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1297. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Ce n’est pas à des hommes politiques qui, tous les jours, appliquent cette manière de voir aux principes de 89, qu’il est besoin de démontrer cette vérité : de ce qu’on ne va pas aussi loin que tout le monde, et de ce que même, à un moment, on recule un peu, il ne s’ensuit pas qu’on se convertisse ni qu’on renonce à tout. Mais les principes littéraires sont chose légère, dira-t-on, et ils n’ont pas le sérieux que comportent seules les matières d’intérêt politique et social.

1298. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

[Entretiens politiques et littéraires (1892).] […] [Entretiens politiques et littéraires (février 1893).]

1299. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Ne faudrait-il pas commencer par dire qu’il avait visité le Rhin, et alors ne s’étonnerait-on pas à bon droit que lui, poëte par aspiration, archéologue par sympathie, il n’eût vu dans le Rhin qu’une question politique internationale ? […] Il commence comme un ruisseau ; traverse un ravin près d’un groupe de chaumières, sous un petit pont d’une arche ; côtoie l’auberge dans le village, le troupeau dans le pré, la poule dans le buisson, le paysan dans le sentier ; puis il s’éloigne ; il touche un champ de bataille, une plaine illustre, une grande ville ; il se développe, il s’enfonce dans les brumes de l’horizon, reflète des cathédrales, visite des capitales, franchit des frontières, et, après avoir réfléchi les arbres, les champs, les étoiles, les églises, les ruines, les habitations, les barques et les voiles, les hommes et les idées, les ponts qui joignent deux villages et les ponts qui joignent deux nations, il rencontre enfin, comme le but de sa course et le terme de son élargissement, le double et profond océan du présent et du passé, la politique et l’histoire.

1300. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Combler la mesure, faire déborder le vase, exagérer l’horreur du fait du prince, accroître l’écrasement pour révolter l’opprimé, faire rejaillir l’idolâtrie en exécration, pousser les masses à bout, telle semble être sa politique. […] Les principes combinés avec la science, toute la quantité possible d’absolu introduite par degrés dans le fait, l’utopie traitée successivement par tous les modes de réalisation, par l’économie politique, par la philosophie, par la physique, par la chimie, par la dynamique, par la logique, par l’art ; l’union remplaçant peu à peu l’antagonisme et l’unité remplaçant l’union, pour religion Dieu, pour prêtre le père, pour prière la vertu, pour champ la terre, pour langue le verbe, pour loi le droit, pour moteur le devoir, pour hygiène le travail, pour économie la paix, pour canevas la vie, pour but le progrès, pour autorité la liberté, pour peuple l’homme, telle est la simplification.

1301. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Il n’y a pas de centralisation littéraire, pas plus qu’il n’y a de centralisation politique — par la raison bien simple qu’il n’y a pas de centre. […] Aussitôt que, par Richelieu qui continue Louis XI, et par Louis XIV qui Continue Richelieu, l’unité politique est réalisée, — l’unité littéraire se fait, la centralisation littéraire (avec Paris, ou Versailles qui est alors le pseudonyme de Paris), la centralisation littéraire existe ; le seizième siècle, puis le dix-septième siècle, se lèvent, — la littérature française est née !

1302. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

L’Égalité civile et politique n’est qu’une égalité relative, une part faite à qui veut tout prendre, car les principes sont absolus. […] Bien avant ce célèbre club des femmes, organisé en 1848, et si ridiculement fameux ; bien avant les publications de Mme Olympe Audouard, qui demande même des droits politiques, Mme Audouard, la plus avancée des révolutionnaires féminines ; la Marat couleur de rose du parti, et que je ne tuerais pas dans sa baignoire ; bien avant toutes ces tentatives animées dont ont pu rire quelques esprits aristophanesques, quelques attardés dans leur temps, qui ont encore dans le ventre de l’ancien esprit français, car nous portons malgré nous en nos veines quelque chose des mœurs de nos pères, l’idée d’égalité, qui pénètre tout, avait pénétré la perméable substance de l’esprit des femmes, et traversé, sans grande peine, la pulpe de pêche de ces cerveaux.

1303. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Il les a, elles le surmontent, elles le trahissent et le dominent malgré lui, malgré ses sympathies, malgré les notions qu’il se fait du beau littéraire, du beau politique et du beau moral ! […] Ils n’eurent pour la poésie qu’un goût passager et de reflet, pour les beaux-arts qu’un goût de vanité, méprisant les idées spéculatives et n’ayant d’estime que pour la guerre, l’histoire, l’éloquence politique, la science du droit et les plaisirs sensuels.

1304. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Il ne le comprend ni dans l’ordre politique, ni dans l’ordre moral, ni dans l’ordre domestique. […] Le même livre s’inscrit en faux contre la souveraineté politique de l’homme et contre la souveraineté philosophique de la Raison, et tous ceux qui veulent et posent dans leurs théories que les gouvernements personnels et hiérarchiques doivent être remplacés par des mécaniques sociales dont ils ont le devis tout fait dans leur poche, et les rationalistes de toute nuance, protestants, hégéliens, sceptiques, l’acceptent comme la dernière et la plus heureuse interprétation de l’Évangile des temps futurs !

1305. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Le diplomate, l’homme politique dominant l’artiste a-t-il cru faire une application heureuse du vieil axiome, qui n’en peut mais, de diviser pour régner ? […] Car il est misanthrope, Gobineau, comme doit l’être tout homme de cœur et d’esprit qui a passé trente ans, et on les a passés deux fois quand on est diplomate, quand on a aux mains— à ses blanches et irréprochables mains — de la malpropreté des hommes et des affaires, de cette infâme cuisine politique qui fait mal au cœur aux estomacs les plus solides ; il est misanthrope, et c’est la plus belle plume de son aile que cette misanthropie, qui donne à son accent toute sa profondeur et à son talent toute sa vérité.

1306. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

. — Chants politiques de Solon. — Chants guerriers de Callinos et de Tyrtée. — Stésichore. […] La prévoyance de ces maux et l’effort du législateur pour les combattre lui inspirent quelques vers dignes de cette sagesse politique dont Pindare redira les maximes.

1307. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIV » pp. 141-143

Il fait en politique comme en tout, de vastes plans improvisés, des esquisses rapides, crayonnées à peine ; il n’achève pas.

1308. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIX » pp. 227-230

La saison littéraire se traîne comme la saison politique.

1309. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIII » pp. 244-246

La politique y est faite par Lerminier.

1310. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

Gautier ou tout autre ambassadeur bousingot. » On voit à quel point il y avait méprise ; la singularité du costume donnait le change sur la nature des opinions : Auguste Le Prévost méconnaissait le jeune France ; il appelait bousingot ce qu’il y avait de plus opposé à cette catégorie de politiques tapageurs et communs.

1311. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « a propos de casanova de seingalt  » pp. 510-511

Or, l’homme habile, à expédients, le génie à métamorphoses, le Mercure politique, financier ou galant, l’aventurier en un mot, ne dit jamais non aux choses ; il s’y accommode, il les prend de biais, il a l’air parfois de les dominer, et elles le portent parce qu’il s’y livre et qu’il les suit ; elles le mènent où elles peuvent ; pourvu qu’il s’en tire et qu’il en tire parti, que lui importe le but ?

1312. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Herold, André-Ferdinand (1865-1940) »

[Entretiens politiques et littéraires (10 mai 1893).]

1313. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugues, Clovis (1851-1907) »

Malheureusement pour le poète, il ne peut pas, comme maître Jacques, retirer complètement son habit d’homme politique et devenir à son gré un autre personnage.

1314. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 507-511

On a encore de cet Auteur plusieurs Ouvrages de Géométrie, de Philosophie, de Morale, de Politique, d’Histoire, de Critique, de Grammaire, de Poésie Grecque & Latine, dont la plupart sont estimés.

1315. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 5-9

Ce Journal, destiné dans son origine à recueillir les prémices des Muses naissantes, à offrir aux yeux de la Nation les premiers germes des talens capables de flatter ses espérances, à former un mélange intéressant des traits de délicatesse, d’agrément, de force & de sensibilité qu’a produits l’imagination Françoise ; à rendre compte de ce que les Sciences & les Beaux-Arts enfantent tous les jours ; à encourager les Artistes par de justes éloges, ou à les éclairer par des critiques lumineuses : ce Journal borne à présent tout son mérite à des Logogryphes dignes du seizieme siecle, à des Contes d’une froideur qui glace l’esprit, ou d’une extravagance qui égare le sentiment & corrompt le goût ; à des analyses infidelles ou partiales, qui contredisent ouvertement les regles de la Littérature ou celles de la décence ; & à quelques nouvelles politiques rédigées avec une sécheresse qui ôte tout le piquant de la nouveauté.

1316. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Préface » pp. 1-3

Comment réussir à l’y intéresser, surtout en ces temps de préoccupation politique et d’orage ?

1317. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IX. Du vague des passions. »

Les anciens ont peu connu cette inquiétude secrète, cette aigreur des passions étouffées qui fermentent toutes ensemble : une grande existence politique, les jeux du Gymnase et du Champ-de-Mars, les affaires du Forum et de la place publique, remplissaient leurs moments, et ne laissaient aucune place aux ennuis du cœur.

1318. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Barthélémy Saint-Hilaire, ami de ses fils, et qui avait vécu dans sa maison sous la même discipline, lui dédiât sa Politique d’Aristote (1837), et en des termes qui se gravent et ne s’effacent plus ; voici en partie cette dédicace qui prouve quelle idée, quelle empreinte ce père de M.  […]  » L’estime de Carrel fut très haute dès qu’il se mit à l’apprécier ; il essaya même de faire de lui un rédacteur politique et de premiers-Paris. […] Littré, du vivant de Carrel et après lui, fit des articles et rendit des services au National, mais sans jamais être, à proprement parler, un collaborateur politique et une plume d’action. […] Barthélémy Saint-Hilaire, dédiant à la même mémoire sa traduction de la Politique d’Aristote. […] Littré mettait en ordre, annotait et publiait, de concert avec Paulin, les Œuvres politiques et littéraires d’Armand Carrel.

1319. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

La plupart des ouvrages publiés par lui à partir de 1800 avaient été composés ou du moins commencés longtemps auparavant ; il les avait lus par fragments à l’Académie, au Collège de France, dans les salons ; c’était l’esprit de ce monde brillant qui les avait inspirés et caressés à leur naissance ; c’est le même esprit de ce monde recommençant, et enfin rallié après les orages, qui les accueillit, lors de leur publication, avec un enthousiasme auquel les sentiments politiques rendaient, il est vrai, plus de vie et une nouvelle jeunesse. […] Il écrivait à madame Lebrun, bientôt réfugiée à Rome : « La politique a tout perdu, on ne cause plus à Paris. » Il n’émigra point pourtant ; mais inoffensif, généralement aimé, se couvrant du nom de Montanier-Delille, et de plus en plus rapproché de sa gouvernante, qui passa bientôt pour sa nièce34 et devint plus tard sa femme, il baissait la tête en silence durant les années les plus orageuses. […] Geoffroy, quoique du même parti politique que Delille, s’est montré beaucoup plus sévère dans la nouvelle Année littéraire qu’il essaya alors, et il ménagea moins l’aimable auteur que l’ancienne Année littéraire ne l’avait fait. […] Tissot. — Dans l’Histoire de la vie et des travaux politiques du comte d’Hauterive, par M. le chevalier Artaud, au chapitre III, on peut lire une agréable anecdote ; L’abbé Delille et le Janissaire. […] D’ailleurs, à la politique proprement dite, est-il besoin de le dire ?

1320. (1929) Dialogues critiques

Tout dépendra de ce qu’on pense à l’Académie de son avenir politique. […] Ceux qui ne se mêlaient pas de politique n’avaient pas d’ennuis. […] Paul Dans le crime passionnel et le crime politique. […] Ce qu’ils veulent conserver et ce qu’ils voudraient consolider dans une Alsace-Lorraine autonome, c’est ce qui existait sous le Second Empire français et ce que l’Allemagne avait maintenu par conservatisme politique : à savoir ce qu’on appelle en termes vulgaires le gouvernement des curés. […] En philosophie, en politique et en tout, se décidant par caprice, ils tombent dans les mysticismes les plus absurdes et les pires superstitions.

1321. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Est-ce que, depuis le psaume jusqu’à la chanson, depuis l’épopée jusqu’à l’épigramme, depuis l’ode jusqu’à l’élégie, depuis la tragédie jusqu’à la comédie, depuis le discours politique jusqu’à l’entretien familier, chacun de ces artistes de la main n’a pas son parallèle dans un des grands artistes de l’esprit, auquel on le compare involontairement dès qu’on le nomme ? […] Mais elle n’entra en possession de tout son génie, de toute sa popularité, de toute sa gloire, qu’à l’époque où cette papauté elle-même, devenue puissance politique en Italie, régna avec toutes les pompes du trône universel des intelligences sur la catholicité, et, chose remarquable, la naissance de la peinture moderne à Rome coïncida avec la renaissance des lettres, de la philosophie et de la mythologie grecques à la cour des papes. […] Bientôt l’exil politique de David, proscrit comme régicide en Belgique en 1816, ramena le jeune artiste, sans maître et sans patrie, dans la maison paternelle. […] Ce cardinal, plus politique que sacerdotal, ressemblait de visage et de caractère à Fénelon ; il faisait de Rome, à cette époque, la Salente des arts. […] Gell, explorer les fouilles ou les ruines du Palais d’or de Néron ; le soir on entendait au théâtre de Frosinone les légers opéras, préludes de Rossini, ce rossignol du siècle ; l’oreille encore ivre de cette musique, on achevait les soirées dans les salons lettrés de la duchesse de Devonshire, entre le cardinal Consalvi, son ami, et les politiques les plus consommés des différentes cours de l’Europe.

1322. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Je l’ai connu mystérieusement à Florence, pendant plusieurs années, sans que le public soupçonnât nos rapports, que les convenances politiques de ma situation m’empêchaient d’ébruiter. […] Quant à son mari, le prince Napoléon, l’attrait empressé qu’il témoignait pour moi établit entre nous des rapports gênés par la politique, mais bizarres, qui ressemblaient à ces inclinations furtives qu’on s’avoue du regard et qu’on se dissimule des lèvres. […] VI Nous nous rencontrions souvent à la cour : les convenances politiques ne nous permettaient pas de nous voir ailleurs ; même à la cour, et confondus par le mouvement du salon dans les mêmes groupes, nous ne pouvions pas, sans éveiller les ombrages de la diplomatie, nous adresser directement la parole. […] Mais le peintre raisonnait en politique comme Platon : c’est le défaut des artistes. […] L’isolement et les malheurs de cette jeune et intéressante princesse, poursuivie par la politique et par le sort, et jetée par ses adversités mêmes dans une intimité plus fraternelle avec ce seul ami de ses meilleurs jours, avaient changé la douce amitié de Rome en une irrémédiable passion.

1323. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Non, il lui fallait un tragique, un tragique digne d’elle, un tragique aussi riche d’imagination que Shakespeare, aussi grandiose et aussi forcené que Corneille, aussi surnaturel que Goethe, aussi tendre que Schiller, et de plus il fallait que toutes ces supériorités de poète se rencontrassent confondues avec une supériorité de caractère et de volonté, que cet homme à la fois littéraire et politique allumât la torche de ses actions à l’étincelle de son génie, et fît glorieusement agir l’Italie après l’avoir fascinée ! […] La chose réussit à ma grande satisfaction, et j’en contractai une vive reconnaissance envers le ministre, qui, de son côté, m’ayant pris en affection, fut le premier qui me mit dans la tête de me livrer désormais à l’étude de la politique, pour entrer dans la carrière diplomatique. […] Ni Louis XV, qui venait de conclure la paix avec l’Angleterre, ni l’Espagne, qui suivait la politique française, ni Frédéric le Grand, roi de Prusse, qui avait besoin de ménager l’Angleterre, tout en admirant et en célébrant de sa plume le jeune prétendant vaincu, ne consentirent à lui prêter d’appui. […] Le duc d’Aiguillon ne s’adressait plus, comme le duc de Choiseul, au héros d’Édimbourg et de Preston-Pans ; il lui disait simplement : “Soyez époux et père…” Égoïstes calculs de la politique ! […] La mère de la princesse ne demanda pas l’autorisation de l’impératrice Marie-Thérèse, craignant que la politique autrichienne ne s’opposât à un mariage qui devait nécessairement irriter l’Angleterre ; elle se rendit à Paris avec sa fille, et c’est là que le mariage fut contracté par procuration le 28 mars 1772.

1324. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Je me hâtais autant que je pouvais, mais ainsi ne faisaient pas les ouvriers de l’imprimerie de Didot, qui, nouvellement travestis en politiques et en hommes libres, passaient les journées entières à lire les journaux et à faire des lois, au lieu de composer, de corriger, de tirer les épreuves que j’attendais. […] « Voilà donc plus d’une année que je regarde en silence et que j’observe le progrès des lamentables effets de la docte ignorance de ce peuple, qui a le don de savoir babiller sur toutes choses, mais qui ne peut en mener aucune à bonne fin, parce qu’il n’entend rien à la pratique des affaires et au maniement des hommes, ainsi que déjà l’avait finement remarqué et dit notre prophète politique, Machiavel. » — Les intérêts de mon amie, ajoute-t-il, me retiennent seuls à Paris. — Quels pouvaient être ces intérêts, si ce n’est de faire ratifier par M.  […] J’avais ajouté à ces ouvrages de ma façon une toute petite brochure politique, écrite quelques années auparavant sous le titre de : Avis aux puissances italiennes. […] Cet écrit était né de l’indignation légitime qu’avait excitée en moi une politique assurément plus sotte que la mienne, celle qui, depuis deux ans, était mise en œuvre par l’impuissance de l’empereur, combinée avec les impuissances italiennes. […] Ainsi vivions-nous dans cette villa, où nous ne recevions qu’un très petit nombre de nos amis de Florence, et rarement encore, de peur d’éveiller les soupçons de cette tyrannie militaire et avocatesque, qui, de tous les mélanges politiques, est le plus monstrueux, le plus ridicule, le plus déplorable, le plus intolérable, et qui ne s’offre à moi que sous l’image d’un tigre guidé par un lapin.

1325. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

VII Il resta invariablement fidèle à son prince, devint son ami et ne cessa pas de gouverner, de concert avec lui, dans un sens libéral et modéré, dirigeant les alliances, la politique et le théâtre de Weimar dans le double intérêt du prince et du peuple pendant cinquante ans. […] Voilà tout. » XII Les opinions politiques de Goethe, modifiées par le temps et les événements, sont assez bien interprétées par lui-même dans les pages ci-jointes. « Et en politique ! […] — Je l’ai écrite au temps de la première Révolution, et on peut la regarder comme ma profession de foi politique à ce moment. […] La politique, voilà la fatalité !

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