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370. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Une qualité générale frappe au premier coup d’œil, en parcourant l’ensemble de cette vie bien courte et pourtant si remplie : quand je dis que cette qualité frappe, j’ai tort, il serait plus juste de dire qu’elle repose et satisfait : sa destinée a tout à fait l’harmonie ; et je n’en veux pour preuve que le sentiment universel qu’elle inspire, cette sorte d’admiration affectueuse et douce dont il est l’objet. […] Il dut à un ensemble de qualités, d’inspirations heureuses et de ressorts ingénieux, et à l’habile ménagement qu’il en sut faire, d’enlever son public et de le retenir longtemps. […] Hommage solennel et attendrissant, quand il est pur des intérêts de parti ou des prestiges de la puissance, quand il s’adresse au simple particulier, et qui atteste sincèrement alors que l’homme de talent qu’on pleure eut en effet avec la foule, avec la majorité des autres hommes, des qualités communes affectueuses, de bons et généreux sentiments, des sympathies patriotiques et humaines !

371. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Notre esprit, percevant soudain une qualité commune en deux objets différents, ou créant entre eux un rapport qui les assimile, nomme l’un du terme qui convient ou qui appartient à l’autre : il fait une métaphore. […] Elle a été dotée de toutes les épithètes, de tous les verbes qui indiquent les qualités et les actions des objets sensibles : elle a été élevée, basse, elle a eu des idées étendues, étroites, des sentiments vifs ou lents, ardents ou froids. […] Ailleurs l’objet auquel on compare celui qu’on veut faire connaître, et d’où se tire la métaphore, n’est pas désigné : il n’est révélé que par les qualités qui lui sont propres, et qu’on attribue à l’autre. […] Ainsi l’on nomme la cause pour reflet ; l’effet pour la cause ; l’instrument pour l’acte ou l’acteur ; l’œuvre pour l’auteur ; les dieux pour les actions, les objets, les éléments auxquels ils président ; le contenant pour le contenu ; la résidence pour l’habitant ; le lieu d’origine pour le produit ; le signe pour la chose signifiée ; le possesseur pour la chose possédée ; les parties du corps pour les facultés ou les qualités dont on convient qu’elles sont le siège ; l’espèce pour le genre ; le genre ou l’individu pour l’espèce ; la matière pour l’objet qui en est fait ; la partie pour le tout ; le fleuve pour le pays qu’il arrose ou pour le peuple qui vit sur ses bords.

372. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Ces fragments, par leur qualité et malgré quelques défauts d’une pensée trop subtile, sont assez distingués cette fois pour que l’auteur mérite de vivre dans la mémoire future. […] En fait d’expression, il préfère encore le sincère au beau et la vérité au simulacre : La vérité dans le style est une qualité indispensable, et qui suffit pour recommander un écrivain. […] C’est une qualité qui n’est louable que lorsqu’elle est ou cachée ou vêtue. […] Joubert adore l’enthousiasme, mais il le distingue de l’explosion, et même de la verve, qui n’est que de seconde qualité dans l’inspiration, et qui remue, tandis que l’autre émeut : « Boileau, Horace, Aristophane eurent de la verve ; La Fontaine, Ménandre et Virgile, le plus doux et le plus exquis enthousiasme qui fut jamais. » L’enthousiasme, en ce sens, pourrait se définir une sorte de paix exaltée.

373. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

C’est dans cette retraite heureuse que, rendu à ses goûts naturels, il nous apparaît avec toutes ses qualités douces, tempérées, ingénieuses, et le plus à son avantage. […] Il apporte dans ces matières toutes les qualités de son tempérament et de son esprit, et qui ailleurs seront des défauts. […] Nous savons les défauts et nous avons pu apprécier aussi les qualités de d’Aguesseau écrivain et homme. […] Malgré ces incertitudes, malgré ces tâtonnements et ces faiblesses, et bien que la plupart de ses qualités se tiennent elles-mêmes en échec, le nom de d’Aguesseau s’est transmis l’un des plus beaux et l’un des plus vénérés dans la mémoire française ; les années lui ont ajouté plutôt qu’enlevé de cet éclat et de cette fleur de renommée que, vers la fin, tous les contemporains ne lui reconnaissaient plus avec un égal respect.

374. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Je ne profiterai en rien de sa faute ; je tâcherai d’avoir du mérite, et je forcerai l’estime. » La guerre alors offrait aux gens de qualité une ample carrière, et un homme de cœur pouvait y faire ses preuves aux yeux de tous. […] Après avoir fait son temps à l’Académie, c’est-à-dire s’être dressé aux divers exercices de corps, au cheval, aux armes, et à tout ce qui constituait un jeune homme de qualité accompli, d’Antin, à l’âge de dix-huit ans, entra au service ; on lui eut une place de sous-lieutenant dans un corps d’élite, dans le régiment du Roi, et il eut la permission, avant de partir, d’aller saluer le roi lui-même à Fontainebleau : M. le duc de Bellegarde, mon oncle, fut chargé de me présenter. […] D’Antin, n’étant pas aussi appuyé qu’il l’avait espéré, ne faisait que redoubler de zèle et d’industrie : « Il était beau, l’esprit vif, et gascon sur le tout : on n’est pas honteux avec ces qualités-là », a dit de lui l’abbé de Choisy. […] Il paraît qu’il avait de grandes qualités pour les parties savantes de l’art militaire, la géographie, la topographie, la levée des plans, les subsistances ; c’était un homme très utile que d’Antin sous un Luxembourg ou sous un Boufflers, un bon officier d’état-major, comme nous dirions.

375. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Il en est résulté que de Brosses, l’ami de Buffon, n’est resté grand homme que dans sa province ; et, pour l’apprécier aujourd’hui en quelques-unes de ses qualités rares, c’est à ses Lettres écrites d’Italie qu’il faut s’adresser, lettres de jeunesse, écrites pour l’intimité et entre camarades, avec toute la liberté bourguignonne et le sel du pays natal, mais remplies aussi d’observations excellentese, de libres et fins jugements sur les arts, sur les mœurs et sur les hommes. […] Outre ceci, ils les défigurent de plus en plus par un maudit coloris plâtreux à la française. » Il se montre partout sévère pour cette négligence de notre école de peinture à l’égard du coloris ; il regrette de ne point trouver cette qualité attachante au milieu des ordonnances sévères et judicieuses qu’il reconnaît à Le Brun, Jouvenet, Boullongne et Bourdon : « Tous nos Français sont si mauvais coloristes !  […] Ces jeunes Bourguignons de qualité ont leur carrosse, font bonne chère, jouent gros jeu et se mêlent aux mœurs du pays. […] Turgot, qu’il avait connu et qu’il estimait, ne le rassurait que médiocrement en qualité de ministre : « Je le connais fort, écrivait de Brosses en apprenant son élévation ; homme honnête, instruit, dur et tranchant, encyclopédiste, grand sectateur de la philosophie nouvelle. » Et ailleurs : C’est une terrible besogne.

376. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Qu’importe que cette Histoire de la Comédie, qu’en sa qualité de savant qui ne doute de rien Édelestand du Méril a cru possible, n’aboutisse en définitive qu’à la redite de quelques faits immuables ? […] Édelestand du Méril, que personne n’a connu autrefois mieux que moi, et que je ne suis pas suspect de louer puisque je ne suis pas un savant et que je déplore qu’il en soit un, a précisément, dans cette Histoire de la Comédie, dont le fond aride ne pouvait être fécondé même par une culture comme la sienne, montré des qualités qu’on n’est pas accoutumé de rencontrer dans un homme qui s’amuse à piquer des têtes, à ne jamais retrouver, dans la métaphysique des grammaires… Spiritualiste ferme et lumineux, esthéticien robuste et sain dans un temps où l’esthétique est devenue je ne sais quelle baveuse maladie particulière aux pédants du xixe  siècle, très capable de nous donner, à propos de la comédie, cette profonde et piquante histoire du rire que j’attendais et qu’il n’a pas faite (la fera-t-il plus tard ?) […] Le second volume de l’Histoire de la Comédie chez tous les peuples, dont le premier nous a tant frappé par les qualités les plus contraires et le mieux unies, a paru, Édelestand du Méril est érudit à effrayer, et spirituel à faire pardonner son érudition aux plus frivoles. […] Voilà le défaut, qui tient à une qualité de force de tête et d’embrassement que nous n’avons pas comme l’auteur.

377. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Qualité rare en tout temps que la verve, mais plus rare et plus précieuse que jamais dans une époque épuisée où personne ne vit fort ! La verve est une des qualités dominantes de l’auteur de La Chanson des Gueux, et il fallait qu’elle fût de bonne trempe pour avoir résisté au besoin d’effet à tout prix qu’il poursuit avec tant d’acharnement dans tout le cours de son livre, et particulièrement dans la troisième partie intitulée : Nous autres Gueux ! […] Ils sont cachés par tant de qualités brillantes, que, d’abord, on ne les voit pas. […] Selon moi, — je l’ai dit, mais j’insiste parce que la cause est grave et que le poète condamné de La Chanson des Gueux vaut la peine qu’on insiste, — toutes les qualités de sa poésie, qui n’est pas que truande et féroce, acharnée, archiloquienne, mais souvent d’une tendresse et d’une compassion infinies (voir, entre autres, Le Chemin creux, les Pleurs de l’arsouille et surtout le Grand-père sans enfants), appartiennent à son âme, et les défauts de cette poésie à son temps et au malheur qui l’a fait naître au xixe  siècle.

378. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Puis on s’est rejeté sur le tort qu’une semblable publication faisait à la mémoire de Fléchier, et on s’est porté pour vengeur de sa gloire officielle, comme si, après tout à l’heure deux siècles, il y avait une meilleure recommandation auprès d’une postérité blasée que de parvenir à l’intéresser encore, à l’instruire avec agrément et à faire preuve auprès d’elle des diverses sortes de qualités qui brillent dans cet écrit familier, esprit d’observation, grâce, ironie et finesse. […] Cependant, comme il est difficile de se voir peint en beau sans en prendre quelque complaisance, j’appréhende avec raison que je n’y en aie pris plus qu’il n’appartient à un mort, et que vous n’ayez en cela donné une nouvelle vie à mon orgueil et à ma vanité, et je vous en dis ma coulpe. » Voilà qui est de l’homme d’esprit resté tel sous le froc, de celui dont Nicole disait qu’il avait un style de qualité. […] Parlant de la mort de M. de Nocé, pénitent de qualité et l’un des ermites voisins de la Trappe, il écrit à Mme de Guise, qui le questionnait : « Il n’y a point, Madame, de circonstances brillantes dans la mort du solitaire.

379. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Tous, à quelque pâturage d’opinion qu’ils appartiennent, ont senti l’importance de ce document qui leur tombait presque du ciel — car c’était de la main d’un pieux missionnaire — et qui brillait des deux qualités distinctives de tout document imposant : la probité et l’intelligence. […] Ajoutons que cette place éminente, l’abbé Huc ne la devra pas uniquement aux circonstances de sa vie et à l’acquis de son voyage, mais à des qualités personnelles que la Critique ne peut oublier. Il a les qualités fortes, substantielles, perçantes et froides du grand voyageur.

380. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Roselly de Lorgues a bien tout ce qu’il faut de qualités, et au-delà, pour être un historien à la manière des philosophes. […] Littérairement, artistement, on peut signaler des défauts et des inégalités dans ce long ouvrage, mais ils sont couverts par de grandes qualités, et, dans un temps donné, ces qualités les couvriront mieux encore.

381. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

La poésie, en se faisant simple auxiliaire à la suite des idées philosophiques, avait perdu ses qualités éminentes les plus énergiques et les plus châtiées ; Voltaire, son dernier représentant illustre, avait été son plus grand corrupteur L’entreprise de Chénier fut une œuvre d’étude et de long silence, pleine de secrets labeurs au sein d’une vie de plaisirs, et animée d’un profond amour de cette France, qu’il voulait doter de palmes plus rares. […] Ingres, quelque chose d’isolé, de sincère, de pénétrant à la longue, de chaste en beauté, d’un peu froid par rapport au temps présent, mais, au fond, empreint de qualités impérissables.

382. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Né à Édimbourg, le 15 août 1771, d’un père, homme de loi (writer of the signet), et d’une mère un peu poëte, à laquelle surtout il paraît avoir dû ses brillantes qualités, qualités naturelles, le jeune Scott fut destiné de bonne heure à l’étude du droit et au barreau.

383. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Le Comte Walewski. L’École du Monde »

Ce sont là les termes que l’auteur de la comédie sème à chaque page de cette préface, qui vient bien après une dédicace à Victor Hugo ; car elle est cavalière et de cette école autocratique, avec un certain parfum singulier d’auteur de qualité et d’homme du monde qui veut bien condescendre aux lettres. […] J’admire et je vénère le talent d’un illustre poète, je crois aux grandes qualités de son cœur ; mais le cœur humain est là aussi, et je me risquerai à dire qu’une pièce de théâtre qui lui fera motiver au crayon un si chaleureux bravo, sera celle qui n’inquiétera jamais sa gloire.

384. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Merrill, Stuart (1863-1915) »

Les Fastes ont de l’éclat surtout, mais leur beauté procède encore de plusieurs autres qualités parfois opposées, depuis la douceur nacrée de Watteau jusqu’à la force qui tend les muscles. […] Stuart Merrill est composé de pièces écrites à des époques assez distantes, pour qu’on y trouve réunies toutes les qualités, qui caractérisent chacun des livres précédents.

385. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Adolphe Retté présente cette anomalie, d’être à la fois un poète qui a vraiment le don et un critique qui a vraiment le sens critique ; il a de plus la qualité rare de dire beaucoup, sinon tout, en très peu de place, et cependant sans sécheresse. […] Mais un nuage passe, le soleil, discret, se couche ; voici le soir, et le pilote, que les clartés mourantes des phares inquiètent, repense au départ : J’ai délaissé la ville adverse pour voguer Parmi les océans d’orage et de péril… Ces qualités de nature large et de pure lumière font du livre de M. 

386. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre V. La Henriade »

La Henriade Si un plan sage, une narration vive et pressée, de beaux vers, une diction élégante, un goût pur, un style correct, sont les seules qualités nécessaires à l’Épopée, la Henriade est un poème achevé ; mais cela ne suffit pas : il faut encore une action héroïque et surnaturelle. […] Des critiques judicieux ont observé qu’il y a deux hommes dans Voltaire : l’un plein de goût, de savoir, de raison ; l’autre qui pèche par les défauts contraires à ces qualités.

387. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXII. Des éloges des hommes illustres du dix-septième siècle, par Charles Perrault. »

Nous avons vu jusqu’à présent, que dès qu’un homme en place, roi ou prince, cardinal ou évêque, général d’armée ou ministre, enfin quiconque, ou avait fait ou avait dû faire de grandes choses, était mort, tout aussitôt un orateur sacré, nommé par la famille, s’emparait de ce grand homme, et après avoir choisi un texte, fait un exorde ou trivial ou touchant, sur la vanité des grandeurs de ce monde, divisé le mérite du mort en deux ou trois points, et chacun des trois points en quatre ; après avoir parlé longuement de la généalogie, en disant qu’il n’en parlerait pas, faisait ensuite le détail des grandes qualités que le mort avait eues ou qu’il devait avoir, mêlait à ces qualités des réflexions ou fines ou profondes, ou élevées ou communes, sur les vertus, sur les vices, sur la cour, sur la guerre, et finissait enfin par assurer que celui qu’on louait, avait été un très grand homme dans ce monde, et serait probablement un très grand saint dans l’autre.

388. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Je veux dire qu’on peut bien disputer si la couleur est une qualité des objets colorés ou une pure sensation des yeux ; mais, sensation des yeux ou qualité des objets, c’est tout un pour nous, il n’importe ; et, dans l’un comme dans l’autre cas, les choses se passent de la même manière. […] Mais, si l’objet de la critique est entièrement différent, les qualités du poète et du romancier n’y deviennent-elles pas autant de défauts ? […] Les qualités qu’il y a mises, ou les intentions qu’il y a voulu mettre, il croit, — et il le déclare, — qu’elles seront celles du roman de l’avenir. […] Et si j’y avais ri, je protesterais encore que ce n’est pas pour y rire de cette qualité de rire que nous donnons à la Comédie-Française 250 000 francs de subvention annuelle. […] et d’autres qualités, ou d’autres conditions encore ne sont-elles pas nécessaires ?

389. (1876) Romanciers contemporains

La sincérité est la qualité maîtresse de M.  […] Il est du siècle précédent par la qualité de l’esprit. […] Constatons tout d’abord cette qualité maîtresse et saluons en M.  […] C’est là d’ailleurs une des qualités précieuses de M.  […] Claretie le doit à ses grandes qualités.

390. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Le génie de notre peuple, les qualités de notre intelligence persistent au cours des vicissitudes des âges. […] Non, car il faut bien caractériser cette vie et la doter de qualités. […] Ces syllabes diffèrent encore entre elles par la qualité et le timbre. […] Loin de différer par la quantité, les diverses hauteurs des sons ne se différencient que par la qualité intensive. […] Je n’insiste pas sur la qualité de ces deux volumes.

391. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Vous verrez les traits de son visage ; que ne peut-on de même peindre les qualités de son âme !  […] Elle avait autant d’esprit, beaucoup plus d’instruction, des qualités aussi solides. […] Vous verrez les traits de son visage ; que ne peut-on de même peindre les qualités de son âme ! […] On a dit dans une note précédente qu’il résidait à Constantinople en qualité d’ambassadeur ; il y était arrivé le 11 janvier 1700. […] Un jeune homme de qualité ne quittait point, en ce temps-là, le Périgord sans avoir été présenté à Mayac ; c’était le petit Versailles de la province, — Voir ci-après la note [L].

392. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Cet esprit élevé et fin, et qui a droit d’être difficile sur la qualité des autres, finit par le distinguer ; il trouvait que c’était dommage qu’ainsi doué on ne fit rien, c’est-à-dire qu’on n’écrivît pas. […] Mais, certainement, une qualité de moins aurait mis ses autres qualités plus à l’aise. […] « Toujours est-il vrai de dire, ajoutait l’auteur, que, même alors, en qualité d’instrument de publicité, la presse fut regardée comme un moyen de gouvernement, et le dernier maître qui a possédé la France le reconnut lui-même à son tour. […] Chez un esprit de cette qualité, c’est une sorte de phénomène. […] Et qu’est-ce donc que cette fusion de qualités et de nuances sans nombre, sinon la plus rare et la plus distinguée des originalités ?

393. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Dans l’état actuel des choses, ces titres et ces qualités étaient assez forts pour vaincre les obstacles extrinsèques énumérés plus haut. […] Il se trouvait alors auprès du cardinal inventeur du projet, en qualité de familier et de conclaviste, un homme qui avait toujours possédé la faveur du chef du parti Mattei et qui jouissait de l’affection et de l’estime de tout ce parti. […] « Ces démarches provoquèrent cependant près de quelques-uns de ce parti certaines objections que leur chef n’avait pas prévues, et qui prirent leur origine dans la qualité même de ceux qui le composaient. […] Peut-être n’auraient-ils pas montré de semblables répulsions, si le sujet choisi eût été de qualité proportionnée à la leur. […] Ce cardinal faisait allusion au changement de costume de Chiaramonti, qui, tout en étant cardinal, s’habillait de noir en sa qualité de bénédictin, et qui alors se revêtait de blanc comme pape.

394. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Il faut attendre ; et, en attendant, toutes leurs Chansons, où il y a de réelles qualités sinon d’art, au moins de grâce, d’élégance et de mièvrerie, continuent toutes ou presque toutes de se ressembler. […] Ce qui équivaut à dire que toutes les qualités qui sont celles de l’enfance, elle les a eues ; et, pour cette raison, nous pouvons encore aujourd’hui nous complaire à y rafraîchir, comme on ferait à une source plus pure, nos imaginations échauffées. Mais des qualités de l’enfance elle est passée tout aussitôt aux infirmités de la décrépitude, et rien ou presque rien n’a rempli l’entre-deux. […] Originalité de Commynes. — Il est lui-même, ce qui le distingue des chroniqueurs ses contemporains ; — lesquels ne sont guère, en français ou en latin, que l’expression de leur temps ; — et la voix de l’opinion plutôt que celle de leur pensée. — Son expérience des affaires. — Qualités de ses Mémoires ; — ils sont d’un politique ; — et aussi d’un psychologue [Cf.  […] Froissart] ; — ni d’un historien moraliste ; — c’est-à-dire capable de tirer des faits une signification qui les dépasse ; — C’est ce qui le distingue de son contemporain Machiavel, entre autres traits ; — et sans rien dire de son ignorance du latin ou de de la tradition classique. — Ses qualités d’écrivain ; — et ce qu’elles retiennent de l’esprit du Moyen Âge.

395. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Par une conséquence naturelle et par une juste rançon, Victor Hugo a les défauts de ses qualités. […] C’est dans le théâtre d’Alfred de Musset que je trouverai surtout ces qualités de fantaisie. […] C’est un peintre, et vous savez que, d’habitude, sa propre pratique on l’érige en théorie ; avec ses qualités à soi on fait des maximes. […] Au xviiie  siècle, c’est Voltaire qui écrit La Henriade, et certainement, Voltaire, qui avait d’autres qualités, manquait par excellence des qualités épiques. […] J’ai essayé de vous faire ressortir les qualités littéraires.

396. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Et d’abord, si j’ouvre Un été dans le Sahara, Une année dans le Sahel, je reconnais en Fromentin une qualité éminente, nécessaire désormais à tout romancier, moderne au moins dans le degré où nous l’avons poussée, qualité à la fois physique et mentale, à moitié naturelle et à moitié acquise, et que, faute d’autre nom, j’appellerai l’œil. […] Elles diffèrent de procédés, mais elles exigent les mêmes qualités de vision, la même sensibilité extrême ou pittoresque. […] Mais il a écrit Dominique, et nous voici en présence d’une tentative d’un ordre tout différent, qui exige d’autres qualités, et peut motiver d’autres jugements. […] Elle ne consiste pas à admirer, en homme du monde et pour des hommes du monde, la peinture des maîtres flamands ou hollandais, ce qui est un exercice littéraire, et le mode en général adopté ; elle n’a pas pour but premier de faire voir le tableau à ceux qui ne l’ont pas vu, ou de le rappeler aux autres : elle va bien plus avant, elle explique le milieu où chaque maître a vécu, les influences qui l’ont formé, la qualité de son œil, l’idéal poursuivi, le procédé, le métier dont chacun a usé.

397. (1813) Réflexions sur le suicide

Cette Nation Suédoise, jadis si célèbre par ses exploits, et qui conserve encore les grandes qualités que ses ancêtres ont manifestées, chérit en Vous le présage de sa gloire. […] L’homme aurait le même droit de se plaindre pour un bonheur de moins que pour une peine de plus, s’il croyait que la Divinité pût communiquer à la créature des qualités ou des puissances sans bornes, et qu’ainsi l’infini fût transmissible. […] Les plus grandes qualités de l’âme ne se développent que par la souffrance, et ce perfectionnement de nous-mêmes nous rend, après un certain temps, le bonheur ; car le cercle se referme et nous ramène aux jours d’innocence qui précédèrent nos fautes. […] Ils ne servent qu’à l’habileté, qu’à la prudence, qu’à toutes ces qualités mondaines dont le type est dans les animaux, quoique le perfectionnement en appartienne à l’homme. […] Peut-il exister une opposition entre deux qualités naturelles à l’âme et qui sont toutes deux les rayons d’un même foyer ?

398. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Enfin un géomètre qui avait dans son corps une réputation méritée, et dont la Prusse a privé la France, s’est trouvé par hasard posséder dans un degré peu commun, cet agrément dans l’esprit dont nous faisons tant de cas, mais qu’il orne par des qualités plus solides, et que la géométrie ne peut pas plus ôter quand on l’a, que les belles-lettres ne peuvent le donner quand on ne l’a pas. […] Il semble qu’à mesure que l’homme d’esprit s’éclipse, l’homme de qualité se montre, et paraisse exiger la déférence dont l’homme d’esprit avait commencé par dispenser. […] Si les connaissances adoucissent l’âme, elles l’élèvent aussi ; l’une de ces qualités est même la suite de l’autre, et il faut convenir (malgré les reproches fondés qu’on fait aux gens de lettres) que non seulement ils sont supérieurs aux autres hommes par les lumières, mais qu’ils sont aussi en général moins vicieux dans leurs sentiments et dans leurs procédés. […] Malgré cette lumière générale dont se glorifie notre siècle philosophe, il est encore bien des gens, et bien plus qu’on ne croit, pour qui la qualité d’auteur ou d’homme de lettres n’est pas un titre assez noble. […] Philosophe enfin dans vos sentiments et dans votre conduite, vous joignez à cette qualité trop rare, et qui en renferme tant d’autres, le mérite plus rare encore de l’avoir sans ostentation.

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