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782. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Desmarest ne se défend pas au reste de toute partialité : la grande figure de Napoléon domine, il l’avoue, sa pensée et son livre. […] Desmarest, un commentaire de Gordon ou de Machiavel sur Tacite ou Tite-Live ; il y saisit un passage qui développait cette pensée : « Que les gens chargés de l’exécution des grands attentats n’en tirent jamais les fruits qu’ils espèrent ; car ceux qui, par leur position, sont appelés à en profiter, qu’ils l’aient commandé ou non, ont soin de cacher un instrument honteux, si même ils ne le brisent comme dangereux. » Georges, en montrant le livre à M.  […] Le séjour de Londres, de 1801 à 1803, durant lequel il fréquenta des hommes de pensée élevée et de civilisation, contribua sans doute aussi à agrandir ses vues et à mûrir son intelligence politique. […] En effet, les grands hommes d’action doivent avoir cette puissance de retrancher aux choses qui sont en spectacle devant leurs yeux et de n’en voir que ce qu’il en faut pour se diriger dessus et y enfoncer la pensée comme un coin.

783. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. […] Cette pensée est visible surtout dans Sénèque. […] Ceci n’est autre chose que la pensée chrétienne elle-même : c’est le christianisme qui a promulgué toute vérité. […] Ainsi l’émancipation de la pensée a dû produire l’extension des limites de la liberté dans les institutions sociales.

784. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

C’est même une chose naturelle, ordinaire et universelle aux temps de syncrétisme comme le nôtre, que cette facilité des esprits à revêtir tous les costumes, déjà connus, de la pensée, et à se les ajuster assez bien, ma foi ! […] C’est un masque de talent (je le veux bien), mais un masque qui n’a que deux costumes à son usage, — les acteurs de la pensée sont moins riches que ceux de la scène, — le costume antique et le costume indien. […] Mais cosmopolite dans la pensée, il l’est aussi dans l’expression et il appartient au groupe de ceux qui ouvrent le sein de la langue à l’étranger. […] On juge, à le voir rouler en se débattant dans cette vacuité de pensées, dans ce vortex du rien où il meurt, de la solidité d’articulations qui était en lui et qui eût pu l’élever dans l’éther du ciel poétique, s’il avait eu seulement un peu d’âme, — un peu d’âme qui est l’haleine du poète et qui lui permet de monter haut !

785. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

L’homme ne joue guère de rôle dans cette manière d’envisager les lieux et de les reproduire : le groupe d’usage n’y est pas ; la pastorale et l’élégie y sont sacrifiées ; point de ronde arcadienne autour d’un tombeau ; point de couples épars et de nymphes folâires et d’amours rebondis ; point de kermesse rustique, de concert en plein air ou de dîner sur l’herbette ; pas même de romance touchante, ni de chien du pauvre, ni de veuve du soldat : c’est la nature que le peintre embrasse et saisit ; c’est le symbole confus de ces arbres déjà rouillés par l’automne, de ces marais verdâtres et dormants, de ces collines qui froncent leurs plis à l’horizon, de ce ciel déchiré et nuageux, c’est l’harmonie de toutes ces couleurs et le sens flottant de cette pensée universelle qu’il interroge et qu’il traduit par son pinceau. […] Huet ; et son exécution répond à cette pensée. […] Huet en a profité d’avance ; dans sa manière d’envisager et de peindre la nature, il serait tombé tout à fait d’accord avec Hoffmann et avec le petit Maltais ; voici le passage : « Saisir la nature dans l’expression la plus profonde, dans le sens le plus intime, dans cette pensée qui élève tous les êtres vers une vie plus sublime, c’est la sainte mission de tous les arts.

786. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Prosper Faugère, en 1844 ; et, depuis eux, dans leurs éditions des Pensées, MM.  […] Les Lettres provinciales, comme on l’a très bien dit, sont des pamphlets jansénistes, mais les Pensées aussi sont des pensées jansénistes, et la matière de la grâce est à peu près tout le jansénisme. […] Voilà le pessimisme de Pascal, et voici maintenant le fond de ses Pensées. […] Il ne pourrait nous nuire d’en savoir davantage, et nous en comprendrions d’autant mieux le livre des Pensées. […] « Le vice du style, disait-il, n’est qu’une conséquence bien exacte du vice des pensées.

787. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Ainsi dégoûtés et nourris, ils peuvent trouver du plaisir dans tout ordre de pensées, et ils ne souffrent de pensée que sous une forme frappante. […] On parcourt, en dix lignes, les quatre coins de la pensée et du monde. […] L’esprit a englouti toute pensée personnelle dans l’immense et bienheureuse pensée du tout. […] Ici reparaît la pensée morale qui est le fond de la doctrine. […] À cette hauteur, il n’y a plus de pensée, ni de négation de pensée ; « l’idée et la perception cessent64 ».

788. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Il écrivait le 13 mars à ses parents : « L’anxiété que mêlaient à l’inquiétude commune mes propres pensées m’avait mis hors de moi. […] L’enivrant spectacle de ces plaines abandonnées où revivent avec Tite-Live, avec Virgile, tant de souvenirs impérissables, m’a fait rentrer en moi et revenir aux salutaires pensées dont m’avait distrait le bruit que vous faites. […] « Pour moi, dans les plus vives souffrances et dans les plus vives joies, je retrouve les mêmes pensées. […] Les expressions, que je ne cherchais point, obsédaient ma pensée ; mes notes grossissaient d’une heure à l’autre ; j’apprenais par cœur sans le vouloir. […] Dans le plein exercice de son admirable éloquence, il retrouvait toute sa sérénité, sa tranquillité de conviction, son unité morale, comme toute sa majesté de pensée et sa hauteur.

789. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Zola par la bouche de son romancier typique : « Etudiez l’homme tel qu’il est, non plus le pantin métaphysique, mais l’homme physiologique, déterminé par le milieu, agissant sous le jeu de tous ses organes… N’est-ce pas une farce que cette étude continue et exclusive de la fonction du cerveau… La pensée, la pensée ; eh ! […] la pensée est le produit du corps entier… Et nous continuerions à dévider les cheveux emmêlés de la raison pure ! […] Leur importance, leur grandeur pour la pensée, leur place dans la perspective générale dépend ainsi de la quantité et de la qualité des idées ou sentiments qu’ils éveillent. […] Quant aux évangiles, ils n’ont jamais été mieux commentés au point de vue littéraireque dans cette pensée : « Jésus-Christ a dit les grandes choses si simplement, qu’il semble qu’il ne les a pas pensées ; et si nettement, qu’on voit bien ce qu’il en pensait. Cette clarté, jointe à cette naïveté, est admirable. » (Pensées de Pascal, p. 17.)

790. (1923) Au service de la déesse

Et maintenant, qui oserait dire que la pensée de Némésis ait disparu de toutes âmes tout à fait ? […] Le néo-darwinisme n’explique pas le passage de la vie à la pensée. […] En effet, « la pensée n’est pas nécessairement bienfaisante ». […] … » Jolie pensée, bien attentive ! […] Les éléments d’une pensée, dans la phrase où la pensée est tout entière, ce sont les mots.

791. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Germain-Lacour, Alphonse-Marie-Joseph (1860-19..) »

Il y a surtout de la pensée, de la pensée à la Sully Prudhomme, dans son nouveau recueil.

792. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Plus d’amour ; —  la terre n’avait plus qu’une pensée, celle de la mort, —  de la mort présente et sans gloire, et la dent — de la famine mordait toutes les entrailles. […] Mais il était adulte, et ne pouvait remonter vers les civilisations, ni vers les épopées d’où le courant de sa pensée et de sa vie l’avait retiré pour jamais. […] Mais notre pensée perce plus loin que nos yeux. […] Reproduisons-la et donnons-lui dans notre pensée un nouvel être. […] Qui a lu les amours d’Haydée, et a eu d’autre pensée que de l’envier et de la plaindre ?

793. (1887) George Sand

Il écrase Francis de sa générosité, tout en lui enlevant la joie de la dernière pensée d’Alida. […] Elle s’enhardit en dehors des limites qu’elle avait tout d’abord tracées autour de sa pensée. […] Loin de nous toute pensée d’ironie ! […] Une fleur, une herbe, tout s’harmonise avec nos pensées. […] Ces rapprochements éclairent la pensée de l’auteur.

794. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

»), — si ce n’est point par terreur qu’ils montrent une si belle patience, c’est donc dans la pensée qu’ils pourront, dans un an, être cruels à leur tour. […] Telle est, je crois, la pensée de ces jeunes gens ; pensée haïssable, mais fertile pour eux en orgueilleuses délices.

795. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre V. Un livre de Renan et un livre sur Renan » pp. 53-59

Elle sera immense dans l’histoire de la pensée. […] La pensée de M.  […] Et alors la pensée libre de Renan, qui croit à beaucoup de vérités, lui semble nulle de par ses recherches variées et sa richesse même.

796. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Ils ont été écrits en même temps que le reste de l’ouvrage, ils datent de la même époque et sont venus de la même pensée, ils ont toujours fait partie du manuscrit de Notre-Dame de Paris. […] Mais il est peut-être d’autres lecteurs qui n’ont pas trouvé inutile d’étudier la pensée d’esthétique et de philosophie cachée dans ce livre, qui ont bien voulu, en lisant Notre-Dame de Paris, se plaire à démêler sous le roman autre chose que le roman, et à suivre, qu’on nous passe ces expressions un peu ambitieuses, le système de l’historien et le but de l’artiste à travers la création telle quelle du poëte. […] Et l’on ne parle pas ici seulement de ce qui se passe en province, mais de ce qui se fait à Paris, à notre porte, sous nos fenêtres, dans la grande ville, dans la ville lettrée, dans la cité de la presse, de la parole, de la pensée.

797. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

Quoique journaliste, il n’a jamais écrit que dans l’indépendance de sa pensée. […] Au lieu de deux ailes qu’elle avait, il en a donc donné quatre à la Pensée… Eh bien, c’est sous cette forme concentrée et particulière appelée articles de Journal, par la Vulgarité qui déshonore tout, quand elle parle de quelque chose, que les divers chapitres de ce livre ont été écrits. […] On y observera l’ordre hiérarchique des connaissances et des génies, et c’est pour cela qu’on commence aujourd’hui par ce qu’il y a de plus général dans la pensée : les Philosophes et les Écrivains religieux.

798. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

Cet ouvrage en est un : il est intéressant, passionné, palpitant, comme la question qui nous prend tous, en ce moment, par le cœur ou par la pensée, par le sang ou par la fierté. […] l’était-il dans les racines de sa pensée ? […] La hauteur des opinions de Méry sur les hérésies, l’influence de l’hérésie sur les Barbares, le frappant vis-à-vis de l’apostasie d’Attila et de l’apostasie de Julien, — lequel appartient exclusivement au nouvel historien de Constantinople et qui a l’inattendu d’une révélation, — son bel épisode des Croisades, son mépris pour l’esprit des Grecs rebelles et disputeurs et pour ces protestants du xvie  siècle qui renouvelèrent, à leur manière, l’esprit grec, et forcèrent les puissances chrétiennes à se détourner de la grande guerre traditionnelle de la chrétienté contre la barbarie musulmane pour brûler Rome et s’entre-déchirer entre elles au nom de la dernière hérésie sortie de la plume de Luther, enfin son jugement, d’une si noble pureté de justice, sur les grands calomniés de l’histoire, les jésuites, — puisqu’il faut dire ce nom si magnifiquement exécré, — et dont il nous raconte l’établissement et l’héroïsme, sous Murad III, à Constantinople, toutes ces choses et toutes ces pages, qui font de l’histoire de Méry une composition d’un mouvement d’idées égal pour le moins au mouvement de faits qu’elle retrace, n’ont pu être pensées et écrites que par un catholique carré de base déjà, mais qui va s’élargir encore.

799. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

La pensée humaine n’a rien à voir dans ces aventures. […] C’est l’âme inspirée du siècle, c’est la pensée de l’humanité. […] Une seule et même pensée de rétrécissement intellectuel circule sous la boîte crânienne des critiques. […] Tous, ou presque tous, nous sommes dévorés par cette cérébrale et démoralisante vermine : la pensée. […] La valeur du dessin, la puissance de la couleur, s’accompagnent ici de la qualité de la pensée.

800. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Volupté et violence, ce sont toujours ses deux pensées dirigeantes. […] Il est né au bruit des armes ; il a eu pour premier entretien de sa pensée la conquête du monde. […] « C’est cette pensée qui est fort naïvement exprimée par le chevalier Kent. […] Les pensées que tu exprimes là sont les plus vitales de toutes mes pensées. […] C’est vaguement le fond de sa pensée.

801. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Voyez en effet : le nombre, le rapprochement, ont-ils jamais nui aux brillants champions de la pensée, de la poésie, ou de l’éloquence ? […] Villemain, quand il écrit, gagne sans doute en perfection, en poli, en pensée plus nourrie et mieux ménagée, mais il y a quelque chose qu’il n’a plus ; quand il est lui écrivain, il n’est pas lui orateur. […] quelle révélation, pour qui sait les saisir, sur les secrets de naissance de la pensée littéraire ! […] Ce n’était ni verve ni saillie éblouissante, mais quelque chose de plus doux ; une pensée perpétuelle sans effort, de l’animation sans fumée ni flamme, la proportion juste des idées, chaque objet saisi à son point et avec détachement, tout le nonchaloir des loisirs. […] (Note de 1836.) — Les Œuvres de Victorin Fabre ont depuis été publiées en effet, et j’ai écrit à cette occasion deux articles qui résument toute ma pensée à son égard (Revue de Paris, 11 juin 1844 et 8 février 1845).

802. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Cette tête était ornée par derrière et voilée par-devant d’une belle chevelure indécise entre le brun et le blond, qui ruisselait jusque sur ses épaules, et d’où sortait, au mouvement de sa main, un front limpide, mais déjà plein de je ne sais quoi, pensées ou rêves, poésie future ou sagesse prématurée. […] La pensée a besoin de méditation pour mûrir ; le caractère a besoin de force pour résister : où est la réflexion, où est le caractère, dans une tête qui ne peut s’appuyer sur la main ? […] Cependant la pensée fait partie du bonheur. […] Son visage, dont tous les délinéaments étaient nets, purs, minces, transparents comme un camée, avait la délicatesse d’une miniature ; mais il était sévère comme une pensée. […] C’est que le cœur dormait encore dans cette jeune fille, et que la pensée était déjà tout éveillée ; ou bien peut-être la pensée n’avait-elle jamais dormi en elle, et cette créature surnaturelle était née en pensant.

803. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Quand Montesquieu hésite, le pion n’hésite pas, lui, à découvrir la vraie pensée de Montesquieu. Et la vraie pensée de Montesquieu, c’est la pensée — si j’ose dégrader ce mot — de M.  […] Ni pensée, ni sentiment. […] L’applaudissement qui, tout à l’heure payait un accent convaincu, continuerait, rémunérant une clownerie de pensée ou d’expression. […] Il y a dans ce pays une pensée, différente de la pensée européenne, mais peut-être fraternelle et non contradictoire.

804. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Point du tout ; s’il parle ainsi, ce n’est point par choix, c’est par force ; la métaphore n’est pas le caprice de sa volonté, mais la forme de sa pensée. […] Ses personnages appellent les choses par leurs noms sales, et traînent la pensée sur les images précises de l’amour physique. […] Ils se laissent détourner de leur chemin par toutes les pensées qui viennent à la traverse. […] Sa pensée habite déjà le cimetière ; pour cette philosophie désespérée, l’homme vrai, c’est le cadavre. […] Le premier jette une pensée, et les autres la répètent.

805. (1897) Aspects pp. -215

J’ai donné ma pensée entière, avec passion peut-être mais en toute sincérité. […] Paul Adam, l’homme est la pensée de la planète. […] La pensée c’est le moment éternel. […] Ils sentirent combien s’affirme désirable une alliance étroite entre la pensée latine et la pensée germanique. […] Paul Adam a brodé des arabesques de pensée vraiment admirables.

806. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Il devait être facile de s’entendre ; et, après quelques tâtonnements, c’est de cette entente qu’est sortie la pensée de l’Académie française. […] « Qu’est-ce qu’une pensée… neuve ? […] Périer, Préface [anonyme] de la première édition des Pensées, 1670 ; — Voltaire, Remarques sur les pensées de M. Pascal, 1728 — 1734 ; — Boullier, Sentiments sur la critique des Pensées de Pascal, 1741 ; — Condorcet, son édition des Pensées, 1776 ; — les « Notices » en tête des éditions des Pensées, depuis celle de Frantin, Dijon, 1835, jusqu’à celle de M.  […] Qu’il n’y a pas un « seul » fragment des Pensées qui ne tende à établir quelqu’une des propositions précédentes ; — mais que, pour bien s’en rendre compte, il faut songer que, dans la pensée de Pascal, son apologie était à la fois dirigée contre les libertins, — contrôles philosophes, — contre les Jésuites, — et contre les Juifs. — Importance de cette observation. — De la valeur apologétique actuelle des Pensées de Pascal. — [Cf. 

807. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Conclusion Expliquez donc votre pensée. […] — Expliquez donc votre pensée, car nous ne pouvons pas la deviner. Quand vous avez fait, comme élève de William Schlegel, une Leçon sur la comédie ; quand vous avez écrit, comme émule de Jean-Paul, des Pensées sur la poésie comique, nous avons bien vu que vous vous moquiez du monde, assez maladroitement, il est vrai, avec un mélange d’idées graves et sensées qui plusieurs fois nous a fait douter de vos intentions ironiques. […] Expliquez donc votre pensée, car nous ne pouvons pas la deviner.

808. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Par cette méthode, Calvin inaugure la controverse et l’apologétique modernes : et ainsi il y, a quelque chose de lui dans les Pensées et dans le Discours sur l’Histoire Universelle et dans la Politique tirée de l’Histoire sainte. […] J’y retrouve, sous l’éminente autorité de l’Écriture, sans cesse alléguée et impérieusement dressée, j’y retrouve une pensée nourrie et comme engraissée du meilleur de la sagesse antique, et un sens du réel, une riche expérience qui donnent à tout ce savoir une efficacité pénétrante. […] Dans cette langue dont il était plus maître que de son parler natal, Calvin donna à sa pensée toute son ampleur et toute sa force, et quand ensuite il la voulut forcer à revêtir la forme de notre pauvre et sec idiome, elle y porta une partie des qualités artistiques de la belle langue romaine. […] Et surtout il a l’inestimable don du xvie  siècle, la jeunesse : cela étonne ; j’entends par là la fraîcheur d’une pensée toute proche encore de la vie et chargée de réalité.

809. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Disons-le en passant, nous ne prétendons rien établir ici de rigoureux, et nous prions le lecteur d’introduire de lui-même dans notre pensée les restrictions qu’elle peut contenir. […] Ainsi, si l’auteur avait réussi à exécuter cette partie de sa pensée, ce qu’il est loin de supposer, dans le drame qu’on va lire, la première moitié de la noblesse espagnole à cette époque se résumerait en don Salluste, et la seconde moitié en don César. […] Au point de vue uniquement littéraire, l’aspect de cette pensée telle quelle, intitulée Ruy Blas, changerait encore. […] Si l’auteur de ce livre a particulièrement insisté sur la signification historique de Ruy Blas, c’est que, dans sa pensée, par le sens historique, et, il est vrai, par le sens historique uniquement, Ruy Blas se rattache à Hernani.

810. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

Excepté Mercier et Linguet, dont il n’a pas assez longuement parlé, qui traînent aussi, dans cette peste de Jaffa de leur siècle, une pensée malade et aliénée, mais enfin une pensée, tous ces dédaignés et oubliés méritaient de l’être. […] L’historien de Grimod de la Reynière, le poète des Petites blanchisseuses, écouta sans doute plus sa pensée que la curiosité qu’il avait fait naître, et il se mit à nous dire des vers qui n’étaient pas ceux, je vous en réponds ! […] », une plaisanterie dont ses amis riaient, c’est-à-dire tout le monde, mais dont moi seul je ne riais pas, car je sais trop que rien n’est impuni pour l’esprit qui se permet tout, et je connais la tyrannie d’une seule mauvaise pensée.

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