôtre, avec les différences qu’elle reçoit du caractère de chacun, du pays, du temps, mais la raison universelle, impersonnelle et absolue12 » ; c’est-à-dire une raison infaillible, toujours sûre d’elle-même, procédant avec certitude au nom de l’humanité la raison, enfin, qu’il faudrait pour faire de la critique objective… Mais ce n’est pas tout. […] Les fièvres de leur temps en décidèrent autrement : ils furent jetés dans la philosophie politique et dans l’action, où leur génie reçut une autre trempe, où chacun fit son œuvre. […] Et les grands courants intellectuels ne sont produits que par la collaboration tacite de ceux qui reçoivent et de ceux qui donnent, des ignorants et des savants, de même que dans les grandes entreprises, qui percent les isthmes ou les montagnes, il y a les épargnes du pauvre et les capitaux du riche.
C’est l’impression que cause, par exemple, dans le Capitaine Renaud, la belle scène du pape et de l’empereur ; on n’ose s’y confier comme à la vérité même, malgré l’émotion qu’on en reçoit.
Cet esprit poétique s’était embarrassé, de gaieté de cœur et jusqu’à épuisement, dans une forme artificielle, dans un labyrinthe de subtilités d’où il avait toutes les peines du monde à se tirer, et d’où il ne se tirait même pas, s’il n’avait reçu un heurt violent et un vigoureux coup de coude venu d’ailleurs.
J’aime à me retracer encore aujourd’hui la mémoire des sites et des impressions que j’y recevais des lieux, des noms et des chants sacrés.
Le tambour de la coupole (la partie cylindrique) est percé de seize fenêtres ; c’est à travers ces fenêtres qu’en se promenant au Pincio on aperçoit quelquefois le soleil qui se couche. » XVI Depuis la base des piliers jusqu’à la cime de cinq cents pieds de la coupole, abîme de vide, les murailles élèvent avec elles jusqu’au faîte le miracle de tous les arts : chapelles, tombeaux, figures, peintures, mosaïques, balustrades de marbres précieux, symbole du crucifié, anges qui l’assistent sur la terre ou qui le reçoivent dans son éternité.
Si je mendiais pour moi, je serais un voleur du travail des hommes ; mais en mendiant pour vous, je ne serai qu’une des mains de Dieu qui reçoit du cœur pour rendre à la bouche.
L’homme de lettres, l’artiste, celui qui, par métier, observe, analyse et exprime ses propres sentiments et par là développe sa capacité de sentir, reçoit de tout ce qui le touche et, en général, du spectacle de la vie des impressions plus fortes et plus fines que le vulgaire : ce n’est pas là, j’imagine, une infériorité pour l’artiste, même en admettant que cette impressionnabilité excessive ne soit qu’un jeu divin, une duperie volontaire et intermittente et qui ne serve qu’à l’art.
Il n’est point civilisé ; il ignore les codes et la morale reçue.
Vendredi 13 septembre Ce matin, j’ai reçu la visite d’une Russe très distinguée, d’une comtesse Tolstoï, d’une cousine de l’écrivain, qui avait fait demander le bonheur de voir l’auteur de Renée Mauperin.
Il ne recevait ses impressions que lentement, mais les retenait opiniâtrement, et il en résultait toujours un plaisir physique des plus prononces.
On eût pu croire, s’il en avait mis, au prestige de ce talent qui est une magie et dont on ne reçoit jamais impunément la dangereuse impression, quoiqu’on sache très bien que c’est une magie… Le talent !
Le sentiment chrétien pénètre cette généreuse nature, apte à recevoir dans son giron tout ce qui est noble, chaste et grand, ce bon génie aussi chaud et aussi délicat qu’un bon cœur !
Mais ceci vaut encore mieux, et va plus loin, si je ne me trompe : Quelque éclat qu’un écrivain ait fait durant sa vie, quelques éloges qu’il ait reçus, on ne peut pas pour cela infailliblement conclure que ses ouvrages soient excellents. […] Mais, en tant que la religion ou la superstition de la nature est bien l’idée du xviiie siècle, c’est plutôt Diderot, puisque c’est L’Encyclopédie, qui l’a fait pénétrer dans les esprits, qui les a rendus propres à la recevoir, qui les en a finalement et pour ainsi dire imbus. […] J’ajouterai que, dans les dernières années du xviiie siècle, une raison puissante, secrète, et intérieure, équilibra l’influence de ce naturalisme, surtout au point de vue littéraire, et vint en entraver le développement. « Ce n’est peut-être sans une raison profonde, a dit quelqu’un, qu’au moment où le catholicisme a reçu son premier grand ébranlement, au xvie siècle, l’humanisme a pris naissance, comme par une sorte de contrepoids. […] J’insiste sur ce point, parce que la plupart des historiens de la littérature — pour se donner à eux-mêmes des facilités de composition plus grandes, — non seulement, quand ils rencontrent un grand écrivain sur leur route, et eût-il, comme Voltaire, écrit soixante ans, ils l’expédient ; mais encore ils nous reprochent de le diviser, comme si son œuvre, mêlée à la vie et à l’œuvre de ses contemporains, n’en avait pas reçu autant qu’elle leur a donné. […] Si deux écrivains ont vécu dans le même temps, s’ils ont reçu la même éducation générale, s’ils ont touché les mêmes sujets, ou des sujets analogues, s’ils ont l’un et l’autre la réputation d’y avoir excellé, comme Bossuet et comme Pascal, retrouverons-nous dans les Sermons de l’un son admirable équilibre d’esprit, ou, dans les Pensées de l’autre, les stigmates, pour ainsi parler, de ses longues souffrances ?
Après avoir reçu de l’œil une quantité donnée de vibrations, l’esprit s’empare de ces ébranlements pour leur imprimer sa forme, les classer et les résoudre en objets, de même que l’appareil digestif ajoute ses sucs aux aliments ingurgités, pour collaborer à la formation du chyle. […] « C’est vers la terre que son instinct profond le porte… Il ouvre donc en elle un sillon pour y poser ses morts, comme pour y mettre le blé de l’an futur, et la terre reçoit le cadavre ainsi qu’une semence. » C’est qu’une race de constructeurs sait le prix de la terre ; celle-ci nous retient par les liens du sang. […] Chaque adversaire reçoit autant de coups qu’il en donne et la victoire n’est nulle part : Bien mieux, la littérature qui jusqu’à ce temps requérait, comme vertus cardinales, le désintéressement et la franchise, se trouve amoindrie et rejetée au second plan. […] — Il nous dira, je pense, comment le public l’aura reçu. […] Ces idées nous sont aujourd’hui familières, mais rappelons-nous qu’à l’époque où Mockel les exposait, à l’occasion de ces deux grands poètes, elles étaient encore peu courantes et n’avaient pas reçu de confirmation officielle.
Au couple d’idées abstraites associées dans notre esprit correspond, trait pour trait, un couple de caractères abstraits associés dans la nature ; désormais, à chaque cas nouveau que nous observons, notre proposition reçoit une justification nouvelle, et la loi énoncée ne rencontre plus d’exceptions. — Au bout d’un temps fort long, après beaucoup de correspondances ainsi vérifiées, les hommes de certaines races et de certaines civilisations, les Européens modernes par exemple, ont fini par croire qu’il en est ainsi dans tous les cas, que telle est la constitution des choses, que toute la nature est régie par des lois, que tout son cours est uniforme, qu’en tout temps et en tout lieu, dans le monde moral et dans le monde physique, tout caractère donné a des conditions dont la présence entraîne sa présence. […] Tels sont les fameux axiomes métaphysiques d’identité et de contradiction. — Le premier peut s’exprimer ainsi : si dans un objet telle donnée est présente, elle y est présente. — Le second peut recevoir cette formule : si dans un objet telle donnée est présente, elle n’en est point absente ; si dans un objet telle donnée est absente, elle n’y est point présente. — Comme les mots présent et non absent, absent et non présent sont synonymes, il est clair que, dans l’axiome de contradiction aussi bien que dans l’axiome d’identité, le second membre de la phrase répète une portion du premier ; c’est une redite ; on a piétiné en place. — De là un troisième axiome métaphysique, celui d’alternative, moins vide que les précédents ; car il faut une courte analyse pour le prouver ; on peut l’énoncer en ces termes : dans tout objet, telle donnée est présente ou absente. — En effet, supposons le contraire, c’est-à-dire que dans l’objet la donnée ne soit ni absente ni présente.
. — Chaque fois qu’on te méconnaît, chaque fois qu’on t’outrage, si tu n’es pas un faible, tu t’instruis par les blessures reçues ; et l’expérience acquise de la sorte te vaut une énergie nouvelle pour l’affirmation de la vérité que tu portes en toi, Si tu détestais ceux que ta science de la vie offusqua, si, sous prétexte qu’ils ne t’ont pas compris de prime abord, tu te contentais de leur rendre coup pour coup, tu resterais inférieur — à leur niveau. […] Préparez-vous à les recevoir comme il sied. […] D’ailleurs, nous sommes enchantés de visiter ce splendide palais où les arts et l’hospitalité se donnent la main pour nous recevoir.
Ce qui en ressort, en effet, et avec une évidence entière, c’est que, si chacun d’eux a sa conception personnelle de l’histoire, ils n’en croient pas moins, tous ensemble, très fermement, qu’il existe une certitude historique ; une vérité, que l’on peut atteindre ; et qui sans doute n’est pas nécessairement contraire, mais qui peut aussi n’être pas conforme aux impressions que nous recevons des faits. […] L’Obéissance passive ; Toulon ; L’Expiation] ; — où non seulement on saisit, — mieux encore que chez le poète indigné des Ïambes, — la parenté de la satire et du lyrisme ; — mais encore où l’on surprend le passage du mode lyrique au mode épique. — Il semble d’abord qu’on les voie moins bien dans les Contemplations, 1856. — Mais il faut observer que, si les Contemplations n’ont paru qu’en 1856, — tout un volume en est antérieur à 1848 [Cf. notamment À Villequier, et toutes les pièces sur la mort de sa fille] ; — et des pièces comme Horror ou Les Mages relient déjà la deuxième à la troisième manière du poète. — Au contraire la Légende des siècles, 1859, — est tout à fait caractéristique de cette seconde manière ; — et bien que lyrique encore, ou satirique [Cf. le début de La Rose de l’Infante] ; — en tant qu’Hugo n’y oublie point ses rancunes, ou ses haines ; — cette seconde manière est plutôt épique ; — si, par exemple, on ne voit point que le poète ait eu d’autre raison d’écrire son Booz endormi, — et quelques autres pièces de même nature, — que la tentation d’y réaliser sa vision des temps écoulés. — Il ne décrit point pour décrire ; — mais les choses l’intéressent en elles-mêmes pour ce qu’elles sont ; — et, parce qu’elles sont ; — et, telles enfin qu’elles furent. — Il s’occupe même des choses qui ne l’intéressent point personnellement ; — ce qui serait la définition même de la description épique ; — si d’ailleurs, comme au temps des Orientales, Hugo ne demeurait trop indifférent à la « vérité pure » de ces choses ; — et ne continuait à les représenter telles qu’il se les imagine ; — sans jamais éprouver de doute sur l’infaillibilité de son imagination. — C’est ce qui lui arrive également dans les Chansons des Rues et des Bois, 1865 ; — qui retournent au lyrisme, par le caprice ou la « folâtrerie » souvent énorme de l’inspiration ; — par la variété de l’exécution ; — et par la liberté qu’il s’y donne de ne recevoir et de ne respecter aucune contrainte. […] Darwin, — l’Origine des espèces, 1858, dont le retentissement est considérable dans le monde entier. — On le traduit aussitôt [Mlle Clémence Royer] en français ; — et Flourens le réfute pitoyablement. — Mais les études d’histoire naturelle en reçoivent une extraordinaire impulsion ; — et par elles les idées « naturalistes » en critique et en art, — semblent avoir reçu un accroissement d’autorité. — En France comme en Angleterre, et comme en Allemagne, — le livre de Darwin substitue « la science biologique » à « la science mathématique » comme type de la science.
Ainsi la consanguinité du fils avec le père et la mère, consanguinité aussi mystérieuse dans l’âme que dans les veines ; ainsi la loi de solidarité génératrice, qui enchaîne la cause à l’effet dans les parents, et l’effet à la cause dans les enfants ; ainsi la loi d’équité, autrement dit la reconnaissance, qui impose l’amour, non seulement affectueux, mais dévoué, au fils, pour la vie, l’allaitement, les soins, la tendresse, l’éducation, l’affection souvent pénible dont il a été l’objet dans son âge de faiblesse, d’ignorance, d’incapacité de subvenir à ses propres besoins ; ainsi la loi de mutualité, qui commande à l’homme mûr de rendre à sa mère et à son père les trésors de cœur qu’il en a reçus enfant ou jeune homme ; ainsi la piété filiale, nommée de ce nom dans toutes les langues pour assimiler le culte obligatoire et délicieux des enfants envers les auteurs de leur vie et les providences visibles de leur destinée au culte de Dieu !
Les habitants du château de V***, près de Coppet, chez lesquels j’ai reçu par aventure une hospitalité si imprévue et si maternelle, sont aussi ennemis de Bonaparte et de la tyrannie que tes oncles et les miens.
Au reste, j’en suis maintenant là que je vois, ce me semble, assez bien de quel biais on se doit prendre à faire la plupart de celles qui peuvent servir à cet effet : mais je vois aussi qu’elles sont telles, et en si grand nombre, que ni mes mains ni mon revenu, bien que j’en eusse mille fois plus que je n’en ai, ne sauraient suffire pour toutes ; en sorte que, selon que j’aurai désormais la commodité d’en faire plus ou moins, j’avancerai aussi plus ou moins en la connaissance de la nature : ce que je me promettais de faire connaître par le traité que j’avais écrit, et d’y montrer si clairement l’utilité que le public en peut recevoir, que j’obligerais tous ceux qui désirent en général le bien des hommes, c’est-à-dire tous ceux qui sont en effet vertueux, et non point par faux semblant, ni seulement par opinion, tant à me communiquer celles qu’ils ont déjà faites, qu’à m’aider en la recherche de celles qui restent à faire.
Puis ce fut avec Raphaël et les Vénitiens un ressaut du réalisme ; le corps humain, naguère ignoré, avait apparu, et ces peintres témoignèrent la vision éblouie qu’ils en avaient reçue.