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2386. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Ce sont des fous ou des misérables, ceux qui parlent de supprimer, de démembrer la Belgique. […] Mais je laisse à l’auteur de ce livre le soin d’en parler. […] Maurice Wilmotte a beaucoup voyagé, il parle cinq ou six langues et possède les principales littératures européennes. […] Écoutez Mockel parler d’Henri de Régnier. […] Camille Lemonnier est un magnifique écrivain d’art, parce qu’il comprend et aime profondément ceux dont il parle.

2387. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Il faut quelquefois que les poètes meurent pour qu’on parle d’eux. […] Le tort de Denne-Baron, qui se sentait appelé vers lui par une prédilection précoce, est de ne l’avoir qu’effleuré en vers (je ne parle pas de sa traduction en prose, qu’il n’a faite que bien plus tard) ; au lieu de prendre Properce corps à corps, de le suivre, de le serrer de près, de ne laisser passer aucune élégie sans en avoir raison, et, tantôt vainqueur, tantôt vaincu, de coucher toujours, pour ainsi dire, sur le champ de bataille ; au lieu de cela, il choisit ce qui lui plaît, il court, il élude, il abrège, il n’engage pas la lutte puissante et décisive au terme de laquelle est le laurier.

2388. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

“J’ai éprouvé par l’expérience qu’il n’y a rien de mieux pour les hommes qu’une certaine facilité et de la douceur” ; ainsi parle, chez Térence, un de ces vieillards d’autrefois, celui qui se repent d’avoir été trop sévère. […] En considérant de plus près les termes de l’arrêté du 12 octobre 1851, il a semblé par moments à la commission que les circonstances sociales, très différentes d’alors, dans lesquelles nous vivons, permettraient peut-être aujourd’hui d’exprimer un conseil autre et de parler un langage différent.

2389. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Nous parlions tout-à-l’heure de l’ancien Balzac ; mais qu’on lise le Balzac d’aujourd’hui, le fécond auteur de tant de romans bien commencés et mal finis. […] 47 ; il associait tout cela, rimait comme un ouvrier à la journée, et la seule différence, c’est qu’on ne parlait plus de lui et qu’on ne le lisait pas : son talent n’étant plus porté par des sujets actuels était retombé dans le vulgaire du métier.

2390. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

je suis appelé à parler sur la tombe d’un ami intime, j’écris ce discours le matin même de la cérémonie funèbre ; je le prononce devant des témoins amis et émus ; le Moniteur, où j’écrivais alors, insère le lendemain les paroles qui sont l’éloge du mort ; si d’autres feuilles, des journaux de médecine et de science les reproduisent, j’y suis totalement étranger et je n’ai eu nullement à m’en mêler : ces journaux n’ont vu dans mon Éloge funèbre que la mémoire du médecin, homme de bien, que j’y célébrais. […] Tel est l’usage ; et c’est ainsi qu’à propos de l’École normale dans sa première nouveauté, j’ai été conduit à parler de la « ferveur de la création. » Enfin (et c’est là le seul côté sérieux de la discussion présente) ce docteur, grammairien improvisé, prend pour des fautes de langue ce qui n’est, à vrai dire, que le caractère et la marque d’an style ; il impute à la grammaire ce qui tient à la manière d’un écrivain.

2391. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

messieurs les prélats, à commencer par le plus haut de tous, mêlons-nous donc chacun de ce qui nous regarde, et faisons chacun notre métier : ne parlons, s’il vous plaît, que de ce que nous savons. […] Paul Albert, lui, est debout, il parle, il est vivant de ton : il ne dit que ce qu’il veut, et quand il s’arrête, on sent qu’il en pourrait dire davantage.

2392. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

Je n’ai pas besoin de parler de l’influence d’une telle frénésie sur le bonheur ; le danger de tomber d’un tel état est le malheur même qui menace l’homme abandonné à ses passions, et ce danger seul suffit pour épouvanter de tout ce qui pourrait y conduire. […] Sans parler même du vague effroi que doit inspirer aux coupables ce qui peut suivre cette vie, il y a quelque chose de sensible ou de philosophique dans l’action de se tuer qui est tout à fait étranger à l’être dépravé.

2393. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Tout, hors la pensée, parle de destruction ; l’existence, le bonheur, les passions sont soumises aux trois grandes époques de la nature, naître, croître et mourir ; mais la pensée, au contraire, avance par une sorte de progression dont on ne voit pas le terme ; et, pour elle, l’éternité semble avoir déjà commencé. […] Il parle, il écrit sur des sujets divers, mais pendant ce temps son âme continue d’être la proie d’une même douleur.

2394. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Il se fait leur avocat devant le grand juge, et la fierté de ses accents lui vient de ce qu’il parle au nom de l’humanité tout entière, dont les plaies saignent à son propre cœur. […] Mais les cinq poèmes dont je parle sont la portion la plus nécessaire, la plus inévitable de ses ouvrages, et ils suffisent à évoquer en ses maîtresses lignes cette physionomie d’un des plus nobles artistes qui aient vécu parmi nous.

2395. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Comme le latin en ce temps-là est beaucoup plus écrit que parlé, comme ils consultent leurs yeux plutôt que leurs oreilles, la forme qui se rapproche le plus visiblement de la forme ancienne est celle qui se présente le plus aisément à leur pensée. […] Parce qu’il avait dans sa jeunesse contemplé de près la splendeur des montagnes et des lacs, vécu dans leur, intimité, respiré dans l’air pur l’âme des paysages alpestres ; parce qu’il avait parcouru à pied la Suisse et la Savoie, deux pays où des contrastes grandioses et charmants parlaient plus qu’ailleurs aux yeux et aux cœurs, où les fêtes, les usages, la vie de tous les jours avaient encore la saveur d’une agreste simplicité ; parce qu’enfin cet être si sensible, écrivant en un moment où la sensibilité se réveillait en France, rencontrait des lecteurs préparés aux émotions qu’il allait leur communiquer.

2396. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

J’écarterai les problèmes de quantité et les considérations métaphysiques, et je ne parlerai que du rythme, prétendant qu’il suffit à rendre l’émotion lyrique et qu’il peut obtenir son maximum d’intensité dans des strophes comprenant un nombre variable de vers, ceux-ci étant formés d’un nombre variable de syllabes — au gré de l’individu-poète délivré des influences et des Règles. […] Rien de plus, car il n’existe pas d’Alexandrin idéal, passant dans les rêves des poètes, dieu suprême de l’Art, orchestre, mot synthétique, geste solennel résumant toutes les phrases et tous les poèmes, sorte de syllabe Om dont certains parlent, les yeux en extase, la voix tremblante, avec des airs de Bouddha contemplant son nombril.

2397. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Le 7 juillet, elle lui dit : « Vous ne pouvez assez plaindre ni assez admirer la triste aventure de cette nymphe (Jo) : quand une certaine personne en parle, elle dit ce haillon. […] Du moment qu’elle devint confidente et dépositaire des sentiments et des pensées du roi, et même des secrets de l’État, elle cessa de s’appartenir à elle-même : ce fut un devoir pour elle de donner au roi une parfaite sécurité sur le dépôt que sa confiance mettait à la discrétion de son amie ; elle lui devait de rompre toute familiarité qui aurait pu compromettre ce dépôt : il n’y a rien de si difficile à cacher qu’un secret avec tes personnes à qui l’on parle habituellement à cœur ouvert ; et il y a des secrets à la cour qui se découvrent par le soin de les cacher ; si bien qu’affecter de taire certaines choses, c’est les dire.

2398. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

On doit bien se garder de confondre l’imitation avec ces honteux plagiats, qui n’offrent que des lambeaux arrachés de toutes parts, dont la bizarre réunion présente l’image du Monstre dont parle Horace. […] Nous exécuterons ce projet dans l’Article de Racine le fils, où nous aurons occasion de parler encore de la Poésie didactique.

2399. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Par cette heureuse facilité d’animer tout ce qu’il dit, par l’heureux talent de parler intimement au cœur, de l’attendrir, de lui faire éprouver, par des charmes aussi doux que puissans, tous les mouvemens des passions, il s’est rendu maître de la Scène tragique, en maniant, avec une supériorité sans égale, le plus intéressant de ses ressorts, la pitié. […] Dès ce moment, il offrit à Racine ses conseils, ses services, & parla si avantageusement de son Ode à M.

2400. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Quelques mots, car Becq de Fouquières en a parlé si longuement — comme mathématicien, hélas ! […] III Car ayant parlé des phénomènes d’assonance, je ne dois pas laisser de côté ceux d’allitération, — intimement liés aux premiers. — Les mots étant composés de consonnes et de voyelles, il s’avère que par un habile usage des consonnes on accroîtra le plaisir musical des vers comme on fait avec l’assonance.

2401. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Balzac avoit mal parlé de leur littérature. […] On retourna contre lui ce vers à sa louange, par Maynard : Il n’est point de mortel qui parle comme lui.

2402. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Il n’osa point parler hautement en faveur du poëte qu’il admiroit : lorsque je voulois, disoit-il, défendre Racine contre Pradon, des favoris de Plutus me fermoient la bouche. […] Dans son premier transport, il parla de les faire assommer.

2403. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Toutes les fois qu’il eut à parler de Mérope, d’Alzire, de Zaïre, pièces redemandées si souvent au théâtre & toujours nouvelles par le plaisir qu’elles causent, il se répandit en éloges. […] Que M. de Voltaire ait parlé trop souvent ou point du tout du service rendu, la chose n’importe guères.

2404. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

Cependant Adam et Ève conversent doucement auprès de la fontaine, et Ève parle ainsi à son époux : That day I often remember, when from sleep ………………… her silver mantle threw13. […] Ainsi parla la Mère des hommes.

2405. (1865) Du sentiment de l’admiration

Je veux parler du sentiment de l’admiration. […] Mais pour comprendre de bonne heure que cette recherche platonicienne et surtout chrétienne de l’idéal dans les chefs-d’œuvre de l’art est la fin supérieure des vraies études, il faut bien un peu de cette folie dont je parlais tout à l’heure, folie qui a son nom et l’un des plus beaux noms qui soient ici-bas, l’enthousiasme.

2406. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Elle parle à l’ignorant comme au savant. […] Mais j’allais oublier de vous parler de la couleur de la passion ; j’étais pourtant tout contre.

2407. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Mais bas-bleu de bonne heure, élevée sans mère dont elle ne parle pas et par un père qui pour tuer en elle le sentiment religieux et la prédisposer à la philosophie, lui faisait lire la correspondance de Voltaire et du Roi de Prusse, cette Prudence, sans prudence, ne fit, en vivant, que foncer son indigo davantage ; et ses amours, même les plus jeunes, et qui auraient dû être si roses, ne furent que de vaniteux amours de bas-bleu. […] Mais elle a beau me parler de l’héroïque sincérité de l’âme ardente et forte dont elle recommande le volume présent au public ; elle a beau m’exalter cette âme indépendante et fidèle, qui n’oublie aucun de ses amours en les variant et qui ne combat rien dans son âme par la très morale raison que le temps qu’on perd à combattre contre soi, on ne fait pas Corinne, si on fait Mme de Staël, je me connais trop en logomachie pour ne pas reconnaître les idées, les façons de dire, les affectations du bas-bleu moderne, cette espèce à part et déjà si commune et pour être infiniment touché du spectacle que me donnent, à la fin de cette préface sur laquelle on a compté, ces deux antiques Mormones du bas-bleuisme contemporain dont l’une couronne l’autre de roses à feuilles de chêne, avec un geste tout à la fois si solennel et si bouffon !

2408. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Pendant tout le temps que dura la Révolution, toutes les villes, Lyon excepté, qui eut du moins le mérite de l’horreur (et nous ne parlons pas de la Vendée, cette guerre de géants, comme disait l’Empereur), toutes les villes se conduisirent à peu près de la même manière. […] Et c’est là, en effet, ce qui attire le plus d’abord celui qui les ouvre, que ce nom d’une fille qui agit au lieu de parler, et fit, au prix de sa vie, de l’antique réussi, parmi ces collégiens qui puaient la rhétorique apprise et jouaient l’antiquité comme des marionnettes.

2409. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

Je ne veux point parler de notre grand Rabelais, qu’il ne faut mettre à côté de personne, tant il est au-dessus de tous ! […] Il y a un passage dans son livre où l’auteur des Français de la décadence se moque, comme il sait se moquer (à tort ou à raison, ce n’est pas la question), des percements de rue qui ont lieu à Paris en ce moment ; et, pour exprimer les ironiques inquiétudes que lui causent tous ces percements de rues nouvelles (pages 290 et suivantes), non seulement il parle avec effroi d’une rue qui traverserait les tableaux du Titien et de Raphaël : Les Noces de Cana et La Belle Jardinière, lesquels sont actuellement au Louvre, mais encore d’une « autre rue, qui traverserait à son tour, d’outre en outre, les deux pots de réséda posés sur sa fenêtre, et qui continuerait jusqu’à son lit de plumes, en passant sur sa table de nuit ».

2410. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

II Déjà les journaux en ont parlé comme d’une œuvre puissante, comme d’un livre qui veut être, maugre-bleu ! […] disent ses amis… Au xixe  siècle, en l’an de grâce 1866, Dumas fils, qui lave, brosse et vernit ses moindres petits mots avant de les risquer dans la circulation, tutoie le printemps et la nature et leur parle comme si c’étaient des personnes !

2411. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Dupont-White, qui, avec son nom mêlé de français et d’anglais, est, dit-on, un Suisse, entend probablement, quand il dit l’État, la constitution politique d’une patrie, et, puisqu’il écrit en français et ne parle pas expressément de Genève, il entend par l’État la France. […] Quand il dit « l’État », tout le long de son livre, impossible de croire qu’il la nomme et veut parler d’elle.

2412. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Son style est quelquefois mystérieux comme l’être à qui il parle ; son oreille même cherche dans les sons une harmonie inconnue ; et comme pour donner une habitation à la divinité, il a élevé des colonnes, exhaussé des voûtes, dessiné des portiques ; comme pour la représenter, il a agrandi les proportions et cherché à faire une figure imposante ; comme pour en approcher dans les jours de fêtes, il a substitué à la marche ordinaire des mouvements cadencés et des pas en mesure ; ainsi, pour la louer, il cherche, pour ainsi dire, à perfectionner la parole ; et joignant la poésie à la musique, il se crée un langage distingué en tout du langage commun. […] Ô Dieu qui verses tous les dons, Dieu à qui les orages et la foudre obéissent, écarte de l’homme cette erreur insensée ; daigne éclairer son âme ; attire-la jusqu’à cette raison éternelle qui te sert de guide et d’appui dans le gouvernement du monde, afin qu’honorés nous-mêmes, nous puissions t’honorer à ton tour, célébrant tes ouvrages par une hymne non interrompue, comme il convient à l’être faible et mortel ; car, ni l’habitant de la terre, ni l’habitant des cieux n’a rien de plus grand que de célébrer dans la justice, la raison sublime qui préside à la nature. » Il est difficile sans doute de parler de Dieu avec plus de grandeur.

2413. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Je ne ferai ici qu’une remarque : c’est Sénèque qui parle, et il parle de Claude.

2414. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Je ne parle pas de vingt autres causes qui la préparèrent ; mais je remarque que dès le premier siècle, la grandeur de l’empire, une puissance qui n’était limitée par rien, des fantaisies qui n’avaient de bornes que la puissance, des trésors qu’on ne pouvait parvenir à épuiser, même en abusant de tout, firent naître dans les princes je ne sais quel désir de l’extraordinaire qui fut une maladie de l’esprit autant que de l’âme, et qui voulait franchir en tout les bornes de la nature ; de là cette foule de figures colossales consacrées aux empereurs, la manie de Caligula de faire enlever de toutes les statues des dieux leur tête, pour y placer la sienne ; le palais d’or de Néron, où il avait englouti un quart de Rome, une partie des richesses du monde, et des campagnes, des forêts et des lacs ; la statue d’Adrien élevée sur un char attelé de quatre chevaux, et qui faite pour être placée au sommet d’un édifice, était d’une grandeur que nous avons peine à concevoir ; sa maison de campagne, dont les ruines seules aujourd’hui occupent dans leur circonférence plus de dix milles d’Italie, et où il avait fait imiter les situations, les bâtiments et les lieux les plus célèbres de l’univers ; enfin le palais de Dioclétien à Spalatro en Illyrie, édifice immense partagé par quatre rues, et dont chaque côté avait sept cents pieds de long. […] Voilà celui qu’on appelle empereur très sacré, à qui on parle de sa divinité, du culte qui lui est dû, du palais auguste et vénérable qui lui sert de temple.

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