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438. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

Enfermé dans son Avignon, devant l’horizon de sa Provence, il écrivait ses vers à l’ombre reprochant aux meilleurs compagnons de son art et de sa jeunesse les témoignages mêmes de leur enthousiasme.

439. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Theuriet, André (1833-1907) »

Théophile Gautier C’est un talent fin, discret, un peu timide que celui de Theuriet ; il a la fraîcheur, l’ombre et le silence des bois, et les figures qui animent ses paysages glissent sans faire de bruit comme sur des tapis de mousse, mais elles vous laissent leur souvenir et elles vous apparaissent sur un fond de verdure, dorées par un oblique rayon de soleil.

440. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Angelo, tyran de Padoue » (1835) »

Placer donc comme la providence le place, dans l’ombre, grinçant des dents à tous les sourires, ce misérable intelligent et perdu qui ne peut que nuire, car toutes les portes que son amour trouve fermées, sa vengeance les trouve ouvertes.

441. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

Leurs ombres n’apparaissent-elles pas quelquefois sous les cèdres et parmi les pins ?

442. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre premier. Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. »

Loin de flétrir l’imagination, en lui faisant tout toucher et tout connaître, il a répandu le doute et les ombres sur les choses inutiles à nos fins ; supérieur en cela à cette imprudente philosophie, qui cherche trop à pénétrer la nature de l’homme et à trouver le fond partout.

443. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — Les Mains d’ombre et de Lumière, librair. artist. […] — Le Septenaire de notre amour, Paris, lib. de l’Art Indépendant, 1895. — Aux Écoutes, Paris, Lib. de l’Art Indépendant, 1895, — Circé, poème, Paris, Collection de l’Ermitage, 1896. — Poèmes divers d’Ausone, Lib, de l’Art Indépendant, 1896. — Aventures, Paris, Soc. du Mercure de France, 1896. — Fables, Paris, Perrin, 1897. — Renaissance, poèmes, Paris, Soc. du Mercure de France, 1898. — Le Chemin des ombres heureuses, poésies, Paris, Soc. […] Fr.), Calmann-Lévy, in-18, 1901. — L’Ombre des Jours, poèmes, Calmann-Lévy, in-18, 1902. — La Nouvelle Espérance, roman, Calmann-Lévy, in-18, 1903. — Le Visage Emerveillé, roman C. […] Œuvres. — Vers la Vie, 1 acte en prose, Montpellier, La Coupe, 1898. — Tiphaine, épisode dramatique, musique de Neuville, Vienne, Breistcliof, 1898, in-4. — À l’Ombre du Portique, poèmes, chez Ed.  […] — Espoir dans l’Ombre, poésies, 1893. — Les Prestiges de l’Onde, poésies, Mercure de France, 1894, in-18. — Les Amours de Lyristès, Mercure de France, 1895. — La Toison d’or, Mercure de France, 1896. — Les Colombes d’Aphrodite, Mercure de France, 1897

444. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Mon compagnon de promenades connaissait supérieurement la topographie du pays, les heures favorables à chaque scène champêtre, l’endroit qu’il fallait voir le matin ; celui qui recevait son intérêt et ses charmes, ou du soleil levant ou du soleil couchant, l’asyle qui nous prêterait de la fraîcheur et de l’ombre pendant les heures brûlantes de la journée. […] C’étaient, à droite, des montagnes couvertes d’arbres et d’arbustes sauvages dans l’ombre, comme disent les voyageurs, dans la demi-teinte, comme disent les artistes. […] Rien n’est perdu pour moi, parce qu’à mesure que les ombres croissent, les objets sont plus voisins de ma vue ; et ces nuages interposés entre le ciel et la fabrique de bois, quelle profondeur ne donnent-ils pas à la scène ! […] Et continuez. " nous allons au théâtre chercher de nous-mêmes une estime que nous ne méritons pas, prendre bonne opinion de nous, partager l’orgueil des grandes actions que nous ne ferons jamais, ombres vaines des fameux personnages qu’on nous montre. […] Les ombres des montagnes commençaient à s’alonger, et la fumée à s’élever au loin au-dessus des hameaux ; ou en langage moins poétique, il commençait à se faire tard, lorsque nous vîmes approcher une voiture.

445. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Mais il n’en était pas ainsi chez les Anciens, accoutumés, selon l’enseignement de la nature, à croire que les choses étaient des réalités et non des ombres, et que la vie humaine était destinée à mieux qu’à la souffrance. […] Il oubliait un peu que Socrate déjà avait dit qu’il était impossible de vaquer aux choses publiques en honnête homme et de s’en tirer sain et sauf, et que Simonide avait déjà déploré amèrement la misère de la race des hommes ; ou plutôt il ne l’oubliait pas, mais il croyait qu’à travers ces plaintes et ces écueils inévitables, il y avait lieu, en ces temps-là, de vivre d’une vraie vie, au lieu d’être, comme aujourd’hui, jeté dans le monde des ombres. […] Ainsi, cette fois, à l’ami qu’il aurait voulu revoir et qu’il désespérait d’embrasser encore, Leopardi ne disait pas tout à fait non, et il lui donnait rendez-vous avec un sourire attendri et presque avec un peut-être d’espérance, parmi ces antiques ombres homériques de la prairie d’Asphodèle. […] Et toutefois, vous collines et coteaux, vous ne resterez pas longtemps plongés dans l’ombre, vous retrouverez tout à l’heure, de l’autre côté de l’horizon, une aube nouvelle, suivie d’un radieux soleil ; et il ajoutait : « Mais la vie mortelle, du moment que la belle jeunesse a disparu, ne se colore plus jamais d’une autre lumière ni d’une autre aurore ; elle est veuve jusqu’à la fin, et, à cette nuit qui obscurcit tous les autres âges, les Dieux n’ont mis pour terme que le tombeau. » Ma la vita mortal, poi che la bella Giovinezza spari, non si colora D’altra luce giammai, nè d’altra aurora. […] « Je ne fais pas appel, en mourant, aux rois sourds de l’Olympe ou du Cocyte, ni à l’indigne terre, ni à la nuit ; je ne t’invoque point non plus, dernier rayon dans l’ombre de la mort, ô conscience de l’âge futur !

446. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

VII « C’est l’intérieur d’une fleur encore close, c’est une blancheur dans l’ombre, c’est la cellule intime d’un lis fermé qui ne doit pas être regardé par l’homme tant qu’il n’a pas été regardé par le soleil. […] « Les statues sous les arbres, nues et blanches, avaient des robes d’ombre trouées de lumière ; ces déesses étaient toutes déguenillées de soleil, il leur pendait des rayons de tous les côtés. […] Misère de l’âme, qui vit d’espérances et qui est obligée de passer par les ténèbres de l’existence et par l’ombre du tombeau, entre l’incertitude et le désespoir ! […] Le Progrès marche ; il fait le grand voyage humain et terrestre vers le céleste et le divin ; il a ses haltes où il rallie le troupeau attardé ; il a ses stations où il médite, en présence de quelque Chanaan splendide dévoilant tout à coup son horizon ; il a ses nuits où il dort, et c’est une des poignantes anxiétés du penseur de voir l’ombre sur l’âme humaine, et de tâter dans les ténèbres, sans pouvoir le réveiller, le Progrès endormi.

447. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Caractères particuliers des recueils qu’il donne, des Orientales aux Rayons et Ombres (1829-1840). — 5. […] Et voilà pourquoi beaucoup de vieillards n’ont pu suivre le poète au-delà des Rayons et Ombres : jusque-là l’oreille habituée à la musique de Racine pouvait ne pas trouver l’harmonie de Hugo trop discordante. […] En même temps, il fait quelques études pittoresques d’après nature : lâchant l’ombre de l’Asie pour la réalité prochaine, il nous donne des paysages parisiens, des bords de Bièvre, des soleils couchants ; ailleurs il indique l’usage qu’il fera plus tard de la nature pour l’expression symbolique de l’idée771. […] Les Rayons et ombres (1840) nous offrent un pareil mélange.

448. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Habituée à l’isolement, à l’ombre, au mutisme, elle voulut d’abord lui résister ; mais il était le Mâle inévitable. « Tu enfanteras !  […] C’est le passé de toute une race qui surgit des ombres anciennes, et de quelle race ? […] Certes, ils n’hésiteront pas : ils partiront ensemble et sur le champ ; l’ombre est propice à leur dessein. […] III Sur ces entrefaites, l’aube de la Saint-Jean s’épanouit par-delà les nuées ; l’ombre se dissipe et le soleil, à son lever, traverse les verrières carrelées de plomb des maisons nurembergeoises.

449. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Chaque modification spécifique de la conscience est le simple « accompagnement » d’un certain mode de changement cérébral ; les changements cérébraux se déterminent l’un l’autre selon des lois toutes physiques, et les changements mentaux suivent une marche subordonnée, comme les mouvements des ombres se subordonnent aux mouvements des objets qui les projettent. […] N’est-ce pas aussi absurde que d’attribuer aux ombres chinoises les gestes qu’elles reflètent ? […] De là vient l’illusion qui fait croire à tant de philosophes et de savants que les idées sont des fantômes analogues aux ombres des morts dans les inania regna. […] S’il existe d’autres êtres sentants qui aient des sensations différentes des nôtres, nous ne pouvons nous figurer d’avance la qualité spécifique de ces sensations, mais nous pouvons prédire que, quelles qu’elles soient, elles ont des degrés et une plus ou moins grande intensité ; sinon, ce seraient des ombres passives projetées sur un mur passif.

450. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Quant à Bavahbouti, majestueux, grand, élevé comme ces forêts du Gondwana, dont l’ombre terrible se balança sur son berceau, vous le diriez sorti des mains de la nature, comme le Moïse de Michel-Ange s’élança de la pensée du sculpteur. […] Sa famille habitait la province de l’Inde que nous appelons aujourd’hui le Décan, à l’occident des hautes montagnes et des vastes forêts qui versèrent leur ombre et leurs terreurs sacrées sur l’âme du jeune poète. » XII Un autre drame de l’Eschyle indien, Bavahbouti est une tragédie historique et mythologique sur le héros demi-dieu Rama. […] Les branches entrelacées répandent une ombre fraîche, sous laquelle se repose l’éléphant appuyé contre un arbre antique ; ou bien il étend sa trompe au sein du riant berceau, et fait tomber, en la retirant, une pluie de feuilles et de boutons fleuris, que l’on prendrait pour une offrande présentée au torrent sacré dont les ondes, pures comme le cristal, coulent paisiblement sous ce dôme de verdure. […] Un silence profond règne dans la forêt, excepté dans les endroits où les sources, en murmurant, jaillissent du rocher, où l’écho de la montagne répond au mugissement du tigre, où les branches deviennent, en éclatant, la proie des flammes qui pétillent, et qu’au loin s’étend l’incendie qui allume le souffle du feu… Oui, je reconnais cette scène, et tout le passé se présente à mon souvenir… Ces terribles ombres n’effrayaient pas Sita, heureuse de braver les horreurs de la forêt obscure avec Rama à son côté.

451. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Une masse d’ombre énorme s’étalait devant eux, et qui semblait contenir de vagues amoncellements, pareils aux flots gigantesques d’un océan noir pétrifié. […] Et puis, comme le Gaulois est né malin et qu’il y en a dans l’armée des Mercenaires, je ne fais qu’imiter leur exemple en y mêlant, vaille que vaille, le souvenir de cette gaie parodie chantante, Paris à cinq heures du matin : L’ombre s’évapore, Et déjà l’aurore De ses rayons dore, etc.

452. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

M. de Régnier affectionne plutôt l’ombre, ou la lumière qui s’étouffe aux crépuscules et celle des forêts à l’automne. […] La forêt vaste éclate en voix vers les prairies D’où les papillons lourds proviennent brûler l’or De leur vol nocturne autour des torches fleurie ; Et des rires, abeilles dont l’essaim vif mord Et harcèle ceux qui les voulurent captives, M’assaillent dans la nuit si l’une échappe encor ; Toutes ont défié les folles tentatives De mains à saisir l’ombre inerte où fuit l’odeur De leurs cheveux épars et des chairs évasives.

453. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Son ombre glisse à travers les meubles, le long des murs. […] L’ombre a gardé son secret.

454. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Hugo fait parler en vers apocalyptiques ce qu’il appelle la bouche d’ombre, où il entend la voix de spectres gigantesques visibles pour lui seul ; rappelez-vous l’Eloa d’Alfred de Vigny, où anges et démons flottent dans l’espace indéterminé, et les Tragiques de d’Aubigné, où le poète transformé en voyant nous dit la joie ineffable des élus et les transes immortelles des damnés. Regardez aussi, si vous voulez, ces histoires macabres de morts vivants, d’êtres inanimés prenant une âme, d’ombres impalpables circulant autour de nous, comme vous en trouverez à foison dans les légendes du moyen âge ou, plus près de nous, chez Maupassant ou chez Rollinat.

455. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

J’entends que dans une littérature, au moment même où décroît la tendance régnante, d’autres tendances coexistantes croissent en vigueur, montent de l’ombre à la lumière, se préparent à devenir à leur tour dominantes. […] Ainsi l’idée féodale a été durant des siècles comme la sève d’un grand arbre qui est allé grandissant, poussant des feuilles, des fleurs et des fruits, couvrant de son ombre un vaste espace ; mais un jour est venu où l’afflux du suc nourricier a cessé de suffire à une croissance nouvelle, puis s’est retiré peu à peu des racines et des branches les plus éloignées du tronc, s’est enfin, sous l’action hostile de l’âge et des forces extérieures, ralenti et réduit à rien.

456. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Il recèle (Noire gestation du flamboyant trésor) Les désastres, les deuils, puis, quand s’est tû le Cor, L’extinction des Dieux en l’ombre universelle. […] Siegfried, astre évadé des ombres transitoires, Soleil épanoui dans l’azur de la mort, Avec toi, la splendeur humaine de l’effort S’abîmait dans le deuil ces suprêmes victoires.

457. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Ce petit salon de Mme de Sablé, si clos, si visité, et qui, à l’ombre du cloître, sans trop s’en ressentir, combinait quelque chose des avantages des deux mondes, me paraît être le type premier de ce que nous avons vu être de nos jours le salon de l’Abbaye-aux-Bois8. […] Elle fut la même par deux traits essentiels et qui seuls l’expliquent, en ce que jeune, au plus fort des ravissements et du tourbillon, elle resta toujours pure ; en ce que, retirée à l’ombre et recueillie, elle garda toujours son désir de conquête et sa douce adresse à gagner les cœurs, disons le mot, sa coquetterie ; mais (que les docteurs orthodoxes me pardonnent l’expression) c’était une coquetterie angélique.

458. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

J’en crois voir quelques traits, mais leur ombre m’abuse. […] Dans la fable des animaux, dans celle de l’alouette et de ses petits, dans celle du rat retiré du monde, ce n’est pas une ombre douteuse et confuse que le lecteur entrevoit, c’est la chose même.

459. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

La profonde hypocrisie dont il couvrit d’abord la seule passion honorable de son âme, son alliance avec les meurtriers de César jusqu’à l’heure de les combattre, plus tard sa complaisance aux cruautés d’Antoine, son profit dans les crimes d’autrui, et son art d’épuiser tous les avantages de la proscription et de la violence avant de revenir à quelque ombre de justice et d’humanité, rien de tout cela sans doute n’était fait pour attirer sur son nom le respect et l’amour. […] « Elle était la mâle postérité de rustiques soldats, accoutumée de retourner la glèbe sous les hoyaux sabins, et, au gré d’une mère sévère, d’emporter à dos un faix de bois coupé, à l’heure où le soleil allongeait l’ombre des montagnes, et ôtait le joug aux bœufs fatigués, en amenant, avec son char qui se retire, le temps du repos.

460. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — I. La Thébaïde des grèves, Reflets de Bretagne, par Hyppolyte Morvonnais. »

J’ai les amis venant en automne au manoir ; J’ai, devant le foyer, les lectures du soir,     Et l’étude des saintes choses ; J’ai, quand le vent gémit dans le long corridor, La prière dans l’ombre et de beaux songes d’or     Sur la couche où tu te reposes.

461. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

La peinture veut des ombres, mais non pas des taches pour relever l’éclat des couleurs.

462. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

L’hôtel de Rambouillet est tout à fait hors de ces débats : l’ombre encore vivante de la marquise octogénaire plane fort au-dessus ; et la duchesse de Montausier est habituellement retenue à la cour par sa place de gouvernante.

463. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Il y a de ces tableaux d’intérieur où la lumière pose sur les objets des reflets plus tristes que l’ombre. […] Les hasards travaillent dans l’ombre ; et on les dirait concertés. […] Le songe arrive dans l’œuvre de Mme de Noailles comme le soir dans la nature, enveloppant d’une ombre douce les couleurs, d’une ombre qui est venue à pas de loup et qui tranquillise le paysage. […] L’ombre s’est peu à peu répandue et, dans l’ombre, l’idée qui est celle de la fin des jours, l’idée de la mort. […] Ces ombres avaient des formes humaines.

464. (1923) Nouvelles études et autres figures

Elle est d’une grandiose incohérence ; mais précisément, par toute l’ombre dont elle s’entoure et par toute l’ombre où elle se perd, elle est extraordinairement poétique. […] Quand tu faisais oraison dans l’ombre de la nuit, je me réjouissais et je te disais : ‘Sers et tu seras servi. […] Elle est d’ailleurs extrêmement difficile à atteindre, et souvent en croyant la saisir, nous n’étreignons qu’une ombre. […] Le plus redoutable adversaire qui se soit jamais dressé contre elle est là, embusqué dans l’ombre même du Collège. […] D’ailleurs les relations de Byron et de Claire et tout ce qui s’ensuivit jettent une ombre fâcheuse sur leur intimité.

465. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

C’était, comme on le sait, dans un salon réservé, à l’ombre d’une de ces hautes renommées de beauté auxquelles nul n’est insensible, puissance indéfinissable que le temps lui-même consacre et dont il fait une muse. […] Mais si l’on perdait quelque accent de mystère à ne pas l’entendre, on le voyait davantage ; on suivait sur ses vastes traits les reflets de la lecture comme l’ombre voyageuse des nuages aux cimes d’une forêt. […] En 1811, à Aulnay, dans cette Vallée-aux-Loups où il a écrit l’Itinéraire, Moïse, les Martyrs, près de ces arbres de tous les climats, qui lui rappellent les Florides ou la Syrie, et si petits encore qu’il leur donne de l’ombre quand il se place entre eux et le soleil, M. de Chateaubriand, au comble de sa gloire, au plus haut de la montagne de la vie, profitant des derniers jours de calme avant les orages politiques qu’il pressent, se retourne un matin vers le passé et commence la première page de ses Mémoires.

466. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Cette fleur de renommée dont on ne voit pas l’éclat, mais dont on devine le parfum comme un mystère, semble être la possession secrète de tous ceux qui la respirent ; on se passionne pour elle comme pour un trésor secret qui mettra bientôt dans l’ombre tous les talents alors en lumière. […] Rien n’est plus facile au radicalisme, avec l’ombre du talent, que la réforme imaginaire de l’univers. […] M. de Genoude rentra dans l’ombre et chercha à s’abriter dans le suffrage universel, qu’il avait le premier et le plus énergiquement soutenu.

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