Il est sans doute l’homme qui, moitié par respect de ce qu’ont fait et pensé les pauvres hommes disparus, moitié par un souci d’utilité publique, a déployé le plus de vigueur pour défendre des principes et des institutions auxquels il ne croyait pas.
Homère fait de l’Océan le principe des choses et des dieux eux-mêmes (θεωνγενετίς), l’origine et le réservoir de toute vie.
L’exécution en principe devrait être faite à midi : on triche, mais on veut que si ce n’est pas en plein jour, ce soit au moins au petit jour.
Il a moins considéré ce Poëte comme le maître ou le précurseur de Virgile, que comme un Philosophe profond & sublime, qui déduit avec beaucoup d’art des principes qu’il a établis, l’explication des phénomènes de la nature.
Je sais encore que si cette même vérité la conduit un jour aux abîmes, d’où les forces unies de toutes les divinités du globe ne parviendraient pas à la retirer, il n’y aura personne à maudire, nul principe à renier : car c’est Dieu lui-même qui l’aura voulu, la France ayant obéi à son devoir de fille soumise.
Les « principes » ont besoin d’être appuyés et confirmés dans nos âmes par un sentiment. […] Ils sont inflexibles, l’un engainé tout entier dans son patriotisme intransigeant et dans son principe : « Le salut du pays est la seule loi » ; l’autre engainé tout entier dans son ressentiment implacable et dans le sentiment de son droit et du droit violé en lui. […] Car s’il était, dès le principe, tout au ciel, il n’aurait pas à lutter contre l’homme qui doit être en lui ; et, où il n’y a pas lutte, il n’y a pas drame. […] Il a vu se lever et grandir cette armée de la grande fiction religieuse, et il y a vu l’ennemi, si le mot est trop dur, disons l’étranger, et c’est bien à peu près la même chose ; et comme il avait attaqué successivement toutes les affectations, cette dernière affectation, c’est-à-dire ce dernier effort pour créer et maintenir en nous un autre principe d’action et une autre manière d’être que la bonne pente et la bonne impulsion naturelle, rien d’étonnant, rien d’étrange, rien d’extraordinaire ou d’inattendu à ce qu’il l’ait attaqué aussi. […] Le chœur ne quitte pas la scène, en principe.
S’il appelait à son aide les principes de liberté absolue, s’il voyait dans l’accomplissement de ses vœux la consécration d’une sagesse supérieure à toutes les institutions factices qui gouvernent les sociétés, il serait déclamatoire et non pas idéal. […] Aimer, s’entourer de pieuses espérances, continuer laborieusement le pèlerinage humain, défier la fortune dans l’accomplissement courageux du devoir, ou bien, foulant aux pieds les principes sacrés de la morale, et jusqu’au respect de soi-même, jouer son nom et sa pensée sur la promesse d’un titre et d’une pension, telle aurait été la question posée, débattue entre le cœur et la tête, et résolue par le suicide. […] Le culte de l’âme humaine pour la beauté, sous toutes les formes, est aussi impérissable que son adoration pour Dieu, principe mystérieux des causes qu’elle étudie, que son amour de la liberté, attribut ineffaçable de sa destinée.
Mais ayons la bravoure de le dire : Tout n’est pas hideux de par le monde ; et, d’autre part, j’ai beau faire, je ne vois pas par quels principes on pourrait établir la prééminence de l’art (fui exprime la vérité triste ou ignoble sur celui qui traduit la vérité consolante ou même le rêve tout pur. […] Vacquerie exprime la sublimité morale, le plus haut stoïcisme, le plus bel Idéal que puisse embrasser, du moins par le désir, une âme de nos jours, une âme qui, tard venue, a pu emprunter à la fois à la sagesse antique, au christianisme et à la Révolution ses principes de noblesse intérieure. […] La Fresnais représente, en ce siècle naissant, un principe excellent, l’anoblissement par la victoire… Vous l’aimez… Épousez-le. » Julie, revenue au respect des formes établies, objecte ses anciens vœux. […] Par cette légende, le principe immortel de la vie se personnifie avec une particulière énergie dans Bacchus ; les épreuves par où il passe deviennent une passion, un drame plein d’émotions, de crainte, de douleur, d’espérance et de joie.
Bon catholique, mais en vertu surtout du même principe et de la même disposition de respect, soumis aux pratiques extérieures de la communion où il vécut et mourut, il lui échappait néanmoins de dire « que la religion des honnêtes gens était celle de leur prince ».
En nous parlant de cette Révolution dont il adorait les principes et dont il admirait les hommes, combien de fois il lui arrivait de s’écrier avec lord Ormond dans Cromwell : Triste et commun effet des troubles domestiques !
Joignez-y l’amour, cette reconnaissance vive de toutes les âmes franches pour le principe de leurs plaisirs, et vous comprendrez une foule de bizarreries morales.
Ce principe explique une prédilection pour Baudelaire, beaucoup plus capable de s’adapter à des tempéraments très divers par son intelligence précise des idées, des sensations et des mots.
Si mince que soit un homme ou un écrit, il y a en cet homme ou en cet écrit une chose qu’il a faite ou qu’il n’a pas faite, un principe d’instinct ou de réflexion, qu’il sait ou ne sait pas, peu importe !
L’appoint courageux apporté par l’Ouest avec sa mobile, avec ses marins, au milieu de la mollesse du reste de la France, ne doit-il pas entrer pour quelque chose dans la formation du gouvernement, ne doit-il pas amener la restauration du principe monarchique et religieux ? […] Mardi 20 décembre Je ne sais, l’absence de viande rouge, l’absence de principe nutritif dans toute cette carne bouillie des conserves, le manque d’azote, le mauvais, le délétère, le sophistiqué, de tout ce que les restaurants vous font manger, depuis six mois, vous laissent dans un état permanent d’incomplète satisfaction de l’appétit.
Des siècles et des siècles de routine héritée, de doctrine formelle et vide, de tyrannie et de soumission intellectuelle, de suffisance imperturbable et de docilité inepte, d’entêtement orgueilleux et féroce dans le faux, de profonde inintelligence des choses, consacrée et précieusement transmise en immuables formules ; bref, toute l’énorme sottise humaine semblait chanter un hymne triomphal dans ce magnifique couplet où l’éternel Pédant se peint lui-même en louant l’éternel Disciple. « … Il n’a jamais eu l’imagination bien vive, ni ce feu d’esprit qu’on remarque dans quelques-uns ; mais c’est par là que j’ai toujours bien auguré de sa judiciaire… Il est ferme dans la dispute, fort comme un Turc sur ses principes, ne démord jamais de son opinion… Mais sur toute chose ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle touchant la circulation du sang et autres opinions de même farine. » Cette page (relisez-la tout entière, je vous prie) est assurément une de celles qui donnent la plus haute idée de l’esprit de Molière. […] Et la morale de l’histoire, ce serait qu’après tout les chances d’erreur sont presque égales, à toujours croire à la méchanceté des hommes ou à n’y croire jamais ; mais que, d’ailleurs, on perd plus qu’on ne gagne à l’extrême défiance ; que, si l’on était toujours sur ses gardes, on n’aurait pas le temps d’être bon ; qu’il faut l’être d’abord, tout en se défiant un peu ; et qu’enfin le meilleur principe de conduite, c’est de croire que les hommes ne valent rien et de les traiter, les pauvres diables, comme s’ils valaient quelque chose. […] François, filateur à Elbeuf, est un homme terrible, un homme à principes. […] Ce souci peut mener loin les personnes bornées et vaniteuses qui n’ont pas d’autres principes de vie morale.
Nous avons tenu à placer ces premiers principes à la tête de ces études. […] Chacun de nous est-il un révolté qui pense pour lui, crée pour lui, se bat pour lui sans se préoccuper des principes, en rompant tout joug importun, en dédaignant toute discipline fastidieuse ? […] Nous nous contenterons de lui opposer ses propres livres, non assurément pour le mettre, par une mesquine et subtile argumentation, en contradiction avec lui-même, mais pour lui montrer, à notre grande satisfaction plus peut-être qu’à la sienne, que ses œuvres d’art valent mieux que ses écrits sur l’art, que le romancier est en lui moins perturbateur que le critique, et que les parties vraiment supérieures de ses romans sont celles où, malgré lui et instinctivement, il a obéi à des principes qui s’imposent même aux écrivains les plus résolus à s’en affranchir.
Le répertoire littéraire où nous avons dû, faute de mieux, puiser nos sentiments et nos pensées, nos règles de jugement et nos principes de conduite, n’était vraiment pas fait pour nous réconforter. […] Conformément à ces principes, M. […] Chailley-Bert, après avoir étudié, selon les principes de la science coloniale, l’évolution des Javanais, a aimé, en artiste, le charme de Java.
Parmi les hommes qui m’ont écouté, les uns ont applaudi la composition des trois drames suspendus à un même principe, comme trois tableaux à un même support ; les autres ont approuvé la manière dont se nouent les arguments aux preuves, les règles aux exemples, les corollaires aux propositions ; quelques-uns se sont attachés particulièrement à considérer les pages où se pressent les idées laconiques, serrées comme les combattants d’une épaisse phalange ; d’autres ont souri à la vue des couleurs chatoyantes ou sombres du style ; mais les cœurs ont-ils été attendris ?
Je n’attribue pas cela au principe de leur religion, quoiqu’elle permette toute sorte de culte religieux, mais je l’attribue aux mœurs douces de ce peuple, qui sont naturellement opposées à la contestation et à la cruauté.
Marc-Aurèle, IV, 3 : « Qu’il y ait (dans ton âme) de ces maximes courtes, fondamentales, qui de suite rendront la sérénité à ton âme » ; et X, 3-4 : « A l’esprit bien fait qui s’est pénétré des vrais principes, un mot très court suffit, même trivial, pour bannir la tristesse et la crainte.
Principes et style, tout se tient en lui ; c’est le véritable diplomate, tel qu’on le rencontre dans les salons, ayant sondé l’Europe et touché partout le fond des choses, revenu de tout, particulièrement de l’enthousiasme, admirable dans un fauteuil ou dans une réception, bon conteur, plaisant au besoin, mais avec discrétion, accompli dans l’art de représenter et de jouir. […] Les deux cours étaient alliées presque toujours de fait et toujours de cœur, par la communauté d’intérêts et de principes religieux et monarchiques.
Il m’avait, dès le principe, plu par sa gaieté de bon aloi, son esprit des plus fins et la vaste étendue pour un si jeune homme, d’une véritable érudition sans la moindre pédanterie, qui ne lui servait qu’à baser et solidifier en quelque sorte une conversation étincelante « à la Mercutio », comme on l’a dit excellemment, et qui fut un des charmes de cet être charmant. […] Élevé avec des principes de piété sincère, un peu trop cependant dans le style du siècle, pour être profondément influencé par les enthousiastes ou les fanatiques en matière religieuse ; élevé de plus, à Paris, et précocement éveillé, il devint de bonne heure courtisan (et combien précieux !)
Le monde parisien se compose de deux mondes bien divers : « Le monde des anciennes vertus, des anciennes croyances, qui révère l’Église, la famille, la royauté » ; et puis le monde flottant, indécis entre toutes les passions, tous les principes. […] Ainsi, à chaque instant, à tout propos, par mille transactions inattendues, et sans laisser trop deviner quel est son plan, l’habile professeur ramène son jeune auditoire à tous les vrais principes ; tout lui est bon, pourvu qu’il y trouve un sujet d’enseignement. […] — Oui, par ordonnance royale, le conventionnel Fouché, le votant de la mort de Louis XVI, le proconsul de la Loire et du Rhône, était ministre de la seconde Restauration, de celle qui se renommait surtout du principe de la légitimité ! […] Jugez de cette armée-là par ses chefs, par ses maîtres, par les braves gens de tant de persévérance et de courage qui sont restés trente ans sur la même brèche, à défendre les mêmes principes par la parole, comme Turenne et Condé les auraient défendus par l’épée.
Je compte les leur exposer un jour, si elles veulent bien me faire l’honneur de me suivre jusque-là : elles verront, alors, que c’est du même fonds et des mêmes principes que se tire notre admiration soit pour les grands écrivains d’autrefois, soit pour ceux d’aujourd’hui. […] Il y a du dindon rôti au fond des principes nouveaux de l’esthétique de nos jours. » N’est-ce pas la raison, la vraie raison, le goût, l’instinct de l’art suprême, qui parlent en traits lumineux dans cette amusante boutade ? […] Or il est de principe en justice que le doute profite à l’accusé, et l’accusé, ici, c’est le grand Corneille, Si donc, d’après ce que je viens de vous exposer fidèlement, l’authenticité de ce sonnet qu’on lui attribue ne paraît pas suffisamment prouvée, la conséquence est que nous devons, provisoirement, décharger sa mémoire de cette imputation qui tendrait à la ternir, le dit sonnet démentant d’une part, à la distance de quelques mois seulement, la modération louable du quatrain, que rien ne l’obligeait d’écrire, et, de l’autre, faisant un contraste si tranché et si peu honorable avec les adulations outrées de l’Épître dédicatoire d’Horace.
Spencer, Principes de psychologie, I, 20).
Il était surprenant qu’un enfant de dix ou onze ans, sans avoir été conduit dans les principes de la déclamation, fît valoir une passion avec autant d’esprit qu’il le faisait.
Et là, est revenu avec nous le docteur Potain, le second témoin de Léon, qui malgré les sollicitations de tout le monde, se refuse à dîner et s’en va, ayant pour principe, que si une fois il dînait en ville, il serait obligé d’y dîner d’autres fois, et que son travail du soir serait complètement perdu.
Ces qualités, qui ne sont pas fort honorables au jugement des honnêtes gens, sont horribles étant considérées selon les principes de la religion chrétienne et les règles de l’Évangile. […] Ce qui pique Racine au vif et ce qui l’exaspère, ce ne sont point des excommunications dont il a l’habitude ; ce n’est même pas la publicité de cette excommunication générale, ni l’idée que le public lui en fera peut-être l’application : c’est une petite incise, — une épine secrète — qu’on ne remarque pas tout d’abord, et que je vous rappelle donc : Ces qualités (d’un poète de théâtre), qui ne sont pas fort honorables au jugement des honnêtes gens, sont horribles selon les principes de la religion chrétienne. […] Non pas l’amour-goût, non pas l’amour-galanterie, non pas l’amour romanesque, mais l’amour sans plus, l’amour pour de bon, ou, si vous voulez, l’amour-passion, l’amour-maladie : un amour dans lequel il y a toujours un principe de haine.
Chemin faisant, je trouve un épisode qui sera désagréable aux antisémites et qui prouve que la haute fortune des Rothschildf a pour principe un acte de loyauté financière : l’électeur de Hesse avait laissé son trésor entre ses mains ; malgré toutes les propositions de partage secret qui lui furent faites par les agents du Trésor français, il ne livra rien du dépôt, mais refusa, quand revint l’électeur, d’en toucher les intérêts qui lui appartenaient ; or, huit ans s’étaient écoulés et le capital était de quinze millions. […] Il fut le contraire d’un idéologue, se défia des principes rigides et des axiomes, et s’appliqua toute sa vie à soumettre les théories au contrôle des résultats.