C’est cette communauté d’idées qu’on retrouve partout, dans les Satires de Boileau comme dans les Comédies de Molière, dans les préfaces de Racine comme dans les aveux de La Fontaine. […] Elles sont en ce sens l’équivalent de la peinture italienne de la renaissance ou de la sculpture grecque de la grande époque, dont il faut bien que les chefs-d’œuvre soient nationaux de leur universalité même, puisqu’enfin on les a partout imités et cependant nulle part, je ne veux pas dire égalés, mais reproduits seulement. […] Cela ne manque en vérité que de composition, de profondeur et d’harmonie, qui sont de grandes choses, — mais non pas en tout temps ni partout nécessaires, puisque le manque même allait en contribuer à la fortune européenne de notre littérature. […] [Cf. le sonnet sur la Mort de son fils ; — l’Ode sur l’attentat de 1605 ; — l’Ode à M. de Bellegarde.] — Qu’il est donc ainsi le témoin, plutôt que l’ouvrier, de la réforme à laquelle on attache son nom ; — qu’au surplus le premier recueil de ses Poésies, jusqu’alors éparses un peu partout, n’a paru qu’en 1630 ; — qu’on ne voit point qu’il ait laissé de vrais disciples, si les deux seuls qu’on nomme sont Maynard et Racan ; — et que l’Académie naissante n’a pas critiqué moins vivement les Stances de 1605, son chef-d’œuvre, que Le Cid lui-même.
Une troupe part de Paris, avec armes et bagages, et s’en va de ville en ville, montant partout l’unique pièce qui compose son répertoire et pour laquelle elle a pu faire les dépenses d’un appareil représentatif, très supérieur à celui qu’aurait eu à sa disposition un directeur de province. […] À ses drames conviennent les décorations splendides, les ameublements somptueux, les foules innombrables de la figuration ; car partout et toujours, derrière la décoration, derrière les personnages, comme un dieu impalpable derrière un héros de l’Iliade, on devine la grande ombre du poète dont la volonté puissante assemble les choses ou pousse et fait mouvoir ses personnages à nos yeux. […] Mêlé à la foule, il imite Malherbe qui allait étudier sa langue au port au foin, et, à la poursuite du réel, il saisit la vérité partout où il la rencontre, dans les assommoirs aussi bien que dans les alcôves des femmes perdues. […] Alors, c’est l’œil seul du spectateur qui inclinera toutes les lignes des décors au point de fuite, et les acteurs, eu s’enfonçant dans les profondeurs de la scène, seront partout à leur place et n’auront que les dimensions qu’ils doivent avoir.
Vous trouverez partout des amis qui seront empressés de remplacer ceux que vous aviez dans ce pays-ci, qui vous en dédommageront ; mais, pour moi, je ne retrouverai pas mon voisin.
Dans les châteaux, dans les familles, en province, partout, abondaient les poèmes de Delille ; on y trouvait, sous une forme facile et jolie, toutes choses qu’on aimait à apprendre ou à se rappeler, des souvenirs classiques, des allusions de collège à la portée de chacun, des épisodes d’un romanesque touchant, des noms historiques, des infortunes ou des gloires aisément populaires, des descriptions de jeux de société ou d’expériences de physique, des notes anecdotiques ou savantes, qui formaient comme une petite encyclopédie autour du poëme, et vous donnaient un vernis d’instruction universelle.
Nous portons nos sensations avec nous partout où nous allons, et elles n’existent jamais là où nous ne sommes pas.
Les Mémoires de d’Aponte en sont partout émus ; c’était un de ces cœurs viciés à la surface par les ballottements d’une vie aventureuse, mais en qui il reste le fond d’où toute vertu peut renaître, la nature.
ces solitaires, pour qui les heures ne marquent que le retour périodique des mêmes saisons et l’immobilité au temps sur le cadran de leurs occupations toujours les mêmes, sonnent partout l’univers les heures agitées de la vie des villes.
On sent dans sa vie l’imitation puissante et habile, mais enfin l’imitation partout.
Ce repas, chez la comtesse Léna comme partout ailleurs, était sobre et court ; une soupe de pâte d’Italie saupoudrée de fromage de Parmesan râpé, du riz, des oeufs, des légumes, quelques poules de la basse-cour ou quelque gibier de la colline ; un vin noir, épais et sucré, qui tachait le verre ; des figues et des olives du domaine, étaient tout le luxe de ces tables, même dans les plus opulentes villas.
La France est inondée de ce reflux trop naturel d’ennemis que Bonaparte est allé provoquer partout pendant quinze ans.
Le merveilleux est partout.
« L’homme, né libre, est partout dans les fers. » Quel remède, mon Dieu !
« L’homme qui a pénétré le secret du monde, d’après Schopenhauer, connaît tout, embrasse l’essence de tout, trouve l’humanité en proie à un effort vain, à un combat intérieur et à une souffrance ; il voit partout où il regarde l’homme souffrant et aussi l’animalité.
Partout des attaques à bout portant, des abordages fougueux et rapides : deux cents vaisseaux coulés bas, soixante autres capturés, chaque flot roulant un cadavre, presque tous les équipages décapités de leurs chefs.
Vraiment, quoique ça paraisse imbécile de dire, c’est fait pour moi, pour moi seul, elle est vraiment singulière la malechance que je rencontre en tout et partout.
Elle dit que c’est presque une réunion de famille, que les cinq cents personnes, qu’on rencontre partout à Paris, se donnent rendez-vous là, et qu’entre ce monde, il s’établit des courants curieux sur les choses qui se disent, sur les jugements qui se produisent.
Nul comme cet auteur ne suscite sans cesse la sensation de la simple chaire humaine blanche, rose, rouge et molle, imbibée de sang, traversée d’os et de nerfs, arrondie en forme de membres gros ou menus, produisant cette notion presque animale de communauté, de tiède contact qui naît du milieu des foules, sur les champs de bataille, dans les hôpitaux, partout où les hommes sont prostrés ou amalgamés dans la perte de tout ce qui les érige en individualités distinctes.
On ne choisit plus les héros sur le trône : on les tira de partout, même de la lie du peuple.
Alfieri s’était rencontré partout sur ses pas.
Le beau dans la douleur ; le pathétique, le serrement de cœur par la pitié au spectacle de la douleur d’autrui ; la consonance sublime entre le sanglot d’autrui et notre propre sanglotement intérieur ; la jouissance douloureuse, mais enfin la jouissance morale, de notre sympathie humaine pour la peine d’un être humain comme nous, l’ homo sum, humani nihil a me alienum du poète latin ; cette sympathie désintéressée qui fait à la fois la nature, la vertu et la dignité de l’être humain, sont partout dans cette scène poétique.
A vrai dire, les différences qualitatives sont partout dans la nature ; et l’on ne voit pas pourquoi deux directions concrètes ne seraient point aussi marquées dans l’aperception immédiate que deux couleurs.
On croira apercevoir partout des conducteurs, nulle part des centres.
Le changement est partout, mais en profondeur ; nous le localisons çà et là, mais en Surface ; et nous constituons ainsi des corps à la fois stables quant à leurs qualités et mobiles quant à leurs positions, un simple changement de lieu contractant en lui, à nos yeux, la transformation universelle.
Sans me servir pour rien même de mon corps, et plus oisif que le crapaud, j’ai vécu partout. » Trop misérable tout de même, un jour il s’engage dans l’armée carliste, touche sa prime, et, sans plus s’embarrasser de scrupules, se sauve, et, riche pour l’instant, file à Paris. […] Comme le vieil Héraclite, ému de l’universelle fugacité des choses, fit du Devenir l’essence génératrice du Cosmos, Laforgue, ainsi du reste que Hartmann, réalisa métaphysiquement l’Inconscient… « L’Inconscient, dit-il, n’est pas à chercher dans les perceptions infinitésimales uniquement », et, dépassant donc l’idée Leibnizienne, il déclare l’Inconscient « la force monstrueuse qui me mène, la force qui me fait me développer selon mon type, la vertu qui raccommode ma main qui s’est blessée, etc… » Ailleurs, cette philosophie est sur le point de se transformer en une religion et cette croyance à l’Inconscient, origine et raison suffisante de tout, aboutit presque à du mysticisme, « Le dernier divin, … le seul divin minutieusement présent et veillant partout, le seul infaillible, le seul vraiment et sereinement infini, le seul que l’homme n’ait pas créé à son image…26. » En réalité, par l’Inconscient Laforgue entend le principe actif du Cosmos et il pourrait, comme d’autres, l’appeler, ce principe actif, Ame du monde, Vie ou Volonté, tandis qu’il le désigne par celle de ses qualités qu’il considère comme la plus caractéristique.
Partout, ses jugements semblent dictés par le désir de penser autrement que le vulgaire et que les biographes qui l’ont précédé1. » Nous pourrions citer à l’appui de ce jugement si fondé une foule d’assertions tranchantes contraires à la plus évidente réalité ; nous nous bornerons à rappeler avec son auteur le parti pris par M. […] il a pillé ses rêveries partout, et cela n’est pas bien.
Une multiplicité indéfinie de devenirs diversement colorés, pour ainsi dire, passe sous nos yeux : nous nous arrangeons pour voir de simples différences de couleur, c’est-à-dire d’état, sous lesquelles coulerait dans l’obscurité un devenir toujours et partout le même, invariablement incolore. […] Comme d’ailleurs les systèmes ainsi définis étaient les seuls sur lesquels la nouvelle science eût prise, et comme on ne pouvait dire a priori si un système satisfaisait ou ne satisfaisait pas à la condition voulue, il était utile de procéder toujours et partout comme si la condition était réalisée.
Partout où règne le Croissant, Loti a ressenti la même impression d’apaisement. […] Je l’avais suivi de page en page partout où il avait voulu nous conduire, et, dès l’abord, j’avais été conquis par ce merveilleux évocateur du monde qu’est le grand poète de Fantôme d’Orient. […] Il y en a, chez moi, un peu partout, et j’ai pour eux de l’amitié.
Un homme qui porte comme lui, dans sa chair débile, la mémoire de l’union invétérée à la chair maternelle, rêvera partout à la chaleur du sein. […] Ce n’était pas l’impression d’un beau pays frappé de mort et condamné par le soleil à demeurer stérile ; ce n’était plus le squelette osseux de Boghari, effrayant, bizarre, mais bien construit ; c’était une grande chose sans forme, presque sans couleur, le rien, le vide, et comme un oubli du bon Dieu ; des lignes fuyantes, des ondulations indécises ; derrière, au-delà, partout, la même ouverture d’un vert pâle étendue sur la terre ; çà et là des taches plus grises, ou plus vertes, ou plus jaunes ; d’un côté les Sebal-Rous à peine éclairées par un pâle soleil couchant ; de l’autre, les hautes montagnes du Tell encore plus effacées dans les brumes incolores ; et là-dessus un ciel balayé, brouillé, soucieux, plein de pâleurs fades, d’où le soleil se retirait sans pompe et comme avec de froids sourires. […] La vie intérieure, qui est l’élément et comme la pulpe du livre, y reflue partout comme la lumière chez Rembrandt ou la chair flamande dans Rubens.
Baslèvre, la meilleure œuvre d’Estaunié), une spiritualité délicate, une sorte d’ascèse épurée, sublimisée, silencieuse, sans but apparent, sinon l’imitation de la morte des vertus de la morte, qui ne l’est pas en réalité — puisqu’elle continue à vivre en lui — et sans doute ailleurs sur un autre plan de l’univers… Toute une morale, très élevée, issue de ce spiritualisme partout latent, est alors suggérée, non exprimée. […] C’est un grand, un admirable reportage d’une sensibilité transposée dans l’intellectuel, et qui éclate cependant partout de lucides visions sur la société contemporaine : mais une société réduite, un peu regrettablement, à la seule classe qui n’ait plus aucune importance sociale, qui n’est plus que le « témoin », au sens géologique du mot, d’une époque disparue — prenez, si vous voulez un gros bloc erratique abandonné par l’extension glaciaire, qui ne sert à rien et ne fait rien : celle des gens hautement titrés, la société, enfin, du faubourg Saint-Germain. […] Proust a partout usé, ou prétendu user — j’ai dit que je ne pensais pas qu’il y soit toujours parvenu — des seuls souvenirs involontaires.