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2002. (1891) Esquisses contemporaines

Ce qui leur plaira tout d’abord, ce sera d’éloigner des affaires publiques les supériorités morales et intellectuelles qui les dépassent et dont elles sont jalouses, étant, elles, médiocres de leur nature. […] Elle est réservée aux cœurs simples et aux volontés droites ; mais de cette curiosité délicate qu’attirent les déductions ingénieuses et qui se plaît à surprendre le secret agencement des existences. […] L’auteur se plaît à nous renseigner lui-même sur le travail d’analyse qui s’opère constamment en lui et sur le plaisir qu’il y prend : Je sens passer en moi le sifflement moqueur Du Méphistophélès que chacun porte au cœur. […] À Dieu ne plaise que je ridiculise ces questions.

2003. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Heureux ceux, heureux deux amis qui s’aiment assez, qui veulent assez se plaire, qui se connaissent assez, qui s’entendent assez, qui sont assez parents, qui pensent et sentent assez de même, assez ensemble en dedans chacun séparément, assez les mêmes chacun côte à côte, qui éprouvent, qui goûtent le plaisir de se taire ensemble, de se taire côte à côte, de marcher longtemps, longtemps, d’aller, de marcher silencieusement le long des silencieuses routes. […] Mais dire à celui qui sait beaucoup mieux que vous, voilà ce qui me plaît, voilà l’enseignement que je distribue, n’est-ce pas là le véritable enseignement. […] Polyeucte J’en verse, et plût à Dieu qu’à force d’en verser Ce cœur trop endurci se pût enfin percer ! […]    Seigneur, de vos bontés il faut que je l’obtienne ; Elle a trop de vertus pour n’être pas chrétienne : Avec trop de mérite il vous plut la former, Pour ne vous pas connoître et ne vous pas aimer, Pour vivre des enfers esclave infortunée, Et sous leur triste joug mourir comme elle est née.

2004. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

L’espagnol me plaît par l’idée que notre famille en sort du côté de la mère de papa.

2005. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Dans sa flamme amoureuse croissante, il s’écrie : « Ni la boucle de cheveux de Timo, ni la sandale d’Héliodora, ni le vestibule de la petite Démo, toujours arrosé de parfums, ni le tendre sourire d’Anticlée aux grands yeux, ni les couronnes fraîchement écloses de Dorothée, non, non, ton carquois, Amour, ne cache plus rien de ce qui te servait hier encore de flèches ailées ; car en moi sont tous les traits127. » Il diversifie cette pensée, et, y entremêlant d’autres noms, il se plaît à la redire, non point en pure fantaisie, mais d’un accent pénétré : « J’en jure par la frisure de Timo aux belles boucles amoureuses, par le corps odorant de Démo, dont le parfum enchante les songes, j’en jure encore par les jeux aimables d’Ilias, j’en jure par cette lampe vigilante qui s’enivre, chaque nuit, de mes chansons, je n’ai plus sur les lèvres qu’un tout petit souffle que tu m’as laissé, Amour ; mais si tu le veux, dis, et ce reste encore, je l’exhalerai. » C’est là sa plainte constante, c’est son vœu, même lorsqu’il a l’air de crier merci : « Le son de l’amour plonge sans cesse en mes oreilles, mon œil offre en silence sa douce larme aux désirs ; ni la nuit ni le jour n’ont endormi le mal, mais l’empreinte des filtres est déjà reconnaissable à plus d’un endroit dans mon cœur.

2006. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

À présent (sixième et septième mois), il se plaît à essayer beaucoup de contacts, notamment celui d’un journal étendu qu’il foule et ploie. 5º Atteindre les objets qu’il aperçoit.

2007. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

« Ils ont jeté du fiel sur ce que je mange et du vinaigre dans ce que je bois… « Mais mes chants plaisent à Jéhovah plus que leurs bœufs avec leurs cornes et leurs sabots ! 

2008. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Le peuple peut, quand il lui plaît, changer son gouvernement et révoquer ses mandataires.

2009. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

La pauvre femme du forçat seule ne s’y plaisait pas.

2010. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Chacun, en s’approchant de madame Necker, disait un mot à sa fille, lui faisait un compliment ou une plaisanterie… Elle répondait à tout avec aisance et avec grâce ; on se plaisait à l’attaquer, à l’embarrasser, à exciter cette petite imagination qui se montrait déjà si brillante.

2011. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Le pape se plaisait à voir le génie du plus grand artiste de l’Europe travailler à sa propre immortalité.

2012. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Son entreprise doit plaire à tous et n’alarmer personne ; car il s’occupe encore plus d’attacher l’âme que de forcer la conviction.

2013. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Mais pour que le métier soit productif, pour que le jongleur gagne et puisse bien payer le trouvère, il faut plaire à l’auditoire : son goût fera la loi.

2014. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Il se plaisait à rapprocher les littératures des nations européennes, à faire ressortir les différences que la diversité des circonstances historiques et des institutions sociales avait mises entre elles, à suivre les actions et réactions d’un pays sur l’autre : il faisait une grande place à l’Angleterre dans son étude de notre xviiie  siècle, et pour le moyen âge il suivait le développement parallèle de la littérature en France, en Italie, en Espagne, en Angleterre.

2015. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Ce qui nous plaît, au bout du compte, dans les œuvres septentrionales, c’est l’accent, l’accent nouveau, particulier, d’idées, de sentiments, d’imaginations qui ne nous étaient point inconnus.

2016. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Le caprice parisien jette ses maîtresses dans l’oubli, comme le sultan jetait autrefois ses odalisques au Bosphore. « Elle dansa deux jours et elle plut », dit, dans son style de marbre froid, l’épitaphe d’une danseuse antique, tracée de ce pouce romain qui ordonnait au gladiateur de mourir.

2017. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Qu’est-ce que les Curetés, s’il vous plaît ?

2018. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Plaire, aimer, pardonner, ce fut toute sa vie : que ce soit aussi toute sa mémoire !

2019. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Nos poètes et nos artistes doivent donc s’attacher uniquement à plaire aux esprits d’élite ; c’est même le plus sûr moyen d’avoir un peu plus tôt ou un peu plus tard le succès populaire : car la pensée de quelques hommes supérieurs finit toujours par diriger la foule.

2020. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Mais c’est répondre à la question par la question et expliquer le progrès par une tendance innée au progrès, véritable entité métaphysique dont rien, du reste, ne démontre l’existence ; car les espèces animales, même les plus élevées, ne sont aucunement travaillées par le besoin de progresser et, même parmi les sociétés humaines, il en est beaucoup qui se plaisent à rester indéfiniment stationnaires.

2021. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

N’avaient-ils pas poussé le Protestantisme, — cette chose qui ne peut rien pour elle-même, parce que le sens de l’autorité lui manque et que la logique la roulera toujours, de conséquence en conséquence, aussi loin qu’il lui plaira de la rouler, — n’avaient-ils pas poussé le Protestantisme jusque par-delà toute doctrine, jusqu’à cette honteuse Négation qui n’a plus qu’à s’asseoir et à se taire dans les ténèbres ?

2022. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Réussir dans la République des Lettres, c’était plaire aux honnêtes gens, comme réussir dans la République c’est plaire aux électeurs. […] Et ce que c’était que plaire aux honnêtes gens, Germaine Necker l’avait appris sur son petit tabouret, dans le salon de sa mère. […] Hébert a un vrai tempérament : de journaliste, il a créé un style populaire et puissant d’une verve et d’une verdeur singulières, que les Goncourt admiraient, et dont Jaurès, quand il publiait par livraisons son Histoire socialiste, se plaisait à citer de longues pages pour amuser encore ses lecteurs populaires de 1900. […] Et alors le refus d’un ministère par Louis-Napoléon, ou plutôt par l’entourage du prince, fut pour lui l’équivalent, le pendant, la suite de ce qu’avait été sept ans plut tôt la chute des Burgraves, qui l’avait exilé du théâtre.

2023. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

J’ajoute que ce livre est pour plaire à ceux qui placent l’âge d’or dans l’avenir, aux partisans du progrès, à ceux qui ont foi dans l’amélioration de la destinée humaine sur la terre. […] Elle est maigre, comme il convient à son âge, la bouche fort vermeille, les lèvres grosses, les dents blanches, longues et très mal rangées. » On le voit aux propos très réservés de la duchesse de Lude l’annonçant à la cour : « La duchesse est d’une figure aimable, bien faite dans sa taille, et j’ose espérer qu’elle plaira au Roi. » On le voit à la circonspection plus grande encore de Dangeau : « La princesse m’a paru fort aimable ; je ne reviens pas sur ce chapitre, de peur d’en dire trop. » On le voit à ce mot de Mme de Maintenon : « On nous mande que la princesse de Savoie, quoique laide, ne déplaît pas. » Le portrait qui fut envoyé de Turin au duc de Bourgogne au moment des fiançailles, et dont on trouvera la gravure en tête du volume de M. d’Haussonville, n’est pas pour nous donner un frisson d’admiration. […] Elle parle si peu qu’elle ne dit jamais rien de mal à propos ; elle écoule sans faire semblant d’écouter et paraissant nôtre occupée que de son plaisir… Elle craint de déplaire ; mais elle ne cherche point à plaire avec empressement… Elle a un pouvoir incroyable sur elle… Elle garde le secret sans se couper par la moindre mine ; et quand il devient public elle ne se fait pas un mérite de l’avoir su et de l’avoir tu. […] Fogazzaro se plaît à voir la vis essentialis de Wolf, le nisus formativus de Blumenbach et de Renan, le principe sensible et organisateur de Rosmini, la innere Ursache de Kolliker de Wigand, la unknow internal law de Mivart, la permutation ou mutability dont Powel écrit qu’elle est la tendance originelle de la nature, etc. […] C’est qu’aussi, outre qu’il faisait consciencieusement, très régulièrement au moins, son métier de roi, il plaisait, il continuait de plaire, personnellement, jusque dans sa vieillesse.

2024. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

« Je n’écris que pour cent lecteurs ; et de ces êtres malheureux, aimables, charmants, point hypocrites, point moraux, auxquels je voudrais plaire, j’en connais à peine un ou deux… » C’est le début d’une préface aussi, ces quelques lignes, mais signée par Stendhal, et mise en tête de ce livre d’analyse sans conclusion, qui est l’Amour. […] C’est la femme à la fois tendre et légère, qui vous trompe, avec votre nom dans le coeur, parce qu’elle aime à plaire, parce qu’on lui parle un langage troublant, parce qu’elle est femme, et que faire fond sur elle, c’est faire fond sur de l’eau. […] Mais le ton seul de chacune de ses phrases, ce ton persifleur et volontiers féroce, mais ce soin de dompter son interlocuteur dès les premiers mots et d’imposer sa supériorité, mais l’évidente défiance de chaque phrase et de chaque geste, tout cela représente une sorte d’aveu et une sorte de plainte… Je l’aperçois, aussi nettement que si je le voyais des yeux de ma tête, cet homme qui a eu ses vingt ans au commencement du second Empire, et à cette époque de triomphe indiscutable du fait dont nous nous plaisons à reconnaître aujourd’hui les symboles dans l’action politique de M. de Morny, dans l’action philosophique de M.  […] Je n’en ai rencontré qu’une seule qui la valût, celle de Barbey d’Aurevilly, dans les jours où il voulait, comme il le disait de l’Anglais Gordon partant pour Karthoum : « se plaire à lui-même. » Il y eut pourtant entre ces deux grands causeurs une différence. […] Irène n’est pas ici la femme uniquement méchante, car elle aime sincèrement à plaire ; elle a besoin d’être aimée, quoiqu’elle ne soit pas capable d’aimer elle-même jusqu’au don définitif et entier de son être intime.

2025. (1886) Le roman russe pp. -351

Il a mieux encore, le don de plaire et d’éblouir. […] Serait-ce que nous sommes trop vieux pour nous plaire aux contes de nourrices, trop moroses pour nous réjouir avec les bonnes gens ? […] En ce cas, vous vous plairez aux dames du lac de Gogol, vous n’aurez rien à passer dans les Veillées du hameau. […] Jadis, il ne se plaisait qu’aux émotions virginales, la femme ne l’intéressait que jeune fille, il peignait l’amour loyal, marchant le front haut, même alors qu’il brave le monde.

2026. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

—  C’est que, s’il vous plaît, dit Byron en tendant son bras, j’en voudrais recevoir la moitié1238. » La générosité surabondait chez lui comme le reste. « Jamais, dit quelqu’un qui le connut intimement dans sa jeunesse, il ne rencontrait un malheureux sans le secourir1239. » Plus tard, en Italie, sur cent mille francs qu’il dépensait, il en donnait vingt-cinq mille. […] L’estomac se gâte, les nerfs se déconcertent, l’âme mine la machine, qui mine l’âme à son tour. « Je m’éveille toujours, écrivait-il en Italie, dans un véritable accès de désespoir et de dégoût pour toutes choses, même pour ce qui me plaisait la veille.

2027. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Je comprendrais donc qu’un bon esprit et un bon patriote, plus jaloux d’être utile à ses concitoyens que de leur plaire, s’exprimât à peu près en ces termes : « Corrigeons-nous de la démocratie. […] L’imprévu est grand dans les choses humaines, et la France se plaît souvent à déjouer les calculs les mieux raisonnes.

2028. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

C’est alors l’époque de cette grande passion qui l’improvise boursier, un boursier s’il vous plaît, gagnant douze mille francs par mois pour la femme qu’il aime, puis bientôt la cruelle déception, qui lui fait acheter, avec l’argent de sa dernière liquidation, un bateau de pêche en Bretagne, sur lequel, il mène pendant dix-huit mois la vie d’un matelot, dans l’horreur du contact avec les gens chic. […] Jeudi 31 octobre Loti est venu de Rochefort, pour assister à La Lutte pour la vie, et s’il vous plaît, en grand uniforme.

2029. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

. ; elle lui plaît, car « toute imitation fait plaisir268 » ; d’ordinaire il se l’exagère, parce qu’il s’y complaît : le plaisir qu’il éprouve l’empêche d’apprécier les différences du modèle et de la copie ; le mot et la partie sonore de l’idée forment un tout, et, faute d’un acte d’attentive discrimination [ch. […] Certains hommes, il est vrai, s’intéressent à ces sortes de ressemblances et s’amusent à les remarquer ; souvent même, ils se plaisent à en augmenter le nombre : recherchant dans les alliances de mots l’harmonie imitative, ils se font de l’onomatopée une sorte d’habitude positive [§ 2] ; mais cette tendance est nuisible aux qualités logiques du langage, et sa valeur esthétique elle-même est discutable280.

2030. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Quoique j’aime l’action, bien qu’il me plaise de lutter contre les fantômes qui obsèdent nos frères, il y a des moments où je voudrais, comme toi, vivre à l’écart parmi d’harmonieux paysages… Et cela, dès maintenant ! […] Précieuse vertu, cher ami, force qu’il me plaît de trouver toujours vivante en toi malgré les rires et les grognements envieux des impuissants et des égoïstes imbéciles que tu flagelles… Mais allons souper : ma femme doit nous attendre. […] Il me plaît d’émettre, avec la voix frêle et toussotante d’un centenaire, des maximes glacées, tandis que l’âme du feu flambe et pétille en moi, selon l’éternelle jeunesse départie aux Démons… Ces hommes qui vont venir me salueront, marqueront du respect pour ma décrépitude, et, cependant, je lirai dans leurs yeux la satisfaction qu’ils éprouveront à se sentir forts, alertes, dispos en présence de la ruine humaine que je parais être… Ce spectacle, je veux le donner à Maître Phantasm avant de me séparer de lui à jamais.

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