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2316. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Ce discours m’en rappelle un autre à peu près semblable, que j’ai souvent entendu tenir à un étranger, homme d’esprit, établi en France depuis assez longtemps ; il m’a plusieurs fois avoué qu’il ne sentait pas le mérite de La Fontaine.

2317. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

J’ai rappelé ce fait vieux de plus de trente années, parce qu’il a consacré d’une manière éclatante la naissance de ce sentiment nouveau et incomparablement fécond de la solidarité ; solidarité par-delà les territoires, ces frontières artificielles, et par-delà les races, ces frontières naturelles.‌

2318. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Bornons-nous à rappeler : 1° que cette théorie ne se dégage nullement des faits ; 2° qu’on en retrouve aisément les origines métaphysiques ; 3° que, prise à la lettre, elle serait contradictoire avec elle-même (sur ce dernier point, et sur l’oscillation que la théorie implique entre deux affirmations contraires, voir les pages 203-223 de L’Énergie spirituelle).

2319. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Aime-t-il la gloire, lorsque, pour une injure particulière, il accuse les dieux et les hommes, se plaint à Jupiter de son rang élevé, rappelle ses soldats de l’armée alliée, et que, ne rougissant point de se réjouir avec Patrocle de l’affreux carnage que fait Hector de ses compatriotes, il forme le souhait impie que tous les Troyens et tous les Grecs périssent dans cette guerre, et que Patrocle et lui survivent seuls à leur ruine ?

2320. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Cette parole va bien aux royales filles de Cadmus : elles souffrirent grandement, mais le poids de leur douleur tomba devant des félicités pins grandes23. » N’y a-t-il pas là toute la solennité pathétique dont l’éloquence sacrée rehaussait les vicissitudes de la royauté, proscrite, ou rappelée dans cette île britannique plus agitée en sa terre et dans ses ports que l’Océan qui l’environne  ?

2321. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Il n’y a qu’une tasse dans la maison, et, pour l’avoir, il faut attendre que les muletiers s’en soient servis. » L’aspect est celui d’un campement asiatique, et, dans les villes, les fritures, les ordures et les boucs rappellent la négligence d’une cité d’Orient. […] Je me rappelle encore le sentiment de tristesse morne que cette Champagne mettait en moi. […] En 1818, la République déclara qu’ils étaient séparés ; nous nous rappelons tous l’acclamation universelle, le sentiment de joie profonde qui accueillit le manifeste de M. de Lamartine aux puissances. […] Par conséquent, rassemblons nos souvenirs et rappelons toute notre expérience pour nous figurer le moins inexactement possible ces quatorze premiers, leur état d’esprit, le nombre de leurs idées, les limites et la portée de leur intelligence. […] Il aimait le plein jour, les horizons sereins et lumineux, et l’on a de lui des paysages nocturnes, des ciels brouillés, Penthée, le Bon Samaritain, les Deux Centaures, dont l’énergie dramatique, grandiose et douloureuse rappelle la manière de Decamps.

2322. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

83 N’est-ce pas le mot de l’autre, lorsqu’il rompt une conversation désagréable en remarquant qu’il est « trois heures et demie », et que « certain devoir pieux le rappelle là-haut ?  […] Boileau n’en sait rien, il se contente d’un mot général, il ne voit pas le détail réel de leurs journées. « Jamais de repos » : ils se lèvent avant le jour, à trois heures du matin souvent, dans l’aube froide et humide. « Point de pain quelquefois : « rappelez-vous que souvent ils sont morts de faim sous Louis XIV, et que Mme de Maintenon en 1700 mangea du pain bis.

2323. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Rappelez-vous Froissart, et comment les égorgements, les assassinats, les pestes, les tueries de Jacques, tout l’entassement des misères humaines disparaît chez lui dans la belle humeur uniforme, tellement que les figures furieuses et grimaçantes ne semblent plus que des ornements et des broderies choisies pour mettre en relief l’écheveau des soies nuancées, et colorées qui fait la trame de son récit. […] Rappelez-vous les portraits du franklin, du meunier, du moine mendiant et de la bourgeoise.

2324. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

J’évoque, je compare mes souvenirs : je me rappelle que partout, dans le monde organisé, j’ai cru voir cette même sensibilité apparaître au moment précis où la nature, ayant conféré à l’être vivant la faculté de se mouvoir dans l’espace, signale à l’espèce, par la sensation, les dangers généraux qui la menacent, et s’en remet aux individus des précautions à prendre pour y échapper. […] Le plus souvent, ces souvenirs déplacent nos perceptions réelles, dont nous ne retenons alors que quelques indications, simples « signes » destinés à nous rappeler d’anciennes images.

2325. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Regardez maintenant ce qu’entre ces mains flétrissantes deviennent les plus précieuses fleurs. « La musique, la peinture, la poésie, sont agréables comme imitations qui rappellent le passé, parce que, si le passé à été bon, il est agréable en imitation comme bon, et que, s’il a été mauvais, il est agréable en imitation comme passé. » C’est à ce grossier mécanisme qu’il réduit les beaux-arts ; on s’en est aperçu quand il a voulu traduire l’Iliade. […] Un peu après, la pensée se reporte vers les superstitions du moyen âge ignorant et vers les excès de la révolution récente ; puis vient l’idée d’une chasse royale ; on voit le cerf inquiet arrêté au milieu du feuillage. « Il se rappelle sa force, puis sa vitesse ; ses pieds ailés, puis sa tête armée, les uns pour fuir son destin, l’autre pour l’affronter624 » ; il fuit pourtant, et les chiens aboyants le pressent. […] Lorsqu’il voit la Tamise se jeter dans la mer, il la compare « à la vie mortelle qui court à la rencontre de l’éternité. » Le front d’une montagne battue par les tempêtes lui rappelle « la commune destinée de tout ce qui est haut et grand. » Le cours du fleuve lui suggère des idées de réformation intérieure. « Ah ! […] Lady Touchwood, sur la scène, veut poignarder son amant636 ; Coupler, sur la scène, a des gestes qui rappellent la cour de notre Henri III.

2326. (1899) Arabesques pp. 1-223

Aussi, bien qu’elle se veuille rattacher à « la bonne époque », elle rappelle plutôt les Philétas, les Callimaque et les Apollonius du cycle alexandrin que les Sophocle, les Pindare et les Simonide. — Elle restera une curiosité de bibliothèque. […] François Lattard rappelle la phrase de Villiers : « Il faut écrire pour le monde entier », et il ajoute : « Que ceux qui portent le Verbe le fassent flamboyer comme une torche justicière sur les côtés pourrissants de notre état social, qu’ils donnent leur effort constant à indiquer la blessure et le remède pour la guérir. […] « Ô père, lui dis-je, une fois de plus, je suis venu vous rendre visite afin que vous me rappeliez vos luttes et votre victoire. […] « Je m’assis et, de mes yeux obscurcis, des larmes lentes, pénibles, commencèrent à s’exprimer une à une. — La nature m’avait trop rappelé l’histoire.

2327. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Maurel rappelle heureusement à ce sujet ce mot de Mme de Sévigné, qui disait qu’en répondant a Je.

2328. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Il y a eu depuis cette interdiction et au lendemain, dans votre Assemblée, plusieurs séances des plus intéressantes et même mémorables : je rappellerai seulement la discussion sur la loi militaire, si nourrie, si éloquente.

2329. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Rappelez-vous ce marquis dont on parlait tout à l’heure, ancien capitaine aux gardes françaises, homme de cœur et loyal, avouant aux élections de 1789 que les connaissances essentielles à un député « se rencontreront plus généralement dans le Tiers-état, dont l’esprit est exercé aux affaires ». — Quant à la théorie, le roturier en sait autant que les nobles, et il croit en savoir davantage ; car, ayant lu les mêmes livres et pénétré des mêmes principes, il ne s’arrête pas comme eux à mi-chemin sur la pente des conséquences, mais plonge en avant, tête baissée, jusqu’au fond de la doctrine, persuadé que sa logique est de la clairvoyance et qu’il a d’autant plus de lumières qu’il a moins de préjugés. — Considérez les jeunes gens qui ont vingt ans aux environs de 1780, nés dans une maison laborieuse, accoutumés à l’effort, capables de travailler douze heures par jour, un Barnave, un Carnot, un Roederer, un Merlin de Thionville, un Robespierre, race énergique qui sent sa force, qui juge ses rivaux, qui sait leur faiblesse, qui compare son application et son instruction à leur légèreté et à leur insuffisance, et qui, au moment où gronde en elle l’ambition de la jeunesse, se voit d’avance exclue de toutes les hautes places, reléguée à perpétuité dans les emplois subalternes, primée en toute carrière par des supérieurs en qui elle reconnaît à peine des égaux.

2330. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

XI Le ministère Polignac, préambule d’une révolution certaine, rappela M. de Chateaubriand à Paris.

2331. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Les mots les plus ordinaires ont été, dans ces dernières années, ou tellement détournés de leurs acceptions consacrées, ou étendus à tant d’autres sens, que dans un écrit où l’on prétend, peut-être à tort, exposer des doctrines, il est nécessaire de rappeler ces acceptions premières, ou de justifier celles qu’on y substitue.

2332. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

C’est du château de Légugé que Rabelais adresse à ce même Jean Bouchet, probablement au nom de l’évêque, une épître en vers, pour lui rappeler sa promesse de revenir, dans sept jours, se joindre à la docte compagnie.

2333. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Je ne rappelle pas cette anecdote pour l’agrément, mais pour rendre au plus populaire de nos rois un hommage qui lui est dû.

2334. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Enfermés dans ce petit espace de jours précaires et comptés, quand la vie n’est plus que le dernier combat contre la mort, il nous en rappelle le commencement et nous en cache la fin.

2335. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Les expressions mêmes de sa tendresse maternelle, par cette variété qui rappelle aux esprits prévenus la diversité laborieuse des formules de politesse dans les lettres de Balzac et de Voiture, ont paru trop sentir l’art pour venir toujours du cœur.

2336. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Rappelons-nous que notre supériorité en ce genre ne date guère que de quelques années.

2337. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Il faut rappeler le contexte littéraire.

2338. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

On se rappelle que le premier volume, dressé sur un plan identique (N°1 jusqu’à 3.372) a paru en 1879, à Leipzig.

2339. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

  Il seroit humiliant pour sa mémoire, de rappeler qu'il s'est exercé à des Opéra, & dans la Carriere des Malherbe & des Rousseau, avec aussi peu de succès dans l'un que dans l'autre genre.

2340. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Cette association des couleurs du printemps et des grâces de l’enfance rappelle et rassemble des idées d’espérance.

2341. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Vous savez que je pense comme vous et non comme elle… Tous ces hôtels, c’est bien curieux à suivre dans votre livre… Je me rappelle, quand nous sommes revenus de l’émigration, il y avait un cheval qui tournait une meule dans le théâtre de notre hôtel… Si vous aviez pu recueillir en province la tradition orale, hélas !

2342. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Il a une maison à lui, dont il se rappelle à peine le chemin, une maison toute pleine de tableaux, de dessins qui se piquent aux murs, restant des six mois sans voir leur possesseur.

2343. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

En trois heures, ni plus ni moins, vous voulez absolument tout le secret de cette âme, de cet esprit, de ce jeune cœur ; et quand enfin la charmante fille a tout dit, quand vous ne lui avez épargné aucune équivoque, quand elle s’est bien fatiguée à comprendre ou plutôt à deviner vos poètes comiques, vous la rappelez du fond du théâtre, vous voulez la revoir pour l’applaudir, vous êtes ivres de joie, et personne ne prend en pitié cette enfant, la voyant la proie et la victime de votre admiration !

2344. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Cette scène, dans laquelle Tersky, pour les amener à son but, leur rappelle tous les bienfaits qu’ils ont reçus de leur chef, bienfaits dont l’énumération seule forme un tableau piquant de l’état de cette armée, de son indiscipline, de son exigence et de l’esprit d’égalité qui se combinait alors avec l’esprit militaire ; cette scène, dis-je, est d’une originalité remarquable, et d’une grande vérité locale ; mais elle ne pouvait être rendue qu’avec des expressions que notre style tragique repousse.

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