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367. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

De nombreuses formes douteuses existent, qui ne sont probablement que des variétés ; mais qui nous assure que dans l’avenir un assez grand nombre de fossiles seront découverts pour que les naturalistes soient capables de décider, d’après les règles communes, si ces formes douteuses sont ou ne sont pas des variétés ? […] De même, nous pouvons comprendre comment il se fait que, dans toute région où plusieurs espèces d’un genre ont été produites et où elles florissent actuellement, ces mêmes espèces présentent de nombreuses variétés ; car, où la formation des espèces a été active, nous pouvons nous attendre, en règle générale, à la trouver encore en action : or, tel est en effet le cas, si les variétés ne sont que des espèces à l’état naissant. […] C’est une règle de haute généralité que les habitants de chaque contrée aient une parenté évidente avec les habitants de la contrée la plus voisine d’où il ait pu lui arriver des immigrants. […] Les règles de classement systématique deviendront sans nul doute plus simples, quand nous aurons un objet bien déterminé en vue.

368. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Pour rester dans les règles toutefois, il était convenable que le gouverneur stipulât directement, et en son nom, sa capitulation avec le marquis de Marignan ; mais au premier mot qui lui en fut dit de la part de ce dernier, il s’enflamma et parut se révolter, déclarant qu’il aimerait mieux perdre mille vies, et que le nom de Montluc ne se trouverait jamais en capitulation. […] Laissons la règle, et ne voyons que le cas en lui-même : il est singulier, il est unique peut-être, mais on regretterait de ne le point trouver. « En tout pourtant il y a du medium », a dit Brantôme.

369. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

On dînait autrefois avec le chapeau sur la tête, c’était la règle. […] Cependant il faut qu’il ait varié, car M. de Polastron m’a dit qu’à une des campagnes de M. le duc de Bourgogne, à la table de M. le duc de Bourgogne, on mangeait sans chapeau, et quand quelqu’un, ignorant cet usage, gardait son chapeau, on l’en avertissait ; et M. le maréchal de Boufflers, dans la même campagne, disait à ceux qui dînaient chez lui d’ôter leurs chapeaux parce qu’il faisait chaud, ce qui prouverait que la règle était de l’avoir.

370. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Avec les modernes, c’est tout différent ; et la critique, qui règle sa méthode sur les moyens, a ici d’autres devoirs. […] « La connaissance des esprits est le charme de la critique ; le maintien des bonnes règles n’en est que le métier et la dernière utilité. »    Joubert.

371. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Ainsi en mesure et en règle à ses propres yeux, il le faisait bien vite payer aux autres ; il en est quitte pour se rattraper sur autrui : et, par exemple, le pauvre avocat, Me Doitot, qui, à son refus, accepte la défense de Mme de Lamotte, se voit drapé par lui de la belle manière. […] Benoist, qui faisait l’intérim de l’intérieur, gardera la signature jusqu’à ce que l’abdication en règle soit arrivée de Fontainebleau, et, moyennant ce détour, M. 

372. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Or l’éducation mnémonique vise à faire de la mémoire de l’individu un raccourci de la mémoire de l’humanité ; elle tend à river l’individu au passé, à faire de lui un esprit historique, un esprit de passivité et de règle. […] Durkheim, Règles de la méthode sociologique, p. 11 (F. 

373. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Ce fut en général, à ce dernier moment, sa règle de conduite. […] Jusqu’à la ruine de Jérusalem, la règle administrative des Romains fut de rester complètement indifférents dans ces querelles de sectaires entre eux 1134.

374. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Il sait que cette compagnie, esclave des règles et formaliste, n’entend faire la guerre que par arrêts et par huissiers ; que les plus grands tonnerres d’éloquence aboutissent à des conclusions d’enquête et à des décrets pour informer ; que rien n’empêcherait le Parlement de lever séance quand l’heure de midi ou de cinq heures, l’heure sacramentelle du dîner ou du souper, a sonné. […] Dom Hennezon, abbé de Saint-Mihiel, à trois lieues de là, ne goûtait pas ces prétendues rectifications de dom Desgabets : de là, une dispute philosophique en règle, dans laquelle on prit pour arbitre le bon cardinal.

375. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Pour amener cette révolution qu’il desiroit tant, il traduisit & fit imprimer, en 1694, quelques sermons choisis de ce père, qui avoit étudié longtemps les règles de l’éloquence. […] Il montra, dans sa réponse à l’académicien Dubois, que saint Augustin avoit eu souvent recours à l’art & aux règles de l’éloquence ; qu’il sçavoit être profond, lumineux & véhément à propos ; que, prêchant au peuple d’Hippone sur les sujets les plus stériles & les plus spéculatifs, il avoit mis dans ses discours du corps & de la consistance ; qu’il n’en étoit pas de tous les sermons de ce père comme de ceux qu’on a nouvellement traduits, & qui ne sont que des discours familiers, composés à la hâte, sans préparation & sans méthode.

376. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VIII. La Fille. — Iphigénie. »

De là dérive cette règle dramatique : qu’il faut, autant que possible, fonder l’intérêt de la tragédie, non sur une chose, mais sur un sentiment, et que le personnage doit être éloigné du spectateur par son rang, mais près de lui par son malheur.

377. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre III. Massillon. »

Convenez de leurs maximes, et l’univers entier retombe dans un affreux chaos ; et tout est confondu sur la terre ; et toutes les idées du vice et de la vertu sont renversées ; et les lois les plus inviolables de la société s’évanouissent ; et la discipline des mœurs périt ; et le gouvernement des États et des Empires n’a plus de règle ; et toute l’harmonie des corps politiques s’écroule ; et le genre humain n’est plus qu’un assemblage d’insensés, de barbares, de fourbes, de dénaturés, qui n’ont plus d’autres lois que la force, plus d’autre frein que leurs passions et la crainte de l’autorité, plus d’autre lien que l’irréligion et l’indépendance, plus d’autres dieux qu’eux-mêmes : voilà le monde des impies ; et si ce plan de république vous plaît, formez, si vous le pouvez, une société de ces hommes monstrueux : tout ce qui nous reste à vous dire, c’est que vous êtes dignes d’y occuper une place. » Que l’on compare Cicéron à Massillon, Bossuet à Démosthène, et l’on trouvera toujours entre leur éloquence les différences que nous avons indiquées ; dans les orateurs chrétiens, un ordre d’idées plus général, une connaissance du cœur humain plus profonde, une chaîne de raisonnements plus claire, enfin une éloquence religieuse et triste, ignorée de l’antiquité.

378. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Irai-je appliquer tristement la règle et le compas aux jeux d’une imagination badine, et toiser les écarts d’une folie ? […] Les règles sont donc bien fausses, puisqu’en les violant presque toutes on produit des chefs-d’œuvre immortels ? […] Ce qui paraît extravagant, d’après les règles ordinaires de la raison, est précisément ce qui fait la grandeur de cette conception poétique. […] Quoi qu’en disent Voltaire et son écho La Harpe, dans cette tragédie, fort irrégulière en apparence, les grandes règles, les règles essentielles de l’art sont beaucoup mieux observées que dans tous les prétendus chefs-d’œuvre si réguliers de ces deux commentateurs. […] Voltaire, possédé du démon de l’orgueil et de la jalousie, abjure sa propre raison et les règles de l’art qu’il connaît si bien !

379. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Puisque vous aspirez encore à la gloire, changez de route ; méprisez des règles surannées qui contrarient la nature, qui offensent la raison : élancez-vous dans la carrière que Shakespeare et Schiller, Otway et Goethe ont illustrée, sans la fermer. […] C’est en effet en observant religieusement ces règles antiques, et en joignant aux grâces qui en dérivent, plus d’habileté dans la composition dramatique et dans la peinture des passions, que Racine et Voltaire ont assuré la prééminence du théâtre français. […] Ni Shakespeare ni surtout Schiller ne se sont prescrit des règles si rigoureuses.

380. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

La manière habile dont Rabelais sut se mettre en règle avec la Sorbonne justifierait la comparaison qu’on a faite de ses bouffonneries si prudentes avec la feinte folie de Brutus. […] Il l’obtint par l’appui de deux prélats italiens, probablement engagés en secret dans la règle de Thélème, et, ce qui était plus difficile, il l’obtint gratuitement. […] On a remarqué que Rabelais est le premier qui ait observé dans la prose des règles invariables et, qui en ait arrêté la syntaxe, tout en lui laissant ses idiotismes, qui en sont comme la physionomie.

381. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Personne n’a mieux parlé que lui des règles et des devoirs de la philologie ; personne ne les a mieux pratiqués. […] Il ne lui attribuait aucune vertu mystique et ne lui demandait pas les règles de la vie. […] Épris du réel et du vrai, il ne se prescrivait point de règle qu’il ne voulût pleinement observer, comme il n’affirmait rien qu’il ne crût pouvoir prouver. […] J’ai déjà dit comment il était arrivé à se faire une règle de vie austère fondée sur le sentiment seul, je pourrais presque dire sur le culte même qu’il avait pour l’amour. […] Il ne faut pas que celle-ci soit gênée par des préoccupations étrangères, ni subordonner aux conceptions philosophiques la règle impérative du devoir.

382. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

D’autre part, elle ne fournirait aucune règle à ceux qui n’ont en eux-mêmes aucune sainteté. […] Puissance négative de l’intelligence ; elle se refuse à accepter les règles fixes de la morale et les compromet en les compliquant. […] Sans doute, il a perdu définitivement les croyances qui servaient de règle à l’autre, il le sait, il en a pris son parti ; mais, à les perdre, il a gagné de se délivrer de tout préjugé. […] Par malheur il y en a peu, très peu, trop peu pour que leurs théories ou leurs exemples donnent aux règles de la morale le caractère absolu qu’il faudrait. […] De plus, il faut que ses règles soient fixes, sous peine de s’ouvrir aux compromissions, et, par conséquent, d’être impuissante.

383. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Après tout, il nous faut une règle, c’est-à-dire une limite, même en littérature ; la mémoire est bornée et bornées nos facultés d’admiration ou même de goût. […] Selon quelles règles ? […] Car cette règle abuse de ce que toute règle a droit à des exceptions. […] Les anciens noms, comme Savoie, suivent la règle générale : en Savoie. […] C’est à propos de la règle qu’il a voulue pour ses frères.

384. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

Quand on en vient là, toute discussion est superflue ; et, en vérité, du moment qu’il croyait nécessaire d’implorer le Deus ex machina, contre la règle de l’art, Nec Deus intersit, il aurait mieux fait de couper court tout de suite aux difficultés historiques, en admettant que le cœur de saint Louis, s’envolant miraculeusement de Monréale à Paris, à travers les airs, était venu s’enterrer lui-même dans la Sainte-Chapelle, à l’insu de tout le monde, gardant un incognito que personne ne pouvait violer. — On voit qu’avec un peu d’aide, quelque chose d’analogue à la Sainte Ampoule pouvait nous être rendu ; et, à l’heure qu’il est, il y a des gens qui ne me pardonnent pas d’y avoir mis obstacle. » On a là un échantillon de la manière piquante et incisive de M.

385. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre III. De la comédie grecque » pp. 113-119

Les principes de la moralité servent communément de règles de goût aux dernières classes de la société, et ces principes suffisent souvent pour les éclairer, même en littérature.

386. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre III. Du meilleur plan. — Du plan idéal et du plan nécessaire. »

Ces deux considérations ont amené l’auteur à un plan bizarre, disproportionné, qui semble défier les méthodes traditionnelles et les préceptes de l’école, mais d’une habileté supérieure, singulièrement ajusté à tous les besoins de la cause, et, dans le mépris de toutes les règles oratoires, fidèle à la loi suprême, qui est de persuader.

387. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) »

Mais j’entends bien que, loin de vouloir imposer une règle et des formules aux individualités, votre ambition est simplement de les susciter, de les éclaircir, de leur donner comme une atmosphère de sympathie et d’enthousiasme qui bat leur pleine floraison.

388. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre troisième. »

Racine n’a point reconnu cette règle de d’Olivet.

389. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Elle se perfectionna sous la Muse française, se soumit aux règles du goût, et atteignit sa troisième époque.

390. (1912) L’art de lire « Chapitre XI. Épilogue »

Par conséquent, il a les mêmes règles générales que l’art de penser.

391. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

C’est ce moment que Byron choisit pour louer Voltaire et Rousseau, admirer Napoléon1250, s’avouer sceptique, réclamer pour la nature et le plaisir contre le cant et la règle, dire que la haute société anglaise, toute débauchée et hypocrite, fabrique des phrases et fait tuer des hommes pour garder ses sinécures et ses bourgs pourris. […] Tant qu’il était garçon, on avait pu excuser ses excès par cette fougue du tempérament trop fort qui souvent révolte les jeunes gens de ce pays contre le bon goût et la règle ; mais le mariage les range, et c’est le mariage qui acheva de déranger celui-ci. Il se trouva que sa femme était une vertu, « sorte de modèle » cité pour tel, « créature de la règle », correcte et sèche, incapable de faillir et de pardonner. « Cela est bien drôle, disait son domestique Fletcher, je n’ai jamais connu de dame qui ne sût mener mylord, excepté mylady. » Elle le crut fou et le fit examiner par les médecins. […] Il recommande et pratique la règle des unités dans les tragédies. […] Il y a un monde à côté du vôtre, comme il y a une civilisation à côté de la vôtre ; vos règles sont étroites et votre pédanterie tyrannique ; la plante humaine peut se développer autrement que dans vos compartiments et sous vos neiges, et les fruits qu’alors elle portera n’en seront pas moins précieux.

392. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

C’est la gloire de l’art d’être, pour ainsi dire, le maître de ses propres règles. […] Remontez au principe des règles, à l’impérissable sentiment du beau. Les règles se raffermiront et fortifieront l’esprit au lieu de l’accabler. […] Je me réfugie dans cet autre axiome : L’exception confirme la règle. […] Où était la règle ?

393. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Les pensions de 90 francs étaient un luxe, celles de 70 francs la règle. […] Le véritable impératif catégorique est ici, dans une règle extérieure et qui oblige le sens propre, non pas dans l’élaboration de cette règle par le sens propre. […] Il sent sa force à la fois et la règle de sa force. […] D’où le contrat d’apprentissage, dont les règles attestent quelle importance s’attachait alors au maintien de la bonne fabrication. […] Voilà donc l’ouvrier émancipé, c’est-à-dire isolé, libéré des règles qui l’enserraient, trop étroitement souvent, mais elles le soutenaient.

394. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

On pourrait faire une objection à cette règle : c’est que le pollen d’un arbre immense couvert d’innombrables fleurs ne peut que bien rarement être transporté sur un autre. […] Cependant le docteur Hooker m’a informé depuis que cette règle ne lui semble pas devoir s’étendre à l’Australie, et je n’ai fait ces quelques remarques sur les sexes des arbres que pour appeler l’attention sur ce sujet. […] J’énonce cette règle, parce qu’on a dit à tort que j’accordais au temps lui-même une part importante dans le procédé de transformation des espèces, comme si elles se modifiaient constamment et nécessairement par le fait de quelque loi innée. […] Si nous interrogeons la nature, pour lui demander la preuve des règles que nous venons de formuler, et que nous considérions quelque région étroite et isolée, telle, par exemple, qu’une île océanique, quoique le nombre total des espèces qui l’habitent soit très petit, ainsi que nous le verrons dans notre chapitre sur la distribution géographique, cependant un grand nombre de ces espèces se trouvent être autochtones69, c’est-à-dire formées dans la localité même et nulle autre part. […] Mais, en règle générale, plus les descendants d’une espèce peuvent se diversifier, plus ils sont aptes à remplir un plus grand nombre de vides différents, et plus leur postérité modifiée a chance de s’accroître.

395. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

C’est qu’il faut à toute force, et même contre la vraisemblance, que le spectateur ne puisse se tromper sur l’impression qu’on veut lui causer, et quand Gavarni et Grévin manquent à cette règle du grotesque forcé, c’est qu’ils deviennent peintres de mœurs et cessent d’être de véritables caricaturistes. […] Dickens n’est supérieur que quand il reste, comme le lui commande son talent, tout de premier jet et d’emportement, l’artiste caricatural et partial qui déforme violemment tout ce qu’il entreprend de décrire, et qui sait nous montrer les choses et les gens, mais les montrer comiques, haïssables, monstrueux, mystérieux, humoristiques, dignes de pitié ; qui, essentiellement subjectif et passionné, ne peut évoquer ni une scène ni un personnage sans les figurer de telle sorte qu’on les connaisse moins qu’on n’apprend à les juger L’art de Dickens est en effet un art moral, et c’est en vertu de règles précises, d’une vue arrêtée sur le monde, qu’il délivre le blâme et l’éloge. […] Un homme généralement affectif est constamment pénétré du bien fondé des dispositions qui l’animent ; il est donc tenté de faire de ses sympathies et de ses antipathies la règle de sa conduite et, s’il est écrivain, s’il a pris l’habitude de communiquer au public ce qui l’émeut, il érigera ses sentiments en règle de morale universellement valable ; il sera moraliste et moraliste sentimental.

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